Chapitre 1 : La prison dorée

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Arrivé face à l'imposante porte doré, je lève la main et toque doucement trois petits coups.

- Entrez.

La voix du roi est électrique, signifiant son agacement. Je n'ai pas choisi le bon moment pour faire mon apparition. J'ai la mauvaise habitude de me mettre dans un pétrin monstre, et cela va encore être ma fête.

Je pénètre à l'intérieur de ses appartements, un mauvais pressentiment pesant sur mes épaules. Je referme la porte derrière moi et aperçois mon roi, ensevelis sous des dizaines de vêtements. La chambre, oh combien magnifique et dorée, est sans dessus dessous. Il pivote sa tête vers moi et dès que nos regards se croisent, un air agacé se pose sur son visage.

- C'est donc toi, Deku.

Deku. C'est mon surnom dans cette demeure. Bon à rien. Voilà ce à quoi pensent les autres quand ils me voient. Au départ c'était qu'une blague émise par le roi mais avec les années le nom est resté. Plus personne ne m'appelle Izuku.

- Qu'as-tu encore fais, sale gosse ?

Instinctivement, je pose un genou au sol et baisse la tête en signe de soumission. Je ne veux pas m'attirer davantage ses foudres.

- J'ai terminé mes tâches, mon roi.

Il se lève aussitôt, le bruit de ses pas résonnant dans la pièce silencieuse. Il se précipite vers moi et sans attendre, de sa main boudinée, il attrape mon menton, me forçant à le regarder. Nous n'avions pas le droit de le regarder dans les yeux, peu importe qui nous étions. Il nous force à le confronter seulement quand il veut assouvir son autorité, chose qu'il fait actuellement. Les bagues ornant ses doigts s'enfoncent dans ma gorge et je sais de source sûr qu'il le fait exprès.

- Tu as les même yeux que ta chienne de mère.

Ma mère, ma défunte mère. Elle était une ancienne gouvernante de ces lieux. Elle a périt à ma naissance, me laissant au main de ce tortionnaire. Elle a eu le malheur de tomber amoureuse d'un chevalier au service du roi, son bras droit, le chien de garde de sa Majesté. De leur amour, je suis né. Mon père a périt au front, lors de la fameuse guerre contre le peuple des terres de Féliame. Cela a été une guerre sanglante. La moitié des déchus ont péris contre un quart de notre côté. Un bain de sang pour une histoire de frontière. C'est donc les sauvages qui m'ont volés mon père. Je ne sais pas si je dois leur en vouloir ou non car dans tous les cas, pour l'acte de chaire qu'il a commis avec ma mère, il aurait été pendu pour cela.

- Que dois-je faire maintenant ?

J'ignore volontairement son insulte, n'ayant pas l'envie de me prendre un châtiment pour un mot mal placé.

- Tu ne sers à rien, de toute manière.

Son haleine fouette mon visage, l'odeur du vin rouge m'agresse. Il boit toujours de bon matin, pour se mettre dans l'ambiance comme il dit si bien. Vin rouge, vin blanc, rosé ou bière, il goûte de tout. Il ne ressemble en rien au prince charmant. C'est un homme gras, bourrus et mal propre. Il est grossier et misogyne, voir même mal léché. Il est petit, tassé, ce qui n'arrange rien avec son excès de graisse. Il a un nez rouge, doublant de volume au fil des années, résultat de son abus d'alcool. Il perd malgré lui ses cheveux où se nichent des pellicules et comme il se lave peu, préférant se camoufler avec du parfum, sa peau est grasse et sent mauvais. Personne ne lui dit jamais rien car cet homme est vil et violant. Nous le craignons tous, peu importe notre place dans le château. Je me demande encore comment le Peuple peut supporter un pareil souverain. D'ailleurs, je comprends mieux pourquoi il n'a pas de femme. Qui voudrait de lui ?

- Mais j'ai une tâche pour toi. Il lâche mon visage devenu douloureux. Je met une main sur ma mâchoire sentant les fourmis se former dans mes joues. Ranges mes vêtements dans ma penderie. Ce n'est pas à moi de le faire.

Coeur Ardent - La légende d'AteasWhere stories live. Discover now