Chapitre 11

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Cela vous est-il déjà arrivé d'être bloqué dans votre corps ? Parce que c'est exactement la sensation que j'ai. J'ai envie d'ouvrir les yeux, de voir ce qui se passe autour de moi, de parler, de bouger mais c'est impossible malgré toutes mes tentatives. J'ai beau forcer sur mes paupières, tenter de bouger les doigts, mon corps ne me répond pas.

Je peux sentir les bourrasques se frotter contre ma peau, ressentir le poids de la gravité qui m'attire à elle mais je ne peux absolument rien faire.

Et cette immobilité me terrifie. J'essaie de crier. Je ressens une pression sur mes cordes vocales comme lorsqu'on s'apprête à parler mais il ne se passe rien. J'ai beau tenter d'ouvrir la bouche, rien ne répond. Je ne sens que la pression qui devient de plus en plus forte au fond de ma gorge et j'ai l'impression que je vais briser ma voix si je continue de forcer dessus mais je ne peux pas me résoudre à cet état de léthargie. Je ne sais pas comment retrouver le contrôle de mon corps mais je tente tout ce qu'il est possible de tenter.

Je sens les battements de mon coeur s'accélérer et céder à la panique. J'entends maintenant mon pouls faire un bruit infernal dans mes tympans.

Je suis vivante, je le sais, je le sens.

Alors pourquoi est-ce que je suis incapable de bouger et pourquoi est-ce que je n'entends rien de ce qui se passe autour de moi ?

Je sens le vent sur ma peau, qui me donne des frissons, mais je ne l'entends pas. Pourtant la vitesse avec laquelle il se projette contre moi devrait rendre le son insupportable. Je sens aussi que quelqu'un me tient mais son contact est tellement froid que j'en doute presque. C'est comme si cette fraîcheur me brûlait.

Je commence soudainement à ressentir une violente douleur au niveau de mon flanc et aussi bizarre que cela puisse paraître, je suis heureuse de la ressentir. Mais cette joie ne dure pas. La douleur devient vite insupportable et je regrette maintenant de la sentir même si elle me confirme que je suis vivante.

Tout ce qui est autonome dans mon corps fonctionne mais pas les mouvements volontaires. Je le comprends car je suis capable de respirer et parce que je sens mon visage se crisper sous la douleur. En revanche, si j'essaie de bouger les doigts et même si je peux les sentir, les visualiser, ils ne font pas le moindre mouvement. La colère m'envahit en même temps qu'un sentiment d'impuissance.

Je n'ai pas le loisir de me révolter contre moi-même autant que je le voudrais parce que tout à coup, le vent s'arrête et je ne sens plus rien sur ma peau. Les mouvements se sont arrêtés mais les sensations de brûlure réparatrices aussi.

Alors que j'essaie de comprendre ce qu'il se passe, je sens qu'un bras passe sous mes genoux tandis que l'autre se place dans mon dos. La personne qui me manipule maintenant le fait avec douceur et même si elle est précautionneuse, cela ne l'empêche pas de me maintenir fermement contre elle. Son contact est plus agréable que le précédent, plus chaleureux.

Soudainement, une voix vient briser la bulle sourde dans laquelle j'étais plongée et c'est comme si ce nouveau contact réveillait mon corps de son profond sommeil.

- Merci Hyōrinmaru, je n'ai plus besoin de toi.

Elle a aussi le pouvoir de me faire ouvrir les yeux et après quelques secondes, le temps que je m'habitue, je perçois les contours du visage de celui qui est venu me sauver une fois de plus.

Mais mes yeux sont attirés par l'autre personne à sa gauche. Elle nous tourne le dos. Je perçois sa longue chevelure bleutée et cette couleur m'évoque des souvenirs. Je suis certaine de l'avoir déjà vue. Alors que mon esprit essaie de la re situer, des images s'imposent à moi et je me souviens subitement.

HitsuKarinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant