Chapitre 4 : Éloignement

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Il faisait sombre. Très sombre. Elle arrivait à peine à distinguer ses mains dans l’obscurité. Elle tâtonna le sol. Il était froid. Un peu friable. Peut-être de la terre. Ses doigts heurtèrent quelque chose. Elle sursauta. Un caillou, c'était juste un caillou. Elle essaya de se redresser un peu. Elle entendit le bruit d’une chaîne. Elle l’avait presque oubliée. Elle bougea lentement sa jambe et étouffa un cri de douleur. Le fer avait entaillé sa chair. Des larmes vinrent perler aux coins de ses yeux. Elle avait peur, elle avait mal, elle voulait partir d’ici. Depuis combien de temps était-elle là d’ailleurs ? Elle avait été enfermée dans ce cachot directement, et n’avait pas revu la lumière du jour depuis. Ses ravisseurs lui emmenaient de la nourriture de temps en temps, mais rien ne lui indiquait combien de nuits étaient passées depuis leur enlèvement. Elle ne savait pas où était passé Haku non plus. Ils avaient été séparés directement. Elle s'inquiétait pour son petit frère. Est-ce qu’il allait bien ? Avait-il été blessé ? Avait-il peur ? Elle secoua la tête. Bien sûr qu’il avait peur. Elle aussi était terrorisée après tout. Et elle s’en voulait surtout. 

C’est elle qui avait insisté pour sortir se balader. C’est elle qui avait insisté auprès de son père pour avoir un peu plus de liberté. Elle voulait devenir une kunoichi après tout, elle ne pouvait pas rester constamment chez elle. Elle en avait eu marre d’être surprotégée en tant que membre d’une famille de politicien. Elle ne saisissait rien à leur affaire. Le seul truc qu’elle avait compris, c’est qu’avec son rang, elle devait se tenir dignement et rester sage. Ce n'était pas juste. Elle voulait faire comme les autres enfants qu’elle voyait jouer dehors. Ils s’amusaient tous à jouer aux ninjas. Ils se lançaient de faux kunaïs et shurikens dessus. Ils avaient l’air de bien s’amuser. Mais elle, elle devait rester enfermée avec Haku. Ils avaient le droit de sortir de leur demeure qu’en présence de leurs parents. Et ils étaient constamment surveillés par deux gardes. 

Elle en avait eu marre. À maintes reprises, elle avait insisté auprès de ses parents pour pouvoir sortir seule. Mais ils restaient de marbre devant ses supplications. Si bien qu’elle avait craqué. Elle avait préféré leur désobéir et elle avait entraîné son petit frère avec elle. Il ne comprenait pas encore réellement tout ça, mais l’idée d'explorer le monde extérieur l’avait immédiatement conquis. Il avait couru avec elle à travers la forêt qui longeait leur demeure. Du haut de ces sept ans, elle avait beaucoup réfléchit, elle avait conclu qu’il fallait mieux faire ça très tôt le matin. Quand leurs parents dormaient encore. Sans vraiment comprendre comment, elle avait réussi à convaincre une de leurs servantes de les aider. Elle avait fait comme les grands. Si elle avait bien saisi quelque chose à force d’observer les adultes autour d’elle, c’est que rien n’était plus essentiel que l’argent. Les grands pouvaient faire n’importe quoi pour en obtenir un peu plus. Alors elle avait rassemblé ses économies et celle de son frère – ils avaient le droit à quelques pièces à chacun de leurs anniversaires, mais ne pouvaient jamais les dépenser – et elle avait tout mis dans un modeste sac de toile. Elle avait attendu d’être seule en train de se préparer avec sa servante pour lui proposer son marché. Elle s’était d’abord attendue à ce que celle-ci la rabroue, mais la femme avait accepté sans hésiter une seule seconde. 

Le plan était simple, la servante devait distraire les gardes pendant quelques minutes, juste assez pour le permettre de sortir de leur chambre par leur fenêtre sans que personne ne s’en aperçoive. La jeune femme avait insisté pour mettre en œuvre le plan quelques jours plus tard, et non pas immédiatement, pour lui laisser le temps de tout préparer. Si bien que le grand matin arrivé, elle mit sa diversion en route, laissant aux deux petits le champ libre pour pouvoir s’enfuir. Ils durent courir vite pour atteindre la forêt avant que quiconque n’ait des soupçons.

Elle avait du mal à y croire, mais ils avaient réussi à sortir de la demeure. Ils avaient réussi, ils avaient trompé tout le monde ! Ils ne leur restaient plus qu’à profiter. Elle avait soutiré une carte de la région dans la bibliothèque de son père. Avec ça, il pourrait s’orienter. Elle avait un peu de mal à s’en servir, mais elle comptait réellement se débrouiller. Ils allaient pouvoir passer la journée dehors, elle en sautait de joie. Elle avait pris la main de son petit frère et ils avaient commencé à courir dans les bois. Mais avant même d’avoir pu atteindre la ville, le rêve s’était transformé en un cauchemar épouvantable. Des hommes leur avaient tendu une embuscade. Elle avait à peine eu le temps de résister. Elle avait hurlé le plus fort possible, en vain. Puis elle avait tenté de se débattre, usant de ses pieds et de ses poings, alors qu’un des hommes l’avait attrapé et l’avait jeté en travers de son épaule. Il avait très vite perdu patience… Elle effleura l’arrière de son crâne. Malgré l’épaisseur de ses cheveux, elle pouvait sentir la bosse qui s’était formée après que son agresseur l’ait assommée. 

Lorsque la foudre éclaire le cielWhere stories live. Discover now