Chapitre 17 : Un réveil difficile

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Le sang afflue soudainement dans mes veines. Ma peau me picote de la tête aux pieds. Je peux enfin bouger mes doigts et mes orteils. Avec difficulté, mes yeux se mettent à papillonner. La lumière est discrète dans la pièce et par conséquent, elle ne m'agresse pas la rétine. Je dois mettre plusieurs secondes pour focaliser mes pupilles sur un point quelconque au plafond. Je gémis de douleur en essayant en vain de me relever. Une main se plaque aussi sec sur mon poitrail pour m'empêcher toute action irréfléchi. Ma tête remonte le bras et mes yeux fixent le Drākõn un peu trop longtemps. Encore une nouvelle tête.

- Mettez-vous contre le dossier du lit.

Docile, je me laisse guider. Quand je suis en position assise, la douleur me paraît moins lancinante.

- Vous n'avez aucune blessure visible. Seul votre corps a reçu un choc intérieur.

Je bois ses paroles, me remémorant les derniers événements. Mon arrivée à Rokiā, la dispute d'un père et son fils puis, plus rien. Le trou noir.

- Vous semblez perdu et c'est normal. Vous avez subit un choc assez conséquent. Il m'imite et s'assoit en face de moi, sur ma droite. Mon père a veillé sur vous, vous êtes resté endormi pendant plus de vingt heures. Ma gorge se noue. J'ai dormi si longtemps ? Si vous êtes un peu groggy, c'est également normal. Il va vous falloir encore quelques heures pour récupérer entièrement.

Je l'écoute attentivement tout en hochant la tête en bon élève que je suis.

- Est-ce que... Je pose ma main sur ma gorge. Elle est plus que sèche. Mes mots se meurent dans ma bouche. Est-ce que le petit... Va bien ?

Il hausse les sourcils et croise les jambes.

- Oui, il est en parfaite santé. D'ailleurs, ses parents voudront vous remercier. Ce n'est pas tout les jours que nous voyons un humain sauver un Drākõn.

Il se lève et part me chercher un verre d'eau. Je lui souris en remerciement quand il me le tend.

- Ce n'est donc pas vous que je dois remercier pour... Cette mixture infâme ?

Il a un léger sourire avant de poser une main sur sa bouche.

- Il est vrai que mise à part leurs effets bénéfiques, toutes les plantes n'ont pas bon goût. Il pose mon verre sur la table de chevet à mes côtés. Comme je vous le disais, c'est mon père qui vous a soigné. Si vous le désirez, je peux l'amener auprès de vous.

- Ce serait avec plaisir, merci.

Il baisse la tête et sort de la pièce sans attendre. Quand je suis enfin seul, je laisse couler mon corps et soupire longuement. Une nouvelle fois mon cerveau va à mil à l'heure. Où est Katsuki ? Que fait Eijiro ? Pourquoi mon corps n'a-t-il rien subit ? Où sont les brûlures ? La douleur ? Je ne comprend, une nouvelle fois, absolument rien. Je repense à cet étrange Drākõn très aimable. Ses yeux et ses attributs me rappellent cette famille de tout à l'heure. Il a des yeux particulièrement beaux et étranges. Un œil gris et un œil bleu. Ses ailes sont elles aussi à part. Une aile blanche et une aile rouge. Tout comme ses cheveux de la même couleur attachés en catogan avec quelques mèches rebelles. Et puis ses cornes blanches et sa queue rouge. Je ne peux m'empêcher de détailler chaque Drākõn que je croise. Mon but est de parvenir à tous les identifier même si je sais la tâche impossible. En tout cas, il ne m'a pas semblé hostile. Il est même très posé et sûr de lui. Comme je suis seul, je me permet de regarder autour de moi. C'est une chambre simple, avec des murs de pierre et quelques poutres apparentes. Un lit confortable, une table de bois avec le fameux mortier, deux chaises, et la table de chevet. Cette pièce est impersonnel. Aucun bibelot ne me donne d'indication quant à l'appartenance de ces lieux. En même temps, il n'y a aucune trace de vie.

Coeur Ardent - La légende d'AteasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant