C’est peu dire, qu’après ce repentir sincère, qu’Al-Fudayl changea, même si l’amour d’Allah ﷻ et de son Prophète ﷺ avait peut-être toujours été présent dans sa vie passée, lui qui dit-on, même en pratiquant le brigandage, ne manquait jamais le sermon du vendredi à la mosquée. Vivant désormais à la Mecque, personne n’aurait pu imaginer que cet ascète, cet homme pieux, était un ancien bandit de grand chemin. Il suffit de lire ces différents témoignages pour comprendre quelle nouvelle dimension avait pris le natif de Samarcande.

Ainsi, d’après Ibrâhîm Ibn Al’Ash’ath :
« Je n’ai jamais rencontré personne qui porte Allah ﷻ en son coeur plus qu’Al-Fudayl. Lorsqu’il mentionnait Allah ﷻ ou qu’on Le mentionnait en sa présence, ou encore quand il entendait le Coran, on pouvait voir de la crainte et de la tristesse sur son visage. Ses yeux débordaient de larmes et il se mettait à pleurer au point que les gens en sa présence étaient pris de compassion. Il était tout le temps triste et méditait beaucoup. Je n’ai jamais vu personne qui cherchait autant la satisfaction d’Allah ﷻ à travers ses oeuvres, ses dons, ses dépenses et sa retenue, sa colère et son amour que lui. »

Il a dit aussi :
« Lorsque nous sortions en compagnie d’Al-Fudayl pour suivre un convoi funéraire, il ne cessait de nous exhorter et de nous faire des rappels. Il pleurait tel un homme faisant ses adieux à ses compagnons avant de s’en aller vers l’au-delà. Une fois arrivé au cimetière, il s’asseyait. On aurait dit qu’il gisait parmi les morts tant il était triste et tant il pleurait. Puis il se levait, comme s’il s’était rendu dans l’au-delà et qu’il venait nous en informer. »

Muhammad Ibn Hâtim rapporte qu’Al-Fudayl a dit :
« Si le choix m’était donné entre ressusciter pour entrer au Paradis et ne pas être ressuscité, alors je choisirais de ne pas être ressuscité. »

On demanda à Muhammad :
« Est-ce par pudeur ? » Il répondit : « Bien sûr ! Ceci est une marque de pudeur envers Allah ﷻ ! »

Ishâq Ibn Ibrâhîm At-Tabarî rapporte avoir entendu Al-Fudayl Ibn ‘Iyâd dire :
« Crains-tu personnellement la mort ? Si tu me dis que tu crains la mort, je ne te croirais pas. Si tu craignais vraiment la mort, tu ne tirerais aucun plaisir de la nourriture et des boissons, ni de rien de ce bas-monde. Et si tu connaissais la mort comme il se doit, tu ne te serais jamais marié et tu n’aurais pas cherché à avoir d’enfants. »

De même il a dit :
« Ne mandate pas les gens comme exécuteurs testamentaires afin qu’ils suivent tes recommandations. Après cela, comment oseras-tu leur reprocher de ne pas avoir suivi tes recommandations, alors que tu n’en n’as pas tenu compte de ton vivant. Puis, tu te retrouveras dans la demeure de la solitude, de l’obscurité et des vers. Tes visiteurs seront Munkir et Nakîr et ta tombe sera soit un jardin parmi les jardins du Paradis ou un gouffre parmi les gouffres de l’Enfer ! »
Al-Fudayl alors, se mit à pleurer et à dire : « Qu’Allah nous préserve du feu de l’Enfer ! »

L’un de ses contemporains rapporte avoir entendu Al-Fudayl Ibn ‘Iyâd dire :
« Ô imbécile, que tu es ignorant ! Ne te satisfais-tu pas de dire que tu es croyant, plutôt que de dire que ta foi est complète ? Par Allah ! Le serviteur ne complétera sa foi que lorsqu’il accomplira ce qu’Allah ﷻ a établi pour lui comme obligations, s’éloignera de ce qu’Allah ﷻ lui a interdit et se satisfera de ce qu’Allah ﷻ lui a octroyé comme subsistance, tout en craignant que cela ne soit pas accepté par son Seigneur. »

Sa récitation du Coran était empreinte d’une grande tristesse, agréable à l’oreille, lente, il prenait son temps pour réciter comme s’il parlait à quelqu’un. Lorsqu’il arrivait sur un verset mentionnant le Paradis, il le répétait et demandait son obtention. Il priait assis la majeure partie de sa prière nocturne et lorsqu’il était gagné par le sommeil, il s’allongeait sur une natte de joncs tressée et dormait un peu. Puis, il se levait, priait, s’endormait s’il était pris de somnolence et ainsi de suite jusqu’au matin. On dit que son adoration ainsi était des plus difficiles.

Islam notre lumière(nour dine ) 3Where stories live. Discover now