Chapitre 24 - Elisaria

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Aster est parti hier. Nous n'avons presque pas échangé un mot depuis ce baiser.

Je ne comprends pas. Il s'est montré jaloux, m'a embrassé comme jamais on ne m'a embrassée, et s'est refermé directement après. Il est redevenu l'image du commandant qu'il montre à tous les autres et a décidé de me laisser plantée là, sous l'arbre. Incapable de parler. Et pour couronner le tout, il ne m'a pas adressé la parole avant son départ.

Si on m'avait dit que les knens étaient si compliqués...

Je leur en veux encore, à lui et à Naos. Et le comportement possessif du premier et l'état dans lequel il m'a laissé n'arrangent pas les choses. Je ne suis même pas certaines des raisons pour lesquelles je leur en veux, mais toutes ces émotions contradictoires qui me traversent lorsque je pense à l'un d'eux me dérangent.

Aucun des deux hommes ne m'a adressé la parole avant le départ d'Aster. Naos a attendu qu'il soit parti pour venir nous rejoindre, Sasha et moi, sur le terrain d'entraînement.

Il a essayé, pendant la soirée, de me demander comment s'est passé mon entraînement en leur absence ou de savoir si je me suis améliorée. Je lui répondais toujours de la même manière jusqu'à ce qu'il comprenne et aille parler avec d'autres soldats.

« Oui, merci de t'en soucier. »

Jeremy et Sasha ont senti la tension entre nous et ont tenté de changer de sujet, en me parlant des choses dont j'aurais besoin lors de la mission, ou en m'aidant à revoir les dernières leçons et les derniers enchaînements que j'avais appris.

Avant de partir, après le déjeuner, Naos m'observe depuis l'autre côté du terrain d'entraînement en parlant tranquillement avec Milo, un sous commandant.

Le soleil a fait fondre la neige et des soldats se sont occupés de sabler le sol pour éviter les chutes liées au givre. Il reste de la neige sur l'herbe près du terrain et je préfère m'entraîner dedans, ça me rappelle mes années au camp d'Hioplea.

Je m'entraîne à lancer au couteau sur une cible en mouvement, tout en étant en mouvement moi-même. Chaque fois que j'atteins ma cible, je vois du coin de l'œil les deux hommes se tourner l'un vers l'autre pour, j'imagine, commenter mon coup.

Cela ne fait qu'augmenter ma tension et attiser ma colère, ce que Sasha remarque. Elle me propose des combats au corps à corps, ce qui me permet de me concentrer sur autre chose et d'évacuer tout le stress et une grande partie de mon agressivité. Lorsqu'une bonne heure plus tard, nous décidons d'arrêter, Naos a rejoint Jeremy et parlait calmement avec lui.

Plus tard, après le dîner, je décide de remonter directement dans ma chambre, je ne veux pas rester en présence de Naos et faire face aux émotions qu'il m'inspire. Je prends une longue douche en espérant pouvoir profiter de ce sentiment de propreté au moins les premiers jours du voyage.

Nous avons deux semaines de marche environ, peut-être moins si nous sommes rapides. Je prépare mon sac de voyage en y mettant les quelques affaires que j'ai en ma possession. Je dois laisser les livres de la bibliothèque à la caserne et ça me laisse un sentiment d'amertume dans la bouche.

Je m'allonge sur le lit et contemple le plafond en triturant machinalement le collier que j'ai toujours porté. Seul héritage d'une mère morte trop tôt.

Cette nuit-là, je fais un rêve différent encore.

Je me trouve seule dans une grande salle en pierre sculptée. Plusieurs statues en pierre à forme humaine sont placées en cercle autour de moi.

Seules quelques torches éclairent les lieux. L'humidité ambiante me fait penser que je suis sous terre, mais aucune fenêtre ou porte ne peut me l'assurer.

Ivos 1 - Feuille d'if parmi les sapinsWhere stories live. Discover now