"Love to hate it" partie 2 (JJ)

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Maeve De Vilorey sortit en soufflant de la salle de classe du professeur Raymiens.

Enfin sa journée était terminée. Du moins, sa journée scolaire. En ce moment elle tombait de fatigue et maintenir son niveau en classe -que d'aucun aurait qualifié d'excellent mais que son perfectionnisme inégalé trouvait seulement passable- en devenait presque compliqué. Et les heures supplémentaires qu'elle faisait au Stalone, le bar nocturne dans lequel elle travaillait depuis quelques mois n'arrangeaient rien. Cependant elle ne se plaignait pas. Ces heures elle en avait besoin, pour l'argent qu'elles généraient d'une part et d'autre part pour l'éloignement bienvenu de chez elle qu'elles impliquaient.

Elle n'écoutait que d'une oreille la conversation de Stacy et Laurel, ses deux amies marchant devant elle tandis qu'elle traînait un peu en retrait, trop occupée à réfléchir à comment organiser son temps d'ici le début de son service du soir pour pondre la dissertation surprise que le professeur venait de leur demander.

La jeune femme ne faisait aucun cas de la flopée d'étudiants qui se bousculaient autour d'elle, tous pressés de quitter les lieux. Certains lui lançaient des regards d'envie, d'autres peu amènes; elle avait l'habitude. Elle savait que son apparence soignée en plus des commentaires élogieux qu'elle s'attirait de la part des enseignants rebutait parfois ses camarades. Mais qu'y pouvait-elle? Elle était attentive à son apparence car c'était une des seule choses qu'elle pouvait contrôler. C'était comme un costume lisse qu'elle prenait plaisir à enfiler chaque matin. Les gens étaient hypocrites et superficiels; autant être irréprochable de ce côté là si c'était ce qui comptait tant à leurs yeux.

De toute façon Maeve De Vilorey n'était pas du genre à s'excuser, encore moins s'excuser d'exister.

Elle traçait donc sa route jusqu'à la sortie du lycée à travers le couloir principal bondé quand elle remarqua une tête blonde dirigée vers elle et deux yeux clairs qui la fixaient d'un air provocateur.

Maeve ne croisait pas souvent JJ maybank, pour la simple et bonne raison qu'il ne prenait pas souvent la peine de se pointer en classe. Mais à chaque fois que c'était le cas, ils terminaient invariablement par s'échanger des commentaires empreins de mépris et par se regarder en chien de faïence. Elle ne savait pas exactement ce qu'il lui reprochait en particulier -mème si elle en avait une idée assez précise- mais elle savait en tout cas ce qu'elle trouvait énervant chez lui de son côté. Son je-m'en-foutisme permanent, les niaiseries qu'il suscitait chez la gente féminine (qui se pâmait sur son passage) et la complaisance qu'il avait à tenir le rôle du rebelle ténébreux lui sortaient par les yeux. Et les piques qu'il semblait incapable de s'empêcher de lui lancer à longueur de temps n'arrangeaient rien. Elle y répondait toujours cependant; hors de question de lui donner un quelconque goût de victoire. Ni sur ce plan ni sur aucun autre.

Elle ne ralentit pas d'un pouce en le frôlant dans le couloir, et détourna les yeux parvenue à sa hauteur en espérant qu'il s'abstiendrait de tout commentaire cette fois-ci. C'était mal le connaître.

"Toujours aussi coincée princesse de glace?"

Ce surnom.

Elle le détestait dans sa bouche. Bien sûr, il n'était pas le seul à l'utiliser, mais c'était lui qui avait lancée la mode. Le reste des élèves n'osait en général pas en user devant elle, mais elle ne se faisait pas d'illusions quant à ce qui se disait dans son dos. Au mystère répond souvent l'incompréhension. Et s'il y avait une chose qu'était Maeve De Vilorey, c'était bien mystérieuse. D'où le surnom, qui la faisait intérieurement grimacer car il sous-entendait à la fois qu'elle était issue d'un milieu privilégié et snob et qu'elle était dépourvue de sentiments.

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