TOME 2 - CHAPITRE 14

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Point de vue de Louis.

J'ajuste mon sweat sur mes hanches tout en descendant l'escalier et esquisse un sourire en voyant Eden installé au bar de la cuisine la tête dans son bol de céréales bien trop sucrés qu'il a sûrement piqué à Léo.

- Ça va mon grand ? 

Je le décoiffe un peu et il a tellement l'habitude qu'il ne râle pas.

- Ça va, il marmonne, encore un peu endormi.

J'aurais évidemment préféré que ça se passe dans d'autres circonstances, mais ça me fait du bien de l'avoir à la maison depuis deux semaines. Son coach a été compréhensif, certainement car l'annonce de la mort de Desmond a bouleversé le monde du foot. Il était un joueur et un coach respecté avec une carrière impressionnante. Son décès a rapidement été relayé par les médias, nous privant un peu de ce moment douloureux et privé. Depuis deux semaines les chaînes diffusent des reportages, des anciens matchs, des interviews... c'est difficile à gérer alors on éteint dès qu'on entend son nom.

Je laisse Eden déjeuner et m'approche de la bouilloire pour me servir un thé. Mon fils a l'air plongé dans ses pensées, remuant ses céréales sans vraiment s'en rendre compte.

-Papa, il murmure en levant les yeux vers moi.

-Oui ?

Je m'assois en face de lui et prends une gorgée de mon thé.

-Je... je pense que j'ai fait une erreur en partant à Manchester.

Mon cœur rate un battement alors que je pose ma tasse sur le bar. J'ai quelques secondes de bug, où j'essaye de réaliser ce qu'il est en train de me dire et trouver la meilleure manière de réagir,

- Est-ce que ... il s'est passé quelque chose ? Avec ton équipe, le coach, tes colocs...

- Non, il ne s'est rien passé. T'inquiète pas, c'est pas ça...

Il reste silencieux, continuant de remuer ses céréales. J'observe chacun de ses gestes, chacune des brèves expressions qui traversent son visage.

Au fond de moi, je sais ce qui le fait douter.

J'inspire profondément et pose ma main sur son poignet.

- Tu sais que tu rentres quand tu veux, si tu es sûr de toi et des raisons qui te poussent à revenir ici.

Son regard croise brièvement le mien, mais il se détourne aussitôt.

- Ton grand-père était fier de toi. Jamais il ne t'en a voulu d'avoir changé d'équipe.

Son regard brille un peu plus et sa mâchoire se tend.

Je pourrais profiter de cette faille pour le convaincre de rentrer à la maison... mais ce n'est pas ce qu'il veut.

- Le coach t'as laissé encore une semaine de congé. Tu as le temps d'y réfléchir.

Je laisse mon thé pour venir m'asseoir à côté de lui et l'attirer contre moi. Eden se fond contre moi, délaissant ses céréales.

- Si tu te sens bien à Manchester, reste à Manchester. Ne rentre pas parce-que tu penses que quelqu'un ne voulait pas que tu partes.

- Tu n'en profite pas pour m'obliger à rentrer ? plaisante Eden.

- Tout ce que je veux c'est que tu sois heureux, que tu t'épanouisses et que tu aies la carrière dont tu rêves.

Il s'accroche à moi et acquiesce doucement.

- Merci, papa.

- D'ailleurs, je ne sais pas si je te l'ai dit mais tu as très bien joué l'autre jour. T'étais incroyable.

EN PLEINE LUCARNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant