Chapitre 30 : La bataille finale

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Les nuages blancs commencent à disparaître pour laisser place au ciel bleu, puis aux vastes horizons. Nous sommes au dessus des terres de Yulïna, qui sont ravagées par le sang. Je vois des centaines d'êtres combattre et cette vision me retourne le cœur. Cela fait seulement quelques heures que la guerre a commencé et pourtant, le sang est partout. Drākõn et humain se jettent dans la mêlé et combattent férocement.

- Nous sommes arrivés. Tonne la voix d'Ateas.

Il atterrit sur le champ de bataille, alors que les combattants s'écartent en courant. Ses griffes lacèrent la terre, et ses pattes se colorent de sang. Je descend le premier à l'aide de sa patte. Les trois Drākõn m'accompagnant font de même, et c'est la gorge nouée que nous avançons. Autour de moi, ils s'écartent tous. Ils ont toujours l'arme à la main, mais leur visage changent du tout au tout. Ils regardent Ateas, puis moi. Je vois les humains blêmir, puis les Drākõn reculer encore plus. J'avance lentement, cherchant parmi les corps à terre. Sont-ils parmi les vivants ? Je me met à courir, mon poil irrité. Mes pieds me guident à travers la boue, et les carcasses. L'odeur du fer est insupportable, et le bruit mouillé que font mes pas est insoutenable.

- Eijiro ! Je hurle à plein poumon. Katsuki !

Tous me regardent comme un fou, ne comprenant pas mes agissements. Je suis le seul à savoir ce que je fais. Je dois hurler, il faut qu'ils puissent m'entendre de là où ils sont. Que ce soit dans l'au-delà ou ici, je dois les retrouver à tout prix. Que pourrais-je bien faire sans eux à mes côtés ? Derrière moi, Keigo court lui aussi à vive allure, cherchant ses fils et son mari. Lindel et Yuga sont restés en retrait, auprès d'Ateas. Autour de nous, le temps semble s'être arrêté. Plus personne ne combat, ils sont tous là, à nous regarder sans comprendre. C'est quand je sens ce poids sur mes épaules que je sais qu'ils ne sont pas loin. Un regard, je dirais même deux, me couvent. Je m'arrête, mes pieds encrés dans le sol. Mon souffle se coupe, et ma respiration devient difficile. Ils sont là, juste derrière moi. Je le sais, je le sens au plus profond de mon cœur. Je me retourne tel un automate, les yeux vides et humides. Ils sont bel et bien là. Le corps taché de liquide pourpre, les vêtements déchirés, mais ils sont là. Je cours vers eux, rebroussant chemin. Mes yeux ne les lâchent pas, à aucune seconde. Je suis happé par leur regard, par leurs pupilles. Leur sourire déforment leur beau visage, et ils ouvrent les bras en même temps. Je saute, me jetant sur eux, et ils me réceptionnent mollement. Je les serre si fort, ne voulant plus les laisser s'enfuir. Ma vue se brouille, les larmes dévalant mes joues. Je sens sur mes épaules leur propre tristesse. Nous avons tous les trois eus très peur.

Quand nous nous détachons enfin, nous pleurons en souriant. Des larmes de joie, sans nul doute. Ils viennent m'embrasser, ignorant le bruit, la bataille, et les ennemis. Nos langues se rencontrent, mêlant larmes et sangs. Nous finissons par poser nos fronts l'un contre l'autre, plongeant nos yeux ensemble.

- Tu ne devrais pas être là. Dit Katsuki en resserrant sa prise sur moi, me collant davantage à eux.

- Katsuki a raison, tu ne devrais pas voir ça. Je baisse les yeux suite aux mots de Eijiro et vois mes chaussures teintées de rouge. Tu es trop pur pour un champ de bataille.

- Peut-être, mais j'ai ma propre arme avec moi. À peine j'ai le temps de terminer ma phrase qu'Ateas vient vers nous, le pas lourd et bruyant. Près de lui, Lindel et Yuga marchent lentement. Katsuki, Eijiro, je vous présente Ateas. Le dragon doré fait un léger mouvement de tête alors que mes compagnons ont la bouche légèrement entrouverte. Je me suis permis de lire le livre sacré pendant que j'étais au château, et j'ai découvert comment ouvrir les ruines de Rokiā.

Coeur Ardent - La légende d'AteasOnde as histórias ganham vida. Descobre agora