Chapitre 17 : Un réveil difficile

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Mon esprit est embrumé par la noirceur. Malgré toute la volonté que je possède, il m'est impossible de me réveiller, ou du moins, il m'est impossible d'ouvrir les yeux. Je sent le tissu contre ma peau ainsi que la fraîcheur sur mon front. Mes membres sont endoloris, m'envoyant des fourmis à chaque secondes. Pourtant, je ne sent aucun mal qui s'apparente à une brûlure. Je ne sais pas où je suis, ni avec qui. Autour de moi c'est le calme plat. Un frisson parcourt mon corps, signe que j'ai froid. Sans plus tarder, je ressens la douceur d'un drap recouvrir ma peau. Je prend les dernières forces qu'il me reste et parviens enfin à bouger. Je lève ma main qui reste un long moment dans le vide, en quête de réconfort, de soutien. Après de longues minutes, une présence se fait à mes côtés mais aucun mot n'est prononcé. Des doigts se posent sur ma main pour la remettre le long de mon corps. On me retire également le linge humide de mon front avant de m'en remettre un deuxième.

- Je ne sais pas si vous m'entendez mais, vous devriez vous ménager.

La voix me paraît familière et pourtant, je ne parviens pas à mettre un nom dessus. Une caresse sur mon bras me fait tourner la tête sur la droite. J'entends le raclement d'une chaise sur le sol, puis plus rien.

- Cela ne devrait plus être long.

J'espère vraiment que cette voix mélodieuse, bien que fortement inconnu, a raison. De nouvelles minutes interminables s'écoulent quand une porte claque dans la pièce.

- Ne fais pas autant de bruit ! Il y a un blessé.

Le bruit du papier, puis celui d'un mortier. Cette fois-ci, deux présences se font ressentir près de moi.

- Excuse-moi, papa. Quand j'ai entendu ce qu'il s'était passé, je me suis précipité à la maison avec les soins adéquats.

- Tu as bien fait, Shoto. Je suis fière de toi. De nouveau le bruit du mortier avant d'entendre de l'eau couler. Mais le temps presse. Donne lui ça à boire, cela devrait le remettre sur pied. Du moins, je l'espère.

Le lit, car j'ai deviné être installé dessus, s'affaisse sur ma gauche. Une aile frôle mon dos et une main me force à me relever. N'ayant plus de force, je suis une poupée de chiffon ballottée d'une poigne de fer. Un récipient est présenté à mes lèvres, et j'ai un mauvais pressentiment. Je ne sais pas qui ils sont et ce qu'ils comptent me faire ingurgiter. Sans mes compagnons, sans Eijiro et Katsuki à mes côtés, je ne parviens pas à faire confiance à de parfait inconnu. Face à ma réticence et mes lèvres scellées, l'inconnu se met à me parler avec calme.

- Buvez le, c'est un remède pour votre corps endoloris. Vous irez bien mieux après, faites nous confiance.

J'ai envie de protester, mais impossible de parler. À peine mes lèvres se séparent qu'il fait couler une épaisse mixture. Cela a un goût infâme, encore pire que ce que j'ai connu étant plus jeune. C'est immonde. Les grumeaux se mêlent à une épaisse pâte que j'ai envie de recracher. Quand le récipient quitte ma bouche, je tousse fortement. Je sent alors de nouveau le contour caractéristique du verre et je ne peux empêcher un mouvement de tête. Hors de question de recommencer cette torture, que ce soit pour mon bien ou non.

- C'est de l'eau. Dit-il comme si il a entendu mes pensées. Cela vous fera passer le goût.

Je ne me fais pas prier pour accepter et bois le verre entier, en profitant par la même occasion pour rincer ma bouche. Quand j'ai terminé, il me recouche avec beaucoup de délicatesse et s'éloigne de moi.

- Combien de temps avant qu'il n'ouvre les yeux ?

- Ne soit pas impatient, on dirait ton père. Un silence se fait avant d'entendre une seconde chaise. Regarde, il remue déjà.

Coeur Ardent - La légende d'AteasWhere stories live. Discover now