Chapitre 46

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Chapitre 46 :

Nathan est surpris et je suis la première moi-même. Mes doigts glissent sur les touches du piano. Je joue comme si je n'avais jamais arrêté. C'est comme si j'étais connecté avec l'instrument. Nathan me regarde avec attention. Avec admiration. Il me suit. Nous deux côte à côte j'ai l'impression que personne ne peut nous atteindre.
Je joue instinctivement « mariage d'amour ». C'était ce qu'adoraient mes parents. Je l'ai tellement joué que je le connais par cœur. Je joue sans pensé à rien. Juste à être en communion avec la musique. Et ça fonctionne. J'oublie tout ce qui me tourmente. J'oublie Tim, mes bourreaux. Je ne pense qu'à ma famille, qu'à Nathan. Il s'est arrêté de joué. Il me regarde. Il est attentionné. Il est ébahi. Il est impressionné. Je joue avec mes tripes. Je donne tout. Je n'aurai jamais pensé que je pourrai aimé de nouveau. Que je sois en phase avec moi-même à ce moment précis. Je pleure parce que je redécouvre des sensations que j'avais oublié. Je redécouvre une passion. Je me redécouvre moi. Je joue à en perdre haleine. Chaque fois que mes doigts effleurent les touches du piano j'ai l'impression que je revis de nouveau. C'est tellement fou cette sensation. Et ce qui est encore mieux c'est de voir de l'admiration dans le regard de Nathan. Il est là à me voir renaître de nouveau. A me voir recommencer une nouvelle vie.
Je m'arrête un instant les larmes coulent encore sur mon visage. Nathan les essuient délicatement.

-Tu joues divinement bien, affirme-t-il.
-Je n'ai pas jouer depuis sept ans, murmurée-je.
-Peu importe depuis combien de temps tu n'as pas jouer je t'ai vue tellement heureuse, constate-t-il.

Je me jette immédiatement dans ses bras. Il resserre son étreinte. Mon dieu s'il savait...

-Je ne voulais pas te faire pleuré, dit-il doucement.
-Tu n'y es pour rien. C'est moi qui suis trop émotive en ce moment.
-C'est ce qui me plaît chez toi. Tu laisses parler tes émotions sans cacher ce que tu ressens.
-Je n'ai pas le choix, murmurée-je.
-Tu as le choix ! Et si tu as besoin d'une épaule sur laquelle pleuré, une main pour te relever et t'aider à avancer je suis là, chuchote-t-il.
-J'ai besoin d'un verre de vin tu peux faire ça pour moi ? Demandée-je.

Il me regarde avec étonnement. Mais j'insiste alors il s'exécute. Je reste planté là face au piano et je joue de nouveau une mélodie. Je joue « requiem for a dream ».
Je n'entends même pas Nathan revenir. Il reste là à m'écouter. A me contempler. J'aurai été gênée. Même indignée par ce qu'il fait. Mes bourreaux m'ont observé mais c'est différent avec lui. Je sais qu'il ne me fera pas de mal.
Je m'arrête et l'incite à venir près de moi. Les verres de vin et une bonne bouteille de pinot blanc à la main, il s'avance et nous sert de quoi nous restaurer. Je regarde mon verre un moment. Adam et moi nous ne nous sommes jamais posés tous les deux un verre à la main en discutant de ce qui n'allait pas. C'est un peu compliqué de parler de ce qui nous est arrivé en buvant tranquillement. Ce n'est pas comme si nous nous racontions notre journée. A chaque fois qu'on essaie d'en discuter je fonds en larmes. Peut-être qu'il aurait fallu qu'on en discute tous les deux...posément en essayant de nous guérir tous les deux. Nous survivons en sachant que l'autre va bien. Mais au fond nous n'avons jamais aborder le sujet. J'ai toujours dit que j'allais bien alors que ce n'était pas le cas. Je me réveille fréquemment la nuit en repensant à tout cela...
Je n'arrive pas à m'ouvrir aux autres. Je reste cloîtrée dans ce qui m'est arrivé. Et ça je n'en peux plus. J'aimerais tellement vivre comme tout le monde.
Nathan m'observe. Il reste silencieux. Il est là sagement posté à côté de moi. Lui-même ne sait pas quoi faire. Il est loin de se douter de ce qui me donne la migraine. Je sais qu'il essaie de faire tout son possible pour m'aider. Il aura du mal si je ne le laisse pas faire. Je ne sais pas pourquoi je suis si distante pourtant il fait les choses bien. Il est à l'écoute, compréhensif, attentionné. Il ne pose pas de questions. Il suit mes émotions sans jamais rechigner.

*Entretiens et plus si affinités*Kde žijí příběhy. Začni objevovat