*Entretiens et plus si affinités*

Chapitre 50

Chapitre 50 : 

-J'aimerai que l'on joue ensemble un morceau..., annonce Nathan.

Je relève ma tête et le regarde avec attention.

-Lequel ? Demandée-je.
-J'aimerai que l'on joue « Love story », indique-t-il.

J'acquiesce immédiatement. Même si j'avais en tête de jouer ce morceau à Tim lorsque nous étions ensemble et que je pensais qu'il était fou amoureux de moi, je n'ai pas enlever de ma tête de le jouer pour quelqu'un pour qui j'aurai des sentiments. Il aura fallu huit ans. Huit ans pour que je puisse enfin le jouer. J'appréhende mais en même temps je suis toute émue de le faire. Ce morceau veut dire tellement de choses pour moi. Je ne saurai dire la tension qui pulse dans mes veines. J'essaie de le cacher. J'ai des sentiments pour cet homme que je regarde avec admiration. Et bien que ce morceau ne signifie rien pour lui pour moi il signifie tout.
Il joue les premières notes, et c'est à mon tour de jouer... je tremble. Je ne sais pas si j'y arriverai. En entendant les notes et la mélodie, mes doigts, mon corps répondent à l'appel de la musique. Je joue. Je joue avec émotion. Je joue avec envie. Je joue avec les tripes. Je joue avec mon cœur. Je joue pour lui. Je ferme les yeux. J'écoute, je sens les vibrations. Je ne le regarde pas. Je veux me concentrer. Vivre ce moment pleinement. Je lui montre que je l'aime. Il ne s'en rend pas compte mais moi je sais pourquoi je joue. Je me sens vivante à chaque fois qu'une note sors de mon violon. C'est comme si j'expulsais tout ce que je gardais au fond de moi. Je peux exprimer pleinement mes sentiments. Mes sentiments amoureux que je m'interdisais de ressentir. Aujourd'hui je sais que je peux aimer. Et que même s'il ne m'aime pas de la même façon cela ne m'empêchera pas de continuer à exprimer mes sentiments. Je sais que je dois continuer à travailler ainsi. À ne pas me renfermer sur moi-même. J'ai trop attendue. Si je l'avais fait plus tôt peut-être qu'il ne serait pas sur le point de revenir avec son véritable amour. Je sais que je ne fais pas le poids mais j'aurai garder espoir de pouvoir lui faire changer d'avis.
Je finis en le scrutant intensément. Il me regarde également. Son regard est pénétrant.  Insistant et passionnel. Il m'observe avec bienveillance et empathie.

-Je n'ai jamais ressentie autant d'intensité lorsque j'ai joué un morceau, avoue-t-il.
-C'est parce que tu n'avais jamais joué avec moi, osée-je dire pour plaisanté.
-C'est une évidence, assure-t-il.

Il se lève va nous servir du champagne puis ramène les coupes, où nous nous trouvions auparavant.

-Aurais-tu comme idée de me soûler ? Plaisantée-je.

Il ricane à son tour.

-Loin de là, dit-il en souriant.
-Tu sais la dernière fois que j'ai joué du violon c'était le jour de mon enlèvement, poursuivis-je.

Nathan s'arrête de boire et m'écoute avec un intérêt certain.

-Je jouais comme à mon habitude. Pleine d'entrain. Je jouais parce que je jubilais d'avance de savoir que j'allais ce soir-là passer une soirée seule avec le jeune homme pour qui mon cœur battait la chamade. Ce soir-là je pensais que j'allais donner ma virginité à un jeune homme sincère et amoureux, me lamentée-je.

Je bois d'une traite le délicieux spiritueux qui se trouve dans cette magnifique flûte en cristal.

-Ce soir-là je pensais que la soirée serai mémorable. J'avais fait toutes les choses que j'aimais faire. J'étais heureuse. Et pourquoi ? Pourquoi ? M'écriée-je. Ils m'ont dépouillé de toutes choses. Je me sens vide depuis ce soir-là...

Je m'arrête un instant. Reprenant mon souffle.

-Je l'ai entendu dire au détour d'une conversation qu'il aimait m'entende jouer du violon. Qu'il aimait voir une femme jouer d'un instrument de musique, expliquée-je.
-C'est pour cela que tu as refusé de rejouer ? Demande Nathan.
-Je ne me voyais pas jouer encore. Jouer alors qu'il aimait. Ce serait attiser une nouvelle fois l'attention sur moi. Et je n'avais pas envie de vivre une nouvelle fois ce calvaire, avouée-je.