Nous sortîmes enfin du nightclub à une heure très tardive que je ne pus affirmer à cause de mon état. Mon corps n'arrivait plus à tenir debout. Heureusement que Nico plaça mon bras autour de ses épaules pour m'aider à marcher. Nous nous dirigeâmes vers sa voiture quand une sensation étrange me prit soudainement aux entrailles. La seconde suivante, je vomis toute la contenance de mon estomac sur la pelouse près de moi. Nico tint mes cheveux pour ne pas être gêné, alors que je n'arrêtai pas de me vider. J'eus de plus en plus de mal à respirer. Vomir plusieurs fois d'affilée me coupai la respiration.
   —  Je suis dans le mal.
   —  Je t'avais pourtant prévenu.
   —  Je te rappelle que c'est toi qui m'a incité à boire, l'accusai-je.
   —  J'te rappel aussi que je t'ai dit de ne pas abuser. Mais tu l'as quand-même fait et te voilà la tête dans le cul, en larme, te baignant dans ton vomis.
  En me rappelant cela, je m'écartai aussitôt de cette mare de puanteur et me dirigeai tant bien que mal vers la voiture Nico qui se trouvait à seulement quelques mètres de moi.
  Ce dernier déposa Vic' et Victoria chez cette dernière et il ne restait plus que moi à présent. Enfin, Zoé était présente aussi mais cette dernière était ivre morte en train de roupiller contre la vitre de la banquette arrière.
  L'alcool commençait lentement à s'évaporer de mon sang à cause de ces litres d'eau que Nico m'avait forcé à boire. Toujours aussi prévenant ce petit Nicolas, surtout qu'on ne s'était pas vu depuis plusieurs mois, mais à part son apparence physique il n'avait pas changé d'un poil. Tellement n'aurait pas réagi de la même manière que lui le fait. D'ailleurs, je ne savais même pas qu'elles étaient les causes de notre éloignement..
   —  Je peux te poser une question ?
   —  Est-ce que t'es un minimum sobre pour pouvoir le faire ? me demanda-il toujours en fixant la route.
  Ne donnant pas de réponse, il me regarda du coin de l'œil, pour ne pas quitter la route des yeux, et j'en profitai pour lui tirer la langue. Ce qui le fit rire.
   —   Vasy je t'écoute.
   —  Qu'est-ce qui à changer au point que toi et moi ne nous fréquentions plus ?
  Il ne répondit pas sur le champ, mais devait sûrement réfléchir à la question que je venais de lui poser.
   —  Le lycée.
  Je fronçai les sourcils, ne sachant pas ce qu'il voulait dire par là.
   —  Comment ça "le lycée" ?
   —  Dès notre entrée au lycée, tu as sympathisé, à ma plus grande surprise, avec Malik Mansouri, qui est le plus populaire du lycée, il en est quand même à sa huitième années de lycée. Et puis ça t'es aussi arrivée de traîner avec la bande de Jake. On ne fait pas partie du même monde Aaliyah, je ne pouvais plus me permettre de te saluer. me revala-t-il d'un ton assez triste.
   —  Tu te rends compte de ce que tu es en train de dire Nico ? Ce n'est pas parce que nous avons de nouvelles fréquentations très différentes que cela nous laisse le droit de nous ignorer. Pas du tout. (Je devais avouer que cela me vexai un peu.) Et puis tu sais...avec Malik, on se connaît depuis que je suis petite, nous étions voisins. Et je ne traîne pas avec la bande de Jake. C'est eux qui traînent avec Malik.
   —  Oh, fit-il. Je comprend mieux alors. (Je vis qu'il voulut ajouter quelque chose mais se ravisa. Puis parla finalement.) Depuis aussi... tu sais, hésita-t-il, ce qui t'es arrivée il y a quelques mois... Je savais que tu étais mal alors je ne voulais pas trop t'embêter, me dit-il en me souriant tristement.
  Je lui rendis son sourire et le remerciai. Il avait bien fait d'adopter ce comportement envers à ce moment-là.
   —  Je vais bien, Nicolas. Je vais mieux.
   —  J'espère. Et j'espère aussi que quoi qui t'as poussée à sortir aussi tard et te retrouver ivre en boîte de nuit, ça finira par aller. Aaliyah Rose Davis n'est pas du genre à enfreindre les règles.
 
   —  Tu vas pas te faire disputer par ton père ? me demanda-t-il alors que je descendai de son véhicule.
   —  Non, ne t'en fais pas pour moi, mentis-je.
   —  Si tu le dis. Bonne chance pour ta future gueule de bois.
  Je rigolai de travers, appréhendant ce moment. Il me fit un dernier signe de main avant de quitter mon allée.
  Je m'approchai tout doucement du palier. Une fois devant la porte d'entrée, je saisis ma clé pour l'insérer dans la serrure. J'eus du mal à y parvenir, tant je n'avais plus de force.
  Lorsque je tournai ma clé, je n'entendis pas le cliquetis, indiquant que la porte était ouverte. Ce qui voulait dire que mon père ne dormait pas. Je sentis que j'allais passer un sale quart d'heure, puis me rappelai soudainement ce qu'il avait fait pour que nous en vîmes à cette situation, et je comptai finalement bien l'ignorer.
  J'entrai à la maison sur la pointe des pieds pour faire le moins de bruit possible et au moment où je m'apprétai à fermer délicatement la porte, le vent du crépuscule décida de me filer un coup de main et claqua violemment la porte, qui fit retentir un énorme vacarme résonnant dans tout le vestibule.
  J'aperçus du hall, mon père qui se redressa subitement du canapé. Il ne dormait donc pas. Ou peut-être le vacarme qu'avait fait la porte l'avait réveillé.
  Il resta quelques secondes sur le canapé, ne faisant toujours pas abstraction de ma présence. Je ne bougeais pas, de peur qu'il ne remarquait ma présence, car bien évidement, ce n'était pas le but.
  Ce que je craignis arriva, mon père tourna la tête en direction du hall, et accouru vers moi une fois qu'il m'aperçut, le visage fermé et une démarche maladroite.
   —  Où étais-tu Aaliyah ?! Je me suis fait un sang d'encre ! grogna-t-il avec un regard noir et un soupçon d'inquiétude.
  Une attitude inédite que je ne lui avais jamais vue auparavant. Ses yeux étaient sombres et son corps était raide. Je fronçais des sourcils à l'odeur qui émanait de lui. Il empestait le vin, d'où sa démarche qui avait suscité mon questionnement. Il est bourré aussi.
   —  J-je, je suis sortie prendre l'air avec un ami, bégayai-je d'une petite voix.
  Devant son ton réprimant, je ne fus plu si confiante qu'à mon arrivée.
   —  Pourquoi as-tu les cheveux tout mouillés ? Et qu'est-ce que c'est que cette odeur ? demanda-t-il.
  Puis je me souvenais que Zoé avait vidée une bouteille de vodka sur ma tête et que j'avais plusieurs centilitres de cette boisson... qui sentait vraiment fort.
   —  Ce-ce n'est rien. Enfin c'est juste qu-
   —  Tu as bu ?! me coupa-t-il.
  Je le regardai dans les yeux, mais ne dis rien, puis baissai la tête.
   —  Est-ce que tu as bu, Aaliyah Rose Davis ?!
  N'ayant pas le courage nécessaire d'assumer mes responsabilités, je pris la fuite en me frayant un chemin pour monter à l'étage.
   —  Pas si vite jeune fille ! intervint mon père en me saisissant le poignet. Tu vas me répondre tout de suite !
  Je ne voulais pas entrer en conflit. J'étais fatiguée, ma tête me faisait mal, mais je n'avais plus la patience nécessaire pour fuir ses questions et le laisser répéter encore et encore les questions pour avoir les réponses des conséquences de ses propres choix.
   —  C'est bon, de quoi je me mêle sérieux !? m'emportai-je. Ca fait des semaines que tu ne te soucis plus de ce que je fais, c'est maintenant que tu viens de te rappeler que tu as une fille ? Oui j'ai bu ! Je suis sortie avec des amis et je me suis éclatée ! Pour une fois depuis très longtemps. Et si tu n'apprécies pas ça, où étais-tu pour m'en empêcher hein ? OÙ ÉTAIS-TU ? pleurai-je. Tu n'as même pas pris la peine de partir à ma recherche comme un père digne de ce nom l'aurait fait !
  D'un coup, je sentis ma joue chauffer, accompagnée d'une vive douleur. C'était arriver tellement vite que je ne l'avais même pas remarqué. Il venait de me gifler.
  Nous ne nous disputions jamais avant et voilà que ces derniers temps ça ne s'arrêtait plus et pour couronner le tout il m'avait levé la main dessus pour la première fois. Je vis dans son regard qu'il regretta son geste mais c'était trop tard. Le mal était déjà fait, mais la douleur était plus intense au fond de mon cœur que sur ma joue. Je ne savais pas où aller mener toute cette histoire, cependant j'avais qu'une peur : de ne pas réussir à pardonner son geste.
   Les larmes continuèrent à perler.
  Mon père bégaya mon prénom et essaya de m'approcher mais je le repoussai et montai en direction de ma chambre. Encore sous le choc, je me glissai sous la douche, à moitié ivre morte. Je restai une bonne trentaine de minutes sous l'eau bouillante, avant de finalement en sortir.
  Alors que je regagnai enfin mon lit, mon téléphone sonna pour la énième fois depuis le début de la soirée après que je pris finalement le temps de allumer.  Qui peut bien m'appeler à une heure pareil ?
  Shane.
Je décidai de ne pas lui répondre, n'ayant pas la tête à parler à quiconque. Mon téléphone s'arrêta de sonner. Enfin. Je fus sur le point de m'endormir quand ce dernier se remit à vibrer. Je soufflai un bon coup, ne trouvant toujours pas la paix. Je tendis le bras pour attraper mon cellulaire sur ma table de chevet et le déverrouilla. Il m'avait laissé un message sur la messagerie.  Je ne voulais pas ouvrir au début, mais j'hésitais. Je ne mis pas plus de temps à prendre ma décision et cliquai sur le message.

"Hey, ma rose. Euh.. Je sais qu'il est très tard, mais... je n'arrive pas à dormir en sachant que tu es sûrement en train d'errer dans la rue. Je m'inquiète. Même si c'est peu probable que tu écoutes ce message, donne moi de tes nouvelles, que je sache que tout va bien et que tu es en sécurité."

J'étais touchée. Touchée qu'une personne au moins ai pu daigner porter intérêt à ma fugue ridicule, alors que mon propre père n'en était pas capable.

Ne t'en fais pas pour moi, Shane. Je suis chez moi.

Roses [REECRITURE]Where stories live. Discover now