Chapitre 10

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Connaître la nature de ce qui recouvrait ma peau et mangeait mon humanité petit à petit m'avait fait un choc. J'avais l'impression qu'un énorme insecte me bouffait de l'intérieur et j'en tremblais de dégoût à l'imaginer. Mais les conditions n'étaient pas idéales pour me laisser aller à m'apitoyer sur mon sort. Malgré la terrible sensation qu'il était trop tard pour faire machine arrière, et en effet il n'était pas possible d'effacer ces marques à coup de gomme, je tentais de me convaincre qu'il y avait plus urgent.

Je devais me barrer d'ici.

La lueur étrange et curieuse dans le regard de mes ravisseurs m'enjoignit une nouvelle fois à le penser. J'avais su susciter leur intérêt avec la promesse de répondre à leurs questions mais je ne savais pas ce que j'allais bien pouvoir leur dire. Je ne pouvais pas leur donner une vérité que je n'avais pas pourtant, il me faudrait être convaincante.

Je profitais de leur réflexion pour ficeler mon plan. Le plus important, c'était de gagner du temps. J'avais déjà été capable de briser mes chaînes, il me suffisait de recommencer. Je devais détourner leur attention pour concentrer mes forces. Peut-être que je pouvais également provoquer un flash lumineux qui les aveuglerait quelques secondes et me laisserait le temps de les distancer.

Une pensée indésirable s'immisça en moi. S'échapper ok, mais pour aller où ?

Chaque chose en son temps.

La réussite de ce plan était aussi incertaine que la suite des événements, mais c'était la seule chose que je pouvais faire. C'était ça ou être le sujet d'expérience de ces individus. Et le sourire de l'un d'eux me confirma que la dernière option n'était pas une bonne idée.

Je commençais à me concentrer pour ressentir à nouveau les flux traverser mes poings lorsque le plus âgé des deux hommes se mit à parler. Je portais mon regard derrière lui, à l'horizon, en essayant de garder un visage aussi neutre que ce que j'en avais l'habitude, mais sa perspicacité me fit froid dans le dos.

- Je n'aime pas l'idée que tu sois aussi coopérative. Ca cache quelque chose.

- Je n'ai pas dit que j'allais tout vous dire sans contrepartie. C'est donnant donnant.

- Tu penses être en position de négocier ?

- Je suis celle de nous qui possède des informations.

C'est étrange la forme que peut prendre la peur.

Chez moi, elle n'a aucun instinct de survie.

Si la force de mon répondant m'impressionna, elle eut le don d'agacer mon interlocuteur. En réponse à ma provocation, il s'éloigna de quelques pas pour dégainer son Zanpakuto. Mon regard, attiré par la lame, ne dévia pour autant pas de l'horizon.

Je respirais profondément.

Mon absence de réaction ne lui plut pas davantage puisqu'il plaça son arme au niveau de ma jugulaire. Son action, qui se voulait effrayante, me terrorisa plus que je ne l'aurais voulu. Je prie sur moi pour ne pas déglutir.

Il ne pouvait pas faire ça alors que j'étais scotchée à un poteau, sans aucun moyen de me défendre. Il ne pouvait pas être aussi lâche. Je me convaincs qu'il voulait simplement m'effrayer.

Je n'ai pas peur, je n'ai pas peur. Je me répétais ces mots pour ne pas flancher alors que je réprimais difficilement les images macabres qui envahissaient mon esprit. Je n'ai pas peur, je n'ai pas peur.

Mais cette façon que j'avais de regarder derrière lui, de me concentrer sur autre chose, lui donna l'impression que je l'ignorais, que je le provoquais.

HitsuKarinWhere stories live. Discover now