Salut ! Moi, c'est Sasha, beau gosse de 21 ans, étudiant en fac. J'aime le basket, ma drogue... et les gros seins, mon kif suprême ! Ouais, je sais, ça fait lourdaud de base de dire ça, mais c'est un fait : je ne sors qu'avec des filles ayant au min...
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⌈ Elley ⌋
Et voilà ! J'ai les yeux bouffis ! Ce crétin a même réussi à me rendre plus moche que je ne le suis ! Non ! Je ne dois pas me dénigrer. Le connard ! C'est Julian ! Ce n'est pas moi, le problème. Plus je me regarde dans la glace, plus je doute de ce qui je suis, qui je dois être, comment je dois me comporter maintenant. Il est parvenu à me faire douter de moi. Au-delà de sa trahison, c'est mon amour-propre qu'il a touché en me trompant avec Méridith. Pourquoi elle ? Pourquoi l'a-t-il préféré à moi ? Je sais que je ne dois pas pleurer. Je ne dois pas lui offrir cette joie de paraître touchée par ce qu'il m'a fait. Lui montrer une seule preuve d'attachement le rassurerait davantage sur le fait de penser qu'il est un beau gosse qui les fait toutes tomber comme des mouches. J'enrage, en vérité. Je m'en veux aujourd'hui d'avoir succombé, de m'être entichée de ce type au point de ne rien deviner de la supercherie.
J'aurais dû être plus vigilante et écouter l'intuition de Sasha qui ne l'a jamais aimé.
Je dois bien reconnaître que c'est ce qui pourrait me fâcher définitivement avec la gent masculine au point de filer au couvent, mais ce fut à chaque fois contrer par l'attitude toujours bienveillante de Sasha. Sasha... Je suis heureuse d'avoir un tel ami, même si ce n'est pas toujours idyllique entre nous. On s'engueule souvent. On se pourrit l'existence. Quand nous étions petits, il a disséqué un cafard et me l'a posé sur l'assiette de ma dinette pour que je le donne à manger à ma poupée Doris ! Horrible ! J'ai pleuré pendant une journée entière ! Traumatisée ! Depuis, j'ai une phobie des cafards ! Avoir un tel voisin pouvait être un bien comme un mal ! Nous avions construit notre cabane dans le jardin de ses parents et nous y jouions souvent. Une fois, des planches me sont tombées dessus ; notre cabane n'était pas des plus sûres. Il m'a portée sur son dos jusqu'à la maison pour que sa maman me soigne la tête. Il était catastrophé de voir mon sang sur les cheveux, mais a gardé son sang-froid pour qu'on me soigne. À cette époque, j'ai compris que Sasha aurait toujours une place à part dans mon cœur. Ce n'est pas de l'amour, mais plutôt de l'admiration. Je me souviendrai jusqu'à la fin de mes jours de son large dos de huit ans me portant jusqu'à chez lui et sa voix me disant : « Ne t'inquiète pas, on va te soigner. Ce n'est pas grave. » alors qu'il avait fondu en larmes lorsque sa mère me tamponnant le front me disait que l'on devait aller à l'hôpital pour me faire des points de suture.
Je scrute ma cicatrice sur le haut du front à travers le miroir et ne peux m'empêcher de sourire. Sasha est un garçon fort quand il faut, mais aussi très sensible quand il s'autorise à relâcher la pression. Cette nuit, il m'a encore montré sa sensibilité. Parfois, je tends à croire que je suis la seule à connaître cette facette de lui. Je ne suis pas sûre que ses différentes conquêtes aient pu voir toute l'étendue de cette sensibilité. Sasha, c'est ça. Seuls ceux qu'ils considèrent vraiment peuvent avoir le droit de connaître cette part de lui. Autrement dit, peu de personnes savent qui il est, mais je suis heureuse d'en faire partie. Parfois, je me dis même que j'en abuse. Mais c'est plus fort que moi. Sasha m'apaise et me rassure. Il a cette capacité à relativiser les choses, à dédramatiser, pour que finalement on se sente mieux. C'est encore le cas de ce matin. Je me suis réveillée beaucoup plus détendue que je ne l'aurais pensé. Son réconfort m'a fait du bien. Il m'a montré que Julian, ce n'était rien tant que lui restait avec moi. Et dans un sens, il a raison. Je préfère perdre Julian que Sasha. Surtout, vu les circonstances !
