Retour vers le passé : Croqué...

By Ansa2217

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Anna la princesse d'Arendelle, fait un mystérieux rêve et se réveille juste avant que ses parents ne partent... More

Chapitre 1 : Rétrospection :
Chapitre 2 : Réveillée :
Chapitre 3 : Discussions :
Chapitre 4 : Retrouvailles et Marivaudage :
Chapitre 5 : Le jeu de l'amour et du hasard :
Chapitre 6 : Huis-Clos :
Chapitre 7 : Le fils prodige :
Chapitre 8 : En quête des Northuldra (partie 1) :
Chapitre 9 : En quête des Northuldra (partie 2) :
Chapitre 10 : Révélations :
Chapitre 11 : La pièce secrète :
Chapitre 12 : Le retour du roi :
Chapitre 13 : Nos mains :
Chapitre 14 : Pour moi (presque) rien ne change :
Chapitre 15 : Les caprices d'Anna :
Chapitre 16 : Le bel âge :
Chapitre 17 : Les interdits :
Chapitre 18 : Coup de « grâce » :
Chapitre 19 : Les malheureux :
Chapitre 20 : 28 avril 1841 :
Chapitre 21 : Le plan des Picéaerd :
Chapitre 23 : La vie continue :
Chapitre 24 : Chez le roi Karl :
Chapitre dernier : Le passé reste au fond des cœurs :
Chapitre bonus 1 : Ta main :
Chapitre bonus 2 : La vengeance :

Chapitre 22 : Donnez-moi la passion :

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By Ansa2217

-Tout va bien mon bébé...Papy ne voudra plus jamais te nuire à partir de maintenant, c'est promis, murmurai-je à mon précieux Olaf tout en ne me lassant pas de caresser mon ventre pour m'assurer que nous avions bien échappé à l'horreur.

J'avais beau être dans ma chambre loin de Kristoff pour la toute première fois, je me sentis plus apaisée. C'était contre mes principes bien sûr, mais j'avais le sentiment que désormais tout irait dans le bon sens. Et ce n'est pas l'arrivée de Maman et Papa à cette heure pourtant tardive qui me fit changer d'avis.

Très sereine, je réussis à me rehausser sur le lit pour être en position assise et demandai naturellement :

-Qu'y a-t-il ?

Bien que toujours fâchés, leur yeux se connectèrent immédiatement et Papa hocha la tête pour faire signe à Maman de commencer. Heureuse, elle déclara alors d'une voix franche :

-Ma Floconnette, ton père et moi avons pris une décision...Voilà...Comme il l'a si bien dit quand nous étions sur le retour d'Arnevik, tout à l'heure, nous allons nous rendre aux îles du Sud d'ici deux mois avec Anna et Hans tandis que Kristoff et toi resterez sur place en Arendelle...

-...Uniquement s'il continue d'être efficace et repenti dans son nouveau métier, précisa Papa.

-Evidemment Agnarr, mais il n' y a pas de raison...Bon...Tout ce qu'il faut que tu saches ma chérie c'est que ton père et moi avons pris une grande décision avant notre départ et elle aura des conséquences !

-Ah bon ? Laquelle ? Questionnai-je en étant soudain plus sûre de rien.

Laissant encore un peu de suspense, Maman finit par déclarer :

-Eh bien voilà...Puisque Kristoff et toi seraient les régents en attendant notre retour, il est important aux yeux du peuple que vous soyez bien unis...Aussi nous avons vu avec ta grand-mère et Tantine pour que vous puissiez vous marier d'ici la fin du mois.

Il me fallut un temps avant de comprendre le sens de ses paroles mais une fois que cela fut fait, un immense sourire s'élargit sur mon visage.

-Pour de vrai ? Vous pensez vraiment ce que vous dîtes ?! L'interrogeai-je comme si la scène se déroulait dans un rêve.

-Nous ne sommes on ne peut plus dans la vérité ma Floconnette ! Assura Maman avec un sourire.

-Nous te devons bien cela, répliqua Papa d'une voix bourrue, tu nous as prouvé à tous les deux que tu savais maîtriser ton pouvoir ! Et ton rôle de cinquième esprit et tout autant important...Bref tu as excellé et extrêmement progressé au niveau responsabilité !

De plus en plus ému, je ne cherchai toutefois pas plus longtemps avant de les enlacer chacun.

-Merci ! Merci ! Merci ! Clamai-je tout en ayant du mal à retenir ma neige.

Guère surpris, ils m'enlacèrent à leur tour et je fis la fille sage le temps qu'ils m'expliquent les procédures à suivre. Puis ils s'en allèrent. Surexcitée, je ne me retins plus et envoyai des feux d'artifice de glace avant de reprendre à l'adresse de mon ventre :

-Papa et Maman seront bientôt réunis mon amour ! Bon maintenant ! Sois sage ! Il faut que je prévienne Tatie et Tonton de cette incroyable nouvelle...

***

Le reste de la journée se déroula très vite. La brèche de bonheur continua jusqu'au soir. J'eus un petit goût amer quand Mamie retourna chez elle, comme à chaque fois qu'elle partait mais je savais que nous arriverions très vite à ma leçon de chamanisme hebdomadaire et encore plus cette semaine puisqu'elle tombait demain. Juste avant de nous coucher, je racontai à Hans ce qui s'était passé à Arnevik. Il me serra de plus en plus fort au fur et à mesure que je rentrais dans l'histoire.

-Finalement, sans s'en rendre compte, mes vrais parents auront au moins fait quelque chose de bien pour leur petite fille ! Chuchota-t-il en m'embrassant le ventre.

-C'est sûr que vu comme cela...Oui...On puit dire ça...Mais je doute que c'eût été volontaire de leur part et qu'ils auraient donné leur vie pour notre petite Gaga ! Objectai-je.

-Petite Gaga ? Souleva-t-il amusé, cela va-t-il devenir son surnom officiel ?

-Je pense...Tu sais ! C'est à force d'entendre Ylva appeler notre arrière-grand-mère la « Grosse Gaga » comme la nôtre est encore toute minuscule, je trouvais cela plutôt mignon et tout autant affectueux...Mais si tu ne veux pas...Chuchotai-je.

-...Petite Gaga c'est parfait...Me coupa-t-il en m'embrassant le cou.

Ravie, je trouvais bientôt le chemin de sa bouche et nous nous donnâmes un baiser qui marquait définitivement la fin de notre dispute. Après quelques secondes d'étreinte plaisante, il reprit d'une voix plus pragmatique :

-Tu sais...Je ne suis pas si attristé par la mort de mes parents...C'est un juste retour à la nature...

Je revis alors l'extrait de mon rêve où Papa et Maman s'accrochaient aux vagues trop hautes et mes poils se dressèrent. Je restai toutefois confiante. Dans cette réalité-là, ce n'était pas ma famille qui y était passée. Nous n'aurions donc aucun problème en allant aux Iles du Sud. Sereine, j'essayai de m'en persuader mais mes sentiments étaient entremêlés par trop d'informations. Pour éviter de faire monter une légère angoisse, je demandai alors à mon mari:

-Comment est Karl ? Est-il aussi désagréable que tes parents ?

Hans perdit immédiatement son sourire. Il se ferma tout de suite alors que j'insistai :

-Pardon mon amour, mais je préfère me préparer à l'avance, tu comprends ? insistai-je.

Toujours sans réponse orale, il m'embrassa, tendrement.

-Oui...Bien sûr que je comprends ma chérie, répondit-il. Eh bien à vrai dire, pour être honnête je suis incapable de te répondre. Aucun de nous treize n'avons été élevés ensemble. Dès notre plus jeune âge nos parents nous ont séparés et nous ont inculqués la haine des uns, des autres. Nous étions des étrangers pour chacun.

Ses paupières s'abattirent soudain tandis qu'il devint pâle.

-Je suis désolée, compatis-je... C'est horrible... Et crois-moi je suis bien placée pour savoir ce que ça fait de grandir seule !

Je m'imaginais aussitôt ennemie d'Elsa et un malaise insoutenable me broya le ventre. Face à ce silence persistant, ce fut finalement mon mari qui reprit quelques secondes plus tard :

-Comme tu t'en doutes, je ne portais pas mes parents dans mon cœur...Mais ça me fait quand même quelque chose qu'ils soient partis...Un peu comme une sorte de vide et l'idée de me dire que mes frères et moi n'avons plus personne au-dessus de nous...C'est plus perturbant qu'autre chose...Je n'ai que dix-huit ans bon sang !

-Et ton plus vieux frère Karl en a presque vingt-six c'est tout aussi jeune...Enfin...Ce n'est pas ce que je voulais dire...Je pense que c'est normal que tu te sentes comme ça, murmurai-je, après tout, tu les as quand même côtoyés pendant dix-sept ans.

-Il faut profiter au maximum d'être avec les gens qu'on aime, songea-t-il pour lui-même en me tenant fermement contre lui.

-C'est indéniable...Susurrai-je, troublée par cette phrase comme si elle m'était clairement adressée, d'ailleurs à propos de gens que j'aime monsieur Westergaard, il vaudrait mieux que nous dormions pour que je puisse être en forme pour ma leçon de chamanisme avec NOTRE Grand-mère.

Hans sourit face à mon accentuation. Je lui embrassai la joue tandis qu'il dévia sa bouche avec tendresse vers la mienne. Notre respiration se saccada alors que nos mains se posèrent d'elles-mêmes derrière nos nuques. Nous semblions bien partis pour aller plus loin qu'un baiser enivrant quand nous entendîmes soudain un raclement de gorge se propager à travers la pièce.

Elsa qui était restée dans l'ombre apparut alors nous faisant reculer de gêne :

-Ça fait longtemps que tu es là ? Demandai-je tandis que mes joues se chauffèrent.

-Non, je viens d'entrer à l'instant, dit-elle amusée, très honnêtement je craignais de tomber sur autre chose à cette heure tardive.

-Ce n'est pas comme si tu ne nous avais pas déjà vus nus, commençai-je.

Avant d'être coupée par Hans, rouge écrevisse :

-Que nous vaut une visite de notre chère sœur en cette heure ?

-Promis, je ne vous dérange pas trop ! S'excusa-t-elle excitée, mais du coup Anna est-ce que tu peux faire un voyage astral pour dire à Kristoff que le plan a marché et que tout va bien pour Olaf et moi ?

-Bien entendu, répliquai-je gloussant légèrement en pensant au bonhomme de neige qu'elle avait créé et qui portait également ce prénom dans le futur que j'avais vu, je comptais m'y rendre, tu pouvais rester tranquillement dans ta chambre.

-Eh bien en réalité, il y a une autre chose importante que tu dois lui transmettre ! Ajouta-t-elle, les joues cette fois en feu, Voilà ! Papa et Maman m'ont fait part tout à l'heure qu'avant votre départ pour les Iles du Sud, Kristoff et moi pourrons nous marier !

Je faillis m'étrangler de surprise. Mais finalement cela ne me fit pas aussi mal que j'aurais pu le croire. Il était inutile de chercher pourquoi. La réponse était dans mon lit...Dans mon bas ventre et je souris bêtement comme une amoureuse passionnée en regardant mon mari. Puis je me tournai à nouveau vers ma sœur.

-Grâce à Maman et Mamie je suppose ? Finis-je par demander en m'accrochant à lui.

-En grande partie oui, répondit ma sœur en retrouvant son sérieux, mais pas seulement, Papa était tellement heureux par la nouvelle du bébé que Maman a sauté sur l'occasion pour lui imposer ça. Bon, il a été assez réticent au départ jusqu'à ce que notre aïeule lui explique que comme Kristoff était Northuldra et qu'il a été élevé par des trolls, la cérémonie serait simple et secrète. Comme ça Arendelle n'en saura rien. Papa s'est alors détendu et a donné sa bénédiction. Oh Anna ! Je suis si heureuse ! Clama-t-elle.

Dans un élan d'excitation elle me prit dans ses bras, me transmettant sa joie. Emue, également, je lui réchauffai fort le dos par une accolade et m'écriai à mon tour :

-C'est merveilleux Elsa ! Vraiment... Je suis très contente pour toi...Enfin pour vous !

Elle n'en fut que plus satisfaite et continua de chuchoter :

-Maman aurait même voulu qu'on l'avance à cause des grossesses mais étant donné que Papa croit que Kristoff est à El Rédor ce n'était pas possible... Mais peu importe, le plus important c'est que tout soit finalement rentré dans l'ordre.

J'approuvais sa dernière phrase et me raccrochai à nouveau à mon propre mari jusqu'à défaillir.

-Bon...Je vous laisse à vos occupations ! Conclut-elle, toute heureuse, non sans une quelconque envie ! N'oublie pas le voyage astral Anna, Bonne nuit !

-Promis ! Ris-je, bonne nuit.

Ma chère reine des neiges repartit alors d'un pas plus léger tandis qu'Hans répliqua tout de suite dans un murmure :

-Puisque nous avons la bénédiction de notre sœur... Alors où en étions-nous Madame Westergaard ?

Ne prenant pas la peine de répondre, je jouais les entremetteuses et l'embrassai fermement dans les cheveux, la bouche et le cou avant de défaire bientôt ma nuisette, laissant exposer mes seins et ma féminité à sa vue désirable...Pas en reste, il se dévêtit à son tour et je louchai avec envie sur son torse musclé et sa virilité éveillée. Totalement ouverts à un nouvelle échange de corps avec lui, nous nous donnâmes rapidement le change tandis que la suite se fit naturellement. Apaisés, nous nous endormîmes tout de suite après et mon voyage astral se fit sans encombre.

Kristoff fut moins enthousiaste qu'Elsa, se contentant de prendre la proposition de mes parents avec un flegme rationnel.

-Vous savez Anna...Il vaut mieux que je me protège pour ne plus avoir mal...Aussi je serai vraiment joyeux quand je tiendrai ma femme et mon fils dans mes bras...Et si véritable mariage il y a, alors je serai le plus heureux des hommes et mon extase n'en sera que plus décuplé ! M'avoua-t-il.

-Je comprends votre point de vue, déclarai-je, soyez confiant, je n'irais pas jusqu'à dire que mon Père s'est racheté mais il semble un peu plus accepté la situation...Cette désastreuse après-midi l'a fait réfléchir, croyez-moi !

-C'est certain, dit le montagnard de marbre, merci Anna. Merci de continuer à veiller sur ce que j'ai de plus précieux avec Sven.

-Je vous en prie. Je ne peux pas être complètement heureuse si Elsa ne l'est pas ! Admis-je.

Il approuva et je le quittai ensuite armée de sa lettre amoureuse, destinée à ma sœur. Déterminée, je m'attendais à me réveiller avec beaucoup de fatigue comme cela était le cas après chaque rendez-vous avec l'inconscient. Mais il n'en fut rien. Au lieu de cela, je me retrouvai bientôt dans un arbre géant qui m'amena jusqu'à un plateau bleuté où se trouvaient... Le roi Aren et sa femme. Ils se tenaient au centre de la végétation et me faisaient de grands coucous.

-Princesse Anna ! Vous ici ?! Ce n'est pas ce qui était prévu...Mais je sens à votre aura qu'il n'y a rien de trop grave...Alors ?! Comment se porte Arendelle ? Demanda le souverain.

-A merveille ! Le peuple dont est issue ma Mère nous a aidé à lui redonner vie, expliquai-je brièvement, ne me sentant pas d'entrer en détails dans le reste des évènements qui étaient survenus durant les semaines qui avaient suivi.

-J'ai toujours aimé les Northuldra...Ils ont tellement fait pour moi de mon vivant...Mais c'est une autre histoire ! Clama-t-il avec malice.

-Décidément...Vous avez tous l'air d'avoir un passé exceptionnel ! M'exclamai-je un peu envieuse, ne voyant pas très bien ce que je pouvais rajouter de plus.

J'étais même assez surprise qu'il connaisse aussi bien les habitants de la Forêt Enchantée. Ne me laissant pas plus le temps d'y penser, il ajouta :

-D'ailleurs, à propos de Northuldra, nous connaissons une personne de ce peuple qui est parmi nous depuis des années et qui ne veut pas aller dans l'Hellheilm...Un certain Elysia... Très tenace et têtu, il n'en démord pas, il attend sa femme ! Cela vous dit quelque chose, peut-être ?!

-Euh... Eh bien... C'est mon grand-père, bredouillai-je car techniquement je le connaissais que de nom au travers des récits que Mamie et Ylva avaient bien voulu m'en dire.

-Aren appelle-le ! Il va pouvoir lui faire coucou ! S'enquit sa femme Kirsten.

Alors sous les yeux surpris le premier roi du royaume reproduisit un sifflement significatif aux morts. Une boule transparente apparut à son tour sur le plateau et se matérialisa en un homme d'une vingtaine d'années. Il avait des cheveux longs très clairs retenus par une demi-queue qui me fit fortement penser au chef Northuldra décédé. Ses yeux étaient bleus, intenses. Son expression de surprise me rappela celle de Maman. On ne pouvait pas se tromper sur sa paternité.

-Bonjour Aren...Que se passe-t-il ? Demanda-t-il, Se pourrait-il que ma Anna d'amour...

Il ne termina pas sa phrase en remarquant enfin ma présence. Intrigué, il me dévisagea avec un air d'étonnement et ajouta :

-Oh ma Anna ?! Tu as retrouvé ta jeunesse ?! ? Es-tu en voyage astral alors que je t'avais interdit de venir ? Et tu ne m'as pas mis au courant ?! Oh-oh ! J'en connais une qui va recevoir une sacrée correction !

Il clama cette dernière phrase avec un clin d'œil coquin et je me sentis devenir cramoisie.

-Euh...Non...Très touchée par cette proposition mais je ne suis pas preneuse...Enfin qu'est-ce que je raconte bon sang ?! Ce n'est pas vraiment ce que tu crois...Voilà...Je sais plus où j'en suis moi...Ah oui ! Bonjour Grand-père, je suis Anna ta petite fille ! M'écriai-je un peu gênée.

Le mari de Mamie eut un sursaut avant de me détailler à la fois de manière curieuse et angoissée.

-Anna ? Ma petite fille ? Répéta-t-il, mais non...c'est ma femme chérie qui s'appelle ainsi...

-Oh...Euh...Oui c'est vrai...J'ai oublié de te préciser...Ma Maman, Iduna Piceaerd...m'a donné son nom et ma sœur s'appelle Elsa en ton honneur, le coupai-je.

Mais Papy, décomposé par ma réponse ne m'écoutait pas, trop dépassé par la situation. Les yeux terrifiés, il demanda soudain d'une voix paniquée :

-Aren ? Que se passe-t-il ? Est-elle décédée ?!

Je ne laissai pas le temps au roi de répliquer à ma place et prit les mains de mon aïeul en rétorquant :

-Non, Papy ! Répliquai-je, non rien de tout ça ! Mamie Anna m'a transmis le chamanisme alors du coup je peux faire des voyages astraux comme elle... C'est moi qui ai repris le flambeau à la place de Maman qui était ravie de voir que j'étais plus assidue qu'elle !

-Quoi ?! Non de non ! Voyage astral ou pas, il faut que tu t'en ailles ! Tu n'as rien à faire là ! Ce n'est pas bon de rester dans le monde des morts quand ce n'est pas ton heure ! Me gronda-t-il.

-Mais j'ai cru comprendre que Mamie venait quelquefois te voir, elle, après elle le raconte à Ylva et Yélana, dis-je soudain très pâle.

-Oui et je lui ai formellement interdit de remettre les pieds-là tant qu'elle ne sera pas morte mais comme tu dis, elle doit être encouragée par Marraine et notre meilleure amie...Enfin non ! Il ne faut pas ! Je l'ai attendu pendant tout ce temps et je n'hésiterai pas à l'attendre encore mille ans s'il le fallait ! Non il ne faut pas qu'elle revienne ! Tout comme toi tu n'as rien à faire là ! Allez zou maintenant ! Déblatéra-t-il en me fixant avec dureté.

Je m'attristai immédiatement. Pour une première impression ce n'était pas très réussi...Aren qui vit ma tête embarrassée rétorqua tout de suite :

-Voyons Elysia...Tu charries un peu...Ce n'est pas un drame si elle reste quelques minutes...Embrasse-là donc au lieu d'être bougon ! Ça lui fera une jolie chose à raconter à ta femme et ta tante !

Se rappelant subitement ce minuscule détail, mon grand-père se radoucit un peu et s'approcha alors de moi avant de m'enlacer fermement. Il me déposa ensuite un baiser respectueux sur le front puis m'inspecta de la tête aux pieds et me soutenant les épaules.

-Enfin quelqu'un de la famille qui a hérité des beaux cheveux de ma Anna d'amour, sourit-il. Tu es aussi belle qu'elle et notre Ange de l'Air !

Je rougis légèrement et chuchotai :

-Euh...Merci...C'est fou ce qu'Elsa a également tes traits fins et gracieux Papy...Je comprends pourquoi ça fait bizarre à tout le monde quand ils me voient et qu'ils ont l'impression de voir Mamie.

Il acquiesça avec compatissance et me tapoter le dos avant de m'encourager :

-Allez ! Vas à présent !

J'étais sur le point de m'exécuter quand il me stoppa à la dernière minute en ajoutant :

-Oh ! Euh...Attends...Au point où nous en sommes...Tu...Tu transmettras ça à ta grand-mère de ma part.

Sans attendre, il déposa un rapide baiser glacé sur ma joue transparente alors que je conclus amusée :

-Promis, je lui passerai le message.

Satisfait, je les saluais tous ensuite avant de repartir vers d'autres rêves moins intenses...

-Debout marmotte ! Dit Hans en guise de « bonjour » plusieurs heures plus tard.

-Deeeebouuuut, répétai-je la voix pâteuse.

-J'en connais une qui va louper son entraînement de chamanisme... Continua mon mari avec malice.

-Chamaniiiismeee...Oh mes aïeux ! Je suis en retard ! Criai-je en ouvrant enfin mes deux billes sarcelles.

Mon mari rit et me canalisa tout de suite par les épaules en s'exclamant :

-Mais non ! Rassure-toi ma chérie ! Tout va bien, je te taquinai, tiens voilà le petit déjeuner que je t'ai préparé avec amour...Enfin...Qu'Olina s'est chargée de faire... Je te laisse tranquille, il faut que j'aille peaufiner mes leçons avec Papa, ne force pas trop avec Mamie pour le bien de notre petite Gaga. A tout à l'heure ! Je t'aime !

Il avait dit tout cela tellement vite que j'étais encore dans les nuages quand il m'enlaça et s'en alla. Surmontant une nouvelle nausée, j'avalai un copieux plat de Krumkakes accompagné d'un chocolat chaud. Puis je me vêtis de ma tunique Northuldra beige que Mamie m'avait confectionnée et portai mon écharpe bleue. Je terminai par mes tresses jumelles et allai enfin aux jardins où un géant de pierre m'attendait. Bien fatiguée, je me rassoupis tandis qu'il me conduisit jusqu'à la Forêt Enchantée si bien que ce furent ses grognements qui me réveillèrent de longues minutes plus tard.

-Merci ! Lui dis-je en titubant maladroitement jusqu'à la maison des berges.

J'y entrai enfin tandis que mon aïeule semblait m'attendre depuis des heures, toujours devant son éternelle marmite remplie de ragoût de rennes.

-Ah te voilà ma petite Piceaerd ! S'exclama-t-elle en se ruant vers moi pour me faire un câlin, je t'ai préparé un bol de lait de rennes et des biscuits ! Tu en rapporteras à ta mère et ta sœur. Il vous faut des forces pour faire grandir tous ces petits Picéaerd !

-Oh ! A parler ainsi on dirait ta mère ma Belle ! S'enquit alors Ylva qui venait d'entrer à son tour dans la pièce avec un air malicieux.

-Eh bien...Il faut bien que je lui ressemble...Je sors moi-même de son ventre après tout, nota-t-elle d'une voix espiègle, mais tu ne devrais pas être avec ta fille à l'heure qu'il est ?!

-Je puis le confirmer pour ma Grosse Gaga, même si je n'y avais pas assisté ! S'exclama-t-elle après avoir lancé un sourire songeur...Et si ! je retourne de ce pas voir ma Beauté ! Je passais juste pour faire un petit coucou à la relève très prometteuse de votre famille ! J'ai mon dernier essai historique sur la réconciliation entre les Northuldra et les Arendelliens, elle me l'a réclamée pour la fin du mois car elle croit que je vais mourir à chaque instant ! Hélas ! Ce n'est pas encore pour aujourd'hui que je retrouverai mes meilleures amies !

-Oui bah...Je vais aller la gronder pour avoir des pensées aussi noires ! Mais d'abord, je m'occupe de ma petite fille ! Souligna bientôt mon aïeule.

Indifférente à ces paroles, je n'osais pas dire à Mamie qu'avec le petit déjeuner que la cuisinière d'Arendelle m'avait concocté, je n'avais plus très faim et pris plutôt les victuailles avec politesse. Me rappelant alors de la promesse faite à mon grand-père, je rétorquai aussitôt la bouche pleine :

-Tu as le bonjour de Papy Elysia, je l'ai vu cette nuit, mais il ne voulait pas que je reste trop longtemps dans l'Helveg...Il paraît qu'il ne faut pas traîner dans le monde des morts !

-Oui, surtout enceinte...Mais attends ?! Quoi...Qu'est-ce que tu as dit ?! Tu as vu mon bel Elysia ?!...Non...Mais...Euh...Oh...Ce n'est pas possible...Tu...Tu l'as vraiment vu ? Demanda-t-elle en rougissant légèrement, qu'est-ce qu'il t'as dit de beau ?

Terminant ma dernière bouchée, je me frottai rapidement la bouche avant d'aller l'embrasser.

-Déjà il voulait que je te transmette ça, dis-je.

Ses joues chauffèrent à nouveau bien que je la sentais crispée. Je lui racontais ensuite les compliments que j'avais eu sur mes cheveux et ma beauté.

-C'était l'un des grands regrets de ton grand-père...Ne pas avoir eu de fille qui soit rousse, soupira-t-elle, même si nous étions très heureux de notre Ange de l'Air...S'il la voyait aujourd'hui...Il serait profondément fier de ce qu'elle est devenue... Mais peu importe, les voyages astraux font bien les choses car la leçon d'aujourd'hui va parler de l'instruction de la relation entre les morts et les vivants...Connais-tu le terme de psychographie ?

-Non, avouai-je excitée.

-Parfait ma petite Piceaerd ! Jubila-t-elle en tapant dans ses mains, dans ce cas commençons...

Sans même la laisser finir, Je me ruai sur la table et empoignai la plume à une vitesse folle avant qu'elle ne me stoppe. D'un air fâché, elle se posta aussitôt face à moi et me prévint d'une voix autoritaire :

-Rappelle-toi ! Vite et bien ne vont pas ensemble, il faut toujours être prudente. Nous allons commencer par allumer les bougies disposées dans la pièce et faire une prière !

Disciplinée car j'avais réellement envie d'apprendre, je m'occupai alors d'enflammer les tiges des quatre coins de la maison pendant que mon aïeule se chargea de l'incantation. Elle le faisait à voix haute pour une fois pour que toute la hutte en soit imprégnée. Une fois qu'elle estima que c'était correct, elle m'intima d'arrêter et dit ensuite :

-Reviens t'assoir à présent Anna.

Impatiente, je retournai sur ma chaise et m'assis en soutenant mon ventre. Attentive, je ne me lassais pas de l'écouter, m'apprendre les règles à suivre pour que l'exercice se fasse bien :

-Vois-tu, cet entraînement peut être très facile s'il est fait dans de bonnes conditions...Alors à partir de maintenant tu respires et tu te vides la tête....Puis il te faudra rester impassible et attendre...

-Si je comprends bien, il faut que j'applique le mantra de Papa, c'est ça ? Pas d'états d'âmes, pas d'émotions ! Demandai-je, soucieuse.

-C'est tout à fait ça ma petite Piceaerd...Donc une fois que tu n'as plus aucune image en tête il faut simplement attendre que le défunt se présente et prenne possession de ta main pour écrire...Fais très attention de ne pas t'interroger sur quoique ce soit que ce soient des questions personnelles ou publiques, cela ne sert à rien et peut être piégeant ! Renchérit-elle d'une voix vindicative.

-J'ai compris Mamie ! Je me contente juste de recevoir le mort et d'écrire...Pour leur servir de passerelle...J'ai tout bon ?! Demandai-je.

-Exactement Anna ! Cela fait partie de ton travail de chamane comme je te l'ai déjà appris...Toi et plus précisément pour cet exercice-là, ton écriture, insista-t-elle. Ne réclame personne, d'accord !? les défunts se manifesteront d'eux-mêmes ! Bien... Est-ce que tu es prête ?

Je respirai un grand coup, ne pensai plus à rien et agrippai enfin la plume. J'attendis dix minutes...Vingt minutes. Ma patience était mise à rudes épreuves. Mamie me fixait à l'affut du moindre signe. A bout de nerfs car je commençais à avoir la tête qui tournait, je finis par dire à voix haute :

-Ça n'a pas l'air de mar...

-Chut ! Me coupa-t-elle, sévèrement.

Puis elle se reprit et chuchota :

-Pardonne-moi ma petite Piceaerd... Je ne voulais pas te crier dessus...Ce que je voulais simplement te dire c'est que c'est normal que ça mette du temps. Mais fie-toi à ton aura ! Elle est bonne !

Sa phrase fut comme un mimétisme. Je sentis aussitôt un picotement dans mes doigts et la plume se mit à bouger. L'écriture était petite et serrée et je ne pris pas le temps de lire, me concentrant uniquement sur le mouvement de mon bras qui alla à la ligne plusieurs fois. Attentive, Mamie se pencha derrière-moi pour tester ma déstabilisation.

Mais je restée concentrée jusqu'au bout. Le stylo finit cependant par s'arrêter après ce qui me parut des heures. Je perdis alors toute mon énergie et m'écroulai contre la table.

Quand je repris connaissance, j'étais dans un lit. Mon aïeule était penchée au-dessus de moi et m'humidifiais le visage. Elle me murmurait la berceuse d'Ahtohallan tout en glissant son doigt contre mon nez comme le faisait Maman il y a des années de cela.

-Que s'est-il passé ? Questionnai-je.

-Tu t'es évanouie ma petite Piceaerd, dit-elle, je pense que tu as voulu trop utilisé tes chakras.

-Est-ce que mon bébé va bien ? Paniquai-je.

-Oui, aucun problème. Mais on ne va pas mettre sa vie plus en danger. Je ne voudrais pas être responsable d'une fausse couche même si un chamanisme n'en a jamais été la cause, répondit-elle alors que son regard se perdit soudain dans le flou.

Bien que ma langue brûlait d'envie d'obtenir plus d'informations, je préférai me concentrer sur le présent et baissai alors la tête honteuse en faisant le lien avec mon embryon. Oui...Ma petite Helga bien qu'étant à peine plus grosse qu'un grain de raisin, était en pleine forme.

-Tout va bien mon trésor, chuchotai-je, Maman est désolée d'avoir trop travaillé.

Plus calme, j'ajoutai alors à l'adresse de ma grand-mère qui attendait toujours en me regardant, attendrie :

-S'il te plaît ne parle pas de cet incident à Hans, j'ai promis que je ferai attention.

-Et c'est le cas Anna. Ne t'inquiète pas, tu n'as pas à culpabiliser, tu n'as rien fait de mal...Alors est-ce que tu veux voir ce qui a été produit ? Dit-elle plutôt pour me faire changer de sujet.

Je hochai la tête. Ravie, ma grand-mère déplia bientôt la feuille et me la donna. Je l'inspectai rapidement et déclarai embêtée :

-Euh...C'est normal que Je ne comprenne rien ? Que le mort qui a envoyé le message ne le prenne pas mal mais il ne savait pas écrire !

Cela la fit rire et elle rétorqua :

-C'est parce qu'il faut détacher chaque mot.

Elle s'appliqua alors à le faire et me tendit bientôt le papier si bien que je pus enfin déchiffrer :

« Merci Anna pour cette petite visite nocturne à ton aïeul. Veille bien sur ta Grand-Mère, ta Mère, ta sœur et Marraine Ylva comme je le fais de l'Helveg à présent.

Je vous embrasse avec beaucoup d'affection .

Elysia Sappos Piceaerd. »

-Oh Mamie ! Ça a marché ! Mais c'est incroyable ! M'exclamai-je.

-Oui ! S'exclama-elle, j'admire toujours autant comment tu es toujours mitigée par la fiabilité de ta pratique alors que tu as la possibilité de créer des merveilles...Mais enfin... Pour en revenir à cette expérience...Le but est que tu te rappelles qu'il faut rester distante avec ce genre de messages. Ils peuvent parfois être trompeurs...Rappelle-toi, les morts savent tout des vivants et certains en jouent pour de mauvaises raisons !

-Alors ce n'est pas sûr que ce soit Papy ? Demandai-je, inquiète à l'idée d'avoir fait une bourde.

-Non rien n'est jamais sûr...Même si là je reconnais bien son écriture, me sourit-elle.

-Pourquoi se prêter à cet exercice alors s'il est si dangereux ? Questionnai-je encore.

-Parce que les morts comme les vivants ont besoin de parler et d'être à l'écoute...Répondit-elle alors que cela tombait sous le sens, Mais bon...Comme je te l'ai dit tout à l'heure, je ne veux pas t'infliger une perte de bébé... Donc tu vas te reposer et ensuite tu repartiras au château ! Tu as assez travaillé pour aujourd'hui !

-Ça veut dire qu'on ne se reverra plus ?! M'alarmai-je en perdant à nouveau des couleurs.

Ma Grand-mère m'enlaça et me rassura tout de suite en pouffant une nouvelle fois :

-Est-ce que j'ai dit ça ma petite Piceaerd ?! Bien sûr que non ! Il va juste falloir que nous réajustions notre pratique en prévoyant plus de théorie à partir de maintenant !

Elle me passa immédiatement une main dans mes cheveux pour me calmer. Puis elle retourna me chercher à boire. Je réalisai alors que j'en connaissais très peu sur son passé. C'était le moment ou jamais d'éclaircir ce mystère qui avait déjà été abordé mais repoussé à plusieurs reprises depuis que je la connaissais. Ainsi, tandis que Mamie revint, je la bombardai de questions :

-Comment as-tu rencontré Papy ? Est-ce que vous vous êtes aimés tout de suite ? Comment tu as réagi quand tu as appris que tu étais enceinte ? Et Papy quelle a été sa réaction ? D'où t'est venu le prénom de Maman ? Et Papy quand est-il mort ? Avant ou après la fuite de Maman ? Est-ce que vous avez eu l'espoir de la retrouver ? Pourquoi n'avez-vous pas eu d'autres enfants?

-Oula...Oula...Doucement Anna ! Ça fait beaucoup de questions d'un coup, murmura-t-elle attristée tout en me lançant un regard blessé.

A ma grande surprise, je constatai qu'elle n'était clairement pas prête à s'ouvrir. Sentant que je l'observai fermement, elle finit par dire :

-Je ne pense pas être capable de répondre à tout aujourd'hui, mais je le ferai volontiers dans les semaines à venir si tu le désires...Après tout, je te l'avais promis une fois que tu serais devenue plus mûre...Et force est de constater que tu as fait du chemin depuis le moment où je te l'ai dit.

-Non...Excuse-moi, dis-je en rougissant, tu as le droit à ton intimité et je ne dois pas t'imposer cet interrogatoire si tu ne veux pas.

Me caressant rapidement la joue, elle resta digne et renchérit l'air de rien :

-Je te dis que je suis consentante...Alors quel pan de ma lourde histoire t'attire le plus pour aujourd'hui ?

Je réfléchis longuement soudain prise d'une drôle de gêne. En effet, j'avais beaucoup de mal à imaginer mon aïeule à un autre âge que maintenant tout comme c'était le cas avec Maman aussi je finis par trancher d'une voix sûre :

-Hum... Je propose...Votre réaction à Papy et toi quand vous avez su que Maman était partie. Comment l'avez-vous su d'abord ?

-Stop ! Sinon nous n'y arriverons jamais, plaisanta-t-elle bien qu'ayant blanchi d'un coup.

Elle rit pour désamorcer la situation mais je la sentais touchée par le sujet. Elle prit alors une chaise, vint s'assoir à mon chevet et resta un moment silencieuse avant de finalement se lancer.

-Tout d'abord quand l'attaque est arrivée, je n'étais pas au village à ce moment-là, souffla-t-elle, je m'étais en effet rendue à Ahtohallan car tout comme ta sœur et mon Ange de l'Air, j'ai été moi aussi la gardienne des quatre esprits...En réalité, je ne sais pas si je le suis encore aujourd'hui...Mais bref, pour en revenir à l'histoire, c'est donc en revenant d'Ahtohallan que j'ai appris ce qui s'était passé. Iduna ne m'avait pas accompagné. Elle était restée avec Elysia, ce jour-là et avait insisté car elle voulait surtout jouer avec Courant d'Air. Cela l'intriguait plus que la visite d'Arendelle. Il n'y avait aucune objection pour que je m'oppose à sa demande.

-Tu regrettes ce qui s'est passé ? L'interrompis-je soudain.

-Oui car j'ai beaucoup culpabilisé de ne pas avoir été présente pour mes proches et en même temps non car tu ne serais sans doute pas là aujourd'hui si l'histoire avait été changée...Dit-elle encore, Enfin...Peut être que si en fait mais je n'ai pas envie d'entrer dans ces détails-là. Donc en arrivant au campement j'avais eu l'impression d'être dans le Muspelheim. Il y avait des morts et des blessés de partout. Beaucoup de blessés. Et une odeur...Par les esprits...Cette odeur de sang accouplée aux effluves de la mort...Je ne pourrai jamais l'oublier...J'avais appelé désespérément ma précieuse petite fille, mais elle n'était nulle part. J'avais demandé aux habitants qui avaient échappé à la bataille où elle était mais personne n'avait su me répondre. Pendant un instant l'espoir m'avait traversé l'esprit qu'elle et son Père fussent peut être partis se réfugier quand ça avait commencé à mal tourner...

-Et Papy il était où ? La coupai-je avant de me mordre la lèvre... Désolée je ne peux pas m'en empêcher.

-J'y viens ma petite Piceaerd, dit-elle en nouant fortement ses mains. J'avais continué d'appeler Iduna et Elysia dans ce lieu de tourment...Et c'était Andréas qui était venu à ma rencontre. Il ne savait pas non plus pour mon Ange de l'Air mais il m'avait indiqué où était ton grand-père. J'avais eu l'espoir jusqu'au bout. Mais...

Mamie s'arrêta subitement. Elle se racla la gorge comme si cette histoire s'était passée hier et qu'elle la revivait tout de suite.

-...Mais, alors que j'avais suivi mon jeune frère jusqu'à un lieu reculé de la falaise où se trouvaient des arbres...

Lui laissant autant de temps qu'il lui fallait pour parler, je me décomposai en la voyant respirer un grand coup alors qu'une larme coula discrètement de son œil.

-El...Elysia était là... Sa poi...Poitrine...était en...San...sanglantée...La blessure était irréparable...Nous eûmes le temps d'échanger quelques mots...Je le soutins jusqu'au bout...Et il fut bientôt mort allongé, les yeux levés vers le ciel le regard à jamais dans le vide alors qu'une grosse tâche pourpre avait maculé sa poitrine.

Mon estomac se retourna. Je n'osai plus rien dire face à la peine de mon aïeule. Elle s'étrangla avec ses sanglots avant de s'essuyer rapidement ses larmes. Hélas d'autres arrivèrent après cela et je me retrouvai bientôt à lui frotter le dos tout en me traitant de tous les noms pour l'avoir interrogé sur son passé. Elle se cacha alors ses mains sur le nez et peina à dire :

-Pardon ma petite Piceaerd...C'est un passage de ma vie encore très douloureux à expliquer...

-Je comprends...Chuchotai-je.

Ne sachant plus trop comment la questionner sans plus la froisser, je coupais court aux explications et repris alors :

-Mamie...Est-ce que la mort de Papy n'a pas été vain ? Est-ce qu'il y a eu justice ? Bref, est-ce que tu as su si c'était un Arendellien ou un Northuldra qui lui avait fait ça ?

Les pleurs de mon aïeule redoublèrent de plus belle et elle finit par murmurer :

-Les deux Anna...L'homme qui lui a fait ça, était les deux...Mais je n'ai pas envie de parler de lui ni d'entacher sa mémoire...Donc je ne t'en dirai pas plus à son sujet...Lui aussi...Me manque affreusement.

Le visage déconfit et rougi par les pleurs, je lui tendis enfin mon mouchoir pour qu'elle retrouve un ton moins voilé. Après quelques secondes, elle revint enfin à sa posture charismatique et s'écria :

-Nous n'avions pas pu faire un enterrement digne à tous les morts car il y en avait beaucoup. Nous les avions donc rassemblés dans une fosse commune que nous avons recouverte de pousses d'aulne pour ne pas perdre l'endroit.

Je lui pris la main de compassion et attendis quelques instants avant de murmurer :

-Finalement Papy Elysia est bien passé dans l'Helveg donc peu importe la façon dont son corps a fini.

-Tout à fait, renchérit-elle en retrouvant une respiration normale, l'âme est bien plus importante que ton corps. Laïka a également été la seule capable de me dire que la dernière fois qu'elle avait vu ta mère c'était dans un chariot avec un garçon blond inconscient...Je savais déjà à ce moment-là qu'il s'agissait de ton père. J'avais essayé de revenir vers la partie du campement où se trouvaient les moyens de transport. J'avais continué d'appeler ma fille mais le brouillard s'était abattu avant que je ne puisse finir mes recherches. J'avais perdu mon Ange de l'Air et mon mari en une seule journée. C'était trop pour moi.

Les émotions bousculées à cause de ma grossesse, je sentis ma gorge se serrer à mon tour et eus du mal à ne pas éclater en sanglots à mon tour. A la place, je réussis à m'exclamer :

-Pourtant tu n'étais pas toute seule dans cette situation. Il y avait Yélana par exemple qui venait également de perdre son mari ! M'exclamai-je.

Le regard de Mamie se durcit d'un coup avant qu'elle ne reprenne :

-Oui Amarok était bien mort. Et ma meilleure amie me l'a assez fait payer. Selon elle, j'avais été à l'encontre de ce qui qui avait été attendu pour mon mariage. Elle m'avait prévenu à maintes reprises au cours de toutes ces années que le malheur s'abattrait sur moi...Comme Béata elle a très peur des coupoles... Mais je n'avais rien voulu écouter car j'avais été trop têtue, trop amoureuse. Il n'y avait que Marraine qui semblait ne pas y croire...D'ailleurs ça ne l'a pas empêché d'être libertine, donc c'est bien que cette stupide tradition créée par Emma notre première ancêtre est purement factice !

Me sentant une nouvelle fois mal pour elle, je demandai simplement :

-Et tu regrettes d'avoir été à l'encontre des coupoles, du coup ?

-Absolument pas ma petite Piceaerd. Combien même c'est douloureux...Je n'y crois toujours pas non plus au grand damne de ma mère et mon père, paix à leurs âmes ! J'ai choisi ma destinée. Je ne me suis pas laissée faire. J'ai préféré me retirer en ermite dans les entrailles de la Forêt Enchantée, coupant court au monde extérieur pendant qu'elle se chargea de dire à tout le monde que j'étais morte. C'est pour cela que vous ne m'auriez sans doute jamais trouvé si Elsa n'avait pas été inconsciente. Mise à part Andréas, Laïka, Ylva et Yélana, aucun n'était au courant du vrai stratagème.

Sa phrase fut suivie d'un silence où je la regardai avec des yeux émerveillés. Des yeux d'enfants face à la sagesse incarnée. A celle qui avait subi les souffrances de la vie, sans jamais s'ébranler, jamais baisser les bras. Je souris intérieurement. Ma Grand-mère était une femme exceptionnelle. Un roc qui était capable de braver même les plus hostiles tempêtes. Dieu que j'espérais avoir ce tempérament un jour ! Les yeux à présent embués de larmes, je lui pris alors la paume de la main et m'écriai :

-Tu es une personne extraordinaire Mamie ! Que dis-je ?! Un vrai modèle ! Donne-moi la passion dans tout ce que j'entreprends !

Elle sourit et ses joues rosirent violemment. Modeste, elle répéta alors :

-Un vrai modèle, c'est vite dit ! Moi aussi j'en ai fait des bêtises dans ma jeunesse...Mais je te raconterai cela une prochaine fois ! Bon allez ! Assez d'émotions pour aujourd'hui mademoiselle Anna, il est temps que tu ailles rejoindre ta famille !

Bien que je n'en avais pas vraiment envie car je mourrai d'impatience de connaître la suite de son passé, je devins tout de même raisonnable. Elle m'aida bientôt à me lever et m'amena dehors jusqu'au géant. Revigorée, je l'enlaçai fortement avant de conclure :

-A la semaine prochaine Mamie ?

-Oui ! Mardi à dix heures sans fautes ! Répondit-elle comme un refrain.

Acquiesçant dans un premier temps, je me rappelai soudainement une mission diplomatique prévue par Papa. Aussi je réfutai tout de suite :

-Oh mais non je ne peux pas ! Je dois rendre visite à Kraberg. Disons plutôt mardi mais vers la fin de l'après-midi ? Cela te convient-il ?

-A n'importe quelle heure je serai heureuse de partager ce moment avec toi ma petite Piceaerd! S'exclama-t-elle, enthousiaste.

-Parfait ! Au revoir Mamie ! Conclus-je.

-Au revoir Anna !

Nous agitâmes nos mains jusqu'à ne plus nous voir.

Comme toujours la semaine passa rapidement. Elsa avait retrouvé le sourire, s'accrochant avec espoir à son futur mariage et cela me fit plaisir. Je l'encourageai donc à être optimiste et de bonne humeur tout en continuant mes voyages astraux de façon plus courte pour que ça n'empiète pas sur la santé de ma petite Gaga. C'est ainsi que nous arrivâmes au mardi suivant. J'étais dans la cour avec mon beau mari et nous nous apprêtions à nous rendre à Kraberg pour notre visite mensuelle.

-Surtout Anna tu vas bien à l'essentiel ! Dit Papa, Hans si jamais elle diverge tu nous la remets sur le droit chemin.

-Oui Père, répondit-il en m'embrassant la joue.

-Allez c'est l'heure ! S'enthousiasma Maman, Agnarr fais-leur un peu confiance ! Ce n'est pas la première fois qu'ils y vont ! Nous avons un programme chargé ! N'oublie pas que je dois m'occuper du procès d'Olson et après nous filons à celui de Béata dans la Forêt Enchantée ! Et tu sais combien cela me fait mal de dire cela autant pour l'un que pour l'autre !

Père retrouva sa carrure de roi et hocha la tête. Il nous aida à monter dans la main du géant et nous partîmes enfin en direction de la ville minière.

-Je ne suis pas certain que dans ton état ce monstre soit le meilleur moyen de transport ! Grinça mon mari en me serrant fort contre lui alors qu'il avait toujours détesté se retrouver en hauteur à cause de son vertige.

Amusée, de le voir aussi protecteur, même si quelquefois il en devenait maladif, je lui embrassai le nez et renchéris :

-Ne le traite pas de monstre, il est gentil ! Et ne t'en fais pas ! Tu oublies qui est la mère de notre enfant !

Cela eut don de le faire rire et il se détendit enfin en répétant :

-C'est vrai ! J'avais oublié !

Deux heures plus tard, nous fûmes accueillis sous la pluie mais heureux. Contrairement aux autres fois où nous étions venus, la ville était plus animée aujourd'hui. Ludwig avait mis les bouchées doubles pour nous faire une entrée spectaculaire.

-Bienvenue à vous Majestés! S'exclama-t-il.

Il nous fit une révérence et m'embrassa la main alors que je demandai comme un refrain :

-Comment allez-vous ?

-On ne peut mieux vos Altesses ! On ne peut mieux ! S'exclama-t-il, grâce à vos dons, nos finances commencent à s'améliorer grandement ! Nous pouvons faire un petit tour de la ville pour que vous le constatiez par vous-même ! Mais avant, je vous octroie une petite dégustation d'un met dont vous êtes friande d'après les dires de nos fournisseurs de la boulangerie Blodget !

Sous nos yeux amusés Ludwig appela alors un boulanger qui arriva avec une cassette remplie de chocolat chaud. Il enfouit une louche et me la tendit. Je bus une légère gorgée, essayant de ne pas m'en mettre partout et la donnai ensuite à Hans qui se chargea de la terminer.
Puis ce fut l'heure de la promenade. Nous marchâmes d'abord dans le centre-ville, nous arrêtant dans les lieux les plus prisés pour saluer et constater ce qu'il y avait de nouveau.

Ainsi, comme l'avait si bien affirmé le maire de Kraberg, grâce à l'argent contribuée, l'auberge avait retrouvé des couleurs et la mercerie de nouveaux clients. Quant au cabinet de médecine du docteur Lantiersen, il rayonnait sous le nombre d'instruments modernes. Nous prîmes ensuite une calèche pour nous rendre en dehors de la ville et plus précisément dans les mines et les maisons de corons. Mon cœur tambourinait en repensant aux souvenirs intimistes que nous nous étions forgés avec Hans, quand bien même ils avaient été courts.

-Je ne suis pas mécontent d'avoir tout de même retrouvé mon travail de prince, me chuchota-t-il à l'oreille.

Je le comprenais amplement mais ne lui dit pas à haute voix me contentant d'observer la mine qui resplendissait. Oh oui ! Les travaux du coup de grisou ne semblaient plus être qu'un lointain cauchemar. Je me serrai un peu plus à mon mari en repensant à lui couvert de suie et inconscient. Monsieur Ludwig me tendit alors un carnet où étaient inscrits de nombreux noms.

-Comme vous pouvez le voir nous avons accueilli de nouvelles personnes depuis votre dernière visite ! En réalité, depuis que vous nous avez aidé, les gens viennent de partout car des rumeurs positives circulent dans les villes alentours ! S'extasia à nouveau le maire.

-Voilà qui est une excellente chose ! S'exclama à son tour mon beau prince en lui lançant un sourire franc.

-Oui Majesté ! Cependant comme nous recevons des gens chaque semaine, la demande va très bientôt dépassée l'offre. En d'autres termes même si nous avons besoin de beaucoup de mains d'œuvres dans la mine, nous ne pourrons plus accueillir les familles donc nous ne pourrons plus accepter les futurs arrivants. De même nous avons ce souci-là avec l'école.

-Que voulez-vous dire ? M'inquiétai-je.

-Eh bien tout comme le nombre de mineurs a augmenté, le nombre d'élèves est en hausse. Le maître que vous avez fait venir le mois dernier est très bien mais il n'y a plus assez d'espace dans la classe.

-Donc il faudrait une nouvelle école et un obtenir un nouvel instituteur ou une nouvelle institutrice, dis-je en griffonnant sur mon carnet comme j'avais l'habitude de le faire pour avoir une trace écrite de la situation.

-Oui votre Altesse ! Vous seriez une sainte si vous faisiez ça ! Répliqua-t-il sans gêne.

Son franc-parler ne m'atteint pas et je lui fis signe de poursuivre la visite. Nous la terminâmes dans la mairie de monsieur Ludwig où celui-ci me parla d'un problème de salaire survenu entre deux mineurs lors d'une rixe dimanche dernier. Hans ne nous avait pas accompagné car il faisait patienter le géant qui était revenu un peu trop tôt aux abords de la ville et faisait peur aux habitants.

-Vous voudriez donc une meilleure répartition des salaires si je comprends bien ? Questionnai-je de manière pressante car je voulais retrouver Mamie pour ma leçon de chamanisme.

-Si c'est possible votre altesse. J'ai essayé d'expliquer aux hommes que c'était normal qu'ils soient moins payés, puisqu'ils investissaient moins mais ils n'ont rien voulu entendre ! Répondit-il.

-Je vais voir comment je peux tourner cela pour la prochaine fois, réfléchis-je en me mordant la lèvre. Mais dites-leurs bien, que je comprends leurs raisonnements !

-Parfait princesse Anna ! Souffla-t-il, heureux, je ne voudrais pas qu'ils se révoltent contre moi ou pire encore contre vous.

-N'ayant crainte, cela ne se produira pas, assurai-je avec conviction.

Le dirigeant me fit ensuite assoir autour d'une table car je commençai à fatiguer. Nous résumâmes alors dans le cahier des charges ce qui avait été établi au cours de cet après-midi.

-Bien, les principaux points à travailler pour le mois prochain sont donc : Une meilleure répartition des salaires. L'appel d'un nouveau maître ou une nouvelle maîtresse d'école et la construction d'un nouvel établissement. Établir de nouveaux terrains pour accueillir de nouvelles familles, énumérai-je... Cela vous va ?

-Tout à fait Majesté, répliqua Ludwig.

-C'est noté, dans ce cas...Encore une chose qui relève cette fois d'une question plus pratique, sachez que tant que je peux venir, je me déplacerai. En revanche d'ici deux ou trois mois, ça sera à vous de vous présenter au château, cela ne vous gêne-t-il pas ?

-Bien sûr que non princesse Anna, je ne voudrais pas qu'il arrive malheur à l'héritière ! S'exclama-t-il.

Je posai immédiatement ma main sur mon ventre tout en souriant. Oh non...Il n'arrivera rien à ma petite Gaga qui m'était déjà tellement précieuse. Sentant que notre entretien était terminé, le concessionnaire m'aida ensuite à me lever puis nous serrâmes la main avec force.

-A dans un mois donc Princesse Anna ! Clama-t-il.

-A dans un mois Monsieur Ludwig ! Dis-je, pressée de retrouver Mamie.

Je sortis enfin de la mairie et courus presque jusqu'au géant qui m'attendait avec Hans.

-La fin de visite s'est bien passée ma chérie ? Demanda-t-il en m'enroulant l'épaule.

-Parfaitement, dis-je le sourire aux lèvres.

Mon beau prince me le rendit mais de manière crispée.

-Je suis prête pour ma nouvelle leçon de chamanisme ! M'exclamai-je à nouveau en me tapant les mains, vite ! Allons au château maintenant pour que je change de tenue et que je file à ma leçon !

Sans réponse, Hans acquiesça tout en me regardant très bizarrement. Nous nous assîmes ensuite au creux de celle du géant qui nous ramena vers Arendelle. Cette première partie du trajet fut donc silencieuse sans que je ne soupçonne quelque chose. Arrivée dans ma chambre, je me changeai en deux secondes et laissé bientôt ma robe à froufrou pour épouser celle en peau de renne toute douce. Une fois cela fait, nous repartîmes tout aussi vite et mon mari demeura encore muet jusqu'à ce que je sente qu'il était véritablement tracassé. Pourtant il n'en dit rien et reprit :

-Tu n'es pas trop fatiguée ? Une leçon est peut-être de trop aujourd'hui...

-Oh je t'en prie mon amour ! Si je me sens trop faible, tu sais que je fais attention, nous allons faire plus de théorie maintenant, mais ma grossesse ne va m'empêcher d'aller voir Mamie pour au moins la saluer. Il faut que je lui raconte mon nouveau rêve de cette nuit, elle pourra me l'expliquer ! M'écriai-je enthousiaste.

De plus en plus alarmé, Hans se replia sur lui-même et détourna la tête tout en restant discret. Puis il m'embrassa les cheveux et me caressa le dos. Il était perdu dans ses pensées comme s'il n'osait pas me dire quelque chose. Je décidai cette fois de ne pas laisser passer son silence et lui demandai tout de suite :

-Tout va bien mon amour ?

Il sursauta et se frotta les yeux alors que je pouvais déjà y voir des larmes poindre.

-Anna ma chérie... Commença-t-il.

Il s'arrêta alors que je remarquai que le pas de l'esprit de la terre était anormalement rapide par rapport à d'habitude. Je n'en fis pas la remarque à haute voix, trop préoccupée par le comportement étrange de mon mari. Une affreuse pensée me vint alors en tête et j'ajoutai une nouvelle fois en paniquant :

-Oh non tu ne veux plus de notre Petite Gaga ?! Tu ne m'aimes plus ?

-Mais non voyons ce n'est pas ça...Dieu que je suis bête de te faire si peur, dit-il en m'embrassant, tu es la meilleure chose qui me soit arrivée Anna d'Arendelle...Et notre fille aussi.

-Alors que se passe-t-il ? Insistai-je, tu es mon mari, nous ne devons avoir aucun secret l'un pour l'autre surtout si c'est grave.

Hans devint livide à mesure que nous nous approchions de la Forêt Enchantée. Je ne le bousculais pas mais je souhaitais vivement avoir une explication.

-Anna je t'aime...Commença-t-il, embarrassé.

-Moi aussi, murmurai-je, ne comprenant pas bien le rapport.

Il respira alors un grand coup et me prit doucement les deux mains.

-Pendant que tu étais avec Ludwig, j'ai reçu un message de Courant d'Air. Il était écrit par notre Mère et...

Je blanchis immédiatement et compris enfin. Bien que je ne voulais pas connaître la fin de la phrase, je rétorquai :

-Non...Ne va pas plus loin... Je ne veux pas le savoir comme ça s'il est arrivé malheur à Elsa, dis-je durement.

Mon mari me pressa un peu plus la main tandis que nous arrivâmes devant la hutte de Mamie près des berges. Après une éternité, il se racla la gorge et déclara d'une voix voilée :

-Pas Elsa mon cœur...Non pour notre soeur tout va bien et c'est tant mieux d'ailleurs.

Chaque mot était pour lui un calvaire à sortir et la vérité me sauta aux yeux pour de bon cette fois. Délicat, mon mari souffla un grand coup et reprit :

-Anna, mon amour, il n'y aura pas de leçons de chamanisme aujourd'hui...Ni plus jamais.

Ma poitrine convulsa tout de suite tandis que j'avais du mal à accepter ses dernières paroles. Non. Non. Respire Anna. Respire. Il y a forcément un malentendu, me grondai-je. Contente que le géant nous dépose enfin de la maison, j'eus du mal pour ne pas tomber à la renverse tellement mes jambes ne me soutenaient plus. Avec force, Hans continua de me soutenir par l'épaule alors que j'entendis la voix de Maman à l'intérieur de la hutte :

-Anna est là, tiens bon..

-Mais oui...Mon Ange de l'Air...Je peux encore quelques minutes, nota-t-elle.

Ma mère sortit alors en catastrophe du lieu et me regarda des larmes, pleins les yeux. Elle fut suivie d'Elsa...Et Papa. Très blanche, elle m'enlaça à son tour l'épaule et déclara simplement :

-Vas-y ma Furie Rousse...Elle a besoin de toi...Il faut que j'aille prévenir Grande Marraine et Tantine.

La bouche sèche, je demeurai impassible...Jusqu'à ce que je la vois, allongée dans son lit pour son dernier voyage. Ce fut là et seulement là que je réalisai enfin la situation. Les larmes sortirent d'elles-mêmes et coulèrent sur mes joues sans que je ne me rende compte.

-Ma...Mam...Mie...M'étranglai-je.

-Ma petite Piceaerd...Approche, murmura-t-elle.

Elle n'eut pas besoin de le dire deux fois que je me ruai dans sa direction pour l'entourer de mes bras.

-Par Ahtohallan...Pitié...Je...Je ne veux pas que tu t'en ailles... Il...Il te reste encore...Pleins de choses... A... Me faire...Découvrir... Et puis qui nous...Protégera si jamais on prend... Les mauvaises décisions, sanglotai-je désespérément.

-Allons, allons, du calme...Je vais retrouver mon Elysia...Papa...Tatie et bien d'autres...chuchota-t-elle avec un sourire, on se câline, on se blottit et on m'écoute à présent Anna...Allez...Regarde-moi dans les yeux.

Bien qu'agitée, je lui obéis avec force tandis qu'elle me caressa le visage.

-Voilà...C'est bien...Tout d'abord, je serai toujours là et là, murmura-t-elle en pointant mon front et mon cœur de son index.

Ce qui redoubla mes larmes. Mamie me les essuya patiemment et répliqua :

-Ensuite, pour veiller sur toi, il reste encore plein de monde ! Ta mère, ta sœur et ton mari... Et il y a encore mieux... D'ici quelques mois quand tu seras devenue Maman et que tu seras plus responsable, il y aura toi, même si c'est dur à croire pour l'instant.

Docile, elle força à me pencher et m'embrassa le front.

-Je voudrais être comme toi, avoir ton caractère, dis-je à nouveau en suffoquant.

-Ça viendra...M'assura-t-elle, tu prends le bon chemin...A ton âge j'étais aussi écervelée que toi.

Sa remarque me fit sourire malgré mes joues humides.

-Ça j'en doute, ris-je avant de pleurer encore plus fort.

-Si...Si...Je te le promets...Voilà...Enfin ton visage est moins déconfit, reprit-elle dans un souffle.

Je replongeais aussitôt en hoquetant une nouvelle fois :

-Tu ne verras pas Helga grandir ni Olaf.

Bien que toujours amorphe, la remarque la fit rougir de plaisir et elle répéta bientôt ravie :

-Helga ? Olaf ? Je vois que ta sœur et toi êtes aussi sages que mon Ange de l'air.

Elle toussota. J'allais lui implorer de se taire mais elle continua :

-Vos arrière-grands-parents seront contents de savoir que vous transmettez leurs prénoms. ..Allez souris...Ta fille me connaîtra par tes histoires et par le chamanisme.

Je secouai la tête comme une petite fille. Mon nez était en train de se boucher. Je grimaçai de plus en plus violemment sous l'emprise de la douleur des spasmes et des pleurs. Sentant que j'étais en train de perdre pieds, mon aïeule déclara encore :

-Couche-toi sur ma poitrine...Ma petite Piceaerd...Respire et serre-moi fort la main.

Faible, je m'exécutais alors qu'elle ajouta :

-Bien...Voilà qui est mieux...N'oublie pas Anna...A chaque fois que tu auras un moment de doute, je serai avec toi par pensées... Surtout ne t'arrête pas de vivre pour moi...Va jusqu'au bout des choses... Pense à moi quand tu n'auras plus la force de continuer...D'accord ma chéri?

-Ou...Oui Mamie, bredouillai-je

-Parfait... Pour mon départ... J'aimerais que tu chantes la berceuse...Je veux m'endormir en entendant la voix de ma petite fille une dernière fois, nota-t-elle.

-Je ne pourrais pas Mamie, murmurai-je à nouveau sous l'emprise des larmes.

-Si tu le peux... Tu es une Picéaerd, conclut-elle.

Elle m'embrassa encore le front et ferma les yeux pour que je n'aie pas à le faire. Prise de spasme, je levai alors mon auriculaire et tout en tremblotant commençai à chanter :

-Quand le vent frais...Vient danser...La rivière chante...Pour ne pas oublier...Ferme les yeux si tu veux voir...Ton reflet dans ce grand miroir...Dans l'air du soir...Tendre et doux....L'eau claire murmure...Un chemin pour nous...Si tu plonges dans le passé...Prends garde de ne pas t'y noyer...Elle chante pour qui sait écouter...Cette chanson...Magie des flots...Il faut, nos peurs, apprivoiser...Pour trouver...Le secret de l'eau...Quand le vent frais vient danser...Une maman rêve toute éveillée...Dors mon enfant, n'aie plus peur...Le passé reste au fond des cœurs....

Son nez était doux et ridé par la vie. Je l'observai en train de convulser. Elle resta digne mais son sourire devint neutre quand je fus sur le point d'enchaîner le cinquième couplet. Terrifiée, j'aperçus alors une boule lumineuse s'évincer de sa bouche pour se diriger vers Ahtohallan.

-Mamie ? Murmurai-je.

Pas de réponse. Le sol se déplora sous mes genoux alors que je me revis recluse dans les Cavernes Perdues.

-Où est-elle ?! Bon sang où est ma Belle ?! S'écria Ylva plus blanche qu'un linge alors que Yélana les yeux baignés de larmes lui agrippa l'épaule en apercevant le corps sans vie.

-Tantine...Grande Marraine...Est-ce qu'elle est ?! Questionna Maman qui avait retrouvé une allure de petite fille en déviant son regard dans ma direction.

Me relevant doucement sans comprendre la scène qui se déroulait au ralenti sous mes yeux, j'articulais sans en prendre conscience :

-C'est...C'est fini.

Puis je m'effondrais ànouveau en larmes sur son corps inanimé.

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