Chapitre 9 : Convalescence

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— Qu’est-ce qu’il se passe ?

N peinait à ouvrir les yeux, sa bouche était pâteuse. Articuler ces quelques mots avait représenté un véritable effort pour la jeune femme. Elle éprouvait la désagréable impression d’être ballottée dans tous les sens. Son corps était lourd, douloureux, chaque respiration lui donnait le tournis. C’était comme si une chape de plomb comprimait sa poitrine. Elle sentait une barre de fer dans son dos et une sous ses genoux. 

Puis les mouvements s’arrêtèrent. À la place des barres de fer, elle sentait à présent une plaque rugueuse contre son corps, dur et irrégulière. Elle la tâta de sa main droite, en bougeant le moins possible. C’était quelque chose de friable, un peu froid. Il lui fallut plusieurs secondes pour comprendre que c’était de la terre. Elle était allongée sur le sol. 

— N ? fit une voix inquiète. 

La jeune femme connaissait cette voix. Encore quelques instants et elle réussit enfin à soulever ses paupières qui lui paraissait si lourde. Un visage préoccupé lui faisait face. Des mèches flottaient tout autour, portées par de petites bourrasques. Des pupilles noisette la fixaient, guettant une réponse. Ce regard… Elle s’était perdue dedans des centaines de fois, et rien ne l’apaisait autant que le fait de le contempler. Enfin, son cerveau se décida à se remettre en marche. 

— N ? Réponds-moi… fit Genma. 

— Genma ? La voix de la jeune femme n’était qu’un murmure hésitant. 

— Enfin ! Tu m’as vraiment fait peur Gamine ! 

Malgré son ton accusateur, N remarqua le sourire soulagé qui s’était dessiné sur son visage. 

— Katsuo ! L’Hiraishin ! Kof ! Kof !

Une douleur insoutenable lui vrilla la poitrine. Elle se redressa d’un coup, cherchant à tout prix à reprendre son souffle. Pourquoi avait-elle si mal ? Ses pensées peinaient à se remettre en ordre. 

— Calme-toi ! lui ordonna son chef d’escouade. 

Il sortit une gourde de sa veste et la porta jusqu’aux lèvres de sa subordonnée. Celle-ci s’empressa de la vider, au risque de s’étouffer une nouvelle fois, tant sa gorge lui paraissait sèche. 

— Doucement. Tu as au moins cinq côtes cassées, de ce que j’ai pu voir. C’est pour ça que tu as du mal à respirer. Katsuo va bien, tu as pu le soigner à temps, ajouta le ninja avant de reprendre : il surveille les alentours le temps qu’on rejoigne Raido. Quant à l’Hiraishin… On en parlera plus tard d’accord ? 

Sa question n’en était pas réellement une, si bien que N se contenta d’acquiescer sans chercher à en apprendre plus pour l’instant. Savoir que Katsuo était hors de danger la soulagea. L’une des dernières images qu’elle avait en tête était ses mains recouvertes par le sang du lynx… En parlant de sang, un détail lui sauta aux yeux. Dans un effort qui lui parut surhumain, elle parvint à hisser sa main jusqu’au visage de son coéquipier alors qu’il rangeait sa gourde. Des traînées de sang séché partaient des commissures de ses lèvres et recouvraient une partie de son menton. C’était comme s’il avait été victime d’une hémorragie interne et qu’il avait recraché son propre sang.

— Tu as été blessé ? lui demanda-t-elle dans un murmure. 

— Ce n’est rien de grave, ne t’inquiète pas. On va rejoindre Raido au plus vite et te trouver un endroit pour que tu puisses te reposer. Tu es à court de chakra, tes blessures ne se referment plus, et malheureusement, ton état dépasse mes piètres compétences en soin. 

Lorsque la foudre éclaire le cielWhere stories live. Discover now