Chapitre 18

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Média :pas besoin de description je crois

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Toronto, Ontario

Vendredi 2 juin

[Icarys]

Un faible gémissement me tire de mon sommeil. J'ouvre les paupières. Il est encore tôt, les rayons du soleil n'envahissent que faiblement la pièce.

Je me frotte les yeux avant de soupirer. Contre moi, je sens une masse bouger.

Je me tourne vers Lylith, toujours endormie. Son visage parsemé de taches est tiré, et une larme trace un sillon humide sur sa joue. Un flash s'impose dans mon esprit, celui du soir où j'avais levé un couteau au-dessus de son corps, prêt à l'achever pour me libérer de cette enveloppe charnelle.

C'est cette larme qui m'a touché en plein cœur, qui a éveillé en moi une empathie que je ne parvenais pas à définir à l'époque et qui m'a empêché d'aller au bout.

Ce souvenir me rappelle alors le commentaire d'un des membres de la congrégation :

Un collègue d'Irlande nous a relaté qu'un vieux livre du 16e siècle mentionnait l'aventure d'une jeune enchanteresse aux capacités particulières. Elle aurait jeté un enchantement si puissant que le ciel lui-même se serait déchiré, libérant une créature qui l'aurait ensuite tuée, avait-il dit.

J'ignorais qu'il existait une trace de ma précédente apparition. La seule avant Lylith.

Est-ce qu'elle m'en voudrait si elle apprenait que cette histoire parle bien de moi ? Me verrait-elle autrement ? Me considérerait-elle comme un monstre ?

Je n'imaginais pas un jour m'inquiéter de ce qu'elle pourrait penser de moi. Et c'est encore plus fort ces derniers jours.

Je suis en train de tomber. J'ai l'impression de chuter dans le vide, que mon cœur voltige. Mais tomber de quoi ?

Pour fuir cette sensation, j'essaye de remettre une distance avec la jeune femme. Néanmoins, c'est difficile. Quand elle m'embrasse, je n'ai qu'une envie, laisser cette flamme qu'elle a réveillée en moi me consumer. J'interromps donc toujours nos rapprochements avant qu'ils ne dégénèrent.

Mais comment faire taire cette maudite allégresse quand elle se blottit contre moi le soir ? J'ai tellement envie de la protéger, de la garder près de moi, pour moi.

Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre qu'il s'agit de possessivité. Comment j'en suis venu à ressentir une telle chose envers elle ?

Personne ne la touchera.

D'un geste délicat, je balaye la larme à l'aide de mon pouce. À mon contact, elle frémit. Un nouveau gémissement de peur s'échappe de ses lèvres. Elle fait sans nul doute un cauchemar.

Je veux l'enlacer, mais ce mouvement soudain lui arrache un petit cri et elle se replie sur elle-même. Je fronce les sourcils. De quoi rêve-t-elle pour réagir de la sorte ? Revit-elle l'agression qu'elle a subie ?

Une vive colère explose dans mes entrailles.

Warren et sa bande n'avaient pas le droit de la maltraiter.

Qu'ils essayent encore et je leur arrache les bras.

Je tente une nouvelle fois de l'enlacer. Je la serre contre moi.

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