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Chapitre pour les cinq ans de ténébreux 🥹🥹

Mathieu ouvrit la portière de Lina, tout en regardant les alentours. Cela faisait des semaines qu'il n'était pas venu ici et rien n'avait changé. Les gars du quartier étaient toujours à leur poste tandis que d'autres jouaient au foot. Néanmoins, pour la première fois, il ne s'y trouvait pas à sa place. Tout lui semblait étranger comme s'il n'avait jamais pris leur poste auparavant. Il encercla les doigts de la brune avec les siens.
À peine avaient-ils passé la porte du bâtiment qu'on le saluait de toute part. Il répondit à certains tout en se rendant compte que ce quartier ne lui correspondait plus. Il était parti, laissant derrière lui cette vie là. Tout ce qui restait, c'était un sentiment amer de ne pas avoir eu la même chance que d'autres.

« T'es tendu. » Il posa son bras sur ses épaules et embrassa sa tempe pour seule réponse. « Tu vas juste voir ta famille, ça va aller. » Il acquiesça avant de toquer contre la porte espérant presque qu'ils ne répondent pas pour pouvoir partir et éloigner sa petite amie de cet environnement. Toutefois, il ne fallut que quelques secondes pour que sa grand-mère ouvre, un sourire plein. La brune prit les devants pour l'enlacer. « Bonjour mamie, ravie de te revoir. »

« Moi aussi ma chérie. » La plus âgée s'éloigna pour la scruter, un regard protecteur ancré sur son visage. Lina avait mis une robe légère pour l'occasion. « Tu es toute belle, je suis contente de voir que tu vas bien. » Son attention la quitta enfin pour regarder son petit fils. Il embrassa sa joue furtivement avant de scruter le bout de ses baskets. « Eh bien, rentrez. Vous allez pas rester sur le pallier. »

Ils entrèrent alors, suivant la grand-mère jusqu'à la cuisine. Elle avait fait du café frais et un gâteau qu'elle servit. Enzo fut attiré par l'odeur et malgré ses ressentiments, l'appel de la gourmandise était plus fort. Il embrassa poliment la joue des invités, s'arrêtant plus longtemps sur la brune dont il avait eu plus de nouvelles que son propre frère ces derniers temps. Mathieu ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur. Les deux frangins avaient toujours été proches avant qu'il ne prenne ses distances. Il l'avait fait pour le protéger, il avait été hors de question qu'il le voit dans un tel état, qu'il détruise l'image du grand protecteur qu'il avait construit. Néanmoins, ce qu'il n'admettait pas, c'est qu'il avait fait pire en s'éloignant. Le petit garçon lui en voulait d'être parti plutôt que de se montrer réellement, comme il était, et Mathieu le comprenait que trop tard.

« Alors, zozo, ça va le foot ? » Il tenta une approche si maladroite que tout le monde put le ressentir. Enzo haussa les épaules avant de reprendre son goûter. Le petit garçon avait suffisamment grandi ou pour comprendre les relations humaines et leurs complexité pour ne pas se laisser amadouer par un surnom. Toutefois, il gardait son âme d'enfant quand on parlait de ses exploits.

Lina passa sa main dans le dos de Mathieu en soutien. « Enzo, raconte lui ton dernier match. Rappelle-moi combien de buts t'as mis ? Un ? Deux ? Mamie, c'était combien déjà ? »

« Trois ! »

« Trois ? » Le blond s'était exclamé sous le sourire du garçon. « Mais t'es beaucoup plus fort que moi maintenant. Il faudra que je vois ça. »

« Je joue la semaine prochaine. »

Mathieu hocha la tête, souriant enfin. « J'serai là. » Enzo se mit à déblatérer sur ses derniers matchs, racontant ses meilleurs buts tout en exagérant comme s'il jouait pour l'équipe de France. Et son frère adorait ça, la joie et l'innocence du jeune lui avaient manqué. Toutefois, il arrêta rapidement ses histoires lorsque leur père arriva. « Salut papa. »

Le paternel ricana tout en regardant de bas en haut son fils. « Le retour. T'as fini ta désintox alors tu reviens comme une fleur ? » Il secoua la tête tout en se servant une tasse de café. « Tu nous fais honte. À moi, à ta grand mère, à Enzo. J'imagine même pas ce que ta pute de mère en pense. » Mathieu baissa le regard, touché en plein coeur. Lina encercla leurs doigts, espérant qu'il se concentre suffisamment sur leur contact pour qu'il ne l'entende plus. « Et comme d'habitude, tu restes là à rien dire, fais-moi plaisir, casse toi d'ici. On s'en sort beaucoup mieux sans toi. »

Ce fut de trop pour Mathieu qui se libéra de la brune pour prendre la fuite. « Va te faire foutre putain. »

Lina tenta de se lever mais la grand-mère posa sa main sur la sienne pour la retenir. Néanmoins, elle n'était plus du genre à rien faire, à subir dans le silence pendant que les bourreaux se frottaient les mains de sa vulnérabilité. Elle se redressa de sa chaise, les poings serrés sur la table.

« Vous êtes injuste. » Elle secoua la tête. « Mathieu s'est battu pour vous depuis toujours. Il s'est mis en danger, pour vous. Alors que vous étiez au bar, en train de boire vos problèmes et vos responsabilités de père, Mathieu a pris le relais. Il a travaillé dur, oubliant son propre avenir pour sortir tout le monde de la rue. Il a pris des risques. Encore et encore pour vous satisfaire. » Elle était debout dorénavant, les joues rouges de colère. « Mais il a essayé de faire mieux et d'avoir de l'argent légalement. Il donne tout pour la musique, pour réussir, pour vous ! Il vous a acheter cet appartement et tout ce qu'il contient ! » Elle secoua la tête. Son cœur battait de toutes ses forces tant l'adrénaline coulait dans ses veines. « Il est tombé dans l'alcool parce que le seul exemple qu'il a eu, c'était vous. Tout ce qu'il connaît, ce sont des parents qui se déchirent et un père qui fuit par l'alcool ! Mais contrairement à vous, Mathieu s'en est sorti. Il est bien meilleur que vous. Il est même une meilleure figure paternelle pour Enzo que vous ! »

« Partez de chez moi. »

« Avec plaisir. » Elle attrapa son téléphone et son sac à main puis pris le temps d'embrasser la grand mère et Enzo. « Le jour où vous comprendrez que c'est votre perte et pas la sienne, ça sera trop tard. »

Elle ne prit pas la peine de se retourner avant de sortir. Elle fut surprise de voir Mathieu, derrière le mur. Il avait tout écouté et ses yeux aussi rouges que ses joues ne le trompaient pas. Lina blêmit rapidement, effrayée à l'idée qu'il n'apprécie pas son intervention. Il avait toujours été clair sur le sujet, on ne touchait pas à sa famille. Elle prit les devants, suivit de près par le blond jusqu'à la voiture.

Phœnix Souls [PLK]Where stories live. Discover now