Après m'être enfin levée de mon lit et changée, Shane et moi descendîmes et je pus constater le bazar présent dans le hall d'entrée.
   —-  Mais, c'est quoi tout ça ? dis-je surprise.
   —-  C'est du grand Abigail.
  Le hall d'entrée fut inondé de cartons et d'affaires en tout genre, je peinai à apercevoir le sol à travers ce désordre.
  Je ne savais pas ce que contenait la multitude des cartons là mais c'était clair, tout ça était bien à sa mère. J'aperçus dans le coin deux valises de taille moyenne ainsi qu'un sac à dos et un sac de sport. Je ne mis pas longtemps avant de comprendre que ces affaires appartenaient à Shane.
  —-  Tu voyages léger, fis-je remarquer. Ta mère devrait prendre exemple, ajoutai-je en descendant les escaliers - suivit de Shane - voyant débarquer de nouvelles valises, s'additionnant à la dizaine déjà présente.
  Nous nous dirigeâmes vers la cuisine et se fût avec effroi que nous surprîmes mon père et Abigail s'embrasser langoureusement. Un frisson de dégoût parcourut l'intégralité de mon corps. Shane se racla bruyamment la gorge pour notifier notre présence.
   —  Quelle horreur, pestai-je dans ma barbe.
   —-  Oh, Bonjour Aaliyah, me salua la mère de Shane.
   —-  Salut, répondis-je en grognant.
   —-  Tu as bien dormi ? me demanda mon père contre toute attente.
  Je ne voulais pas lui répondre. Il ne pouvait pas me parler en faisant abstraction des éléments passés la veille. Si nous devions nous adresser la parole de nouveau, des excuses seraient nécessaires. Je lui hochai donc simplement la tête sans dire un mot.
  Je pris de quoi grignoter et me dirigeai, seule, en direction du salon – ne voulant pas me mélanger avec les personnes présentes dans la cuisine – en essayant malgré moi de me frayer un chemin parmi les affaires éparpillées d'Abigail, emmenées plutôt par les déménageurs. Je m'assis sur le canapé et mangeai tranquillement lorsque des pas se firent entendre derrière moi. Je pensais que c'était Shane mais c'était en fait mon père. Il prit place à mes côtés et mit du temps avant de parler pour enfin me dire :
   —  Je sais que tu m'en veux.
   —  Tu penses bien, notifiai-je sans le regarder.
   —  Aaliyah, s'il te plaît, dit-il en me prenant les épaules pour m'inciter à le regarder. Je suis sincèrement désolé d'avoir fait cela. En tant que père je ne pourrais jamais me le pardonner.
   —  Qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas recommencer ?
   —  Je n'étais pas dans mon état normal. Je n'aurais pas dû boire autant, avoua-t-il coupable.
  Moi non plus, pensais-je, repensant à la migraine dont j'étais éprise depuis ce matin.
  J'essayai de contenir mes larmes. Mon père était mon point sensible, je l'aimais plus que tout et le voir dans cet état me faisait mal. Je m'en voulais aussi d'agir de cette manière avec lui, même si ces derniers temps j'avais toutes les raisons de lui en vouloir.
   —  Désolé aussi... de m'être traîner.. là où je n'étais pas censé être... et d'avoir bu aussi.
  Il grogna dans un soupire en fermant les yeux pendant quelques secondes de manière désespérée.
   —  Aaliyah, tu es sous ma responsabilité. Imagine ce qui aurait pû t'arriver dans un état d'ivresse. Les discothèques sont des endroits dangereux.
   —  Pourquoi ne m'as-tu pas cherché si tu étais si inquiet que ça ?
   —  Je voulais, mais Abby m'a dit de ne pas le faire, que tu voulais sûrement rester seul pour réfléchir.
  J'haussai des sourcils, outrée de sa réponse. Depuis quand Abigail avait-elle des droits sur moi ?
  Malgré son intelligence sans limite, mon père était beaucoup trop nié. Son plus grand défaut : croire que tout le monde est comme lui.
   —  Et tu penses que c'était une bonne chose ? demandai-je faussement.
   —  Absolument pas. Je n'aurais pas dû l'écouter et suivre mon instinct.
  J'affichai un sourire à l'entente de ces paroles, mais le perdis aussitôt lorsqu'il ajouta "mais bon, elle voulait bien faire". Je ne dis rien, car face à elle je ne pouvais plus en placer une sans que mon père trouve que je m'acharne sur elle. Il est vrai que c'était le cas autrefois, alors qu'elle affichait son rôle de parfaite petite copine. Mais maintenant qu'elle révélait petit à petit sa vraie nature, mon père ne prenait plus en considération mes moindres accusations, qu'elles soient fausses ou vraies. Un autre défaut, que nous partagions. Têtu comme des mules.

Roses [REECRITURE]Where stories live. Discover now