Chapitre 22 : La cité marine

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- Je crois bien que tu as su les toucher en plein cœur. Dit Eijiro en regardant le ciel. Ils ont tous un profond respect pour toi. Une nouvelle fois je hoche la tête, ne quittant pas le bracelet des yeux. Les cristaux sont taillés de façon irrégulières et le bijou n'est pas parfait, mais c'est de là que vient sa valeur. Il a été fait pour moi, avec soin et amour. Cet enfant a sans doute eu la peur de sa vie, et il m'a vu comme un héro. Pour eux je ne suis qu'un humain, le compagnon du roi, mais maintenant je suis un sauveur. Cette révélation me fait sourire encore plus.

- Il nous faut combien de temps pour arriver à Aquariã ? Je demande en sortant la carte de ma poche.

Eijiro penche sa tête, pointant notre position.

- Contrairement à Rokiā, il n'y a aucun détour à faire. Il nous faut simplement traverser la forêt et nous y serons dans quatre ou cinq heures à peine. Nous informe Katsuki en passant son bras sur mes hanches.

Je regarde la carte, imaginant Aquariã grâce aux dessins. La représentation n'est pas facile mais je pense avoir une petite idée. Une cité en bord de mer, près des falaises avec une plage de galets, le tout agrémenté d'un village mouvementé. Je sens que cet endroit va me plaire. Nous quittons une cité caché dans les montagnes pour une autre en plein soleil, je me demande ce que Yulïna nous réserve. Je range la carte et accepte avec joie la main tendue par Eijiro. Nous lions nos doigts ensemble et Katsuki maintient sa main au creux de mes reins.

- Vous pensez que nous trouverons Oboro rapidement ? J'entre dans la forêt à leurs côtés, évitant de justesse une branche d'arbre.

- Peut-être, comme Enji, il est le doyen de Aquariã. Il peut être n'importe où. Dit Eijiro en évitant lui aussi une branche. C'est que les arbres sont plutôt feuillus ici. Apparemment, il serait au chevet de son compagnon mais, je n'ai pas eu vent qu'il était marié. Ajoute t-il en regardant Katsuki du coin de l'œil. Ce dernier soupire.

- Ne m'accuse pas, je ne savais pas non plus. C'est un éternel célibataire. Je suis certain que Shota était au courant, puisqu'ils sont amis d'enfances, mais il ne nous a pourtant rien dit. À l'aide de son bras libre il fait voltiger les branches, évitant ainsi de se baisser. J'espère seulement que son compagnon est toujours en vie. Si il vient à décéder avant notre arrivé, Oboro ne sera pas d'humeur à nous donner sa bénédiction. Loin de moi l'idée d'ignorer sa moitié, mais tant que je ne l'ai pas vu de mes propres yeux, je reste sceptique. Nous hochons la tête alors qu'une question me vient.

- Les Drākõn doivent-ils tous te demander leur bénédiction quand ils se m'ont en couple ? Katsuki baisse les yeux, le regard indéchiffrable.

- Pas nécessairement mais je suis assez surpris. Les nouvelles vont vites alors quand un doyen trouve un compagnon, tout Drākõnia est au courant.

- Alors c'est le fait qu'il garde sa relation secrète qui t'inquiète ? Il ne dit rien mais mord sa lèvre. Après quelques minutes, il me répond enfin.

- Oui, et non. Il a ses raisons, j'en suis certain mais tout de même, je trouve cette histoire assez louche. Eijiro tape de sa queue et nous le surprenons à sourire.

- Je suis certain qu'il n'y a rien de bizarre dans cette histoire. Oboro doit avoir ses raisons. Il m'offre un baiser sur la tempe et sourit de plus belle. Focalisons nous sur notre route et nous verrons cela plus tard.

C'est donc ce que nous finissons par faire.

Nous continuons de nous enfoncer dans la forêt de chêne, parlant de tout et de rien. Ils me racontent des anecdotes de combat, des histoires d'enfances et des bêtises qu'ils faisaient étant enfants. Nous rigolons beaucoup, ce qui me fait un bien fou. Mon moral reste au beau fixe, comme le leur. La nature y est également pour quelque chose. Je suis toujours surpris de découvrir de nouvelles choses, et aujourd'hui encore j'ai mon lot de surprises. Nous croisons par chance un troupeau de biches accompagnées d'un cerf dans une clairière de pâquerettes. L'endroit est jonché de ruisseau, d'imposant rocher et de buisson. La vie sauvage me fascine autant qu'elle me fait peur. Je sais qu'une biche peut être vite effrayée mais que sous sa fureur, un être tel que moi peut vite être dépassé. Il faut toujours se méfier de l'eau qui dort, m'a dit Eijiro, et je compte bien écouter ses paroles.

Coeur Ardent - La légende d'AteasWhere stories live. Discover now