Retour vers le passé : Croqué...

By Ansa2217

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Anna la princesse d'Arendelle, fait un mystérieux rêve et se réveille juste avant que ses parents ne partent... More

Chapitre 1 : Rétrospection :
Chapitre 2 : Réveillée :
Chapitre 3 : Discussions :
Chapitre 4 : Retrouvailles et Marivaudage :
Chapitre 5 : Le jeu de l'amour et du hasard :
Chapitre 6 : Huis-Clos :
Chapitre 7 : Le fils prodige :
Chapitre 8 : En quête des Northuldra (partie 1) :
Chapitre 9 : En quête des Northuldra (partie 2) :
Chapitre 10 : Révélations :
Chapitre 11 : La pièce secrète :
Chapitre 12 : Le retour du roi :
Chapitre 13 : Nos mains :
Chapitre 14 : Pour moi (presque) rien ne change :
Chapitre 15 : Les caprices d'Anna :
Chapitre 16 : Le bel âge :
Chapitre 17 : Les interdits :
Chapitre 18 : Coup de « grâce » :
Chapitre 19 : Les malheureux :
Chapitre 20 : 28 avril 1841 :
Chapitre 21 : Le plan des Picéaerd :
Chapitre 22 : Donnez-moi la passion :
Chapitre 24 : Chez le roi Karl :
Chapitre dernier : Le passé reste au fond des cœurs :
Chapitre bonus 1 : Ta main :
Chapitre bonus 2 : La vengeance :

Chapitre 23 : La vie continue :

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By Ansa2217

Mes tempes tambourinaient fortement contre la nuque. Luttant violemment contre mes chakras qui semblaient éteints, j'ouvris la bouche au prix d'un grand effort et questionnai alors assez doucement :

-Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'elle...meu...Pour...Qu'on arrive à ce résultat ?!

Les autres se regroupèrent derrière moi tandis que je ne voulais pas me détacher de Mamie. Je la fixai pour imprégner son image dans mon esprit...Et arrêtai vite de faire ça à cause de notre ressemblance. Un énorme malaise s'empara de mon corps et j'eus l'impression de me voir déjà morte. Également énervée et en larmes, Ylva explosa alors avec indignation :

-Cette demoiselle vient de vous poser une question ! Moi aussi j'aimerais savoir ! Ma Beauté m'avait dit qu'elle délirait là-dessus mais je n'aurais jamais pensé que ce fût vrai !

-Moi non plus Maman...Calme-toi...Ce n'est pas bon pour tes nerfs...Confia alors la cheffe.

-Bien évidemment que ce n'est pas bon pour mes nerfs ! Tu as vu mon âge ! C'est moi qui devrais être à sa place ! Oui ! C'est moi qui devrais être au milieu de ma famille là-haut au lieu d'être ici avec vous et les voir mourir les uns après les autres ! Pesta-t-elle en éclatant en sanglots...Ma Reine Iduna...Ma Grosse Gaga...Cet idiot d'Olaf...Pieter...Amarok...Elysia...Oh oui ! Il y en a eu trop ! Et moi je suis toujours là dans ce corps lent et vieux !

-S'il te plaît Grande Marraine...Ne pense pas à te suicider...L'implora à son tour Maman en la regardant avec des yeux baignés de larmes.

-Certainement pas ! Pour me retrouver dans le Nifflheilm avec l'autre andouille de Yuma qui aurait servi de beau-père à ma Beauté s'il avait été en vie, non merci ! Grommela-t-elle.

-N'accable pas Tonton s'il te plaît...Je l'aimais bien même si ce n'était pas réciproque...Pense à moi qui suis aussi la dernière de notre groupe d'amis à être encore en vie, soupira Yélana en larmes.

-Comme je viens de le préciser...C'est un fardeau que je ne connais que trop bien ma Beauté... Si tu tires de moi le temps risque d'être très long ! Grommela-t-elle.

-Ylva par les esprits ! Pourriez-vous vous taire un petit peu par respect pour ma grand-mère ! Lançai-je férocement.

A ma grande surprise, elle s'arrêta du premier coup, ne s'attendant pas à ce que je lui fasse front. Non contente de ne pas avoir obtenu ma réponse, je me tournai à nouveau vers mes parents et répétai d'une voix moins patiente :

-Alors...Comment est-ce arrivé ? Vous étiez avec elle ! Donc vous savez forcément ce qui s'est passé !

Fronçant de plus en plus les sourcils pour qu'ils expliquent le tout, je ne détachai pas mon regard de leurs visages bouffis de larmes. Ils me renvoyaient mon propre reflet car j'avais moi-même les yeux rougis, la mine déconfite, les lèvres prêtes à se fendre à nouveau. Père qui était parti prendre l'air, arriva alors dans la maison et déclara enfin d'une voix neutre :

-Tout ce qu'on peut te dire ma Furie Rousse, c'est que nous savions tous que ce jour allait venir.

Mon cœur se broya un peu plus car je n'étais clairement pas prête à entendre cela. Soucieux qu'il fallait me ménager, Hans m'entoura de ses bras voulant me faire reculer du corps sans vie de notre aïeule, mais je le repoussai gentiment.

-Pour être honnête... J'espérais que Mamie tienne encore un peu... Surtout qu'elle ne présentait aucun signe, murmurai-je.

-Surtout qu'elle ne voulait que tu ne voies aucun signe, rectifia bientôt Papa.

Quoi ?! Que voulait-il dire par là ?! Je hoquetai tout de suite dans un élan de surprise et le fixai à son tour.

-Qu'est-ce que vous chantez là Agnarr ?! Insinuez-vous qu'Anna était très malade ?! Mais pourquoi Laïka ne nous en auraient-ils pas fait part dans ce cas ?! S'insurgea tout de suite Ylva.

-Parce qu'elle ne se faisait pas examiner pour les maux physiques, abusant de son pouvoir de chamanisme...Et puis la tentation était trop forte...Mourir c'était retrouver Elysia... Soupira à nouveau Yélana.

-Enfin bon...Elle m'avait moi aussi, il y en avait toujours que pour Papa, bougonna derechef Maman avec une pointe de jalousie.

Cela aurait fait réagi Madame Nordlys en temps normal mais elle était comme nous trop accablée par la situation pour jouer de sa morale libertine. Les écoutant à peine, je ne retins qu'une chose : Mamie m'avait menti depuis tout ce temps...Je me sentis dépérir.

-C'est depuis votre fameuse aventure à Kraberg que la santé de ta Grand-mère s'est détériorée...Tu aurais dû le savoir Anna mais elle nous a suppliés de ne pas te mettre au courant pour te préserver ! Lâcha encore Papa en colère. Eh bien ! Il est beau le résultat !

-Agnarr attends-nous dehors ! S'exclama Maman d'une voix froide. Je ne veux pas de dispute dans cette maison ! Surtout pas aujourd'hui !

-Bien Iduna, dit-il en se radoucissant.

Il repartit d'un pas lourd comme si la colère s'évaporait dans tous ses membres. J'observai mes autres proches qui s'étaient reculés à la suite de cette annonce. Ils avaient compris que j'attendais une explication un peu plus élaboré qu'un simple sentiment de culpabilité. Voyant qu'ils ne réagissaient pas, je demandai alors au bord des larmes :

-C'est vrai ce que Papa vient de dire ?

-Ma chérie... Commença Maman.

-...Non, ne m'appelle pas comme ça, la coupai-je me sentant soudain en colère, pourquoi est-ce que vous me mettez toujours à l'écart de tout ?! Je ne suis pas en sucre !

-...Oui...Mais...Dans ton état...Essaya-t-elle.

-Quel état ?! Explosai-je, Elsa et toi êtes pareilles ! Quand je suis revenue de Kraberg vous n'étiez même pas au courant que j'étais enceinte !

-Je te promets que nous voulions te le dire à ce moment-là, tenta Maman en me caressant la joue.

Je l'enlevai férocement. Elle mentait ! ILS MENTAIENT TOUS !

-Mais ta grand-mère semblait aller mieux, se justifia-t-elle, elle se déplaçait normalement, plaisantait avec Grand-Marraine et Tantine ! Elle venait nous voir quand il le fallait et tu effectuais tes cours de chamanisme avec elle.

Je rageai intérieurement et préférai me recaler contre son corps qui était en train de se figer, devenant aussi raide que du bois mort. Je n'avais pas envie d'exploser. Je leurs en voulais énormément mais au fond je comprenais leurs réactions. Ils me savaient colérique, immature, incapable de voir la réalité en face. S'ils m'en avaient fait part, j'aurais été anéanti...Mes conversations n'auraient tourné qu'autour de ce drame si bien que ça aurait fini par véritablement l'agacer.

-Hormis Ylva, vous étiez donc tous au courant sauf moi ? Repris-je impatiente en continuant de faire le tour des regards désolés et tristes.

J'eus alors un espoir en me tournant vers mon mari mais il secoua la tête de honte. Je pris alors une profonde inspiration, refoulant les larmes et une envie de me jeter sur lui et le taper. Non ! Je valais mieux que ça désormais ! Adieu Anna fofolle. A partir de maintenant je serai sage comme Mamie. Un vrai modèle j'ai dit. Un vrai modèle je m'y tiendrai.

-Bien...Dans ce cas... Ce qui est fait est fait à présent, murmurai-je.

Maman fut décontenancée ne s'attendant pas à une réaction aussi calme. Dépitée par mon changement de comportement, elle me regarda de ses yeux vitreux et dit simplement :

-Je reviens, je vais chercher votre Père.

-Nous venons avec toi ! S'enquirent Yélana et sa mère.

Elles sortirent toutes les trois de la maison alors que je demeurai impassible. Oh oui ! Je me fichai de l'endroit où elles pouvaient bien se rendre ! Sur la Lune ! A Arnevik ! Aux îles du Sud ou encore à Weselton ! Qu'importe ! Tout m'était égal en cet instant. Me focalisant toujours sur ma Grand-mère, je sentis alors une touche de froid sur mon épaule.

-Tu sais à moi aussi elle va beaucoup me manquer, même si j'avais moins d'affinité avec elle, dit Elsa.

Nous nous serrâmes dans les bras et pleurâmes silencieusement. Dieu que ça faisait mal à la poitrine ! Cette compression intense qui persistait même en essayant de relativiser. Une succession d'idées me traversa l'esprit et je m'en persuadais bientôt méchamment.

-Elsa... C'est ma faute si Mamie est morte, finis-je par chuchoter à haute voix.

-Anna mais non voyons ! S'écria-t-elle.

-Mais si ! Mais si ! Enchaînai-je la voix de plus en plus déraillée, j'ai toujours pris les mauvaises décisions ! J'agis toujours sous la pulsion ! Je vis dans mon monde ! J'ai mauvais caractère ! La fuite à Kraberg ! La sexualité hors-mariage ! Le non-respect envers Père ! Ma décision chez les faiseuses d'ange! Je suis sûre que ça ! Ça, ça a été la goutte de trop ! C'est ça qui l'a tuée !

-Allons Anna ne culpabilise pas ! Ce genre de situation est plutôt pour moi, me gronda bientôt ma sœur. Même si nous étions dehors, nous sommes tous témoins de ce que vous vous êtes dits juste avant qu'elle ne meurt, ajouta-t-elle.

-Je ne vois pas où tu veux en venir... sanglotai-je en reniflant.

-Qu'elle avait le même tempérament que nous à notre âge que ce soit le tien ou le mien, reprit ma chère reine des neiges avec certitude.

Cette fois je ne souris pas mais criai plutôt avec colère :

-Et je ne saurais jamais la signification de cette phrase car elle n'a pas eu le temps de me raconter sa vie !

Mal à l'aise, je me recroquevillai de plus en plus sur l'épaule de mon aînée, m'y sentant en sécurité.

-Peu importe...Chasse ses vilaines pensées de ton esprit ! Continua-t-elle, je pense que si elle te voyait comme ça, elle te sermonnerait encore plus.

-Tu as sans doute raison... Mais ça fait si mal... Murmurai-je.

-Je sais Anna je sais... C'est comme un vide... L'impression qu'on ne pourra plus jamais être heureuses, récita-t-elle amèrement.

-Oui, c'est exactement ça, hoquetai-je.

-Et pourtant nous arriverons à l'être, reprit Elsa en me replaçant une mèche qui m'était tombée devant les yeux, nous arriverons à l'être car nous sommes entourées de tous ceux qu'on aime... Kristoff, Hans, Maman, Papa. Nous n'avons rien à craindre... Et puis ne fais pas la modeste, avec tout ce qu'elle t'a appris tu pourras retourner la voir autant que tu veux !

-Papy Elysia a dit que ce n'était pas bon de rester trop longtemps là-bas, insistai-je.

-Certes...Mais ça ne t'empêchera pas de le faire de toute façon ! Minauda-t-elle.

Et elle avait clairement raison. Tout en faisant attention à ma précieuse Helga, je ferai quand même des tentatives pour rejoindre mon aïeule...Perdue dans mes pensées, je n'entendis pas tout de suite Papa, Maman, Yélana et Ylva qui revinrent dans la maison. Ce fut Madame Nordlys qui renchérit d'une voix déterminée :

-Princesse Anna d'Arendelle, tu es la chamane officielle de la tribu Northuldra à présent.

-Quoi ? La chamane officielle ? Répétai-je incrédule, mais non ! Ce n'est pas possible je suis trop jeune !

-Ylva a raison ma chérie, déclara Maman à son tour, quand le chamane de la tribu meurt c'est son apprentie qui en devient la successeuse, et on se fiche de l'âge.

-Si jamais elle ne t'a pas tout appris, il te reste encore les manuels qui sont précieusement gardé à ma hutte, précisa la cheffe.

-C'est très gentil bien sûr...Mais dois-je vous rappeler que ma place n'est pas parmi les Northuldra ? Objectai-je.

-Exactement ! Répliqua Papa d'une voix bourrue, cette demoiselle est princesse et future reine d'Arendelle , donc il est hors de question qu'elle habite ici !

Voyant son air de plus en plus contrariée, je renchéris tout de suite à l'égard de Maman :

-Tu sais...Cela ferait peut-être plus plaisir à Mamie que ce soit toi sa remplaçante ! Tu as écrit tous les livres dans la pièce secrète, tu as suivi toutes ses leçons aussi !

-A mon grand désespoir oui ! Et en ne les pratiquant pas, cela ne fait pas de moi une bonne chamane ! Oui je connais les théories par cœur c'est indéniable ! Mais je serai incapable de les appliquer...Contrairement à toi, ma Furie Rousse ! Insista-t-elle.

Elle se tourna ensuite vers mon père et ajouta :

-Quant à toi Agnarr, calme-toi à la fin ! Nous n'avons jamais dit qu'elle devait habiter dans la Forêt Enchantée pour pratiquer ses arts ! Elle devra juste continuer à venir ici un jour par semaine comme elle le faisait avec sa grand-mère pour s'occuper de sa tribu.

-Et si jamais quelqu'un a besoin d'elle nous nous chargerons de vous envoyer Courant d'Air ! Expliqua Yélana, je m'occuperais d'eux en attendant...J'ai également quelques restes de leçons de chamanisme de Tatie Iduna.

-Hum...Si mes souvenirs sont bons et ils le sont, tu étais plus enclin à suivre les leçons de Sora qu'à réellement apprendre avec ma Reine ! La gronda bientôt Madame Nordlys, mais qu'importe, nous savons tous ici que c'est la meilleure solution.

Elle avait articulé sa dernière phrase en jetant un regard noir à Papa. Ce dernier réfléchit, à nouveau coincé car tout cela ne lui plaisait guère.

-Tu sais que ça me tient à cœur, plaidai-je à mon tour.

Agacé de nous avoir toutes en train de faire pression contre lui, il regarda longuement Maman avant de grommeler :

-Bien... De toute façon je ne veux pas aller à l'encontre de toi, Iduna.

La souffrance partit légèrement. Hélas, elle revint immédiatement quand mon regard se posa sur le corps sans vie de Mamie Anna.

-Il est temps de rentrer à présent, dit soudain Maman en prenant bien soin de détacher tous ses mots, Tantine et Grande Marraine vont s'occuper du corps en attendant les funérailles...

-Non ! La coupai-je.

-Quoi non ?! Répéta-t-elle.

-Non ! Mamie ne sera pas enterrée chez les Northuldra, dis-je entre mes dents.

-Voyons Anna, c'est ce qu'elle aurait voulu, c'est son peuple...Murmura-t-elle d'une voix abusée.

-Affirmatif ! Aboyèrent bientôt Madame Coudrier et Madame Nordlys, on ne sépare pas ma Belle de son cher Joli-cœur ! Elle aurait détesté ça ! Ajouta derechef la petite dame.

Mes yeux flamboyèrent à leur égard et j'explosais plus crument que je l'aurais voulu en lançant d'un ton cinglant :

-C'est vrai qu'après la mort de son mari vous avez tout fait pour qu'elle s'y sente à sa place !

La cheffe blanchit immédiatement et je continuai :

-Ce peuple qui se préoccupe tant d'elle n'était pas là à la mort de mon grand-père ! Elle a été chassée comme une vulgaire pestiférée quand Maman est partie.

-Tu ne connais rien à l'histoire jeune fille ! Donc tais-toi ! Gronda sèchement Yélana.

Les larmes menaçaient à tout instant de ressortir mais je réussis à les maîtriser en répliquant :

-Oui...Vous avez raison Madame Coudrier ! Je ne sais pas en détail ce qui s'est passé et ce n'est plus maintenant que j'en apprendrais plus ! Mais une chose est certaine, j'adore ma grand-mère et sa vraie place est à Arendelle auprès de sa famille, expliquai-je, qui viendra fleurir sa tombe dans la Forêt Enchantée ? Personne ! Alors qu'à la maison nous serons au moins trois.

-Quatre, rectifia Hans qui vint me soutenir l'épaule, et je dirais même cinq si nous ajoutons Kristoff avec nous.

Sa prise de parole me réchauffa le cœur. Je défiais férocement les deux vieilles Northuldra et Ylva concéda bientôt :

-Si c'est uniquement le temps que tu fasses ton deuil, le compromis peut se faire.

-Maman ! Tu ne peux pas accepter ! S'offusqua tout de suite Yélana.

-Et pourtant ma Beauté...Anna faisait partie de ces deux nations, admit-elle.

Vexée, la cheffe nous lança aussitôt un regard de braise et grommela :

-Très bien ! Si c'est comme ça ! A plus tard !

Sanguine, elle quitta alors la hutte sous un silence rempli de tensions alors que je me concentrai à nouveau sur Maman qui réfléchissait en se déchiquetant la pulpe des lèvres. Elle lorgna Père du regard pour avoir son accord. Contre toute attente il se tourna vers moi pour avoir le dernier mot.

-Il me faudrait plus d'arguments convaincants de la part de notre future reine ! Clama-t-il d'une voix sincère.

Je commençais à ouvrir la bouche avant qu'il ne me coupe :

-Attention, tu as intérêt à me produire une réponse noble.

Que cherchait-il à la fin ?! Que je perde définitivement patience ?! Il savait que ce n'était pas le moment de m'embêter. Mes nerfs étaient à blocs ! Mais tu vas réussir Anna ! Pour Mamie ! Me réconfortai-je. Prenant une grande inspiration, je me réhaussai alors et déclarai avec contrôle :

-Roi Agnarr, vous n'êtes pas sans savoir qu'Anna Picéaerd rapportait l'économie du royaume grâce à ses prestations de chamanisme. Elle a été très réputée auprès des dignitaires au cours des derniers mois. Je pense que si vous faîtes une sépulture en sa mémoire il y a de grandes chances que l'économie soit maintenue. En effet, étant aimée de tous, elle le sera encore plus si vous exposez sa relique entière durant plusieurs mois...Les gens voudront venir de tous les royaumes pour voir la belle-mère capable de parler avec les morts !

J'aurais pu continuer pendant des heures, mais cela était inutile. Le mot magique avait déjà été dit : ECONOMIE. Le visage de mon Père se raviva d'un sourire. Si je n'avais pas été sa fille, je l'aurais giflé sur place pour cette mimique déplacée. Prise dans ma lancée, je continuai alors :

-Dans l'hypothèse où il pourrait y avoir d'éventuelles dissonances avec les Northuldra et surtout pour faire honneur aux origines de notre chamane, je me chargerai dans un premier temps de faire la cérémonie dans la plaine des aulnes, en brûlant non pas le corps de la défunte mais un objet qui lui appartenait.

Me tournant rapidement vers Ylva, je demandais immédiatement :

-Cela conviendra-t-il à Madame Nordlys et la cheffe Yélana ?

-Au nom de ma fille et du mien, oui...Mais j'insiste sur le fait que son enterrement chez vous soit temporaire ! Rétorqua sèchement l'historienne, elle souhaitait que ses cendres reposent en paix avec les restes d'Elysia !

Je ne préférais pas répliquer oralement et acquiesçai discrètement pour ne pas provoquer cette naine infaillible au caractère bien trempé. Je me concentrai ensuite sur Maman qui avait attendu patiemment, recroquevillée contre mon aïeule tout le long du discours. Elle lui embrassa le front et ne se préoccupa pas plus d'Ylva en demandant à Papa :

-Alors Agnarr...Es-tu d'accord avec cette proposition ?

Soucieux que nous attendions tous sa réponse, il finit par déclarer brièvement :

-J'y consens !

Nos sourires furent faibles. Mais une légère sérénité rayonna enfin dans la pièce.

-Iduna reste là avec Anna et Elsa pendant qu'avec Hans nous allons chercher un cercueil ! Déclara-t-il ensuite.

-Vous avez intérêt de bien la conserver...Nous la brûlerons une fois que sa dépouille ne sera plus exposée dans votre royaume, dit encore madame Nordlys assez durement.

Papa et Hans hochèrent la tête avant de quitter le lieu. Nous entendîmes bientôt le géant repartir vers Arendelle avant qu'Ylva ne dise encore en regardant le corps inerte de Mamie :

-Bien...Je vais aller chercher ma Beauté et je reviens ! A tout à l'heure !

-A tout à l'heure Grande Marraine...Tu...Tu fais attention à toi, hein ? Demanda soudain Maman avec une voix d'enfant.

-Oui Petit Ange de l'Air, dit-elle doucement.

D'une pirouette, elle sortit à son tour de la chambre. Figée sur place, je me contentais de regarder ma Mère aller mettre une petite étoffe noire sur le pas de la porte pour indiquer que Mamie était décé... N'était plus là. Elsa et moi nous chargeâmes alors de lui faire la plus belle des toilettes.

J'avais coiffé et rassemblé ses longs cheveux roux en deux tresses jumelles similaires aux miennes. Elles allèrent trouver leur fin sur son ventre. Puis notre mère et ma sœur lui dénichèrent alors une robe verte bouteille qui ressemblait fortement à celle de cinquième esprit d'Elsa.

-Oh ! Regardez ! Les cristaux luisent à nouveau ! S'écria soudain Maman...Sa mort a dû lui rendre son rôle de gardienne d'Ahtohallan.

Elle sourit une nouvelle fois rongée par les larmes. Nous attendîmes quelques secondes avant qu'elle ajoute :

-Il manque la touche finale.

Elle se sépara aussitôt de son châle violet et entoura les épaules de notre aïeule avec.

-Voilà comme ça c'est mieux, bredouilla-t-elle avant de pleurer encore.

Mon cœur se souleva et je la rejoins bientôt. Nous nous agenouillâmes alors et priâmes dans le plus grand silence jusqu'à ce que Hans et Père reviennent. Toujours sous nos yeux attentifs, ils empoignèrent Mamie chacun par une extrémité et la posèrent délicatement dans le cercueil en bois sous les yeux terrifiés d'Ylva qui était revenue entre temps avec Yélana.

-L'enfermer dans une caisse en bois alors que vous pourriez la rendre à la Terre...Ridicule, pesta cette dernière.

Mais sa mère lui prit violemment la main pour lui indiquer de se calmer.

-C'est une tradition comme une autre ma Beauté...Tu ne peux pas la contester, nota-t-elle amèrement...De toute façon, on sait tous où doit être son âme en ce moment !

Leurs joues se chauffèrent et je leur lançais un regard interrogateur. Gênées, elles ne dirent plus rien et allèrent se poster auprès de mon aïeule qui était encore visible. Sentant qu'il avait le champ libre pour prendre la parole, Papa s'adressa alors à nous et chuchota :

-Bien...Alors...Comment vous débrouillez-vous pour la veillée ?

-Il est évident que moi je reste Agnarr, je ne peux pas l'abandonner...Même si elle n'est plus là physiquement ! Déclara Maman.

-Nous te soutiendrons, déclarèrent nos voix à l'unisson avec celle d'Elsa.

Piqué à vif car il s'attendait à une répartie plus organisée, il ne réfuta toutefois pas et déclara plutôt à la place :

-Voilà ce qu'on va faire, Iduna tu restes pour cette nuit, Elsa tu te charges de demain et Anna du troisième jour.

Quoi ? Être déjà séparée de Mamie ? Ne plus voir son visage ? Impossible ! Pas si tôt ! Paniquai-je.

-Non, Père je ne veux pas m'éloigner d'elle, murmurai-je simplement à voix haute.

-Anna tu es enceinte, tu as besoin de repos, argumenta Maman.

-Je veux rester auprès de Mamie, insistai-je, je...J'ai encore des choses à lui dire. S'il vous plaît, permettez-moi de faire la première veillée.

-Je suis là avec elle, Père s'il le faut, rassura Hans.

-Nous le sommes aussi, précisèrent à leur tour Ylva et Yélana en me regardant avec trouble.

Dépassé par la situation, il n'osa pas me dire non et se contenta de reprendre :

-Bien. Ta Mère viendra te remplacer demain dès la première heure...Essaye de te reposer quand même.

Mes parents partirent ensuite suivis d'Elsa. Oubliant Madame Nordlys et Madame Coudrier, je me collai immédiatement à mon mari et répétai avec une once d'angoisse :

-Je ne pensais pas que ça ferait si mal. J'ai l'impression que tout un monde vient de s'écrouler Hans.

-Chut, ma chérie...Murmura-t-il en mettant son index contre ma bouche, le dire te fait souffrir davantage.

Vif, il essuya la larme qui coulait sur ma joue et ajouta :

-Tu es forte ma Anna, tu surmonteras cette épreuve. Je pense que Mamie ne voudrait pas te voir dans cet état. Je t'avouerai que pour moi aussi, ça fait beaucoup de morts d'un coup.

-Tu ne peux pas comparer ! M'énervai-je, tes parents étaient des monstres ! Ils n'avaient rien à voir avec notre aïeule.

J'eus aussitôt envie de me gifler pour la phrase irrespectueuse que je venais de lui sortir. Loin de me faire une scène, il soupira plutôt :

-Dans le fond tu as raison...Et pourtant ça restait néanmoins mes parents et c'est très douloureux pour moi aussi.

De plus en plus confuse, je murmurai alors :

-Oh...Oui pardon... mon amour... J'ai été maladroite...Bien...Est-ce que tu désires parler à Mamie dans l'immédiat ?

Consciente qu'il fallait que je me fasse pardonner, je lui embrassai la joue tandis qu'il secoua la tête en rétorquant :

-Je me chargerai justede réciter des prières à son égard.

-D'accord... Est-ce que je peux être seule un petit moment avec elle, s'il te plaît ? Insistai-je.

-Bien sûr ma chérie. Je vais aller m'aérer dehors. Surtout ne dépense pas trop de ton énergie, pense à Helga, cela pourrait être dangereux pour elle, préconisa-t-il.

-Promis je ne vais pas tenter de psychographie ni de spiritisme, assurai-je.

Satisfait mon mari me serra fort contre lui et m'embrassa le front avant de quitter les lieux. Je me tournai ensuite vers les deux Northuldra qui la pleuraient silencieusement et ajoutai :

-Cela s'applique aussi à vous aussi...S'il vous plaît.

-Viens ma Beauté...Nous aurons le temps de lui parler tout le reste de la soirée, intima bientôt Madame Nordlys.

Attendant qu'elles s'exécutent à leur tour, je recalai bientôt ma chaise contre le chevet de ma grand-mère et lui pris sa main froide. Levant les yeux au ciel pour éviter que les larmes ne pointent, je respirai fort et entonnai soudain après plusieurs raclements de gorge :

-Je n'ai pas oublié ce que tu m'as dit il y a moins d'une heure. Pourtant j'avais encore pleins pleins de questions à te poser...Je me sens tellement froide, vide, figée... J'ai l'impression que je ne pourrais plus jamais avancer parce que la vie que j'ai connue vient de se terminer... Oh oui Mamie...Tu as été la seule qui a eu confiance en moi durant le peu de temps où nous nous sommes côtoyées...Tu as été la seule qui y a cru...Je pouvais me confier sans que tu ne me juges et c'était si plaisant...Même...Même avec Elsa je n'avais pas une telle proximité...S'il n'y avait pas ma petite Gaga, je serais prête à succomber. J'ai l'impression que je n'arriverai pas à avancer maintenant. Qui va m'aider dans mon futur travail de Maman ?! Je comptais réellement sur toi ! Et si Helga ne m'aimait pas comme ce fut le cas pour Maman avec toi...Enfin non pardon...Je...Je ne voulais pas dire ça comme ça...Je sais qu'elle t'aimait et qu'elle t'aime encore très fort...Mais je crains vraiment de ne pas réussir à être une bonne mère si tu n'es pas là pour me seconder... Si seulement ton âme revenait me parler, me dire d'avancer... Sans toi je suis perdue, je n'ai plus d'espoir. Je t'en prie...Envoie-moi un signe qui me montre que tu continueras d'être à mes côtés dans les choix que j'entreprends...

Comme si elle avait compris ce qu'il en était, un éclair zébra bientôt le ciel me faisant violemment sursauter. Me grondait-elle ou m'encourager-t-elle à être plus forte ?! Je n'eus aucune réponse plus clair mais le ciel s'assombrit bientôt me coupant dans mon monologue. Il était de plus en plus noir...Menaçant...Comme mes pensées en ce moment même. Le cœur encore trop à vif, je poursuivis alors :

-Il n'y a plus d'étoiles comme toi pour me guider maintenant... Je t'en prie aide-moi, je n'arriverai pas à suivre la bonne voie puisque que tu es partie... Tu étais celle qui raccordait mes bêtises, qui m'aidait à me relever, qui me disait quand ce que je faisais était bien ou mal. Sans toi je ne pourrai plus avancer désormais.

Ma psyché joua bientôt avec mes nerfs, et j'imaginai alors l'âme de ma Grand-mère se consolider et venir vers moi en tendant la main pour me relever et me donner du courage. Prise dans ce fantasme inespéré, je l'implorai aussitôt :

-Oui ! Oui ! Viens Mamie ! S'il te plaît ! Reste avec moi ! Je ne te demande pas grand-chose ! Juste de m'aider à affronter cette dure nuit de prières pour l'instant...Et on verra pour la suite après.

Fermant à présent les yeux pour être pleinement concentré auprès de cette vision inespérée, j'aperçus mon aïeul en train de me mener vers un long couloir sombre qui débouchait sur une immense lumière. Il y avait ma fille...Mais cela semblait si beau...Si apaisant...

-Oui Mamie ! Oui libère-moi ! Tu es toujours là finalement ! Tu n'es pas partie ! M'exclamai-je d'une façon purement égoïste.

Mes craintes furent bientôt mêlées à des pleurs de joie. Quelle ne fut pas ma déception quand mes yeux se rouvrirent quelques secondes plus tard. Le corps de mon aïeule était toujours là, prisonnière de son cercueil, inerte.

Aussi idiot que cela puisse paraître, ce moment imaginé m'avait fait du bien. Ce n'était que des images d'inventions mais elles m'avaient apaisées. Souriant faiblement à ma belle endormie, je conclus alors :

-Tu demeureras toujours la meilleure à mes yeux au même titre que Maman ou Elsa. Mais j'ai compris désormais que je ne pouvais pas abandonner les autres...Tu me gronderais sinon...Voilà...Même si ça va être très dur, je ne dois pas oublier où est ma place, que les gens ont besoin de moi. Je sais que rien ne sera plus jamais pareil maintenant, mais grâce à toi, je sais que je dois avancer.

Lui embrassant encore une fois le front en signe de prière, je tressaillis brusquement quand mon beau prince qui attendait sur le palier de la porte demanda :

-Je peux revenir Anna chérie ?

Définitivement coupée de ma bulle, je me relevai vite et courus jusqu'à la porte en le grondant légèrement :

-Oui, oui tu peux, mais évite de crier dans la maison !

Nous restâmes un petit temps à faire des prières silencieuses si bien qu'il faisait bien nuit quand Madame Nordlys et Madame Coudrier arrivèrent dans la maison avec les guérisseuses.

-Ne l'emmenez pas à votre hutte, grinçai-je en me plaçant devant elle.

-Ce n'était pas notre intention jeune Anna...Nous venons pour toi, intima Laïka.

-Pour moi ? Répétai-je interloquée tout en voyant la sœur de la guérisseuse sortir un pot de feuilles et fleurs séchés.

-Voici de la camomille et de la passiflore...C'est pour vous aider à vous reposer...Vous en avez besoin...Vous devez vous ménager pour votre bébé, expliqua-t-elle.

-Je vais très bien merci, repris-je sèchement tout en vérifiant rapidement en posant une main sur mon ventre que ma fille était en parfaite santé.

Ce fut le cas. Néanmoins sous le regard blafard d'Hans, je pris les plantes dans les mains.

-Nous allons prendre votre relève jeune gens, allez donc dormir ! Cela vous fera le plus grand bien ! Préconisa bientôt Ylva d'une voix ferme, ma Beauté et moi avons également besoin de nous confier à Anna sans que vous n'ayez besoin de les entendre.

Bien que je n'avais aucunement envie de laisser ma grand-mère, je sentis la fatigue s'abattre comme une masse au-dessus de ma tête. Très vite, mes paupières furent lourdes et mon mari me berça tendrement dans ses bras. Je m'endormis avec la même douleur à la poitrine avant même d'avoir été déposée sur le matelas.

Comme convenu, Papa et Maman arrivèrent dès la lueur de l'aube pour le deuxième jour de la veillée.

-Tu peux retourner au château ma Furie Rousse ! S'exclama-t-elle.

-Je...Je n'en ai pas la force, s'il vous plaît...Je veux encore profiter d'elle, tant qu'on n'aura pas cloué son cercueil, les implorai-je.

Au début Papa fut réticent mais il y consentit assez vite quand Ylva et Yélana lui expliquèrent que les guérisseuses m'avaient donné de quoi manger et m'apaiser bien que je n'avais pas particulièrement l'impression que cela fasse effet. Je les prenais uniquement pour que ma Petite Gaga tienne. Oui voilà Anna...Atteindre la sagesse de Mamie...Il faut que cette nouvelle chamane fasse honneur aux Piceaerd, me persuadai-je. Je me forçai donc à manger une quantité raisonnable de nourriture pour nous deux.

Au petit déjeuner du troisième jour, Hans arriva avec une robe et un bonnet noir. Lui-même était habillé d'un costume trois pièces sombre.

-Maman souhaiterait que tu les portes mon amour, déclara-t-il.

Ses paroles résonnèrent au ralenti dans mon esprit...Elles semblaient tellement lointaines si bien que je les entendis mais ne réagis pas. L'écoutant à peine de toute façon, je me contentai de fixer mon ventre où siégeait mon précieux bébé.

-Anna ma chérie ? M'appela-t-il encore.

Aucune réaction. Comme un moyen de défense, j'étais partie du principe que je faisais du mal dès l'instant où je parlais aussi j'avais décidé de me murer dans un silence insoutenable. Face à mon mutisme, Hans se rapprocha doucement de moi et me massa gentiment le dos avant de reprendre :

-Viens mon amour je vais t'aider.

Dans des gestes remplis de tendresse, il s'arma de patience et me déshabilla complètement. Il prit le temps de bien me laver puis il troqua ma robe de travail Northuldra qui ne m'avait pas quitté depuis trois jours contre celle qu'il venait de m'apporter. Il me débarbouilla enfin le visage et déposa délicatement ses lèvres sur les miennes.

-Voilà, comme ça tu es mieux. Tu es très belle ma Anna, murmura-t-il.

Très belle dans une tenue mortuaire... Pensai-je. Voilà où en était ma courte vie. La pression retomba et je reniflai bruyamment à cause d'une nouvelle crise de larmes. Mon mari blanchit immédiatement en comprenant qu'il avait fait une bourde puisqu'il ne mit pas longtemps avant de répliquer :

-Pardon mon amour...Excuse-moi...C'était indélicat...Je...Je ne voudrais pas te bousculer mais il faut que nous allions rejoindre Maman à Arendelle, à présent. Mamie a été transportée cette nuit. Nous n'attendons plus que toi pour clouer son cercueil.

Quoi ?! Mamie plus là ?! Ils avaient attendu que je dorme pour pouvoir l'emmener en douce ?! Mon sang ne fit qu'un tour mais je parvins tout de même à réguler mes chakras et me contentai d'hocher la tête. Mon mari me prit alors dans les bras et nous retournâmes au château dans la main du géant.

Quand j'arrivai là-bas, j'eus le réflexe de me diriger vers ma chambre. Mais Elsa me réceptionna...Accompagné de Kristoff qui avait mis lui aussi une tenue de croque-mort pour l'occasion. Surprise de le voir parmi nous, j'eus tout de suite droit aux explications de ma chère reine des neiges :

-Maman a envoyé une lettre à El Rédor, expliquant la situation, et le pays a joué le jeu en envoyant une fausse missive qui indiquait qu'ils renvoyaient Kristoff en Arendelle compte-tenu des circonstances.

Ne pouvant en vouloir à ma sœur de se réjouir de ce coup du sort, je réussis presque à articuler de façon inaudible :

-Voi...Là...Au...Moins...Une...Bon...Ne...Nou...Velle...

Elle approuva prestement et me conduisit ensuite dans la chambre où Mamie avait séjourné pendant notre escapade à Kraberg. Elle était là, un peu plus maquillée, embaumée des parfums de notre royaume. Halrcisen et Olson qui avaient dû être gracié pour l'occasion se tenaient à ses côtés, prêts à l'enfermer pour toujours. Cet acte me sortit définitivement de mon état de latence et je réagis enfin en courant m'accrocher aux pans de sa robe mortuaire.

-S'il vous plaît non ! Ne faites pas cela ! Je veux pouvoir contempler ma Grand-mère tous les jours ! Implorai-je, ce n'était pas dans le contrat...Ylva et Yélana ont dit qu'il fallait la conserver pour que je puisse faire sa cérémonie Northuldra après !

Prêts à me prendre des remarques acerbes des deux gardes à qui j'avais toujours donné du fil à retordre, je fus tout de suite sauvée par Maman qui arriva à petits pas dans la pièce. Ayant entendu ma plainte, elle leur fit signe de se reculer et vint vers moi en murmurant :

-Anna ce n'est pas possible et tu le sais très bien.

Elle me caressa les cheveux pour essayer de m'attendrir mais cela ne fonctionna pas. Je la repoussai légèrement et m'écriai :

-Outre ce fait Papa était d'accord pour que son corps soit exposé comme une relique ! Aurait-il changé d'avis subitement ?!

-Mais non...Bien sûr que ce n'est pas ça ma Furie Rousse...C'est tout simplement parce que nous n'avons pas trouvé le moyen de la conserver...Je refuse d'enlever ses organes vitaux, avoua-t-elle avec un léger haut le cœur.

Je lui lançais aussitôt un regard noir...Ce n'était pas possible qu'elle n'y pense pas ! Mais si...Cela se lisait dans ses yeux dénués de lumière... Furieuse, je répétai alors :

-Pas de moyens Maman ?! Sérieusement ?! Rassure-moi ! Tu te rappelles ce qu'Elsa est capable de faire ! Quelque chose me dit que le permafrost est le meilleur des moyens de conservation !

Elle blanchit immédiatement à ma remarque et se mordit involontairement la lèvre, me faisant comprendre qu'elle s'en voulait de ne pas y avoir pensé plus tôt. Ayant donc compris où je voulais en venir, elle ne prit même pas la peine de demander l'avis de Papa et demanda alors à Elsa :

-Ma Floconnette, voudrais-tu bien faire un cercueil de verre pour cryogéniser Mamie ?

Ma sœur chérie nous observa tour à tour. Puis elle finit par répondre avec un sourire chaleureux :

-Bien sûr que je le peux...Il faut juste que vous reculiez tous !

-Dois-je aller en informer le roi Agnarr, Majesté ? Questionna aussitôt Lars.

-Inutile, il le découvrira en même temps que tout le monde et ce sera parfait ! Commanda-t-elle.

Sachant resté à sa place, il n'ajouta plus rien et demeura aux côtés de Niklas, le temps qu'Elsa accomplisse son œuvre. Je pensai ne plus pouvoir être émerveillée par rien, pas même la glace de ma reine des neiges mais ce furent bien des étincelles de surprises qui se lurent dans mon regard lorsqu'elle toucha la jambe de Mamie Anna, répandant sa magie sur toute la surface de son corps qui devint bleue et sa silhouette me renvoya au passage de mon rêve où j'étais moi-même morte, prisonnière du congé de glace. Indifférente à tout cela, Elsa se déplaça bientôt au centre de la chambre et forma un cercueil de verre beaucoup plus grand que la tombe initiale. Hans, Kristoff et plusieurs gardes se chargèrent alors d'y déposer son corps gelé qu'ils déplacèrent non sans un quelconque effort ensuite jusqu'à la grange où le cortège les attendait.

-Roi Agnarr...La cérémonie peut commencer ! S'exclama bientôt Olson de sa voix martiale.

Papa eut d'abord un geste de lassitude avant d'ouvrir des yeux gros comme des callots en dévisageant le nouveau lieu de repos de Mamie.

-Mais qu'est-ce que... Commença-t-il.

Il n'eut toutefois pas le temps de plus réagir que les musiciens s'accordèrent, annonçant le début du processus. Tenant fermement la main d'Hans, je marchai avec force derrière le corps sans vie aux côtés de mes autres proches. Le tour de la ville se fit ainsi. Compatissants, les gens se découvraient la tête au passage. Néanmoins beaucoup avaient des réserves sur l'évènement. Après tout, il y a encore quelques mois à peine les trois quart de notre population avaient été à notre place et il n'y avait pas eu une telle cérémonie. Les dignitaires qui étaient venus pour l'occasion furent donc plus pris dans ce déferlement de pathos que les simples paysans et commerçants. Les femmes jouaient les pleureuses en agitant leurs mouchoirs, les hommes prenaient des têtes désespérées dignes de mauvaises tragédies grecques. J'avais envie d'hurler en voyant tout ce beau monde jouer la comédie mais une fois de plus il me fallait penser comme Mamie.

Après une heure nous regagnâmes enfin la chapelle où se déroula la cérémonie principale. Je n'écoutais pas l'archevêque qui m'horripilait à répéter sans cesse « Nous regrettons notre sœur Anna » et préférai me concentrer sur mon mari et notre petite Gaga. Hans m'enlaçait si fort qu'il faillit me faire tomber à plusieurs reprises. Sa douceur et sa sécurité m'apaisèrent. C'était tout ce dont j'avais besoin en cet instant et cela me suffisait amplement. Puis le cortège reprit et termina dans les prairies d'Arendelle où se trouvaient les défunts du barrage. Le cercueil de mon aïeule fut légèrement surélevé mais beaucoup moins que ce qui était prévu au départ puisque normalement il aurait dû être enterré en dessous d'une stèle de pierre brute.

Nous demeurâmes attentifs durant quelques secondes face à la foule qui avait suivi sans rechigner. Puis Père s'avança alors à côté du cercueil et déclara :

-Cher peuple d'Arendelle, chers dignitaires, chers amis... C'est avec une profonde tristesse que je vous annonce aujourd'hui les adieux d'une glorieuse belle-mère. En effet, Madame Anna Picéaerd n'était pas seulement une chamane qui avait des dons exceptionnels. Non ! Elle était bien plus que cela ! Elle a donné le plus beau cadeau qu'un roi puisse avoir : Une reine dotée de bon sens. Elle était peu connue de la couronne jusqu'à ces derniers mois...

Je sursautais immédiatement en voyant Halricsen et Olson devenir pâles à cette dernière phrase et maudissais encore la vie de m'avoir repris ma grand-mère trop tôt car je n'en saurai jamais la cause.

-...Mais elle l'était assez pour faire rêver un pays qui en a bien eu besoin en ces temps de crises, continua Papa dans un récital digne d'un élève des premières classes, c'est donc avec un profond regret que nous enterrons aujourd'hui une partie de l'histoire du royaume. Paix à son âme, puisse-t-elle être bien partie dans l'Helheim auprès de Monseigneur Elysia.

Indignée, je me rendis compte qu'il fit mine de verser une larme en terminant son discours. Tant d'hypocrisie à l'égard de Mamie Anna me donna envie de l'étrangler. Toutefois, je n'en eus pas l'occasion. Ce fut à mon tour d'aller énoncer un petit acrostiche que j'avais gribouillé à la va-vite sans qu'il n'y ait forcément du sens. Je me raclais donc la gorge et dis alors d'une voix que je voulais la plus claire possible :

Même si tu n'es plus parmi nous.

Avec tes sourires et tes paroles sages

Même si tu ne poses plus tes yeux doux

Il y a toujours de toi dans les parages.

Et je ne te remercierai jamais assez

Alors que toi la plus grande chamane

Nous ne pourrons pas apprendre de ton passé

Ni constamment chercher ton diaphane

Aime-nous, protège-nous et guide-nous.

Hans me tendit discrètement un mouchoir alors que nous terminâmes par une prière silencieuse. Je ne désirai qu'une chose que ça s'arrête. Que tout s'arrête ! Père nous força à assister aux condoléances le reste de la journée et nous honorâmes sa demande avec tout le respect que nous devions à notre protégée. Je m'occupai principalement des Northuldra qui avaient fait le déplacement jusqu'à Arendelle pour la cérémonie. Si je m'attendais à ce qu'Ylva ne nous quitte pas d'une semelle pour nous demander des précisions sur le déroulement de la journée, je fus tout de même surprise de voir que Yélana en personne venir se fondre dans la masse des Arendelliens. Se détachant de sa mère, elle vint bientôt me voir et déclara :

-Je suis sincèrement désolée chère enfant...Anna tenait énormément à toi, elle nous parlait de toi sans arrêt lorsque tu n'étais pas à vos cours de chamanisme... Même si c'est difficile...Je...Je comprends que tu veuilles l'avoir auprès de toi encore un peu, qu'Elsa, et notre Ange de l'Air aussi... Il faudra juste ne pas oublier de nous la rendre comme promis.

-Soyez assurés que nous le ferons Madame Coudrier...Maman sait combien c'est important pour elle d'être sur ses terres, expliquai-je, au bord des larmes.

La cheffe approuva de la tête. Puis elle m'observa longuement comme si elle voulait analyser chaque trait de mon visage et ses yeux s'embuèrent avant qu'elle n'ajoute :

-C'est fou de voir à quel point tu lui ressembles...Toi...Et Elsa en Elysia...J'ai tellement de souvenirs qui ressurgissent en vous observant toutes les deux...Enfin toutes les trois parce que ta mère a quand même beaucoup de ressemblances avec mes fausses Tantes...Enfin...Nous avons eu une amitié compliquée avec Anna mais malgré tout, nous ne nous sommes jamais perdues de vue...

Elle éclata soudain en sanglots et se moucha bruyamment alors que Madame Nordlys accourut pour l'entourer de ses bras.

-Allez...Ce n'est rien ma Beauté...On sait tous que tu l'aimais malgré vos différents, nota-t-elle en lui tapotant le dos.

Yélana hocha péniblement la tête et se détacha progressivement de sa mère avant d'inspecter les alentours de la grande salle des plaintes comme si elle la redécouvrait. Après de longues minutes, elle finit par reprendre :

-Oui tant de souvenirs...Et c'est difficile à croire mais il y en a même eu ici.

Ylva hocha la tête, compatissante. Je sursautai immédiatement regrettant encore une fois de ne pas avoir eu le temps de connaître la vie de mon aïeule. C'était peut-être le bon moment pour interroger la doyenne de la communauté Northuldra ?! Non Anna...Pas en plein deuil ! Me grondai-je. Me promettant de le faire dans les mois prochains, je revins à mon rôle au sein de ce peuple et renchéris à nouveau à l'adresse de madame Coudrier :

-Ne croyez pas que vous serez débarrassée de moi, à présent je m'en tiendrai à mon devoir de chamane aussi souvent qu'il le faut comme le veut la tradition !...

-...Je sais, dit-elle en se radoucissant.

Je respirai un grand coup, contrariée qu'elle m'ait interrompu et soufflai plusieurs fois d'affilé avant de répliquer :

-Bien... Dans ce cas, voici le couteau qu'elle portait toujours à sa ceinture de tunique ainsi qu'une mèche de ses cheveux flamboyants en attendant que nous fassions son propre enterrement, d'ailleurs pour le corps, nous pourrions attendre la fin du mois pour que vous puissiez le récupérer ? Qu'en dites-vous ? Je suis désolée, je ne voudrais pas trop me déplacer avant que ma petite Helga soit bien accrochée...

Les yeux d'Ylva brillèrent soudain avec admiration et elle répéta d'une voix de petite fille :

-Oooh...Tu comptes appeler ton enfant comme ma Grosse Gaga, ma joli Furie Rousse ?

Je confirmais par un hochement de tête et elle trépigna de joie.

-Voilà qui fait vraiment plaisir à entendre dans mon cœur de vieille femme, et la miniature de Joli-Cœur, elle va le prénommer comment son garçon ? Olaf ?! Demanda-t-elle d'un ton railleur.

-Euh oui...Balbutiai-je.

Madame Nordlys éclata aussitôt de rire sous les regards outrés des convives si bien que Yélana lui donna bientôt un coup de coude en grommelant un « Maman », scandalisé.

-Tout va bien Grande Marraine ? Tantine ? Questionna aussitôt ma mère qui accourut.

Souhaitant éviter qu'elles ouvrent la bouche pour dire d'autres imbécilités, je rétorquai avant :

-Oui, tout va bien...Nous discutions de ma petite Gaga et du fait que je ne pourrai pas me déplacer aussi aisément pour les cérémonies à venir, expliquai-je.

-Nous comprenons ces choix en tous cas même si nous ne saurons jamais assez à quel point une grossesse, c'est fatigant...N'est-ce pas Maman ? L'interrogea Yélana alors qu'un léger sourire apparut sur son visage.

-Tout à fait ma Beauté, nota-t-elle.

Leurs regards se posèrent à nouveau vers le corridor.

-Anna Piceaerd et Marraine Helga le savaient mieux que quiconque... Et puis avec ce qui s'est passé pour ce petit Ange de l'Air...Nous comprenons que tu préfères te reposer, ajouta la cheffe.

Maman qui était demeurée silencieuse, acquiesça avant d'elle-même poser une main sur son ventre, prête à défendre ce qu'elle avait déjà trop perdue.

-Du moment que tu n'es pas venue dire à Anna que ce qui est arrivé à sa grand-mère était à cause des coupoles, vous pouvez rester autant de temps que vous voulez ici toutes les deux ! Persiffla-t-elle.

Yélana fut piquée à vif mais répondit simplement sous le regard amusé de sa mère :

-Non...Mademoiselle Iduna Piceaerd...Mais j'aurais très bien pu... Bien...C'est tout de même l'heure pour nous de retourner parmi les nôtres ! Si nos Majestés veuillent bien nous excuser !

Elles s'inclinèrent faussement et se tournèrent soudain vers moi avant de reprendre d'une voix malicieuse :

-De ce que j'ai compris nous allons nous revoir bientôt.

J'hochai la tête et nous les raccompagnâmes jusqu'au Géant. Puis Maman me murmura ensuite :

-Ma chérie, je sais que ce n'est pas trop le moment mais nous devons avoir une petite discussion dans ta chambre.

Même si je trouvais cela redondant, Je fus heureuse de partir loin de tout ce bal mortuaire. Je ne fus pas la seule visiblement...Elsa se trouvait également dans la pièce quand j'y entrais. Retrouvant tout son amour maternel, Maman nous prit contre elle comme elle le faisait autrefois et maugréa, les larmes aux yeux :

-C'est une dure journée pour tous.

Incapable de dire autre chose sous peine de pleurer, nous ne pûmes qu'acquiescer.

-Bien...Murmura-t-elle en se raclant la gorge, mais si je vous ai convoqué toutes les deux c'est pour honorer l'une des dernières volontés de votre Grand-mère. Cela vous concerne toutes les deux !

Elle me tendit alors un message et je reconnus son écriture. Je la lus à voix haute :

-Ma tendre petite Ange de l'Air,

Si tu lis cette lettre c'est que je ne suis plus de ce monde et je refuse de te savoir triste ! Ni toi, ni ma grande et ma petite Piceaerd ! Je vous surveille de là où je suis et je puis vous dire que si je ne vois pas de sourire sur vos jolis visages, je me chargerai moi-même de venir vous tirer les pieds hors de la couette cette nuit ! Bien. A présent que la petite note d'humour est posée, je m'adresse à toi, ma Iduna, pour te donner plusieurs recommandations. Comme tu le sais, le mariage d'Elsa et Kristoff m'est important. C'est un évènement secret mais qui doit se faire dans les règles. De ce fait, tu n'as sans doute pas oublié ce qu'il en était de cette stupide tradition Northuldra qui est d'allumer des coupoles de mariage.... Or si cette missive est ouverte, ce n'est plus à moi de le faire mais bien à ma précieuse et adorable Anna...Félicitations ma petite Piceaerd, je suis si fière que tu reprennes le flambeau du chamanisme à ma place !Comme je n'ai pas eu le temps de t'apprendre comment se déroulait la cérémonie dans la Forêt Enchantée, voici quelques petites précisions à mettre en place. Premièrement les mariés se verront être entourés d'un troupeau de rennes, deuxièmement elles auront comme accessoires de leurs unions en plus des alliances, ces fichues coupoles qui servent à allumer le feu du foyer qui constituera la fiabilité de leur couple. Avec le recul, je suis tellement heureuse de ne pas avoir eu besoin de le faire pour mon Ange de l'Air même si en grandissant je l'aurais bien vu me demander d'accomplir cet acte pour elle et Antoine Populus...Mais laissons le passé derrière nous... Le destin a tranché ! Ce qui est fait est fait...Encore une dernière chose ! Cela me ferait très plaisir si ma première petite fille portait ma première robe de mariée pour sa propre cérémonie ! C'est Marraine Ylva et Yélana qui savent où elle est, tu n'auras qu'à leur demander.

Voilà. Je pense vous avoir tout dit. Je vous aime tendrement mes Picéaerd.

Mamie Anna.

PS : Oups ! Où avais-je la tête ! Pour t'entraîner à l'allumage des coupoles, il y a un manuel dans la hutte de tes arrière-grands-parents ! Tu le trouveras facilement car il y a un couple dessus de dessiné. Bon courage Anna !

Je pâlis immédiatement me sentant soudain vidée de devoir accomplir cet exploit. C'était bien la première fois que je doutais sur la fiabilité de mon pouvoir...N'allai-je pas avoir besoin de trop d'énergie qui mettraient Helga en danger ? De plus en plus apeurée, je m'exclamai alors :

-Pourquoi Mamie me demande-t-elle cela à moi ?! Je serai incapable de le faire !

Consciente que j'avais le trac, Elsa me prit immédiatement dans ses bras pour me rassurer tout en rétorquant :

-Tu seras parfaite, bien sûr j'aurais aimé que Mamie le fasse, mais je n'aurais jamais trouvé une meilleure personne pour me le faire que toi. Tu es si importante à mes yeux petite sœur. Je t'aime tellement. C'est grâce à toi que nous nous sommes rencontrés avec Kristoff. Je te dois tout.

Chassant mon rêve de mon esprit, je me radoucis aussitôt et la serrai fort tout en reprenant :

-C'est pour moi un honneur, mais j'aimerais tout de même être bien préparée pour ne pas tout faire de travers...

-C'est pour cela que d'ici la fin de la semaine cela devrait amplement suffire, indiqua Maman.

-Quoi ?! Mais c'est beaucoup trop tôt ! Criai-je toute paniquée.

-Le plus tôt sera le mieux ! Tu ne voudrais pas contrarier ta grand-mère, renchérit-elle avec un sourire, c'est inévitable chez les Northuldra. Même sa mort ne l'empêchera pas d'arrêter ce mariage. Elsa et Kristoff l'ont mérité après tout.

Je ravalais tout de suite ma fierté alors que ma sœur se mit à rougir et lui compressai la main en concluant :

-Bien. Je vais t'offrir le plus beau des mariages ! Je te le promets !

Ma chère reine des neiges en fut ravie et ce nouvel espoir nous redonna légèrement goût à la vie.

Le reste de la semaine se passa donc très vite et toujours de la même manière : Le matin j'allais me confier au tombeau de glace de mon aïeule, le midi je me concentrai sur la préparation du mariage de ma sœur, le soir nous nous retrouvions en famille pour des lectures au coin du feu.

Nous arrivâmes enfin au moment tant attendu. Même si pour moi ce n'était pas correct d'agir ainsi en cette période de deuil, je me pliai aux volontés de Mamie. De ce fait, je mis mon costume Northuldra et lus une dernière fois les grandes lignes du manuel de la cérémonie juste avant le fameux moment. Nous partîmes les uns après les autres après le dîner toujours dans la plus grande discrétion. Quand nous arrivâmes à l'ancienne hutte de notre aïeule près des rives, Yélana, sa mère, Andreas, Honeymaren et Ryder nous attendaient déjà tandis que le soleil déclinait à l'horizon.

-Nous avons déjà installé le troupeau de rennes comme le voulait Kristoff, précisa Ryder en guise de salut.

-Il faut que tu viennes te préparer avec nous à présent mon fils, dit bientôt Andréas au montagnard.

Tous les garçons partirent donc d'un côté pendant nous nous afférâmes à atteler Elsa d'une tenue convenable pour un jour de noces. Nous lui passâmes ainsi une robe bleue avec des parcelles de rayures rouge sur le bas de la jupe. Elle était faite en matière froissée et rebiquait lui donnant une allure de fée. Ma sœur eut ensuite droit à des chaussettes qui s'associait avec les rayures rouge. Enfin ses chaussures en forme de mocassin se retournaient vers l'intérieur comme celles habituellement portées par Kristoff.

-Il te manque juste le châle blanc en filaments ! S'exclama Maman. Ah pour sûr ce n'est pas une tenue classique mais tu es tellement belle dedans ! Avant ta grand-mère elle appartenait à ton arrière-grand-mère Helga ! Je pense qu'elles doivent toutes être contente si elle te voit !

-Du moment que les circonstances qui te poussent à la mettre ne finissent pas en drame, mini Jolie-cœur, minauda soudain Ylva alors que son regard se perdit dans le flou.

Frissonnant désagréablement en entendant ses propos, je préférais me concentrer sur le port charmant que le vêtement rendait sur Elsa. Elle fit une légère grimace pour montrer son mécontentement et je reconnus que je me serais plus prêtée au jeu qu'elle en portant cette tenue singulière.

-N'ayez crainte Madame Nordlys, Kristoff et moi nous aimons de tous nos êtres...Il n'y aura aucun malheur...Je ne suis pas superstitieuse là-dessus...Néanmoins, je suis surprise que la robe m'aille aussi bien dans mon état, dit-elle simplement.

Enceinte de presque quatre mois maintenant ce n'était pas étonnant qu'elle se pose ce genre de questions. Mamie devait être bien en chaire quand elle était jeune.

-Oh ? Alors vous ne savez donc pas ? Gloussa à nouveau la doyenne sous les yeux offusqués de sa fille.

-Maman, il n'y a rien à dire ! La prévint-elle.

-Mais enfin ma Beauté ! Il faudrait peut-être qu'elles le sachent, objecta-t-elle.

-Ce que Grande Marraine essaye de vous dire, c'est que lorsque Maman s'est mariée dans cette tenue, elle était déjà enceinte de moi, murmura à son tour notre Mère, de six mois, je crois...Elle ne m'a pas beaucoup parlée de son passé non plus à vrai dire, alors je ne suis même pas sûre que cela soit vrai.

-Pourtant c'est le cas, petit Ange de l'Air ! S'exclama derechef Ylva.

Donc les bêtises de coucherie étaient bien de famille...Pensai-je avec malice. Maman termina de déposer à Elsa une couronne faite de longues tiges de feuilles parsemée de crocus sur sa tête. Malgré tout ce que ma soeur pouvait penser, elle était resplendissante.

-Vous êtes prête ? Demanda Honeymaren qui n'avait pas osé approcher.

Nous hochâmes la tête. La pisteuse nous emmena alors en dehors du camp et nous arrivâmes bientôt à une clairière bordée par des arbres. Le troupeau de rennes se trouvait au centre en demi-cercle. Les hommes étaient assis devant les animaux, seul Kristoff qui portait le même costume qu'Elsa mais au masculin se tenait au premier plan. Les femmes de la tribu embrassèrent ma sœur et rejoignirent les autres membres.

-Va auprès de Kristoff maintenant, murmurai-je en l'embrassant à mon tour. Tu es magnifique.

Ses yeux s'engorgèrent. Elle alla se mettre à côté de son amant qui lui lançait des milliers de regards amoureux. Son bonheur me fit oublier pendant un instant que Mamie n'était plus là. Le temps présent était parfait. Et je reconnus enfin la prairie. Chassant le souvenir du montagnard en train de me clamer sa quatrième demande en mariage dans mon futur qui n'existerait jamais, je m'avançai au rocher en forme de cœur et commençai enfin la cérémonie.

-Vous Lord Kristoff Bjorgman et vous Princesse Elsa d'Arendelle souhaitez-vous vous unir par les liens sacrés du mariage ? Questionnai-je.

-C'est exact ! Répondirent-ils en cœur en se serrant la main.

-Dans ce cas présentez vos coupoles sacrées ! Dis-je de façon professionnelle mais maladroite.

J'avais bien compris que Mamie les détestait si elles étaient mal utilisées. Mais pour l'heure, tout était différent. Honeymaren et Ryder se chargèrent de leur apporter. Le reste était à ma charge : Je devais les allumer avec la puissance de mon aura et d'une poudre de coquelicot. Durant mes entraînements cette partie avait été désastreuse et je soupçonnai que l'âme de mon aïeule ne m'aide pas. Hans était même arrivé une fois de justesse alors que j'avais commencé à brûler mes cheveux. Mais aujourd'hui il fallait que je réussisse. Pour ma soeur.

Je mis donc un peu de poudre à l'intérieur de la coupole et plaçai ma main au-dessus, m'éloignant assez vite quand je sentis la chaleur. Une flamme timide mais bien là apparut bientôt remplaçant les copeaux de feu du Muspelheim. Les premiers applaudissements fusèrent. Je ne les écoutais pas et me concentrai sur la coupole d'Elsa. Elle me donna plus de fil à retordre et je finis par comprendre la raison quand je vis les bouts de doigts gelés.

-C'est bien dommage que ma chère grande sœur soit partie avant de tout enseigner à son apprentie, lâcha bientôt Andréas sous le regard outré des autres. La flamme ne se trompe jamais! Peut-être ne sont-ils pas faits pour être ensemble, ces deux-là, après tout ?!

Je lui lançais un regard noir alors que Maman s'écria acerbe :

-Quand on aura besoin de toi et tes conseils désastreux on te rappellera, l'erreur de la famille Piceaerd ! Tu es très aimable avec ta future belle-fille ! Ça fait plaisir à voir !

-1 pour l'Ange de l'Air, 0 pour le Nattura, compta Ylva amusée.

-Hey là, doucement ma petite nièce, où est donc passé ton sens de l'humour ?! Rit-il nerveusement.

Ma mère lui dénicha alors un regard encore plus noir et répliqua :

-Pour toi il n'a jamais existé ! Espèce de pièce rapportée sortie d'où ne sait où ! Qui a été une vraie calamitée pour ma grand-mère aux Terres Gelées avant de t'incruster chez mes autres grands-parents ! Tu m'entends Andréas ! Tu n'es rien pour moi à part un être vicieux.

-Nous disions donc 2 pour l'Ange de l'Air et 0 pour le Nattura, répéta Madame Nordlys alors que Yélana lui fila un coup de coude.

Loin d'être offusqué, notre grand-oncle la regarda prêt à la titiller de plus belle et minauda :

-Tiens...Tiens...Petite Iduna...Mais c'est fou comme tu ressembles à ton...

-Bon Andréas, fermez-là et laissez la VRAIE chamane faire son rôle, renchérit Papa sous le regard choqué de la foule générale.

-Retournement de situation, le moustachu d'Arendelle entre en course...Ce qui lui vaut 1 point aussi...Toujours 0 pour ce misérable Nattura.

-Pardon...Oui célébrons le mariage de mon fils et sa sublime femme ! Conclut-il.

Focalisée sur leur disputes comme le reste des Northuldra, j'avais presque oublié que c'était moi la maîtresse de cérémonie. Je revins alors rapidement à l'instant présent et pressai la main de ma sœur en murmurant :

-Détends-toi. Tout va bien. Tu es là avec l'homme que tu aimes comme tu l'as rêvée.

Je lui réchauffai les mains et recommençai l'exercice sous les regards impatients des spectateurs.

-Cela dit ça commence à être long...Pourquoi ne pas faire venir votre lézard de feu qu'on en finisse ! Grinça à son tour Papa avec impatience.

Indignée, Maman lui pinça immédiatement la cuisse. Il fallut encore deux longues minutes avant qu'une flamme se produise enfin. Les applaudissements de soulagement fusèrent

-Unissez vos deux feux sacrés pour qu'ils ne fassent plus qu'un et vous apportent la joie et la prospérité dans votre foyer ! M'exclamai-je en essuyant les gouttes de sueurs qui perlaient au creux de mon front.

Les coupoles furent ensuite embarquées par Ryder sous le regard outré de Yélana car dans un mariage traditionnel c'était aux mariés de s'en occuper. Mais notre couple d'amoureux s'en ficha et préféra gagner du temps en échangeant alors leurs vœux sous nos mines larmoyantes. Si on m'avait dit un jour que je marierai ma sœur à mon éventuel amant je ne l'aurais jamais cru. Mais nous n'y étions plus. Je ne regrettai rien. Ils échangèrent enfin leurs alliances.

-Je vous déclare enfin Mari et Femme. Vous pouvez vous embrassez ! M'écriai-je.

Les deux amants s'en donnèrent à cœur joie, tandis que j'observai mon mari dans la foule. Et je souris enfin en remerciant mon aïeule.

****

-Etes-vous bien installée Madame d'Arendelle ? Demanda mon mari avec précaution.

Nous nous étalâmes sur la couche en peau de rennes tandis que les étoiles brillaient au-dessus de nous.

-Je n'ai jamais eu un confort aussi apaisant Monsieur d'Arendelle, soufflai-je en le forçant à pencher sa tête pour que je puisse l'embrasser.

Kristoff était mon mari ! Enfin ! Je peinais encore à y croire et m'étais pincée depuis ce matin pour ne pas me réveiller trop brutalement. Avec douceur, il agrippa ma main et la caressa longuement avant que nous nous recroquevillons l'un contre l'autre.

-Quelqu'un sait où nous sommes ? Questionnai-je à mon tour.

-Oh...Connaissant les penchants pour les dessins de Madame Nordlys, je ne parierai pas ma fortune qu'elle doit être dans les parages à attendre que je te dénude ma Déesse, répondit-il en me déposant déjà des baisers dans le cou.

Bien que gênée, je gloussai une bonne fois pour toute en balayant l'image d'Ylva en train de nous scruter avidement avec ses jumelles et me concentrai plutôt sur mon charmant mari qui avait déjà ses grandes mains à la conquête de mon corset à délacer. Surprise, je sentis soudain un coup de pieds de la part de notre fils et murmurai :

-Je crois qu'Olaf veut que nous soyons sages ce soir finalement...

-N'es-tu pas certaine que ce soit l'inverse...Qu'au contraire, il nous invite à honorer cette nouvelle union ? Renchérit-il, joyeux.

-Hum...Peut-être bien, susurrai-je en lui plaquant mes deux mains glacées sur les fesses pour les rendre plus fermes.

Mon beau montagnard poussa tout de suite un petit cri mais se prit au jeu en me débarrassant enfin de la robe avant de passer sa bouche sur mon corset.

-Ma chère reine des neiges...Je t'aime, chuchota-t-il en se débrouillant pour lâcher du leste au fil qui tenait mes seins prisonniers.

Agile, je m'occupai bientôt de son pantalon rapiécé et l'expédiai assez loin avant de subitement le plaquer sur la couverture pour pouvoir le contrôler.

-Oh...Ma Elsa...Souffla-t-il, il...Il y a triche...

-Aucunement, minaudai-je en baissant enfin son frac pour me retrouver face à sa virilité.

Ne réfléchissant pas plus, je me penchai à mon tour pour l'effleurer de mes lèvres. Puis je me fondais tout de suite dans son être.

-Oh...Bon sang...Murmurèrent nos voix à l'unisson.

Incontrôlable, Kristoff se fit plus sauvage et m'arracha presque mon sous-vêtement pour exposer mes seins gonflés à l'air libre. Il les caressa longtemps...Evitant d'être trop brute pour ne pas me faire mal à cette zone sensible depuis plusieurs mois maintenant. Les yeux mi-clos, j'enchainais les mouvements dans une lenteur plaisante, n'en finissant plus de ressentir les frissons de plaisir au contact de ses doigts qui s'attardaient sur mes mamelons et mes aréoles.

-Kris...Kristoff...C'est...Divin...Lâchai-je complètement en extase.

-C'est...Toi...Qui l'es...Ma Déesse...Susurra-t-il en poussant ses grognements gutturaux.

Oubliant toute moralité, j'eus alors envie de l'embrasser avec force mais je fus rapidement bloquée par la présence de notre fils à travers le ventre. Légèrement frustrée, je ne laissais pas passer l'occasion et me mis bientôt à mi-genoux alors que mon mari réussit à nous remettre en mouvement. Dos à moi, nos langues réussirent à s'atteindre alors que ses mains s'agrippèrent cette fois à mes fesses pendant que j'avais les miennes pliées en l'air pour maintenir l'équilibre.

-Mes aïeux...Kristoff...Encore...Encore...Encore... Susurrai-je.

-Oh oui Elsa...Elsa...El...Sa...Conclut-il alors que je me bloquais enfin de bonheur à la dernière syllabe.

Reprenant doucement nos souffles, nous crûmes entendre un petit rire dans les buissons qui se trouvaient non loin de notre coin de paradis et nous nous sourîmes avec force avec la même idée en tête...

****

Un mois s'était passé depuis l'enterrement et je demeurais face à la tombe de ma grand-mère que j'avais bien du mal à laisser.

-Je viens te dire au revoir Mamie. Je ne vais pas pouvoir te rendre visite pendant une quinzaine de jours car nous devons nous rendre aux îles du Sud. Tu sais... Ça me fait beaucoup de mal de ne pas réussir à t'atteindre par rêve mais il faut croire que c'est mieux pour ma précieuse Helga. Veille bien sur Elsa et Kristoff en mon absence. Je dois y aller ! Je t'aime fort. A bientôt, déclarai-je.

-Anna tu es prête ? Demanda Hans.

Je me détachai de la relique pour me tourner vers lui et hochai la tête. Et dire que je ne m'étais pas encore décidée à la rendre aux Northuldra.

-Dans ce cas, Papa et Maman nous attendent sur le bateau, dit-il encore.

-D'accord. Je te rejoins dans pas longtemps, je vais aller dire au revoir à ma soeur et son mari ! M'exclamai-je.

-Parfait ma chérie. Fais-vite...Je me languis de toi et notre Petite Gaga, minauda-t-il.

Il m'embrassa plus langoureusement que je ne l'aurais voulu devant notre Grand-mère et s'en alla. J'en profitai pour déposer un baiser sur le cercueil de verre et retournai dans la cour du château. Elsa était là et semblait m'attendre comme si nous étions connectées.

-Ah te voilà ! Dit-elle en m'enlaçant fortement comme nous le pouvions avec nos ventres ronds, je croyais que tu allais partir sans me dire au revoir.

-Elsa... Nous parlons de moi tout de même, plaisantai-je.

-Oui c'est vrai...Murmura-t-elle, pensive.

Elle inspecta alors la cour du château et reprit bientôt d'une voix sereine :

-Je me sens prête à veiller sur Arendelle.

Soulagée par cette information, je battis des mains, toute heureuse et répliquai :

-C'est parfait...Dans ce cas...Je voulais te donner quelque chose.

Je sortis une lettre que je lui avais écrite il y a quelques jours. Elle comportait plusieurs explications : Pourquoi j'avais essayé de conquérir Kristoff. Les différentes erreurs que j'avais tenté de rétablir à cause du rêve prémonitoire. Bien évidemment, le rêve prémonitoire en lui-même et mon regard par rapport à Hans qui s'est amélioré au fil du temps...

-Une lettre ? S'étonna Elsa, évinçant mes pensées.

-Oui, dis-je. Surtout lis-là bien que lorsque je serai partie. Je te l'ai écrite au cas où je ne reviendrai pas. Après tout, mes anciens beaux parents ont été victimes de la mer.

-Allons Anna ne dis pas de sottises, Père et Mère ont fait beaucoup de voyages et en sont toujours revenus, me rassura-t-elle.

-Oui, oui je sais ! M'exclamai-je, mais dans le doute, je préfère faire mon testament.

Ma sœur rit nerveusement et mis l'écrit dans la poche de sa robe. Elle m'enlaça une dernière fois et conclut :

-A bientôt petite sœur.

-A bientôt grande sœur, tu es la meilleure ! Assurai-je.

Nous nous embrassâmes et je la laissai partir. Je regardai longuement la cour et le château et retournai enfin sur le port. Le bateau était là, luisant avec l'éclat du soleil. Les marins s'activaient. Ils me dressèrent la rampe pour que je puisse monter.

-Vous pouvez y aller Princesse Anna ! S'exclama le capitaine.

Prudente, Je respirai un grand coup et gravis le ponton avec prestance tout en murmurant pour moi-même :

-Très bien... Allons-y dans ce cas.

****

-Tu comptes vraiment ne pas ouvrir cette lettre tout de suite ? Demanda Kristoff pour la cinquième fois.

Agacée, j'avais compris depuis longtemps que c'était lui qui en avais le plus envie de nous deux, aussi je lui lançais tout de suite un regard noir tandis qu'il prit un regard innocent :

-Quoi ?! Tu ne veux pas connaître la nouvelle fabulation de ta sœur ? Se moqua-t-il, gentiment.

Il n'avait pas complètement tort. Qu'est-ce qu'Anna avait encore pu inventer ? Prenant soudain cela comme un jeu, je grommelai alors :

-Ok ! Ok ! Je veux bien accéder à ta demande ! Mais à une condition !

-Tout ce que tu veux ma Déesse ! S'écria-t-il.

-Que tu arrêtes de sauter dans tous les sens comme un enfant de huit ans, me fâchai-je.

-Oh si ce n'est que ça...Déclara-t-il, j'en suis tout à fait capable !

Sans attendre, il vint s'installer sur le lit à côté de moi et m'encouragea avec impatience. Respirant avec force car j'avais l'impression de trahir ma cadette en ne respectant pas sa demande, j'espérais de tout cœur qu'elle me pardonne avant de décacheter le sceau en cire rouge du crocus. La jolie écriture serrée et ronde d'Anna m'agressa bientôt et je réalisais que cela allait être tellement long de tout lire à haute voix.

Etonnée, j'aperçus bientôt des lettres déformées par rapport aux autres. Anna avait-elle...Pleuré en écrivant ?! Passant ma main avec avidité sur le papier granuleux, je décidais aussitôt de tester la tactique des souvenirs figées et alliai bientôt mon pouvoir au reste d'eau imprégné.

Très vite, sous le regard émerveillé de mon mari, cela sembla fonctionner et plusieurs scènes gelées se matérialisèrent dans la chambre.

-Prodigieux ma déesse ! Comme toujours ! Dit-il en m'embrassant.

Mais je ne l'écoutais plus...Médusée par un des souvenirs qui avait attiré mon intention. Anna et Kristoff dans une séance charnelle prometteuse contre un mur...Il y avait également un baiser d'eux devant un traineau flamboyant et encore un après une demande en mariage. Mon souffle se coupa et je n'arrivais pas à masquer mes larmes.

-Mais non...Ce...Ce n'est pas possible...Elle avait raison...Murmurai-je en lâchant la lettre.

Mon mari aperçut enfin mon trouble. Ne cherchant pas plus, il m'apaisa tout de suite et déclara :

-Voici une nouvelle preuve que ta sœur ne va pas bien...Mais il n'y a rien eu de plus que ce baiser malencontreux entre nous, je te jure ma Déesse.

-Non Kristoff...Non...Tu ne comprends pas...Les souvenirs figés sont authentiques...Ils ne mentent pas, soufflai-je péniblement, ceux-là...Ils...Ils montrent l'avenir...

-Mais non ! Elsa regarde-moi ! Je n'aime que toi ! Tu m'entends ! Que toi ! Dit-il violemment en me prenant mon menton en coupe.

Il m'embrassa tendrement, se fichant des larmes salées qui glissaient dans nos bouches. Résolu, il agrippa très vite son piolet et se rua sur tous les souvenirs figées qu'il détruisit avidement. Le visage rougi et en colère, il se tourna ensuite vers moi et me rassura encore et encore tandis que le doute était désormais trop présent dans mon esprit pour que je sois pleinement sereine... 

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