Chapitre 13 : Conflits

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L'esclave évita de justesse un éclat de verre. Au moins, celui-ci avait des réflexes, songea l'homme. Il se força à respirer lentement. Dire qu'il aimait garder son calme en toute circonstance... Son accès de rage avait été aussi inattendu que violent. Il regarda autour de lui, prenant conscience des dégâts qu'il avait causés. Deux esclaves étaient étendus sur le sol en pierre grise. Morts. Il avait également pulvérisé une quantité considérable de fioles et de flasques, répandant du verre dans toute la salle.

Il claqua des doigts et deux femmes, des esclaves, elles aussi, vinrent nettoyer l'endroit. Les corps étaient emmenés dans la morgue, comme toujours. Un esclave pouvait être bien plus utile mort que vivant dans certains cas. Il ne comptait plus tous ceux qu'il avait tué, il savait néanmoins que son Maître ne lui en tenait jamais rigueur. Des cadavres frais étaient essentiels pour leurs recherches.

Son Maître se montrait cependant bien moins magnanime envers ceux qui échouaient à se montrer à la hauteur de leur mission, et justement, il avait échoué. Plusieurs fois. Deux de ses espions lui avaient confirmé la survie du n°317 et de ses coéquipiers. C'était cette nouvelle qui l'avait mis hors de lui. De quel droit cette sale esclave se permettait-elle de survivre ? Le Maître avait été clair : sa mort était l'un des points les plus importants du plan. C'était pour ça qu'on lui avait confié cette tâche, à lui, et à personne d'autre. Il était le plus puissant des lieutenants, personne ne lui arrivait à la cheville.

Ça ne l'avait pourtant pas empêché d'échouer par deux fois. Le premier échec remontait à six mois, il avait sous-estimé sa cible et n'avait envoyé qu'un sous-fifre pour l'exécuter. Ça avait été une grossière erreur de sa part. Quant au second échec... Il n'en revenait pas. Comment avaient-ils pu lui échapper ? Même s'ils avaient éliminé plusieurs escouades, il était sûr de les avoir eu avec son jutsu Doton ! Les esclaves avaient même fouillé les alentours ! Était-ce ces incapables qui ne les avaient pas repérés, ou étaient-ce eux qui avaient réussi à disparaître sans laisser de traces, et en seulement quelques fractions de secondes ?

Il tenta de se calmer, ne souhaitant pas repartir dans une de ses crises de rage habituelles. Il était essentiel qu'il se trouve une bonne excuse pour expliquer ses échecs consécutifs devant le Maître. Sans cela, il était presque sûr de subir le même sort que tous ceux qui avaient échoué dans les tâches qui leur avaient été confiées. La mort. Il ne se sentait pas prêt à accepter un tel châtiment, et ce, même s'il savait que le jour où il avait confié sa vie à son Maître, il n'avait plus aucune emprise sur elle.

Un homme vint le prévenir que le Maître l'attendait. Déjà. Il souffla, déjà épuisé par ce qui allait suivre. Une entrevue avec le Maître, après un échec, n'était jamais bon signe. Il suivit l'homme, sans prononcer le moindre mot. Ses mains étaient moites. Il mit du temps à comprendre pourquoi. La réponse s'imposa à son esprit, évidente. Il était simplement terrorisé par ce qui allait se passer.

-o-

Raido posa son regard sur son coéquipier. Il ne savait que dire. Genma n'était que le pâle reflet de lui-même depuis qu'ils étaient revenus de mission. Depuis que N avait disparu. Il était rongé par ses regrets. Par son inquiétude aussi. Prostré dans un des fauteuils du salon, c'était tout juste s'il s'était levé plus d'une fois ces derniers jours.

— Gen'... Il faut que tu te ressaisisses...

— Pourquoi ? N n'est plus là de toute façon.

Sa voix était rauque, presque aussi usée que lui. Il ne pleurait pas devant lui, sa fierté l'en empêchait, mais les nuits de Raido étaient rythmés par les sanglots désespérés de son meilleur ami. Il ne savait que faire pour l'aider. Cela faisait presque quinze ans qu'il ne l'avait pas vu dans cet état-là. Ça lui rappelait la pire époque de leurs vies. Ces moments où tout semblait sans espoir, où continuer n'avait plus de sens. Comment avaient-ils pu s'en sortir ? Il se le demanderait toujours. Peut-être était-ce simplement la Volonté du feu qui les avait poussés à continuer ? Ou alors était-ce cette promesse qu'ils avaient tous les deux faite.

Lorsque la foudre éclaire le cielWhere stories live. Discover now