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Lucie entra dans la boîte de nuit, confiante, se dirigeant tout droit vers le bar pour commander une vodka. Elle avait l'habitude de cet endroit car elle y avait travaillé pendant plusieurs années. C'est aussi là où elle avait rencontré Marcus, son premier amour. Son verre en main, elle avança vers les salons privés. Elle entra dans une salle et retrouva un jeune homme rouge d'impatience et d'alcool.

« Elle devait pas venir. T'as dis qu'elle serait pas là ! J'ai poussé une putain de vieille pour qu'il revienne sur Paris. »

« C'est bon, détends toi. C'est qu'une petit coquille dans le plan. »

« Une coquille ? Tu te moques de moi Lucie ? »

Elle leva les yeux au ciel tout en terminant son verre. À son départ de Corse, elle était retournée directement sur Paris. Sa colère au fond de son cœur, elle était entrée en contact avec Ben pour trouver un moyen de se venger. Après discussion, ils avaient trouver un plan. Lucie, elle, voulait briser le couple et, si possible, prendre la place de Lina. Selon elle, c'était la plus belle vengeance, le moyen le plus efficace d'anéantir définitivement son ancienne meilleure amie. Elle avait trouvé en Ben un allié, ayant les mêmes ennemis. Puis, il était suffisamment fou pour engager des hommes pour menacer Mathieu et il l'avait une nouvelle fois été pour pousser sa grand-mère afin qu'il revienne sur Paris.

« C'est pas parce qu'elle est là, que ça m'empêchera de le voir. »

« On aurait dû attendre qu'il soit en tournée. Sa grand-mère n'a rien fait. »

« C'est trop tard maintenant, Ben, on peut plus reculer. » Il fronça les sourcils, tapant du pied, nerveux. « Ce qui compte, c'est qu'il soit là. Maintenant, on passe à l'étape deux. »

« Plus de violences. T'entends ? »

« Sauf pour Lina. »

Elle n'attendit pas qu'il réponde avant de prendre son téléphone. Il était temps de passer à l'étape suivante. Elle tapa le numéro de Mathieu avant de le mettre à son oreille.

Toutefois, il ne répondit pas. Non pas parce qu'il savait que c'était elle mais parce qu'il était trop occupé à fixer la bague dans la paume de sa main. Il était trois heures du matin mais le sommeil n'arrivait pas. La journée avait été longue pourtant. Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher de ressasser sa discussion avec son ami Maes ou encore la scène au restaurant. Seulement, il n'eut le temps de se morfondre un peu plus sur son cas qu'il entendit un léger toquet contre la porte. Il rangea rapidement la bague avant de se faire prendre, certain qu'elle allait rentrer mais elle attendit.

« Entre, bébé. »

Lina le fit alors et il crut s'effondrer intérieurement. Elle avait enfilé un pull trop grand, se recouvrant les mains mais surtout, recouvrant ses paumes rouges d'avoir fermé ses poings de toutes ses forces. Mais, elle avait beau cacher sa souffrance, son visage était marqué par l'horreur de la nuit. Il tendit une main vers elle et elle craqua encore plus. Sa cage thoracique se soulevant dans des soubresauts. Elle refusa son contact, secouant la tête tout en essayant de s'exprimer mais ses tremblements étaient beaucoup trop importants pour qu'elle soit intelligible.

« Lina, princesse, viens là. Tout va bien, c'est toi et moi. »

« J'en peux plus. » La porte se ferma derrière elle et elle sursauta, déclenchant une nouvelle vague de larmes. « J'veux que ça s'arrête. J'veux juste que ça s'arrête. » Il baissa les yeux, espérant qu'en quittant son regard, il pourrait se retenir de craquer. « J'ai envie de ne plus rien ressentir. J'veux fermer les yeux et que ça s'arrête. » Il se pinça les lèvres tout en secouant la tête. « J'ai envie de mourir. Je veux mourir. J'veux dormir et ne plus me réveiller. »

« Tu peux pas dire ça. » Cette fois, il craqua à grandes larmes, ne supportant pas l'idée que ses nuits cauchemardesques anéantissent tout le bonheur qu'il essayait de lui ramener, comme elle, lui en donnait si naturellement. « J'suis désolé, j'aurai dû être dans le lit avec toi. »

« Arrête. Arrête, putain, Mathieu. Tu crois que c'est une vie ? » Elle pointait son index contre son propre cœur. « J'y arriverai pas. C'est pas une vie. Je peux plus fermer les yeux. J'peux plus dormir normalement et tu sais ce que fait le manque de sommeil ? On devient complètement dingue. Cette thérapie devait m'aider mais j'ai l'impression d'étouffer un peu plus chaque jour. J'en peux plus. »

« Viens, mon amour. » Elle s'approcha, se posant entre ses jambes, tout en croisant ses bras contre sa poitrine pour se protéger. « On peut tout vaincre. » Elle secoua la tête, ses nouvelles larmes montant. « Je t'aime. Je t'aime et je me battrai pour toi. T'entends ? » Il joua avec les pointes de ses cheveux, ne se lassant pas de leurs douceurs. « Je t'abandonnerai pas. Jamais. Alors, je t'en supplie, n'abandonne pas, ne m'abandonne pas. J'ai foi en toi, en nous. »

« J'suis fatiguée. » A ses mots, il se leva pour la serrer contre lui et elle s'enfonça contre son torse, souhaitant seulement se réfugier dans son cœur, là où elle était sûr d'être en sécurité. « J'y arriverai pas. »

D'une main, il caressa la base de son crâne tandis que l'autre, contre ses lombaires, s'assurait qu'elle ne s'effondre pas au sol. « Est-ce que tu veux t'allonger ? Prendre un bain ? Faire un tour en voiture ? Rentrer à la maison ? »

« J'veux rien. »

« Ok. »

Il se refusa a rester immobile, allumant l'eau chaude pour lui préparer un bain. Ils avaient toujours eu le don de la rassurer. La chaleur englobant son corps entier effaçait toute autre sensation. Il abandonna sa main un instant pour ajouter du sel de bain. Elle le regardait faire alors qu'il éteignait la lumière pour ne laisser que celle naturelle. Il se déshabilla avant de rentrer dans l'eau, espérant qu'elle le suive.

« Viens bébé. » Elle hocha la tête mais ne fit aucun mouvement. Il tendit sa main vers elle et elle approcha. « Tu me laisses faire ? » Elle leva les bras en l'air et il se redressa pour lui retirer. Il fit de même pour son short et l'aida à rentrer. Elle s'installa contre lui et il embrassa sa joue. « Je t'aime. » Il massa ses épaules. « Ton coeur mérite de recevoir de l'amour pour des années encore et... et ta peau mérite de recevoir toutes les caresses du monde. Est-ce que tu veux vraiment que tout s'arrête ? Certes, tu n'aurais plus de cauchemars. Mais, quand on abandonne, on abandonne tout. Tu abandonneras toutes les bonnes choses, la vue en Corse, les bains avec des savons qui moussent, la musique, les couchers de soleil, la glace aux noix de pécan,... » Il papillonnait ses lèvres sur sa peau. « Les baisers...partout, les caresses..., les rencards dans des restaurants sur la plage, les douches à deux, moi. Tu devras abandonner tout ce que t'aimes. »

Phœnix Souls [PLK]Where stories live. Discover now