Chapitre 3 : Envoûte-moi

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Je le suis de mon propre chef. Ce n'est pas un enlèvement car je suis consentant. Je me suis laissé faire, charmé par ce regard rubis. J'ai moi-même honte de mon comportement. Ses paroles résonnent encore en moi. C'était possessif et bestial. Sa voix a résonné un long moment avant qu'il ne m'entraîne avec lui en dehors de la demeure. Personne n'a objecté et je sais que si quelqu'un avait parlé, il aurait été violent. Ce que j'ai perçu dans ses yeux à cet instant m'a glacé sur place, mais en même temps, cela a éveillé quelque chose en moi. Comme l'étincelle d'un feu éteint depuis des années.

Je n'ai accordé aucun regard au roi, trop inconscient pour se lever. Aucun remord dans mes yeux, aucune tristesse sur mon visage. Je souriais discrètement. N'ayant pas l'habitude, cela devait ressembler à une grimace.

Je me fige en sentant la queue de cet homme m'entourer les hanches. Il est plus grand que moi d'au moins deux têtes. Il baisse son visage et me regarde droit dans les yeux. C'est la première fois que l'on me considère ainsi. Je me sens convoité mais surtout, j'ai l'impression de l'intéresser pour autre chose que mon talent de ménagère. J'aurais dû me sentir blessé qu'un homme ait un tel regard, mais au contraire, je suis flatté qu'un homme comme lui ait des yeux aussi brûlant fixés sur mon corps.

- Comment t'appelles-tu ? Il esquisse un sourire, sans nul doute pour se montrer bienveillant.

Autour de nous, la vingtaine d'homme marche en formant un cercle. J'ai eu le temps de les compter et les détailler discrètement. Je repose mes yeux sur lui, ayant un peu mal à la nuque de devoir lever ainsi ma tête. Je lui adresse un demi-sourire.

- Izuku.

Je répond timidement, détestant toujours autant ma voix fluette. À mon âge, elle ne va plus muer. Il sourit de toutes ses dents, hochant simplement la tête. Il ne me demande rien de plus, gardant seulement sa queue autour de mes reins. Il raffermit sa prise, obligeant nos épaules à se frôler.

Je ne sais pas qu'elle est la destination. Nous n'avons pas pénétré la ville, nous l'avons simplement longé. Nous nous sommes enfuis tels de vulgaires voleurs. J'ai une boule au ventre à l'idée d'être poursuivi. Je suis en train de goûter à la liberté, il est hors de question de retourner dans cette cage dorée.

Soudain, mon pied tape dans un caillou, me faisant trébucher. Red Riot me rattrape, m'empêchant de me faire une nouvelle fois mal. Il plaque mon corps contre le sien et entoure ses bras autour de ma taille. Je me retrouve la joue plaquée sur ses pectoraux. Je met plusieurs secondes à réaliser, clignant des yeux frénétiquement. Je pose timidement mes mains sur son torse et le repousse. Je sens mes joues prendre feu face à cette soudaine proximité. C'est un toucher intime, vraiment très intime. À contrario du roi, je n'ai pas eu peur quand ses bras musclés sont passés autour de mes reins. J'ai justement beaucoup trop apprécié cette brève étreinte. On ne m'a jamais étreint avec affection. C'était involontaire, mais appréciable.

- Excusez-moi. Dis-je en reculant. Même si je prends mes distances pour oublier ce moment extrêmement gênant, il continue de me maintenir de sa queue. Étant peu habillé, les écailles grattent ma peau doucement comme une caresse. Je m'emmêle souvent les pieds.

Je passe une main dans mes boucles vertes et détourne le regard. Nous continuons de marcher alors que le reste du groupe ne nous a pas attendu. Je peux toujours les voir mais ils sont tout de même déjà très loin.

- J'avais remarqué.

Sa voix est plus rauque que tout à l'heure. Sa phrase sonne comme un grognement. Il doit me trouver bête, et je le comprends. Je n'arrive pas à savoir pourquoi il a dit que j'étais à lui. Je ne suis pas doué pour grand chose si ce n'est faire le ménage et m'attirer des ennuis. Peut être me veut-il pour effectuer les même tâches que je faisais dans le château ? Après tout, un esclave reste un esclave. Je n'ai pas grande valeur et aucune attache. Peu importe où il m'emmène et pourquoi, cela ne changera rien à ce que je suis.

Coeur Ardent - La légende d'AteasWhere stories live. Discover now