Chapitre 25

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Point de vue Damien.

Ma mère était vivante. Enfin, il y avait une possibilité qu'elle le soit. J'avais une tante, atteinte d'une maladie respiratoire, et qui est morte quelques temps après ma naissance. Et si c'était ma tante ma véritable mère ?
J'étais toujours dans les bras d'Emilie, dans mon bureau, sur le sol. Je ne pleurais plus. Ses douces caresses et son doux sifflement m'avaient apaisé, mais elle continuait. J'étais à la fois bien et torturé. Bien d'être dans les bras de la femme que j'aime, et torturé de savoir que ma mère était vivante. J'aurais dû être heureux de le savoir. Mais j'étais dévasté, détruit. M'aurait-on menti pendant toute mon enfance ? Avait-on préféré me laisser croire que ma mère était morte ? Avait-on fait exprès de ne pas me parler de ma défunte tante ?
J'étais perdu.

- Pourquoi as-tu fait des recherches ? demandais-je d'une voix rauque à cause de mes pleurs récents.

- Je trouvais bizarre que personne ne connaissait la cause de sa mort..., admit Emilie. Je voulais savoir.

J'hochais de la tête faiblement. Je constatais que nos corps étaient toujours collés l'un à l'autre, et sa chaleur me réconfortait, me réchauffait. J'étais fatigué. Moralement. Je sentis mes biceps se contractaient et serraient leur emprise sur Emilie qui ne bronchait pas. Au contraire, elle renforça son étreinte sur moi. Mon souffle devint soudainement erratique, et un sentiment que je ne connaissais que trop bien pris possession de tout mon être : la colère. L'envie de frapper. Je me décalais vivement d'Emilie, la bousculant et sorti du bureau en courant au sous-sol, dans ma salle de sport, Emilie m'appelant, inquiète. Je voulais tant lui dire que tout allait bien, mais rien n'allait. Rien du tout.
Un mois que ses parents étaient maintenant détenus par celui qui était censé être mon père, celui qui m'aurait appris à être un homme, appris à comment courtiser une jeune femme belle et séduisante, celui qui m'aurait appris à être fort. Mais à la place, j'avais eu un père qui me détestait. Et ma mère, que je croyais morte serait peut-être vivante. Elle m'aurait abandonné alors qu'elle aurait dû assumer son rôle de mère, elle aurait dû être là lorsque j'avais besoin de tendresse, de réconfort de la part d'une mère. Mère que je n'ai jamais eu.
Je n'ai pas eu de parents. À la place, c'était ma nourrice et son mari qui m'avaient éduqué, ils avaient comblé ce manque qui avait grandi en moi au fil des années.

C'était à eux que je leur devais qui j'étais aujourd'hui. Pas à mes parents inexistants.

- Merde ! criais-je en entrant dans la salle de sport.

Je me dirigeais vers le nouveau sac de sable qui semblait plus résistant que le précédent, et le frappais violemment. Je ressentais du soulagement, et l'envie de faire plus, de continuer de frapper ce sac, j'avais besoin d'évacuer. Je devais évacuer tout ce que je ressentais ces dernières semaines. Alors mes poings enchaînèrent les coups, un à un, chaque coup de poing était plus puissant que le précédent, le sac se balançait en fonction de mes coups, alors je me déplaçais pour suivre chacun de ses mouvements, et je frappais. Je rajoutais quelques coups de pieds, qui se faisaient de plus en plus nombreux également. L'envie de frapper demeurait, et augmenter d'intensité après chaque coup au lieu de diminuer. Je commençais à ressentir des douleurs musculaires, mes pieds me faisaient mal ainsi que mes mains. Mes jointures saignaient abondamment, et rapidement le sac se retrouvait couvert de traînées de sang frais.

Je n'étais plus que colère et tristesse. Je n'avais plus qu'en tête ma famille inexisante. Abandonné. Je me sentais abandonné. J'arrêtais mes coups, soudainement affaibli à cette pensée, et le sac fit son effet boomerang. Il me percuta de plein fouet, et me fis tomber au sol, sonné par le choc. Je m'affalais sur le sol, et la seule image en tête était le visage de mon père, celui que j'idolâtrai étant enfant. J'avais toujours voulu avoir ce père protecteur, qui jouerait avec moi au ballon après être rentré du travail, qui ferait semblait d'avoir mal lorsque je lui aurais donné un coup de poing faiblard à son épaule.
Je voulais cette image dont chaque enfant avait de son propre père : un héros. Mais je n'avais jamais eu l'occasion de l'avoir. Jamais je n'avais eu mon père auprès de moi. Je n'avais que des regards méprisants, remplis de haine de sa part. Et pour la seconde fois de la soirée, je pleurais. Je pleurais l'absence de mon père, de ma mère. Le sentiment d'avoir été rejeté.
Je m'endormis sur le sol dur et froid du ring où était encore le sac de sable, les yeux bouffis et rouges après avoir laissé couler mes dernières larmes.

Alpha possessif.Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon