Chapitre 24

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Griverfall, Ontario

Jeudi 15 juin

[Icarys]

Je joue des coudes pour me faufiler parmi l'agglutinement d'enchanteurs amassés devant les musiciens. En raison du mouvement de foule, je me suis fait entraîner de l'autre côté. J'essaye à présent d'atteindre le bout du marché, espérant y retrouver Lylith.

Il me faut bien une dizaine de minutes pour y parvenir. De nombreuses personnes ne m'entendaient pas lorsque je leur demandais de se pousser. J'ai fini par laisser tomber les politesses en les bousculant.

Je m'extrais enfin de l'attroupement. Je pousse un long soupir de soulagement avant de zieuter les lieux. Quelques citoyens discutent. Je suppose qu'eux aussi ont voulu s'éloigner du groupe. Cependant, je ne vois ma petite enchanteresse nulle part.

Misère, j'espère qu'elle n'est pas encore dans la foule. Même si ses cheveux rouges sont un signe assez distinctif, elle est trop petite et il y a trop de monde agglutiné pour que je puisse la trouver.

Je sors mon téléphone et tente de l'appeler. Après que Kurt me l'ait donné, j'ai été me faire un abonnement et Lylith y a ajouté le contact de ses proches. En somme, les seules personnes que je connaisse.

Après trois sonneries, je tombe sur sa messagerie. Je peste avant de le fourrer dans ma poche.

J'inspecte une nouvelle fois les lieux et réfléchis. Où pourrait-elle être ?

Forcément perdue dans cet attroupement. Je pourrais voler pour prendre de la hauteur, mais la congrégation m'a interdit de divulguer ma véritable nature. Et puis, des hominis pourraient me voir...

Je n'ai d'autres choix que de l'attendre ici, les gens finiront par se disperser.

Soudain, un hululement attire mon attention. Je lève la tête vers le haut et aperçois Duke tournoyer quelques mètres plus haut. Puis il pique dans ma direction. Je tends mon bras, mais il ne s'y pose pas. Il s'agite autour de moi.

— Qu'est-ce que tu as ?

Il continue de s'emballer, comme s'il essayait de me parler. Il finit par s'envoler vers une toute petite ruelle. Elle est tellement étroite que l'idée de l'emprunter ne m'a pas traversé.

Persuadé qu'il veut me montrer le chemin qui me permettra de la rejoindre, je décide de m'y aventurer. J'avance, les sourcils froncés. Cet endroit est assez flippant. L'exiguïté empêche la lumière du jour de s'infiltrer correctement. Il fait donc assez sombre et l'humidité suinte des façades défraîchies.

Je ne suis pas certain que ce passage soit fait pour être foulé...

Après un virage, je découvre une silhouette allongée au sol parmi un lit de lierre. La plante grimpante jonche le sol et les murs les plus proches.

— Lylith !

Je me précipite vers elle tandis que Duke se pose sur l'appui d'une fenêtre condamnée. La jeune femme a le visage en sang. Ses paupières sont à demi closes, comme si elle était au bord de l'inconscience. Une odeur de chair brûlée emplit également mes narines.

Du feu et de la végétation... ce sont les caractéristiques de ses enchantements spontanées. Je comprends alors qu'elle a essayé de se défendre en laissant l'énergie céleste envahir son corps.

Je m'agenouille et pose sa tête sur mes cuisses. Je dégage une mèche de cheveux qui barre son front ensanglanté. La voir dans un tel état me donne envie d'exploser la face du responsable.

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