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Auteur : j'ai le Covid du coup petit chapitre...

Mathieu n'eut le temps, ni l'envie de ressasser l'attitude de Lucie. Il avait filé à l'aéroport pour prendre un avion privé puis il avait loué une voiture pour rejoindre son nouveau domicile. Il n'avait ressenti aucune douleur pendant tout le trajet tant l'adrénaline picotait ses membres. Toutefois, lorsqu'il arrêta le moteur, il échappa un grognement. L'absence d'antalgique, les secousses et la marche avaient eu raison de lui. Néanmoins, il avait encore quelques pas à faire pour entrer. Alors, il récolta les restes de son courage pour ouvrir la portière. À peine était-il sorti qu'il entendit la porte d'entrée ouvrir. Lina se tenait là, le visage déformé par l'émoi, à moitié camouflé par les manches recouvrant ses mains. Il ne put se retenir de sourire en la trouvant si adorablement vulnérable. Jamais elle n'avait caché les émotions qu'il lui provoquait et il adorait ça. Il s'approcha en la voyant figé sur place.

« J'peux te prendre dans mes bras ? » Il accepta et elle ne se laissa pas prier, se logeant le plus doucement possible contre lui. « T'es là. » Il caressa ses cheveux, appréciant leur odeur habituelle. Il était chez lui. « Les médecins t'ont laissé partir ? »

« Ils m'ont envoyé par mail prescriptions et recommandations. » Elle se détacha pour attraper sa main et l'inviter à l'intérieur. « De toute manière, j'ai ma super infirmière sur place, aucun problème. »

Elle lui montra le salon et il la suivit comme s'il ne souhaitait pas se tirer une balle dans la tête pour ne plus ressentir de douleur. Seulement, la sueur de ses tempes et le rouge de ses joues ne loupèrent pas à la brune. Elle lui demanda son portable qu'il lui donna sans argument. Puis, elle envoya la prescription de médicaments et les documents personnels à Antoine en le remerciant d'avance pour le service. Celui-ci ne se fit pas prier pour faire un tour avec Inès dans la ville et laisser les deux tourtereaux seuls.
Finalement, elle tira sur le bras de son petit ami pour l'emmener à leur chambre, repoussant la visite pour une prochaine fois. Il ne se fit pas prier pour tester le matelas, s'y allongeant de tout son long. Elle monta à ses côtés pour scruter son visage, attrapant son menton pour avoir un meilleur angle.

« Il ne reste plus qu'une cicatrice sur ta pommette. » Elle y passa son pouce. « Tu veux bien enlever ton t-shirt ? » Il pouffa en la voyant rougir. « C'est professionnel. J'veux voir si tes pansements ont tenu. »

« J'comprendrai jamais que tu puisses rougir aussi facilement. On dirait que plus le temps passe, plus je t'intimide. » Il retira son maillot. « Ça devrait être l'inverse. »

« Plus le temps passe, plus je sais ce que tu es capable de me faire... et crois-moi, ça, ça me fait rougir. » Elle frôla de ses doigts sa peau, évitant les bandages. Malgré les semaines d'alitement, il restait toujours autant en forme.  « Et ça fait très longtemps qu'on a rien fait alors mon imagination est en ébullition. » À ses mots, les yeux de Mathieu devinrent ardents. Il attrapa sa nuque pour l'embrasser, caressant ses lèvres de sa langue. Néanmoins, alors qu'il tentait d'envenimer les choses de ses mains, elle s'éloigna. « A quoi tu joues Pruski ? »

« J'suis juste un homme qui veut satisfaire une demoiselle en détresse. » Elle le repoussa doucement, les lèvres pincées pour se retenir de sourire.

« Pas besoin de lire ton courrier médical pour savoir que tu n'as pas le droit aux activités physiques. Le sexe en fait partie. » Il se rallongea tout en soufflant et Lina l'imita. « Sur une échelle de un à dix, ta douleur ? » Elle s'installa de profil pour le regarder. Il haussa les épaules, ce n'était pas important, il ferait le trajet un million de fois sans hésiter si c'était pour elle. « T'es là à cause de moi. »

« Grâce à toi. » Il s'installa de profil à son tour et plaça ses cheveux derrière son oreille pour caresser librement sa mâchoire. « Je serais pas ici sans toi. Si t'avais pas été mon plus grand soutien, je serai jamais devenu rappeur et j'aurai jamais eu l'argent pour cette maison... »

« Ok mais... »

« Pas de mais, princesse, je regrette rien. » Il embrassa son front tendrement, seulement heureux et soulagé d'être ici près d'elle. « Je me prendrais dix fois plus de coups de couteau pour toi. » Elle fronça les sourcils tout en se pinçant les lèvres. « Trop tôt pour en parler normalement ? » Elle acquiesça avant de s'enfouir dans son cou. Elle y frotta son nez tout en inspirant son odeur. « Par contre, j'aimerais bien que tu me parles de cette manie de dormir dans les dressings. »

Elle resta un instant silencieuse. C'était un sujet qu'elle détestait. Elle se savait courageuse et elle avait pris en main ses traumatismes, n'ayant plus peur de vivre, de sortir ou même de rire. Néanmoins, les nuits, son inconscient décidait de se jouer d'elle pour ne pas lui faire oublier ce qu'elle avait vécu. Lors de ses cauchemars, elle se revoyait dans son lit chez Franck ou encore chez Marcus, son corps à la merci de ces hommes. Alors, les petites pièces et l'inconfort du sol semblaient être une solution pour se raccrocher à la réalité plus facilement lors de ses réveils. Et, quand Mathieu était là, la question ne se posait même pas parce que le contact physique, sa douceur et sa protection constantes lui permettaient de se sentir en sécurité, même contre le monde entier. Les monstres n'avaient plus qu'à bien se tenir.

« T'es encore dans ta tête. »

« Désolée. » Il passa une main sous le t-shirt de Lina pour caresser son dos. « C'est dur de mettre des mots là-dessus. Tout ce qui compte, c'est que quand t'es dans le lit avec moi, tout va bien. »

« Et quand je suis pas là pour le taff ? Hein ? Il faut qu'on trouve une solution. J'peux pas supporter de savoir que quand je suis pas là, tu passes tes nuits à revivre tes pires cauchemars. » Il s'éloigna pour regarder ses prunelles à la recherche d'un indice. « Quand je t'ai parlé, ça m'a aidé et te savoir ici, ça m'aide aussi. »

« Je revis ces moments, jusqu'à la douleur et même si je me réveille, j'ai toujours cette impression d'y être. Et l'histoire avec Ben, que je le veuille ou non, a vraiment réveillé tout ça.» Il papillonna lentement ses lèvres de son front à son menton. « Et rien n'y fait mais peut-être que le temps aidera, peut-être que le sentiment de sécurité apporté par cette nouvelle maison permettra à mon inconscient d'accepter et de passer à autre chose. » Elle embrassa à son tour sa bouche. « En tout cas, tout est de mon côté pour réussir. »

« On va renaître ensemble. »

Comme deux phœnix.

Phœnix Souls [PLK]Where stories live. Discover now