- Qu'est-ce que ça veut dire ça ? il rit doucement en me jetant un coup d'œil. Vous n'êtes rien sans nous, alors ne dénigre pas ma profession.

- Aux dernières nouvelles c'est encore les joueurs qui marquent des buts.

- Ce n'est pas parce qu'on n'est pas sur le terrain qu'on ne joue pas un rôle dans vos victoires. Je sens que je vais travailler un peu plus cette zone si tu oses me contredire, il plaisante en effleurant le côté de ma cuisse.

- D'accord, d'accord, je ris en faisant semblant de protéger ma jambe avec mes mains. J'ai rien dit. On en reparlera quand tu m'auras remis en forme.

- Oui, ça vaut mieux pour toi... Plus sérieusement, il était extrêmement fier, il m'appelait tout les jours pour avoir des nouvelles, savoir comment ça se passait... mais je lui ai toujours demandé d'être discret vis-à-vis de ma carrière. Je ne voulais pas qu'elle soit liée à la sienne.

- Pourtant, tu es là.

- Le salaire était intéressant, il sourit. Et je manquais trop à ma mère.

Je me perds un peu, mon regard est hypnotisé par la fossette qui est apparue sur sa joue droite. Il relève la tête, ses iris croisent les miens et je me détourne aussitôt, pris sur le fait.

- C'est juste après que tu t'es blessé ?

- Oui, je souffle en baissant la tête.

Mes doigts jouent nerveusement avec les manches de mon sweat alors que mon estomac se noue en repensant à cette période. Harry ne dit rien, il n'insiste pas et me laisse choisir ou non de continuer à en parler. J'inspire profondément et replie mon autre jambe pour croiser mes bras sur mon genou.

- J'avais déjà mal. Puis j'ai été sélectionné, et j'ai eu peur. Ce n'était pas ma première fois en équipe nationale, mais j'avais peur que celle d'avant soit la dernière. Alors je n'ai rien dit, je me suis donné à fond durant les entraînements, durant les matchs... Je pourrais presque dire que j'ai mené l'équipe en finale vu le nombre de but que j'ai marqué pendant cette coupe.

Je me perds un peu dans mes souvenirs, repensant à tout ça. A cette période qui a été aussi douloureuse qu'incroyable. Encore une fois, le regard d'Harry croise le mien et je me reprends.

- On a gagné, on est rentré... et j'étais épuisé. Mon genou a lâché durant un match d'entraînement, et ça a entraîné des lésions dans ma cuisse. J'ai été arrêté pendant plusieurs semaines... t'as dû voir tout ça dans mon dossier. Et depuis, y a rien à faire, la douleur reste. Je ne me rappelle pas d'un moment où je n'ai pas eu mal depuis deux ans.

J'observe ses doigts malaxer avec force le haut de ma jambe, détendant au maximum mon muscle.

- Tu me lances un défi, là ?

Je souris en relevant la tête vers mon kiné. Nos regards s'accrochent l'un à l'autre, et il me faut quelques secondes pour retrouver l'usage de la parole.

- Si ça peut te motiver, je souris. Mais honnêtement, je pense que tu réaliserais un miracle là.

- Alors on part pour un petit miracle ?

Son regard ne quitte pas le mien, et je ris doucement en secouant la tête.

- On en reparlera quand tu m'auras remis en forme.

Point de vue de Harry.

-A demain Louis, continue à te reposer.

Le joueur se tourne quelques secondes vers moi à la sortie du bureau et acquiesce, un petit sourire aux lèvres.

EN PLEINE LUCARNEWhere stories live. Discover now