EN PLEINE LUCARNE

CHAPITRE 55

-Qu'est-ce que...

-Bonjour Louis, sourit sa mère en me lançant un regard pour avoir l'autorisation d'entrer.

Je jette un coup d'œil vers mon petit ami qui acquiesce positivement et me décale pour les laisser pénétrer dans la maison.

Les quelques secondes qui suivent sont assez spéciales et le moment de flottement pendant lequel Louis et son père se fixent droit dans les yeux me met mal à l'aise. Je ne sais pas où me mettre de peur d'interférer dans ce moment.

-Comment vas-tu ? demande sa mère en s'approchant pour se mettre face à mon joueur.

-Tu veux dire, depuis la dernière fois que tu as pris de mes nouvelles ?

Wow. D'accord, il est calme en surface, mais je peux sentir la rancœur énorme qui brûle dans ses veines.

-J'ai essayé de t'appeler Lou... tu ne m'as pas répondu depuis des mois...

-Ma vie et ma carrière ne vous intéressent pas, qu'est-ce qu'on aurait pu se raconter de plus ?

Le regard de sa mère dévie jusqu'à moi et me fixe quelques secondes avant de retourner plonger dans celui de Louis. Je me sens tout petit pendant quelques instants, complètement figé près de la porte d'entrée.

-Ah, vous avez quand même ouvert les journaux pour voir ce qu'il se disait sur moi, réplique Louis en traversant le salon pour s'approcher de moi.

-On suit ce qu'il se dit sur toi Louis, on s'intéresse à ta carrière, à ta vie... souffle tristement sa mère en baissant un peu la tête.

-C'est nouveau ça.

La main de Louis cherche la mienne et je sens mon cœur s'emballer un peu lorsque ses doigts s'agrippent fermement aux miens. Il tremble et mon pouce se met de lui-même à faire des petits cercles contre sa peau pour le rassurer.

-On a beaucoup réfléchi ces derniers mois Louis, commence son père en s'approchant. Quand on a réalisé qu'une blessure risquait de mettre un terme à ta carrière, on s'en est terriblement voulu de ne pas t'avoir soutenu dès le début. On aurait dû être là pour toi quand tu nous as annoncé avoir signé ton premier contrat, on aurait dû te soutenir à fond au lieu de vouloir te dicter tes choix.

Louis m'a vaguement expliqué que ses parents et lui n'avaient plus vraiment de contacts, qu'ils se parlaient de temps en temps pour les choses importantes mais qu'en dehors de ça ils n'avaient plus de relation depuis des années... En revanche, il ne m'avait encore jamais avoué le pourquoi de cette rupture familiale.

Et je comprends maintenant. Je comprends la rancœur qu'il a envers eux lorsque j'entends leurs mots, lorsque je comprends qu'ils n'ont pas soutenu son choix de carrière, son désir de devenir footballeur professionnel.

-Quand on a vu tout ce qui se passait dans les journaux ces derniers temps avec ton coming-out et la pression médiatique que ça entraîne... on a réalisé qu'on ne devait pas continuer à être absents comme ça, intervient sa mère, les larmes aux yeux.

-C'est pas un peu tard pour le réaliser ? demande Louis, la voix coincée au fond de sa gorge.

Son ton me fait frissonner et je resserre mes doigts autour des siens pour lui rappeler que je suis là, à ses côtés, et que je le soutiens.

-Ça l'est très certainement, confirme son père en pinçant ses lèvres. Mais peut-être qu'on pourrait... créer de nouvelles bases sans vouloir forcément rattraper le temps perdu et les erreurs qu'on a commis dans le passé ?

Le corps de Louis se tend contre le mien et son regard plonge dans le mien lorsque je tourne mon visage dans sa direction. Je n'ai aucune idée de ce qu'il pense en ce moment, ce qu'il veut.