34. Désir mortel

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( NDA : trigger warning )

Deux heures du matin.
Canada.


Qui es-tu quand personne ne regarde ?

Mes yeux restaient fixés à l'encre noire étalée sur mes veines, sans la possibilité de la lâcher ne serait-ce que d'une seconde.

L'eau qui gouttait de mes cheveux s'affalait dans un son aigu sur le carrelage tant le silence était profond alors que j'étais assise dans un coin de la salle de bain, le corps enroulé autour d'une serviette après avoir passé le plus clair de ma soirée sous la douche.

Mais ce n'était pas assez.

J'avais pu retirer le sang, oui.

Pourtant je me sentais sale. De l'extérieur comme de l'intérieur.

J'avais beau frotter encore et encore. Ajouter plus de produits et frotter de nouveau. Frotter jusqu'à ce que mon épiderme rougisse. Ça ne servait à rien.

Cette sensation ne partait pas et restait tout bonnement collée à ma peau comme une maladie mortelle.

J'avais besoin de la faire partir..

Tu avais dit que tu ne ferais plus.

Qui es-tu quand personne ne regarde ?

J'observai mon tatouage, les poignets brûlants et serrai la mâchoire afin de retenir cette envie qui commençait à prendre de plus en plus de place au fond de ma maudite conscience.

Ne fais pas ça.

Fais-le.

Tu le mérites. Fais-le.

La froideur de la goutte d'eau qui venait à l'instant de retomber dans mon dos secoua mon corps d'un frisson, contrastant avec la température plutôt élevée de mon épiderme et m'incitai à enfoncer mes ongles au fond de mes jambes, essayant malgré tout de prendre le dessus sur ma conscience.

La buée affalée contre les miroirs s'étouffait petit à petit tandis que je resserrais ma poigne autour de mes cuisses en laissant retomber mon menton sur mes genoux, les paupières violemment compressées entre elles.

Pense à autre chose. S'il te plaît.

L'air était chaud et lourd, m'incitant à ralentir ma respiration et faire basculer ma tête en avant alors que j'extériorisai un las soufflement, complètement exténuée.

Pense à autre chose.

Pense à Kassie. À Andy.

Est-ce qu'ils me cherchaient ?

Je ne savais pas combien de temps venait de passer depuis ma soudaine disparition. J'avais complètement perdue la notion du temps.

Peut-être que cela faisait une semaine, tout comme un mois.

J'en savais putain de rien.

L'adrénaline avait réduit à néant tout repère. Absolument tout de qui aurait pu me permettre de me remémorer un semblant d'espoir.

J'avais oublié tout ce qui comptait. Tout ce qui était positif.

Il ne me restait plus que ça.

Ces pensées. Ma conscience.

Et c'était un enfer.

J'avalai ma salive, non sans grimacer à la sensation de ma trachée douloureuse alors que je fixai le carrelage blanc, barré par mon poignet qui restait dans mon champ de vision par pure insolence, mettant mes nerfs à rude épreuve.

𝐄́𝐏𝐇𝐄́𝐌𝐄̀𝐑𝐄 Where stories live. Discover now