Chapitre 16

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Toronto, Ontario

Griverfall

[Icarys]

J'ouvre doucement les paupières. Je bats des cils pour sortir totalement de mes songes et la silhouette de Lylith se dessine à mes côtés. Les jambes enroulées dans les draps et les bras glissés sous l'oreille, elle dort paisiblement, allongée sur le ventre.

Un sentiment de légèreté m'envahit et je souris. Mes souvenirs d'hier me reviennent en tête et la brûlure du désir tente de me submerger. C'était tellement...

Je ne sais pas. Je ne trouve pas les bons mots à mettre sur ce que je ressens. J'en avais tellement envie, je n'éprouve aucun regret. Cependant, une autre partie de moi me rappelle qu'avoir succombé est une défaite.

Tu es devenu comme eux, tu t'es abaissé à ça ! m'empoisonne une voix.

En quoi est-ce grave, au fond ?

Le plus important est que je ne perde pas de vue mon objectif : retrouver ma forme originelle. Profiter de mon temps ici avec Lylith n'est pas un problème tant que ça ne remet en cause ce but. Je refuse de passer le reste de l'éternité sous cette forme pour quelques parties de jambes en l'air, aussi agréables soient-elles.

Elle plisse le nez, donnant à ses taches de rousseur un drôle d'alignement.

Adorable.

Et puis, c'est une autre image d'elle qui me vient à l'esprit, celle de son visage marqué par le plaisir. Son goût remonte sur ma langue.

Délicieuse.

Elle ouvre les yeux et son expression s'illumine comme si elle avait remplacé le soleil.

Mon soleil. Celui qui a provoqué ma chute. Finalement, je porte bien mon nom.

Je ne dis rien et me contente de dégager l'une de ses longues mèches rouges qui lui barrent le front. Je frôle sa peau avec délicatesse et laisse ensuite courir mes doigts sur sa peau.

Si douce.

— Bien dormi ? me demande-t-elle d'une voix encore enrouée.

J'allais lui répondre quand une masse attire mon attention derrière elle. Je dévie mon regard et constate que l'orchidée en pot déposée sur sa table de nuit a poussé de manière considérable. La belle plante qui était domptée hier encore ressemble à présent à une fleur sauvage. La longue branche centrale s'est prolongée vers le haut et s'est couverte de fleurs roses qui n'en comportait au départ seulement deux.

Je fronce les sourcils, ce qui fait réagir la jeune femme. Elle roule sur elle-même afin de se tourner.

— Oh, lâche-t-elle.

Je me tourne à mon tour et constate que celle de mon côté a également subi une croissance fulgurante, bien que moins impressionnante que la sienne.

Elle se redresse en position assise en serrant le drap contre sa poitrine dénudée.

— C'est moi qui ai fait ça, tu crois ?

Je m'assieds à et fixe la plante.

— Je pense.

— Mais... pourquoi ? Comment ? Quand ? baragouine-t-elle.

— C'est toi qui m'as dit que les enchanteurs qui ne maîtrisaient pas l'absorption de l'énergie naturelle l'évacuaient via des enchantements incontrôlés. Ce qui est ton cas avec la céleste.

HEAVENLYWhere stories live. Discover now