Chapitre 17 - Elisaria

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— Oui, oui, j'arrive, je grogne en me relevant.

J'avance vers la porte en m'étirant de tout mon long et en bâillant. Sasha est sur le pas, les bras croisés sur la poitrine, une expression ennuyée sur le visage. D'aussi près je remarque que ses yeux sont très clairs et ressortent sur sa peau brune. Je découvre également des tatouages ressemblant à des lettres d'un alphabet que je ne reconnais pas. Elle me parle d'une voix ferme.

— Le petit déjeuner est presque terminé. On m'a envoyée te prévenir pour que tu aies quelque chose à vomir pendant notre entraînement.

— Merci ? Je descends dans un instant.

Elle se retourne en faisant valser ses boucles. J'ai comme l'impression de ne pas être la seule de mauvaise humeur au réveil.

Je souffle en me cherchant un ensemble d'entraînement dans la commode. Ma tenue est bien trop sale pour que je puisse l'utiliser aujourd'hui sans qu'elle tombe en lambeaux.

Je note dans un coin de ma tête qu'il faut que je demande plus tard à Jeremy où se trouvent les lavoirs. Je ne prends pas la peine de me recoiffer puisque mes cheveux n'ont pas bougé et que le petit déjeuner ne va pas m'attendre éternellement.

Je descends rapidement dans la salle à manger où se trouve encore une dizaine de personnes. La plupart ne me portent aucune attention, d'autres me lancent des regards noirs. Je ne peux pas vraiment leur en vouloir. Après avoir avalé une pomme et des céréales bouillies je rejoins le terrain d'entraînement.

**

J'étire tous mes muscles en attendant le retour de Sasha qui est parti chercher je ne sais quoi. Je la vois revenir en tenant dans ses mains deux épées de bois et un bandeau. J'ai un mauvais pressentiment que je mets de côté. Elle jette ce qu'elle a dans les mains par terre et m'entraîne vers une zone dégagée.

— Dans un premier temps je veux que tu me montres ce que tu sais faire au corps à corps. Attaque-moi.

Je ne suis pas la meilleure au corps à corps, mais ça a toujours été un plaisir.

Je sens que ça va vite changer.

— Alors ? C'est comme ça que tu comptes me faire mordre la poussière ?

— C'est malpoli d'écouter les conversations des autres, me dit-elle en me faisant signe d'attaquer.

— Bien.

Je lui lance un crochet du droit pour faire diversion alors que je lui envoie ma jambe gauche dans les côtes. Elle dévie ma première attaque et esquive la deuxième.

Elle est très rapide, mais je ne me laisse pas décontenancer pour autant. Je lui envoie un coup de coude, mais elle se trouve déjà derrière moi et m'adresse un léger coup sur la tête. C'en est humiliant.

Je me dépasse et essaie de suivre ses mouvements et d'éviter ses pichenettes tout en lui donnant des coups qui mettraient à terre tout humain. Mais elle n'est pas humaine. C'est une valkyrie qui doit être plus vieille que les montagnes elles-mêmes et qui est née en sachant se battre.

Après ce qui me semble être une éternité, elle arrête cet exercice et retourne chercher ses épées et le bandeau. Je suis épuisée et essaie de calmer les battements de mon cœur.

— Aujourd'hui, ce sera moi qui porterai le bandeau sur les yeux et tu essaieras de m'attaquer. Si tu arrives à me toucher une fois, tu auras le droit à une pause de dix minutes. Si je te touche, tu me feras cinquante pompes et trois tours du terrain d'entraînement, ce qui représente un kilomètre et demi. À partir de demain, tu porteras le bandeau. Compris ?

Ivos 1 - Feuille d'if parmi les sapinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant