La rose et les épines.

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J'ai le coeur au bord des yeux. Une rivière enchantée s'écoule le long de mes joues pour venir trouver son lit dans la commissure de mes lèvres.

« - Tu crois qu'il y a des gens qui ne sont pas faits pour être heureux? » t'avais-je demandé.
« - Oui. » tu as répondu.

Il y a cette profonde tristesse qui ne cesse de me grignoter, à tel point que je suis incapable de savoir qui je suis, ou qui j'étais. Elle s'est infiltrée dans tous mes souvenirs, est présente sur toutes mes photos.

A quand remonte les premiers signes?
C'était quand la dernière fois que j'ai éprouvé une once de bonheur?

Si mon âme était une mine d'or, alors mon désespoir a déjà tout raflé sans en laisser une miette. Il est si riche que ça m'étouffe.

« - Les gens comme vous, qui ont cette sensibilité, ont quelque chose de précieux. Ils voient le monde d'un œil différent. »

Mais moi je m'en fiche de tout ça! Je veux être le sot heureux. Je veux être l'idiot inconscient. Je veux être aveugle de tous ces sentiments.

De nombreuses fois, j'ai eu envie de hurler aux autres de m'aimer malgré la suie que je laisse à chaque passage dans leur vie. Lorsqu'ils en sont recouverts, ils se mettent à couvert. Et plus jamais je ne les retrouve. Ils se fondent dans mon monde sombre.

Cristallisant ma peur de voir tous ceux que je voudrais à mes côtés s'en aller et se confondre avec ce poison qui me consume. Je ferme les yeux et avance sans me retourner, contrairement à Orphée.

Il y a des pas qui se dessinent à mes côtés, ce sont ceux de mes démons et ma solitude qui refuse, elle, de me quitter.