Chapitre 43 - Elisaria

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Droguer mes compagnons commence à devenir une habitude que je n'apprécie pas particulièrement. Mais je n'ai pas le choix, il ne m'aurait jamais laissé partir.

Toujours justifier mes actes par cette même phrase devient redondant. Mais peut-être que si j'arrive à me convaincre que c'était nécessaire je le vivrais mieux ?

Naos est de toute façon resté dans sa chambre, et je me demande s'il ne m'aurait pas laissé partir même s'il m'avait repérée. Il veut voir le Fléau mort depuis des années. Il a dû fuir son royaume à cause de lui. Il a perdu sa famille à cause de lui. Je comprends qu'il ne sache pas comment se positionner.

Mais comme je l'ai dit à Aster, c'est mon choix.

Déverrouiller la fenêtre n'a pas été très compliqué, et un petit tour à l'armurerie m'a permis de me rééquiper en armes. Les soldats que j'ai croisés n'étaient que trop heureux de me servir.

J'imagine que mourir pour la bonne cause a des aspects positifs.

Je ne croise pas le roi dans ma course vers la sortie, mais suis accompagnée par des soldats, et on me remet un beau cheval, décrit comme endurant et courageux.

— Merci, de votre sacrifice, ajoute un soldat après m'avoir indiqué le chemin vers la sortie Sud de la ville.

J'ai quelques jours de voyage, mais je dois faire vite. Aster et Naos se mettront certainement à ma recherche rapidement et une fois passé la frontière, le Fléau me sentira approcher. Je veux l'éloigner le plus possible de la frontière avec Oscor.

— On essayera de retenir vos amis le plus longtemps possible, mais je suis presque certain qu'ils se lanceront à votre recherche rapidement.

Ce sont les derniers mots que j'entends avant qu'il ne fasse demi-tour.

Je lance mon cheval au galop et ne jette aucun regard en arrière.

**

J'essaie de faire de courtes pauses régulièrement pour ne pas épuiser mon cheval. Cela me permet aussi d'étirer mon épaule pour vérifier la douleur. Mon bras me tire encore un peu, mais je n'ai plus mal.

Jeremy me tuerait s'il savait ce que je m'apprête à faire.

Même si je ne ressens plus de douleur, je sais qu'elle n'est pas entièrement rétablie. Je n'ai même pas retrouvé mes capacités ! Ce n'est pas en regardant son âme que je vais l'arrêter.

Naos a raison... je me jette dans la gueule du loup. Mais quelque part, une partie de moi sait que je dois le faire. Pas pour suivre les consignes d'une vieille prophétie, mais c'est comme si quelque chose d'intangible me poussait vers lui. Il est la réponse à mes questions.

Ma bague semble chanter et le grenat de mon collier se réchauffe chaque kilomètre traversé.

**

J'arrive finalement à la frontière trois jours plus tard, et repère ce qui semble être une caserne.

Plusieurs soldats s'entrainent sur un terrain de terre battue. D'autres, trainent près de la porte et je crois reconnaitre quelques visages.

Je dépose mon cheval à un piquet et m'avance vers un groupe.

— Bonjour, je souhaiterais parler au commandant de cette caserne s'il vous plait.

— Eh ben ma p'tite dame on s'est perdue ? ricane un des hommes en essayant de me prendre une mèche de cheveux.

Sa main n'a pas le temps d'atteindre mes cheveux avant que je ne lui torde le bras et le fasse s'agenouiller à terre.

Ivos 1 - Feuille d'if parmi les sapinsWhere stories live. Discover now