Chapitre 7

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Média : Lylith et Icarys

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Griverfall, Ontario

Samedi 6 mai

[Lylith]

Allongée sur mon tapis en plein milieu de la pièce de vie, je lève une jambe pour accomplir mon étirement. La porte d'entrée de l'appartement s'ouvre soudainement sur Icarys, qui me découvre dans une position plus qu'étrange.

Je me redresse immédiatement tandis qu'il ferme le battant. Son pull de travail est enroulé autour de sa taille, révélant le t-shirt sans manche plein de transpiration qui lui colle à la peau. Il a l'air au bout de sa vie.

— Ça a été ?

Il me regarde enfin, comme s'il remarquait seulement ma présence. Au moins, il n'a pas fait attention à ma pose du flamant rose estropié quelques instants plus tôt.

— Ouais, soupire-t-il.

Il lance avec nonchalance une enveloppe sur la table – sa paie, je suppose – et lève ensuite un bras pour s'étirer. Son visage exprime une grimace douloureuse.

Hier, quand il a proposé de m'aider financièrement en travaillant, j'ai pensé à Josh, l'ami bûcheron de mes parents. Il ne fait jamais de chichi et accepte toute aide bonne à prendre sans passer par le blabla administratif. Il paie ses ouvriers temporaires en liquide, sans les déclarer. C'est mal, mais dans la situation d'Icarys, ça nous arrange.

Je lui ai donc envoyé un message hier, pendant que la soupe mijotait. Il était enjoué par cette proposition et a proposé que mon colocataire vienne s'essayer à la tâche aujourd'hui en guise de test.

Josh lui a assuré que ce serait le seul samedi. Ça m'arrange, nous avons besoin de nos week-ends pour avancer dans nos recherches.

— Dure matinée ? dis-je.

— J'ai mal partout.

Je m'approche et penche la tête sur le côté, pensive. Il s'appuie sur le rebord du bar et se penche en avant pour distendre ses muscles.

— Comment ça se fait ? Tu guéris rapidement, alors comment peux-tu avoir des courbatures ?

— Je suppose que mon corps ne perçoit pas ce phénomène comme dangereux. Donc je subis cette souffrance comme les autres mortels.

Même de profil, je peux constater son expression tirée.

—Assieds-toi.

Je lui pointe mon tapis d'exercices posé à même le sol.

Il se redresse et fronce les sourcils. J'ajoute :

— Je reviens.

Je pars ensuite dans la salle de bain et saisis un flacon d'huiles essentielles dans l'un des tiroirs du meuble. Lorsque je reviens dans le salon, Icarys est toujours debout, dubitatif. Je prends place sur le tapis et tapote ce dernier avec ma paume.

— Assieds-toi, ne sois pas timide.

Après une seconde d'hésitation, il s'exécute. Il s'installe face à moi. Je lui souris.

— Tourne-toi.

Encore un peu plus perplexe, il obéit.

J'allais poser mes mains sur son dos quand sa réflexion d'hier me revient en tête. Peut-être que je suis un peu trop tactile avec lui.

HEAVENLYWhere stories live. Discover now