TOME 2 - CHAPITRE 32

Depuis le début
                                    

-C'est une bonne idée.

-Je vais les prévenir, sourit Louis avant de se pencher pour me voler un baiser.

Il sort de la cuisine pour rejoindre le salon et je souris en entendant l'exclamation de joie de notre plus jeune qui semble ravi d'aller se promener en famille.

Au début de la promenade, nous laissons Eden se débrouiller avec son fauteuil dont il pousse lui-même les roues, roulant à côté de nous. Louis marche près de moi, ses doigts enlacés aux miens, Léo court devant avec les chiens et Romy nous suit de près, ses doigts liés à ceux de Junior qui nous a rejoint juste avant que nous partions.

Je souris en sentant le soleil de fin d'après-midi réchauffer un peu la peau de mon visage. C'est agréable. Il ne fait pas encore trop froid mais nous supportons quand même assez bien nos vestes qui nous coupent un peu de la petite brise fraîche.

Au bout d'une vingtaine de minute et alors que le chemin qui mène au lac devient un peu moins lisse, je pose mes yeux sur Eden qui semble épuisé de faire tourner les roues de son fauteuil. Il lutte un peu pour continuer à suivre notre rythme, essoufflé, le visage un peu rouge. Il est très sportif, mais peu habitué à l'effort que doivent fournir ses bras pour le faire avancer.

Sa jambe plâtrée tendue devant lui, il serre les dents sans un mot, ses jointures presque blanches poussant avec force sur les roues du fauteuil.

Je sais que c'est difficile pour lui d'être dans cette position, vulnérable et en fauteuil roulant et qu'il ne nous demandera pas notre aide... mais je ne peux pas consciemment le laisser en difficulté comme ça.

Je resserre quelques secondes les doigts de Louis avant de lâcher sa main pour me placer sans un mot derrière les poignées du fauteuil. Eden sursaute un peu lorsque je me met à pousser et que les roues se mettent à tourner toute seule et tourne la tête vers moi, le regard triste.

-Papa... je peux...

-Prend quelques minutes de repos, tu reprendras le relais quand ça ira mieux, d'accord ?

Mon fils hésite et lutte quelques secondes pour accepter la situation mais finit par acquiescer, me remerciant dans un petit murmure gêné. Tout en continuant à avancer, je glisse une main sur son épaule que je presse tendrement pour le rassurer. Ça me brise le cœur de le voir comme ça, d'imaginer ce qu'il doit se passer dans sa tête depuis son accident... plus encore depuis que Louis m'a parlé de sa pré-sélection à l'euro.

C'est difficile d'imaginer un quart de ce qu'il doit ressentir en voyant son rêve s'éloigner aussi brusquement de lui. Je sais que Louis le peut, qu'il le comprend et malgré tout, ça me rassure qu'il soit là pour le soutenir et partager cette peine qu'il connaît lui aussi et dont je ne pourrai jamais comprendre l'intensité.

Je me sens parfois démuni face aux larmes silencieuses d'Eden, incapable de trouver les bons mots, les bons gestes.

J'ai l'impression de ne pas pouvoir l'aider, de ne pas pouvoir le rassurer.

Finalement, Eden appuie confortablement son dos dans le dossier du fauteuil, laissant son corps se relaxer tranquillement, son regard fixé sur Léo qui gambade joyeusement devant nous. Il l'observe, pensif, un petit sourire aux lèvres.

J'imagine à quel point ça doit être dur pour lui d'être ici, d'avoir dû quitter Manchester et sa vie là- bas, ses amis, Lana... mais je sais aussi à quel point ça lui fait du bien d'être ici, avec nous.

Une fois au bord du lac, nous nous posons quelques minutes sur un banc alors que Léo s'amuse à lancer des bâtons aux chiens, respectant la distance que nous lui imposons par rapport au bord de l'eau. Louis s'installe près de moi et passe son bras autour de mon dos, me laissant poser ma tête contre son épaule. Du coin de l'œil, nous observons Romy et Junior s'approcher de l'eau, main dans la main.

EN PLEINE LUCARNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant