Chapitre 3 : Envoûte-moi

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- Que t'arrive t-il ? Le ton de sa voix est redevenu normal. Il marche toujours près de moi, comme si j'étais à deux doigts de tomber. N'ayant pas l'habitude d'aller dans la forêt, je me prend vite les pieds dans les racines. Tu sens la peur.

Je plisse le nez, sans manquer de froncer les sourcils. Il peut sentir mes émotions ? C'est un être bien mystérieux.

- Je n'ai pas peur.

Et c'est vrai. Ce n'est pas la peur qui retourne mon esprit. J'ai un sentiment en moi, qui entoure mon cœur depuis tout à l'heure, mais je ne parviens pas à mettre le doigt dessus. Appréhension ? Anxiété ? Tristesse ? Je n'ai pas assez de vocabulaire pour le nommer.

- Je ne te ferais aucun mal, si c'est ce qui te tracasse. Il reporte son regard devant nous, penseur. Et mes compagnons non plus. Il me regarde de nouveau, ses yeux rouges me brûlent la peau. Tu es à moi, ils ont interdiction de te toucher.

Un frisson parcours mon corps à cet instant. Son regard parle pour lui, mais ses paroles résonnent encore dans ma tête. À lui. Ce n'est pas comme un cheval appartient au cavalier ou alors que la couronne revient au roi. C'est bel et bien comme la dame appartient au gentilhomme. Il me voit sous un angle différent de tout ceux que j'ai rencontré jusqu'à aujourd'hui. Du désir danse dans ses prunelles.

Je ne suis pas dégouté par cette idée. Il est certes différent, mais il n'en reste pas moins désirable. Je sais reconnaître les belles choses. Ses muscles fermes, ses épaules carrées, ses bras forts, son visage bestial et sa carrure. Lui-même est un Dieu grec taillé à même la pierre. Comparé à ses compagnons il dégage quelque chose en plus qui me met en confiance. Non pas que les autres sont effrayants, bien au contraire certain m'ont souris, mais avec lui je me sens à l'aise.

Je regarde mes pieds, me sentant aussi puéril qu'une jouvencelle. Il me fais ouvertement la cour et a déclaré que je suis à lui. Comment ne pas être gêné ?

- Quand vous dites cela, dans quel sens l'entendez vous ?

Je commence à triturer mes doigts. J'ai besoin de l'entendre dire les choses plus clairement. Il faut que je fasse face à la réalité pour voir si je suis surtout capable d'endurer ces mots.

Red Riot ne me laisse pas le temps de réfléchir. Il me plaque aussitôt contre un arbre, mon dos rencontrant l'écorce dure. J'émet un gémissement plaintif, la douleur étant minime mais présente. Je prend conscience de la situation quand je vois son visage en face du mien, à quelques centimètres. Il est extrêmement proche. Je peux sentir son souffle chaud s'abattre contre mon visage. Malgré la pénombre dans laquelle nous sommes, je vois les traits de son visage changer, et il devient sauvage. Je suis devenu sa proie.

Il place sa main sur ma joue et l'autre sur ma hanche. Ses griffes caressent ma peau tendrement. C'est un délicieux contraste car je sais que ses griffes peuvent me trancher la chaire d'un seul coup. Ses écailles sont également chaudes, comme les braises d'un feu en perdition. Ce n'est pas désagréable, cela pique un tantinet. Je n'ai jamais eu de tel contact avant lui. Je découvre et c'est tellement rafraichissant. Avec précaution je laisse ma joue reposer plus franchement dans la paume de sa main où écailles et peau humaine se mélangent parfaitement. Je le vois arborer un regard surpris avant de sourire de toutes ses dents. Je viens de m'abandonner à lui avec ce simple geste. Je le veux. En cette nuit fraîche, pleine de chaleur humaine, j'ai choisi moi-même le destin que je désire.

- Tu sembles aimer les flatteries.

Je ne peux que hocher la tête, les mots restant bloqués dans ma gorge devenu sèche.

Sa main sur ma hanche se fait impatiente. Il la fait remonter lentement, soulevant mon habit. Il la pose à plat sur mon ventre. Je sens cette chaleur se répandre en moi. Cela me prend le corps et m'arrache un son. Ma respiration se coupe tant la chaleur est écrasante. Je sais que cela vient de son propre corps, qu'il me transmet son propre désir. À la simple idée de tant de désir en lui, je sens mon corps prendre feu pour la première fois de ma vie.

Coeur Ardent - La légende d'AteasOnde histórias criam vida. Descubra agora