Chapitre 11

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Média : le bisouuuuuu

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Griverfall, Ontario

Samedi 20 mai

[Lylith]

Un peignoir autour du corps et des bigoudis dans les cheveux, je laisse mon regard se perdre par-delà la fenêtre du salon.

J'entends une porte s'ouvrir dans mon dos. Je me tourne et découvre Icarys en train de sortir de la salle de bain.

Il est vêtu d'une chemise blanche et d'un costume crème qui s'accorde avec ses cheveux clairs. Il a d'ailleurs essayé de les discipliner, mais son ondulation naturelle refuse de plier.

Il est beau. Vraiment beau.

Je souris et m'approche de lui. Il ne bouge pas et se contente de me fixer.

— Tu es très élégant.

J'enlève un poil de balai qui colle à son veston. Carl est pire qu'un chat.

Fidèle à lui-même, il reste silencieux et continue de m'observer.

— J'espère l'être aussi quand je n'aurais plus ces choses sur la tête, dis-je en pointant les bigoudis de mon index.

— Est-ce que tu peux m'aider à mettre ceci ?

Il lève une main dans laquelle pend une cravate bleu clair. C'est ma mère qui s'est également chargée de dénicher son costume. Elle l'a trouvé de seconde main et porté qu'une fois. Icarys n'a pas été difficile et a hoché la tête quand elle le lui a présenté.

Elle a aussi pris cette cravate.

Pour faire ressortir ses beaux yeux, disait-elle.

— Tu veux que je fasse ton nœud ?

— Oui.

Je me mords la lèvre. Ça fait longtemps que je n'en ai plus fait.

— Ok, alors...

Je prends le bout de tissu et le passe d'abord autour de mon cou. Je tire la langue et fouille dans ma mémoire. À ma grande surprise, mes mains se souviennent des gestes à entreprendre. J'effectue donc un nœud double non serré. J'enlève la cravate, me mets sur la pointe des pieds et la passe autour de sa nuque.

Il se penche légèrement et son odeur printanière caresse mes narines. Doucement je coulisse le nœud pour le resserrer à sa gorge. Tandis que mes doigts frôlent son torse, l'image de notre baiser d'hier me revient en tête.

Je ne regrette rien et c'est justement ce qui échauffe mes joues. J'ai complètement craqué sans le moindre remords.

Je me sens ridicule. Voilà.

Il faudra qu'on veille à ne pas s'emballer comme ça lors de la cérémonie.

Une fois ma tâche accomplie, je recule d'un pas pour l'examiner. Je fais la moue.

La couleur de la cravate s'accorde en effet avec ses yeux, mais ne se marie pas avec le reste de sa tenue.

— Enlève-la.

— Pourquoi ? me lance-t-il.

— Ça ne va pas avec ton ensemble.

Il ne me pose pas plus de questions et s'exécute. Toutefois, l'absence de cet accessoire crée un vide, comme si son habillement était incomplet.

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