Chapitre 3 - Aster

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Quelque chose ne se passe pas comme prévu.

Trop des nôtres sont tombés. Des flèches pleuvent et aucun archer n'est visible.

Je remonte la colline tout en tuant les humains que je trouve sur mon passage.

Forska me dégoûte et sa politique hypocrite avec. Avoir tué toutes les espèces qui peuplaient ces belles régions pour une vision « Humaine » me donne la nausée.

Je ne m'abaisse pas à utiliser des armes contre eux et me contente de leur briser la nuque ou de les mettre à terre avant de leur enfoncer mon pied dans le crâne.

Cela suffit, en général.

La lune s'est reflétée sur la pointe d'une flèche et attire mon attention vers le toit de la maison.

— Alors tu te caches là, ordure, je grommelle en continuant mon ascension de la colline.

Il y a un trou sombre dans la façade. Juste sous les toits.

L'archer se cache dans la pièce, comme un lâche stupide. Il pense franchement ne pas se faire repérer et être en sécurité dans les ombres ?

Contre nous, knens, les maîtres de la nuit.

Je me transporte vers les ombres de la pièce. Face à moi se trouvent deux jeunes femmes. Les seules de ce régiment. Typique des Forskiens. Mettre les femmes humaines à l'écart.

Leur stupidité est fascinante.

Les deux humaines sont loin d'être faibles. Elles seraient même remarquables, si elles n'étaient pas en train de tuer mes soldats, elles doivent être arrêtées.

Toujours dos à moi, j'observe ces deux corps en coordination parfaite. L'une tire lorsque l'autre encoche. Ne laissant aucun répit aux miens.

J'ai le temps de faire un pas vers elles avant qu'elles ne se retournent vers moi d'un même mouvement.

Celle de gauche, qui a les cheveux aussi noirs que les miens dans ma forme naturelle, lâche un mot à son acolyte avant d'échanger un regard et de me sauter dessus.

Il faut leur accorder qu'elles sont rapides.

Celle qui n'a pas dit mot jusque-là se jette sur le haut de mon corps tandis que l'autre essaie de me déséquilibrer en visant mes jambes.

J'ai le temps de me déplacer vers un autre coin de la pièce avant qu'elles ne me touchent, mais je remarque leur savoir-faire et leur expérience.

Elles se relèvent rapidement avant d'entamer une danse autour de moi. Se déplaçant en cercle, l'une allant vers ma gauche, l'autre vers la droite. Je prends le temps de les observer, leurs mouvements, leurs visages.

Celle qui est restée silencieuse a, elle aussi, des cheveux noirs. Sa peau est basanée et ses yeux scintillent, brillants de haine.

Cette faim de violence se dégage des deux femmes, mais alors que la première semble le calme incarné, celui que l'on acquiert qu'après des années de combats, la deuxième brûle d'une rage qu'elle laisse exploser.

Elle se jette sur moi en sortant deux poignards de sa ceinture pendant que l'autre jette quelque chose derrière elle. En quelques secondes, de nombreuses lumières éclairèrent l'espace. Les ombres dans lesquelles j'aurais pu me transporter disparaissent.

Pas si stupides finalement.

J'esquive chaque coup porté et décide de prendre mon temps avec elles. Elles sont les deux plus grandes menaces, et je préfère les savoir avec moi plutôt qu'avec mes soldats.

Tout en continuant cette danse, je me laisse aller dans la tête de cette femme. La rage qui couve en elle depuis si longtemps est étouffante. Elle a pris son pied à tuer mes soldats, et ce simple fait me fait presque regretter d'y aller doucement.

Je sors de son esprit et essaie d'entrer dans celui de la femme qui se tient plus en retrait. Son visage est fermé et ses yeux clairs me lancent des dagues.

Rien.

Son esprit semble vide.

Ma surprise m'empêche de voir le couteau de lancer qu'elle m'envoie dans les côtes droites. Je réussis à l'éviter au dernier moment, mais il perce tout de même ma peau, faisant couler un filet de sang.

Son attaque est précise et me déstabilise un instant. Assez longtemps pour laisser à la furie proche de moi la possibilité de m'envoyer un coup au visage.

Très bien.

J'ai perdu assez de temps.

Je tends mon bras vers le cou de la petite humaine et lui tors, entendant un crac satisfaisant.

Elle retombe au sol dans un bruit sourd. Je me tourne vers l'intrigante archère. Elle ne dégage toujours rien.

Elle vient d'assister à la mort de son amie et pourtant aucune peur, aucun regret, aucune tristesse ne la traverse. La mort de la femme ne semble pas l'affecter.

Étrange.

Elle m'attaque et je dois reconnaître qu'elle est douée. Très douée. Je contre chaque coup, et elle esquive ceux qu'elle ne peut bloquer. Je réussis à l'atteindre au visage plusieurs fois.

Nous feintons et portons nos coups avec la même intensité.

Un appel est lancé par mes compagnons en dehors. Ils ont évacué les soldats qui sont tombés et le soleil ne va pas tarder à se lever. Nous devons partir.

— Nous nous reverrons, humaine, je lui crache.

Sa seule réponse est un coup de poing au visage que je n'ai pas le temps d'éviter. Du sang coule le long de ma pommette. Mes doigts se portent à ma joue, mes yeux retombent sur son poing fermé. L'éclat argenté d'une lame attire mon attention, la maligne. Je me déplace avant qu'elle ne puisse me porter un nouveau coup.

Je saute par la fenêtre avec un grognement sourd et me transporte vers les ombres des arbres au moment où elle lance un poignard vers ma poitrine.

Ivos 1 - Feuille d'if parmi les sapinsWhere stories live. Discover now