Retour vers le passé : Croqué...

By Ansa2217

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Anna la princesse d'Arendelle, fait un mystérieux rêve et se réveille juste avant que ses parents ne partent... More

Chapitre 1 : Rétrospection :
Chapitre 2 : Réveillée :
Chapitre 3 : Discussions :
Chapitre 4 : Retrouvailles et Marivaudage :
Chapitre 5 : Le jeu de l'amour et du hasard :
Chapitre 6 : Huis-Clos :
Chapitre 7 : Le fils prodige :
Chapitre 8 : En quête des Northuldra (partie 1) :
Chapitre 9 : En quête des Northuldra (partie 2) :
Chapitre 10 : Révélations :
Chapitre 11 : La pièce secrète :
Chapitre 12 : Le retour du roi :
Chapitre 13 : Nos mains :
Chapitre 14 : Pour moi (presque) rien ne change :
Chapitre 15 : Les caprices d'Anna :
Chapitre 16 : Le bel âge :
Chapitre 17 : Les interdits :
Chapitre 18 : Coup de « grâce » :
Chapitre 19 : Les malheureux :
Chapitre 21 : Le plan des Picéaerd :
Chapitre 22 : Donnez-moi la passion :
Chapitre 23 : La vie continue :
Chapitre 24 : Chez le roi Karl :
Chapitre dernier : Le passé reste au fond des cœurs :
Chapitre bonus 1 : Ta main :
Chapitre bonus 2 : La vengeance :

Chapitre 20 : 28 avril 1841 :

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By Ansa2217

Mamie Anna soupira et se mordit la lèvre comme il m'arrivait de le faire. Toutefois elle ne dit rien. Trouvant son silence embarrassant, je me focalisai à nouveau sur ma sœur tandis qu'elle me regarda un peu fâchée et inquiète. Après un long moment, elle bredouilla doucement :

-Tu...Tu es sûre de toi, Anna ?

Hochant vigoureusement la tête, j'évitais ses yeux et murmurai :

-Oui je le sens depuis quelques temps... J'ai menti à Maman...Même en étant nulle dans mes calculs de cycle, je sais que je suis en retard de trois semaines. J'ai quelques symptômes... Des nausées, mal aux jambes...Les hanches larges...La poitrine extrêmement sensible... Ce qui m'étonne c'est que contrairement à toi où elle l'avait deviné depuis le départ, moi elle n'a rien repéré.

-...Oui...Il n'y a aucun doute donc, coupa Mamie Anna exténuée, toutefois...Puis-je me permettre de vérifier quand même ma petite Piceaerd ?!

Bien que gênée, j'étais déjà prête à baisser ma culotte pour qu'elle prenne contact avec mon chakra racine mais elle ne me laissa pas le temps de le faire. Sans aucune pudeur, elle plaça alors sa main contre mon bas-ventre et ferma les yeux. Par mimétisme, je fis pareil en ajoutant mes doigts et le souvenir de ma première fois le jour de mon anniversaire arriva en bribes dans ma mémoire.

-Alors Mamie ? Demandai-je avec impatience.

Sans répondre elle me guida et posa ma paume à l'endroit où elle avait mis la sienne quelques secondes plus tôt. Une petite fille d'une dizaine de millimètres dont le cœur battait à tout rompre apparut, me serrant la gorge d'émotions.

-Je vais avoir...Une fille ? Questionnai-je, très émue.

Ma grand-mère acquiesça en me prenant dans contre elle. Puis elle se tourna vers Elsa et reprit:

-Voudrais-tu savoir aussi ma grande Piceaerd ?

-Oh oui...Bien que je ne comprenne pas comment vous êtes capable de produire un tel exploit...Oui s'il te plaît, murmura-t-elle en hochant rapidement la tête.

Professionnelle, mon aïeule s'en chargea la première avant de m'inviter à poser les mains sur le bas ventre de ma sœur. Un souvenir d'elle et Kristoff, en plein milieu du barrage apparut, suivi d'un petit garçon qui était âgé d'un mois et demi de plus que l'enfant que je portais. Je lui annonçai toute heureuse. Elle fut plus réservée et ses larmes redoublèrent.

-Si...Si...Ça se trouve...Ce...Ce bébé ne verra ja...Jamais le jour, suffoqua-t-elle.

Sa remarque me broya l'estomac et je la calais contre moi avant de murmurer :

-Ne dis pas des atrocités pareilles s'il te plaît...On va trouver une solution.

-Vous ne me facilitez pas les choses toutes les deux en tous cas, nous gronda à nouveau Mamie, mais je suis de très loin la moins bonne personne pour vous juger...Et...Mes aïeux...Je donnerai n'importe quoi pour être en compagnie de votre grand-père en cet instant pour que nous-même succombions à une séance d'étreinte sulfureuse !

Un rire timide éclata de nos trois êtres. Puis je me raclai la gorge et m'enquis avec plus de sérieux :

-Ne t'en fais pas pour moi, je me chargerai d'en faire part à nos parents. Le plus important dans l'immédiat c'est la situation d'Elsa ! Je vais aller voir Père tout de suite pour la démêler !

D'une poigne de fer, ma grand-mère posa alors sa main sur mon épaule pour me stopper dans mon élan.

-Par pitié ma petite Piceaerd, si tu veux t'entretenir avec lui, ne mentionne surtout pas ta sœur, cela pourrait envenimer les choses ! Et puis, compte-tenu de vos états à toutes les deux, il vaut mieux lui rendre visite plutôt demain matin et dormir un peu.

Bien que cela ne me plaisait pas d'attendre, j'essuyai les dernières larmes de ma chère reine des neiges et la fis ensuite monter dans le lit avec moi. Mamie nous passa une couverture et nous embrassa avant de s'en aller dans sa suite personnelle. Je serrai fort Elsa dans mes bras et murmurai doucement :

-Nous trouverions une solution, je te le promets, c'est notre combat désormais.

Soucieuse, elle dormait déjà à moitié et je lui caressai le nez avant de sombrer moi-même dans un profond sommeil.

Je me réveillai en sursaut le lendemain matin et il me fallut quelques secondes pour reconstituer les évènements de la veille. Encore dans les bras de Morphée, ma soeur ronflait fort. Cela me fit sourire. Puisqu'il était assez tôt, je pouvais avoir ma discussion avec Père qui ne devait pas avoir beaucoup dormi, veillant aux derniers préparatifs de notre cérémonie. J'étais furieuse envers lui ! Il avait dépassé les bornes cette fois !

Ne souhaitant pas faire de grands gestes brusques pour la laisser dormir en paix, je m'habillai rapidement et sortis de la chambre avant de me diriger d'un pas ferme mais nauséeux en direction des cuisines. L'odeur faillit me faire vomir mais je la bravais en me jurant que je devais avoir quand même quelque chose dans l'estomac pour affronter Papa...Et aussi pour le reste de la journée qui allait suivre. Mon mariage...Oui...Mon mariage avec Hans se déroulerait d'ici quelques heures... Cela me paraissait tellement inconcevable pour l'instant...

-Princesse Anna déjà debout !? S'exclama Olina avec surprise. Nous ne vous attendions pas avant au moins deux he...

-...Préparez mon petit déjeuner, je vous prie, la coupai-je d'un ton sec, et évitez les œufs... Ils me donnent des hauts le cœur, ce serait inconvenant que je sois malade un jour comme aujourd'hui...Même si cet état sera une délivrance d'ici quelques mois.

-Euh...Bien princesse, termina la servante en me dévisageant bizarrement à la suite de cette dernière remarque.

Elle s'exécuta, me préparant mon chocolat chaud et des krumkakes. L'odeur fumante et forte me fit avoir un autre relent.

J'allais ensuite dans la salle à manger où Kay m'attendait déjà avec le plateau garni que je venais de demander. Je patientais le temps qu'il dépose le tout sur la table pour lui ordonner encore :

-Allez chercher le roi Agnarr, je souhaite m'entretenir avec lui, je vous prie.

Le majordome cligna des yeux étonnés mais s'en chargea. Je me languis de lui en faisant l'effort d'avaler au moins un krumkake. Avoir les mains occupées, me permit de contrôler le plus possible ma nervosité et ma colère. L'homme de main revint alors plusieurs minutes plus tard accompagné de Père qui arborait un regard neutre jusqu'à ce qu'il comprenne que j'étais réellement là devant lui...

-Ma Furie Rousse ! Déjà debout ! Est-ce l'anxiété de la journée d'aujourd'hui qui t'empêche de dormir ?!

Il vit immédiatement mon agacement et songea très vite que je ne lui répondrais pas. Tournant sa façon de m'aborder autrement, il essaya de m'apprivoiser en questionnant d'une voix mielleuse :

-Bien...Que me vaut donc ce regard ombragé de si bon matin, ma fille ?

J'avais eu le temps de bouillir et me montai la tête en l'attendant, mais l'entendre si affectueusement de sa part me fit aussitôt sortir de mes gonds. Ignorant sa question, je répétai alors :

-Tu as bien dit « Ma Fille » ?! Ôte-moi d'un doute Père ! Si je ne me trompe pas, tu en as une autre de fille que tu te dois de chérir tout autant !

-Tout à fait, dit-il décontenancé, mais je ne vois pas le rapport avec ta sœur...

-Tu ne le vois pas ?! Continuai-je furieuse, eh bien laisse-moi te rafraîchir la mémoire ! Trouves-tu cela normal de dire à ta fille que le seul moyen qu'elle a de garder ton respect c'est de se faire avorter en détruisant une vie innocente ?! Trouves-tu cela normal que ta fille qui avait tout pour être heureuse, se retrouve avec un fiancé exilé ?! Parce que oui que tu le veuilles ou non Papa, Kristoff fait son bonheur au même titre que Maman avec toi ou Hans pour moi !

-Anna...Commença-t-il.

-Non laisse-moi finir ! Pourquoi es-tu aussi injuste avec nous ? De quoi as-tu si peur ?! Grommelai-je.

-J'ai dit assez, jeune fille ! Cria-t-il d'un ton sec.

Je m'arrêtai immédiatement, presque surprise que lui qui agissait en souverain calme à la limite du pantin ait une voix qui porte autant. C'était bien la première fois au cours de son règne qu'il n'était pas flegmatique. Accusé par mes paroles, il se mit soudain à trembler et donna un coup de poing sur la table alors que ses yeux s'embuèrent instantanément. Prenant sur moi, je le laissais reprendre son souffle jusqu'à ce qu'il finisse par demander :

-Connais-tu le poids de la couronne Anna ?

-Pas encore Père, admis-je en ayant retrouvé un timbre normal.

Se distinguant à nouveau de toute sa dignité, il expliqua alors :

-Bien. Autant te le faire comprendre dans ce cas. Dans l'immédiat, je sais que tu me prends pour un monstre...Mais il y a une chose que tu dois bien comprendre...Je ne peux pas faire autrement...Elsa est de lignée royale, Kristoff n'est qu'un roturier et il a beau venir du même lieu natal que ta mère, cela ne lui met pas du crédit sur son compte...Bref...Oui, il est de condition modeste et c'était aussi le cas pour ma belle Iduna...C'est d'ailleurs pour cela que les conseillers ont créé des règles très strictes à ce sujet.

-Que veux-tu dire ? Questionnai-je en déglutissant péniblement.

Il respira un grand coup et répondit très pâle :

-Eh bien quand je me suis unie avec ta Mère, c'était le premier et le dernier mariage entre deux conditions sociales aussi différentes dans l'histoire d'Arendelle.

-Et tu as accepté cela ?! L'interrogeai-je surprise.

-Oui, dit-il de manière évasive, oui je n'ai jamais cherché à m'y opposer car je pensais sottement que vous termineriez toutes les deux avec des princes... Il a fallu que le destin choisisse pour nous...

Jugeant son excuse pitoyable, je lui rappelai immédiatement sa condition sociale et répliquai très vite :

-Tu es le roi...Nous sommes sous une monarchie absolue...Alors, pourquoi ne pas changer cette loi ?! Tu peux faire plier tes conseillers comme tu le fais avec nous !

Il prit la remarque trop à cœur et demeura silencieux pendant de longues secondes avant de se gratter la tête et répliquer :

-J'apprécie beaucoup ta Mère, mais avec le recul, je comprends l'embarras dans lequel j'ai pu mettre le régent Peterssen à l'époque où j'avais un caractère bienveillant et juvénile comme toi...Enfin...Jusqu'à ce qu'Olson m'avoue à demi-mot qu'elle était une femme faite pour moi et que ton grand-père Runeard aurait très bien pu la choisir pour épouse sans qu'on décide tous les deux de nous aimer.

-Donc tu ne vas rien faire ? Demandai-je, souhaitant revenir au sujet principal.

-Non Anna...Je ne changerai rien...Ma décision a été prise...Revenir dessus, c'est aller à l'encontre de mes principes et de la réputation du royaume ! Clama-t-il avec prestance.

Mais je ne voyais qu'un roi peureux qui décidait de fuir ses responsabilités et être à la hauteur de son père pour être aimé de ses sujets et des autres dignitaires qui iraient faire du commérage.

-Moi je trouve qu'au contraire cela montrerait le renouvellement de la paix entre les Northuldra et les Arendelliens, déclarai-je, ce mariage est la meilleure chose qui pouvait arriver depuis que la brume est tombée !

-Justement. Cela m'a donné une leçon. Par respect pour ta Mère j'accepte son peuple... Mais c'est au-dessus de mes forces d'aller plus loin avec eux...Je n'arrive pas à trouver de partenariat adéquate qui apaiserait nos tensions...J'imagine sans cesse l'instant où mon père a succombé à leur sauvagerie !

-Papa, eux aussi ont souffert de cette guerre, les deux côtés ont des souvenirs douloureux...Rectifiai-je, ils nous ont aidé pour le barrage...Cela ne te suffit-il pas pour dire qu'ils sont en accord avec nos principes ?! Kristoff vient d'une famille de guérisseuses...C'est un métier respecté autant dans leur tradition que les nôtres ! Et puis, ce n'est pas comme si c'était Elsa qui allait reprendre la couronne une fois ta mort puisque Hans et moi sommes les futurs souverains ! Rien n'entache ton image ! Tu te cherches juste des excuses !

-Peu importe, bredouilla-t-il tout congestionné, ma décision est prise. Je ne veux pas passer pour le roi faible qui se trompe et qui ne sait pas ce qu'il veut ! En tant qu'Altesse, je suis obligé d'infliger ce genre de punition. En tant que Père, elle me broie le cœur...Je sais que tu ne me crois pas quand je dis ça, mais je t'assure que c'est la vérité ! Malgré tout ce que vous pensez, je fais ça pour votre bien à toutes les deux !

Continuant de trouver ses explications peu valables à mes yeux, je lançai alors avec acerbité :

-Ah...Parce que tu nous aimes Père ?!

Scandalisée par ma question, il m'observa traqué comme si je venais de lui tendre un piège.

-Tu viens vraiment de me demander cela ?! Je suis choqué que cette pensée t'ait traversé l'esprit, murmura-t-il.

Ne me démontant pas, je rétorquai avec fulgurance :

-Au vu de tout ce qui s'est passé ces derniers mois, j'ai tout de même le droit d'avoir des doutes ! Tu nous félicites que lorsqu'on va dans ton sens ! Nous avons l'impression de n'être jamais assez bien à tes yeux !

Ma remarque le blessa immédiatement. Il se ferma tout de suite et dit en s'énervant à nouveau :

-J'en ai assez entendu ! Il est inutile de tergiverser avec toi !

Consciente que je venais de lui faire du mal, j'essayai de le radoucir en rétorquant :

-Enfin Père, il est inutile de te braquer...La réponse est juste « oui » ou « non ».

Le visage animé par la haine, il s'approcha alors de moi et leva la main en l'air. J'attendis jusqu'à la dernière seconde. Mais la gifle n'arriva pas. Elle fut remplacée par une caresse sur ma joue. Une simple caresse comme il aimait nous en faire avec affection lorsqu'Elsa et moi étions petites...C'était la deuxième fois en si peu de temps qu'il m'accordait une étreinte aussi douce en tant qu'adulte... Toujours en colère contre lui, je l'appréciais tout de même de toutes mes forces alors qu'il murmura :

-Oui...Bien sûr que je vous aime ta sœur et toi tout comme Hans que je considère comme un membre de notre famille. Oh oui... Evidemment que j'aime ta Mère comme le premier jour où j'ai posé les yeux sur elle...Et ça me coûte de le dire mais j'apprécie ta Grand-Mère car elle ramène l'économie du pays avec son chamanisme...Et je l'ai surpris à plusieurs reprises à prendre ma défense...Donc elle a bon fond.

Gênée qu'il se soit ouvert ainsi, je repris bientôt, rouge d'émotions :

-Je te crois Papa... Das ce cas...Il n'y a rien qui puisse te freiner sur le sort de Kristoff... Gardons-le avec nous et permets à Elsa de garder son bébé... Avec les fausses couches que Maman a subies...Je ne te vois pas être aussi cruel sur le sort de ton premier petit enfant !

Il ne répondit pas tout de suite tandis que son esprit cogita pendant plusieurs secondes. Je pensais avoir gagné mais sa réponse me glaça :

-Je ne peux m'y résoudre Anna... Je...Je suis désolé...C'est contre mes principes... Je suis le roi...Je suis le pouvoir...Je ne suis pas faible... Et laisse le passé de ta mère en dehors de tout ça...

Furieux, mon esprit se figea. Très bien, puisqu'il voulait agir pour son intérêt, il était temps de lui montrer de quoi j'étais capable, quitte à m'arrêter à temps... Délibérant avec hargne, je renchéris aussitôt :

-D'accord ! Donc tu ne veux rien entendre ! Très bien ! Dans ce cas tu n'auras pas un mais deux bébés morts sur la conscience !

-Deux bébés morts ?! Répéta-t-il en se reculant dans un grand sursaut.

****

-Ma grande Piceaerd... Allez...Il faut te réveiller ma chérie, murmura soudain la douce voix de Mamie Anna.

Il me fallut plusieurs secondes pour me rappeler que j'étais dans la chambre de ma chère sœur...Dans son lit...Tout me revint alors en mémoire...L'arrestation de Kristoff... Le sort qui attendait notre fils...Les larmes coulèrent d'elle-même alors que le drap devint rigide sous l'effet de ma contrariété.

-Allons...Allons Elsa...Je suis là, chuchota-t-elle bientôt en me calant contre sa poitrine, ce n'est rien...

-Non, Mamie...Je...Je peux te blesser...Recul...Me défendis-je.

Mais elle n'en avait que faire et continuer de me glisser ses doigts sur mes cheveux pour m'apaiser. A bout de nerfs, je réussis à me calmer et demandai bientôt :

-Où est Anna ?

-Sans doute partie parler à ton père...Je crains le pire...Soupira-t-elle.

Je n'osais pas lui demander pourquoi même si j'avais ma petite idée. Ma cadette pouvait être impulsive et dire des bêtises sans penser aux conséquences. J'aurais dû aller la stopper. Toutefois je n'en eus pas le courage et émergeai plutôt lentement du pays des songes alors que mon aïeule répliqua :

-Reste sagement là...J'ai demandé à Gerda de t'apporter ton petit déjeuner...Pendant ce temps je vais aller discuter avec mon Ange de l'Air, histoire que je lui remette les pendules à l'heure sur sa gaffe d'hier...Au moins nous n'aurons pas ton père dans les parages cette fois si notre petite Piceaerd le retient... Bien...A tout de suite !

Je hochai péniblement la tête et la regardai partir, tout en ne me lassant pas de caresser mon ventre où mon précieux petit garçon était pour l'instant bien vivant...

****

Médusé, Père eut un temps d'arrêt avant de comprendre mes paroles. Le temps était suspendu tandis que je me redressai fièrement pour le braver du regard.

-Oui tu as bien compris ce que je viens de dire ! Répliquai-je, je suis moi-même enceinte d'Hans...Donc si jamais la mort du bébé d'Elsa ne te fait rien, je ne vois pas pourquoi la mienne te préoccuperait plus !

-Tu es complètement inconsciente Anna...Tu n'oserais pas de toute façon, Dit-il confiant.

Il semblait tellement sûr de lui que je décidais immédiatement de le déstabiliser :

-Ai-je renoncé à tout ce que je voulais entreprendre jusqu'à maintenant ?

Ses sourcils s'affaissèrent de contrariété et il grinça bientôt entre ses dents :

-Non...Mais je te connais ma Furie Rousse.

Ignorant son dernier pan de paroles, je réitérai tout de suite :

-Donc on se met bien d'accord, tu pousses Elsa à aller chez les faiseuses d'anges, j'y vais aussi et tu peux être sûr que nous serons avec Hans les derniers de la lignée d'Aren après l'acte que j'aurais subi. D'ailleurs je veillerai personnellement à ce que mon successeur soit un roturier une fois notre âge avancé...Ne me défies pas...Tu sais que je le ferai Père !

De plus en plus sonné par mon discours, il ne chercha même pas à réfuter mais se mura plutôt dans un silence qui me sembla durer une éternité. Puis finalement il conclut :

-Tu m'as demandé si je vous aimais ta sœur et toi...Je t'informe donc que je vous déteste autant que je vous aime...Va te préparer pour ton mariage à présent, nous reparlerons de tout ça plus tard.

Il s'en alla rapidement de la pièce mais pas assez pour que je vois des larmes de déception dans ses yeux. Non satisfaite de la conversation, je me demandais bien comment il pouvait penser que j'avais l'esprit tranquille après ce qu'il venait de sortir. Les sueurs froides s'emparèrent bientôt de mon corps alors que je compris que je n'avais fait qu'aggraver les choses. Je me mordis immédiatement la lèvre et mon cœur se serra. Père allait être plus haineux à présent. Essayant de ne pas paraître troublée, je courus dans ma chambre où Elsa était déjà prête.

-Ça va mieux ? Demandai-je.

Elle fit la moue mais essaya de sourire.

-J'ai confiance en Mamie, Maman et toi, murmura-t-elle, je sais que vous allez tout arranger.

Elle se frotta très fort les mains pour se convaincre et je n'osais pas la contredire quand je vis que les bouts de ses doigts commençaient à geler par la contrariété. Elle voulait y croire. Je ne pouvais pas lui briser ses rêves. Je n'eus pas le temps de lui expliquer ce que je venais de dire à Papa que notre grand-mère arriva en trombe dans la chambre. Elle me lança un regard froid et je sentis immédiatement une plaque de chaleur sur ma poitrine. Reconnaissant le moyen de défense des chamanes, je me fis toute discrète alors qu'elle lâcha presque en hurlant :

-J'aurais dû me douter que tu allais sortir une bêtise ma petite Piceaerd ! Une fois de plus !

Baissant la tête car je me sentais très honteuse, je ne voulais pas croiser le regard d'Elsa qui ne comprenait pas ce qui était en train de se passer.

-Mon idiot de Gendre est arrivé pendant que je discutais avec ta Mère de ce que nous allions pouvoir mettre en place. Et autant te dire qu'il était furibond ! Heureusement il ne nous a pas entendues ! Mais il nous a dit ce que tu prévoyais de faire si jamais Elsa se faisait avorter ! Quelle idiote tu fais ! Tu m'énerves ! Mais tu m'énerves ! J'ai promis de ne plus jamais lever la main sur une Piceaerd mais crois-moi tu mériterais une belle paire de gifles pour ton comportement ! Continua-t-elle de crier.

C'était la première fois que je la voyais exploser de la sorte. Je n'osais rien dire car je savais qu'elle avait raison. J'avais voulu tout réparer une fois de plus et ça n'avait pas marché. Figée par son ton froid, je murmurai d'une voix à peine audible :

-Par...Pardon Mam...

-...MAIS CE N'EST PAS A MOI QU'IL FAUT DIRE PARDON ! Explosa-t-elle, C'EST A ELSA ! C'EST A HANS ! C'EST A TON FUTUR ENFANT ! TU TE RENDS COMPTE DE CE QUE TU AS SORTI ?! TU CROIS QUE PASSER PAR CETTE EPREUVE C'EST UNE PARTIE DE PLAISIR ?!

Vexée comme un pou, je me mis à pleurer en hoquetant avec violence :

-Non... Non... Je sais...Enfin...Je ne pense...Pas...

Insensible à mes larmes, elle continua toujours sévèrement :

-Visiblement non tu ne sais pas ! Je te préviens Anna ! Si tu mets ta menace à exécution ! Les leçons de chamanisme c'est terminé ! On ne joue pas avec la vie d'un embryon ! Que je ne surprenne pas à faire un quelconque acte qui nuirait à cette nouvelle Piceaerd sinon tu auras affaire à moi !

Sanglotant de plus en plus fort à présent, je n'osais plus rien dire, préférant m'étrangler avec ma salive. Je pensais m'être prise assez de foudre mais ce n'était visiblement pas assez au goût de ma grand-mère :

-J'ai accepté ta fuite à Kraberg ! Mais ça je ne l'accepterai pas ! J'insiste bien ! Ne joue pas avec moi là-dessus ! Si tu passes à l'acte, je ne m'occuperai plus de toi, mais uniquement de ta sœur, ta mère et Hans ! Tu m'as bien compris Anna ?!

La pièce floutée par les larmes, je ne réagis pas, préférant regarder mes pieds. Impatiente, Mamie me leva le menton pour que je la regarde dans les yeux et répéta avec franchise :

-Est-ce que tu m'as compris ma petite Piceaerd ?

M'étranglant avec mes sanglots, je fus encore incapable de parler, me contentant plutôt de hocher la tête. Satisfaite de son effet, mon aïeule estima bientôt qu'elle pouvait redevenir la chamane douce et aimante qu'elle n'était déjà. Sa colère disparut donc de son visage et elle m'ouvrit ses bras pour que je puisse m'y engouffrer à la place.

-Là...Là...Calme-toi...Tes paroles ont dépassé ta pensée...Bien évidemment que tu serais incapable de faire du mal à ton bébé, chuchota-t-elle en m'enlaçant encore tendrement.
-C'était quoi le plan Mamie ? Demanda aussitôt Elsa qui s'était elle aussi faite toute petite en l'entendant hurler.

Notre aïeule n'eut pas le temps de lui répondre que Maman arriva dans la chambre. Sans attendre, elle me fusilla du regard mais elle la dissuada bientôt de se mettre en colère contre moi, expliquant par un geste rapide qu'elle venait de le faire. Changeant donc de sujet, elle déclara tout en évitant mon regard :

-Pour l'instant notre but peut fonctionner entièrement Elsa...Pour Kristoff, nous allons nous débrouiller cette nuit pour l'emmener à Harmon dans son ancienne cabane. Nous donnerons une grosse somme d'argent au capitaine pour le faire taire et faire croire à tout le monde que ton montagnard est parti dans le pays voisin.

Ma sœur retrouva immédiatement le sourire alors qu'elle continua :

-Concernant le bébé, le plan est un peu plus risqué. J'ai insisté auprès de ton Père pour t'accompagner dans je cite « cette douleur ». Il y est consentant mais veut quand même qu'un garde vienne avec nous pour vérifier que l'acte sera bien effectué.

Nous blanchîmes instantanément pendant qu'elle soupira :

-J'ai eu beau lui rappeler que sa décision était inhumaine...Mais il n'a rien voulu savoir. Nous allons donc procéder comme ça en allant jusqu'à l'endroit... Cela se trouve à Arnevik...Dans une auberge malfamée...

-...Et avec ce renseignement, je suis assez surprise que tu ne sois pas partie sur le champ détruire ce lieu et son activité illégal ! La gronda Mamie.

-Qui a dit que je ne le ferai pas Maman ?! Renchérit-elle d'une voix irritée.

-Parfait mon Ange de l'Air ! Cesse de me fusiller de ce regard ! On dirait ton père ! Nous en étions donc à l'arrivée à... Arnevik ?! S'écria-t-elle soudain troublée.

Elle se tut immédiatement comme si elle ne pouvait plus continuer. A bout de patience, Maman reprit à son égard :

-Oui ! Et c'est là que tu interviens en utilisant ton aura chamanique pour réussir à éloigner le garde qui doit vérifier l'acte. Nous allons ensuite faire croire à Agnarr que le bébé est bien parti de ton corps. Après cela, il faudra que tu joues les désespérées, Elsa !

Cela ne risque pas d'être compliqué... Pensai-je avec amertume en jetant un discret regard vers ma chère reine des neiges qui avait une tête livide. S'étant remise de ses émotions, notre grand-mère continua :

-Iduna se chargera alors d'expliquer à mon gendre, que tu as besoin de repos et que ce remède ne peut se trouver qu'à Ahtohallan donc dans notre communauté. Tu reviendras vivre avec moi là-bas, le temps de te rétablir. Je me débrouillerai alors pour te ramener chez Kristoff à Harmon où vous resterez jusqu'à que tu accouches. Une fois l'accouchement effectué, nous garderons ton fils chez les Northuldra.

-Son fils...Répéta Maman d'une voix rêveuse.

-Oui, mon Ange de l'Air, son fils ! Il vivra dans la Forêt Enchantée en cachette et vous pourrez venir le voir tout le temps que vous voudrez avec ce cher Nattura.

-Mais s'il est toujours supposé être dans le pays voisin? Soupira à nouveau ma sœur en baissant la tête de déception.

-Iduna se chargera d'envoyer une missive à ce royaume d'El Rédor en expliquant la situation, avec une grosse somme d'argent ça passera sans soucis...Tout s'achète dans le monde de la politique ! C'est Marraine Ylva qui m'en a toujours fait part ! Expliqua-t-elle.

-Et c'est la vérité Maman ! Renchérit la nôtre.

Un lourd silence s'abattit alors que je me sentais de mieux en mieux au fur et à mesure qu'elles avaient expliqué les tenants et les aboutissants du sauvetage du montagnard et ma chère reine des neiges. Prise de songes, je ne m'entendis pas chuchoter à voix basse :

-Ce plan est prodigieux...

-Certes ! Mais très fragile... Et ton entrevue avec ton père va peut-être l'avoir modifié, dit-elle encore avec fermeté... D'ailleurs, j'ai appris que toi aussi tu étais...Enfin que toi aussi tu attendais...Un enfant... Je suis peinée que tu ne m'aies rien dit !

-C'est que...Je n'en étais pas certaine...Bredouillai-je.

-Arrête de te payer ma tête ma Furie Rousse ! Tu nous mènes tous par le bout du nez ! Je ne te reconnais plus depuis un moment ! Ragea-t-elle.

Sentant son stress, Mamie se débrouilla pour la ramener contre elle et lui détendre les épaules avant de dire doucement :

-Du calme mon Ange de l'Air ! Je te rappelle que tes deux filles ont grandi et que tu maries l'une d'entre elle aujourd'hui ! Quant au plan...Il n'aurait pas eu lieu d'être si tu n'avais pas fait de gaffe ! Cela ne sert à rien de se balancer la pierre à présent ! Nous sommes toutes autant coupables les unes que les autres. Maintenant il faut avancer, ensembles et unies !

-Ah ! C'est ce que j'allais dire ! S'écria soudain une voix joviale à l'entrée de la chambre.

Tous nos regards ne se tournèrent alors vers Ylva qui s'était joliment habillée pour l'occasion.

-J'ignorai que tu devais venir Marraine ! Commenta Mamie, grandement surprise.

-C'est moi qui l'ai invitée Maman ! Renchérit la nôtre en se déridant légèrement, je m'étais dit que Grande Marraine souhaitait savoir pour ses écrits comment se déroulait un mariage princier ! Et puis...Qu'elle ne dirait pas non pour goûter la cuvée d'hydromel !

-Mais c'est qu'elle est maligne notre Iduna, jubila-t-elle en s'avançant parmi notre troupe de femmes, nous en étions donc à avancer, ensembles et unies !

Confiantes, nous hochâmes la tête et nous fîmes un câlin collectif pour nous donner du courage.

-Bien ! Comme vient de si bien de le dire notre petite Tante ! N'oublions pas pourquoi nous sommes là aujourd'hui ! Reprit Maman.

Sans attendre elle me prit par le bras et ajouta :

-Anna il est temps de te préparer ! Nous avons un programme chargé. Elsa...Kristoff a été libéré temporairement pour ne pas éveiller de soupçons auprès de nos invités étrangers. Tu le rejoindras au moment de la cérémonie. Je pense que c'est plus prudent. Ton père ne te dira rien, puisqu'il faut faire semblant d'être la meilleure famille du monde.

Ma grande sœur approuva du chef alors que mon aïeule s'empressa encore de dire :

-Allez mon Ange de l'Air ! Il est temps pour nous d'habiller la vedette du jour !

Le temps sembla aussitôt suspendu alors que je n'avais qu'un objectif en tête : Qu'il s'accélère. Comme toute personne qui se respecte, Mamie préféra commencer par une leçon de chamanisme en déclarant :

-Avant toute chose, il nous faut respirer profondément, nous vider la tête et laisser les tracas de la journée de demain ! Aujourd'hui c'est la journée de ma petite Piceaerd et Hans et c'est tout !

Elle nous invita alors à fermer les yeux et à compter jusqu'à dix. Mais je n'y arrivai déjà plus en comprenant l'évènement qui était imminent. Tentant d'effectuer l'exercice, je sentis bientôt l'excitation me gagner...Mais je n'étais pas la seule...Se retenant de rire Ylva faillit être sortie de la pièce par ma grand-mère en colère.

-Non ! Non ! Promis ! Je m'arrête cette fois ! Grommela-t-elle en se pinçant très fort.

D'autres minutes s'écoulèrent donc et Gerda en profita pour entrer avec la robe, le maquillage et les accessoires.

-Voici le tout Majesté ! Dois-je rester pour vous aider ? Demanda-t-elle en voyant le nombre de femmes dans la pièce.

-Non je vous remercie Gerda ça ira, conclut Maman d'une voix pleine de dignité.

La domestique déposa immédiatement les paquets sur le lit et s'en alla tandis que Mamie estima que l'exercice chamanique était terminé. Prenant les autres membres de notre famille à témoins, elle insista alors auprès de moi avec un grand sourire :

-A nous mademoiselle Anna, mets-toi en sous-vêtements.

Je m'exécutais pendant qu'elle sortit la robe virginale de la grande boite rectangulaire. Je fus comblée en la voyant. C'était une robe de princesse, élégante et romantique. Elle comportait un décolleté plongeant et de petites manches volantes. Des motifs du vent, du feu, de l'eau et de la pierre en dentelle étaient parsemés un peu partout sur la jupe en tulle.

-Whouaaa ! Tu vas être très sensuelle ma chérie ! S'enthousiasma Maman.

-Oooh ! Il va de soi que je vérifierai ça ! Répliqua tout de suite Ylva alors que je devins écarlate.

-Marraine ! La gronda aussitôt mon aïeule.

-Oui...Euh...C'est certain que je serai très féminine pour une fois, plaisantai-je en essayant de rattraper sa bourde.

Souhaitant revenir au sujet principale, ma mère m'ordonna encore :

-Allez lève les bras ma Furie Rousse ! Et déstresse tu vas être sublime !

Elle me passa enfin la robe et remonta la fermeture éclair en déclamant une nouvelle fois :

-Tiens bien ta poitrine pour que j'aille jusqu'en haut.

J'enchainai le mouvement avec anxiété. Heureusement, je n'étais pas encore trop loin dans le stade de ma grossesse pour que mon corps réussisse à rentrer. Maman installa la petite traine alors que Mamie était en train de me faire un chignon tressé comme celui que je possédais le jour du couronnement de ma sœur. Elsa et Ylva restées à l'écart, m'observaient avec des yeux remplis d'émotions.

-Il nous manque la tiare mon Ange de l'Air ! N'oublie pas la tiare ! Rappela ma Grand-Mère.

En bonne élève, Maman sortit alors la petite couronne surmontée de crocus et me la plaça sur la tête à l'aide de crochets pour qu'elle ne bouge pas. Mamie me passa ensuite un collier et des boucles d'oreilles en forme de blés qui était symbole de prospérité chez nous. Puis je fus légèrement maquillée, me contentant juste de pommettes saillantes, de rouge aux lèvres, de paillettes et de mascara sur les yeux. Ensemble, elles terminèrent par m'installer le voile qui descendait jusqu'à la jupe de la robe.

-Alors c'est comment ? Demandai-je car je ne m'étais toujours pas vue.

L'unanimité d'émerveillement se lut sur les visages de chacune. La lèvre de Maman se fendit bientôt. Outrancièrement gênée, je me fâchai alors gentiment :

-Ah non ! Tu ne vas pas pleurer !

Mais c'était peine perdue. Ses yeux étaient déjà embués comme ceux de Mamie. Quant à Elsa et Madame Nordlys elles n'étaient plus très loin. Elles me tournèrent alors vers le miroir... Et je fus éblouie. Pour la première fois de ma vie, je n'avais pas de complexe. La femme qui me faisait face était vraiment...Epoustouflante...

-Prête ? Insista Maman.

Je respirai un grand coup et clamai :

-Oui !

C'était donc l'heure. Elsa me prit la traine, Maman et Mamie une main chacun, Ylva ses jumelles...Et nous regagnâmes la cour où se trouvait la chapelle. Durant tout le chemin je fis attention à ne pas me prendre les pieds dans les tapis car même si mes talons n'étaient pas très hauts, je demeurais la princesse de la catastrophe. Il n'en fut rien. Bien maintenue au milieu de mes proches, je voulais graver cet instant de bonheur. Moi, marchant vers une étape importante de ma vie avec déjà un précieux bébé qui nous unissait à jamais.

<Sortant enfin du château, nous arrivâmes dans la cour qui était surveillée et remplie par le peuple. Niklas et Lars ne savaient plus où donner de la tête quand les gens m'applaudirent enfin en me voyant.

-VIVE LA PRINCESSE ANNA ! Clamèrent-ils dans un brouhaha démesuré.

Le cœur au comble de la joie, je leur offris un petit signe de la main et me dirigeai bientôt vers la chapelle. Plus consciencieux, les dignitaires m'y attendaient dans un silence religieux. Ils se réveillèrent tout de même quand j'apparus. C'eût à nouveau don de m'hérisser les poils.

N'y ayant pas fait attention jusqu'à maintenant, j'entendis enfin la marche nuptiale de Wagner se jouer à l'harmonium. L'air emplissait le lieu alors que les personnes commençaient à s'agiter. Quand tu refranchiras cette porte Anna, tu seras Madame Westergaard ! Pensai-je avec délice. Tous mes chakras en frémirent. Toujours sur le palier, je soufflai un bon coup et me décidai à entrer.

Tous les visages se tournèrent vers moi alors que je fournissais des efforts pour rester droite. J'affichai mon plus beau sourire mais il devait plutôt ressembler à une grimace. Mon regard se perdit soudain dans celui d'Hans qui attendait devant l'autel. Oh oui...Je ne vis bientôt plus que lui...Que mon beau prince qui me regardait tout aussi ému que moi. Ses yeux étaient perdus entre la joie et l'émerveillement tandis qu'il affichait un visage niais comme s'il était aspiré par ma présence. Trouvant ce même ressenti au cœur même de ma poitrine, je le détaillais à mon tour tout en continuant de remonter l'allée. Il portait le même costume gris clair que le jour des fiançailles...Oui...Ce même costume qui lui faisait un port d'homme magnifique...Perturbée, j'oubliai un peu mon élégance et avançai moins gracieusement jusqu'à l'estrade pour me retrouver enfin à côté de lui. Restant très prude, il résista pour m'enserrer la taille et se pencha juste à mon oreille pour me chuchoter :

-Tu es absolument magnifique.

J'en rougis de plaisir et le complimenter à mon tour :

-Tu es très charmant aussi.

-Oui...Comme un prince, nota-t-il amusé.

Pouffant comme deux idiots, nous fûmes bientôt rappelés à l'ordre par l'archevêque qui entonna la cérémonie... Trop excitée, je n'arrivais pas à me concentrer, zyeutant un coup l'architecture, un coup mon fiancé, un coup la foule...

Il n'y avait rien à faire...Je pensais à nous...A mon rêve...Et ce n'était pas le Notre Père qui allait me sortir de cette agitation émotionnelle...Tournant légèrement la tête pour apercevoir ma sœur qui se lovait dans les bras de son beau montagnard, je ne pus m'empêcher de sourire. Oui. Nous avions tous fait du chemin depuis ce futur qui n'existera jamais...

Voyant mon éréthisme cardiaque, Hans finit par presser un peu plus ses doigts pour me ramener à l'instant présent. Je compris alors que nous étions à la question fatidique de la cérémonie...L'archevêque nous demanda bientôt si nous voulions nous épouser...

-Il vaudrait mieux oui vu le monde qui s'est déplacé ! Plaisantai-je.

Mes proches faillirent tomber de leur chaise alors que je bredouillai plus timidement :

-Euh...Mais oui...Oui je le veux !

Oubliant la bourde, les dignitaires poussèrent un soupir de soulagement tandis que je n'osais pas regarder mes proches. Le cœur martelant ma poitrine, je fus définitivement soulagée quand mon nouveau mari s'écria à son tour :

-Sans aucune hésitation oui je le veux !

Mes joues s'empourprèrent de joie pendant que les dignitaires poussèrent enfin des bravo.

Déjà sur mon petit nuage, je ne remarquais pas tout de suite qu'Elsa se déplaça pour nous apporter les alliances que nous nous échangeâmes tout en nous promettant tout le bonheur qu'un couple puisse se promettre.

-Princesse Anna d'Arendelle ! Prince Hans des îles du Sud, par les liens sacrés du mariage, je vous déclare à présent mari et femme ! Conclut le haut homme d'église, vous pouvez vous embrasser !

ENFIN ! Nous ne nous fîmes pas prier. Le baiser dura une telle éternité que ma belle-mère faillit tomber en diapason en s'écriant :

-Mes aïeux ! Que c'est disgracieux de la part de futurs souverains, autant d'étalage outrancier !

-Oh non ! Bien au contraire ! C'est révélateur sur ce qui va suivre ! Renchérit Ylva au comble de la joie.

-Marraine ! Grommela Mamie en riant grossièrement.

Cette bonne humeur nous stoppa quelques instants. Puis nous bravâmes la reine des îles du Sud et nous nous en accordâmes un autre rien que pour la faire enrager. Je savourais chaque parcelle de mon nouveau mari alors que nous étions heureux...Oh oui...Lui, moi, ce mariage et notre petite fille qui donnait tout son sens à notre ménage harmonieux...

-Hum...Hum...Si nos nouveaux conjoints daignent enfin faire un peu attention aux autres, il faudrait signer certains papiers ! Railla Papa qui affichait tout sauf une mine réjouie pour un jour pareil.

Glacée par son ton, je m'exécutai mécaniquement en me promettant qu'il ne réussirait pas à me gâcher le reste de ce jour si exceptionnel. Ainsi, nous mîmes nos prénoms sur les décrets qu'il nous avait lus il y a deux semaines. Nos parents nous embrassèrent ensuite ainsi que les parents d'Hans qui réussirent enfin à me faire un compliment à propos de notre couple. Mon beau mari m'entoura l'épaule tout fier et nous sortîmes enfin de la chapelle sous un tonnerre d'applaudissements.

-VIVE LES MARIES ! VIVE LA PRINCESSE ANNA ! VIVE LE PRINCE HANS ! Crièrent nos sujets en nous lançant du riz alors que d'autres lâchèrent deux colombes comme symbole de paix.

Répondant des mercis aléatoires, nous ne fîmes pas attention tout de suite à l'ancien peintre qui s'exclama à son tour :

-S'il vous plaît ! S'il vous plaît ! Je vous demande un peu d'intention pour la photographie royale !

Il nous plaça alors patiemment, ce qui prit un certain temps puisque nous étions nombreux. Maman fit attention à ne pas me marcher sur ma robe, Papa à être loin de Kristoff, Hans à m'enlacer amoureusement, Madame Nordlys à être tout devant, moi pas trop loin de Mamie...Bref chacun y trouva son compte si bien que le photographe se débrouilla pour que nous rentrions tous dans la boîte noire et déclara enfin :

-A trois on ne bouge plus ! Trois...Deux...Un !

Nous reçûmes l'éclair blanc dans l'instant. Eblouie pendant quelques secondes, nous n'eûmes toutefois pas de répit pendant qu'il renchérit :

-A présent, je voudrais les mariés avec la famille proche, je vous prie !

Hans et moi furent bientôt entourés des Parents, de Mamie et d'Elsa. Son débiteur de glace vint également nous rejoindre sous le regard contrarié de Papa qui n'eut pas le temps de réfuter.

-Allez un petit sourire tout le monde ! S'exclama encore le professionnel.

Le deuxième flash partit. J'observai les invités qui attendaient patiemment de pouvoir se rendre au vin d'honneur...Et j'aurais aimé les rejoindre. N'ayant pas beaucoup mangé ce matin à cause des nausées, je mourrai à présent de faim. Pour tuer le temps, ils bavardaient ou profiter des photographies...J'aurais aimé être au milieu d'eux plutôt que de jouer les princesses automates en figeant une image de moi qui n'était pas révélatrice.

-Une petite dernière Majesté ! Juste notre couple royal pour finir, intima bientôt le photographe.

Il nous captura alors dans plusieurs postures : En baisers figés, en regards complices, en portraits officiels et enfin en montrant nos alliances.

-Merci beaucoup vos Altesses ! Conclut-il.

Ayant obtenu ce qu'il voulait, il partit ensuite avec son trépied laissant place à Maman qui réclama à son tour l'attention de tout le monde :

-Comme il est de coutume, la princesse Anna va lancer son bouquet, j'invite donc les femmes n'étant pas encore mariées à venir au centre de la cour.

Amusée par cette tradition, je décidai immédiatement de légèrement tricher. Quitte à ce qu'elle fonctionne, je ne voulais qu'une personne qui reçoive mes fleurs. Je mémorisai donc la position d'Elsa avant d'optimiser mon lancé.

-3...2...1... Hurla la foule.

Ni une ni deux, je jetai mon bouquet avec force. Pourvu que ça soit ma sœur, pourvu que ça soit ma sœur, priai-je avec sincérité. A voir la tête déphasée de mon père, je compris que j'avais réussi.

-Bravo Elsa ! Clamai-je en me ruant dans ses bras.

Elle rougit violemment et trouva le torse de Kristoff comme refuge. Ce dernier ne pouvait malheureusement pas se réjouir de ce coup du sort. Pour ne pas intensifier sa gêne mon mari reprit bientôt :

-Chers amis ! Le déjeuner est prêt et vous attend dans la grande salle !

Il n'eut pas besoin de le dire deux fois. Le troupeau d'invités s'y rua, nous laissant tous les deux dans la cour. Tout mon être s'échauffa alors, tandis qu'Hans continuait de me dévisager avec amour. De plus en plus, troublée d'être son centre de l'attention, je demandais aussitôt en inspectant mes pieds :

-Qu'est-ce qu'il y a ?!

-Plus les jours avancent, plus je me rends compte que j'ai une femme magnifique...Tu es superbe dans cette robe ! Je suis si fier d'être ton mari ! Je me pince encore pour y croire !

C'étaient des phrases niaises, superficielles, passe-partout...Mais qu'est-ce qu'elles faisaient du bien quand elles étaient dites sans aucun mensonge.

-Ton costume te va aussi à ravir, murmurai-je, le cœur battant à cent à l'heure car sa bouche se rapprocha de la mienne.

Profitant qu'il n'y ait vraiment personne, pas même Madame Nordlys, nous échangeâmes un nouveau baiser sans pudeur. Ses lèvres si douces s'emmêlaient aux miennes alors que nos langues commençaient déjà à se chercher. Elles s'enroulèrent bientôt dans une danse molle qui m'envoya au septième ciel. Je voulais qu'elles se rencontrent pour toujours ! Notre passion devenait intéressante...Sulfureuse... Et ce n'étaient pas les doigts de mon nouveau mari qui parcouraient déjà l'échancrure de mon corset qui me feraient dire l'inverse ! J'aurais pu rester là, surtout que ma main s'aventura à son tour avec force sur la bombeur de son pantalon mais je demeurai soudain sage et relâchai bientôt l'étreinte.

-Les autres nous attendent ! M'exclamai-je face à sa mine boudeuse, nous aurons toute la vie à présent monsieur Westergaard.

Il retrouva le sourire face à cette phrase véridique et nous allâmes enfin dans la grande salle de réceptions. Notre entrée se fit sous un nouveau tonnerre d'applaudissements. Les gens étaient sagement installés à leurs tables et mangeaient déjà les petits fours qui faisaient office de vin d'honneur.

-Ah les voilà Agnarr, confia Maman à Papa.

Ce dernier se leva alors de table et recueillit le silence des invités avant de préciser :

-Afin que la fête commence pleinement ! Les mariés vont à présent déboucher le champagne !

N'ayant jamais accompli cet exploit ni entraîner au cours de notre vie, aucun de nous deux ne sûmes nous y prendre si bien que le bouchon manqua de peu le roi Wilhelm mais nous ne nous en excusâmes pas. Kay nous servit ensuite deux flûtes alors que les domestiques s'occupaient de remplir les verres des autres tables.

-A vous l'honneur ! Intima Papa avec un sourire carnassier.

Je me sentis immédiatement traquée. Il savait que je ne pouvais pas boire puisque j'étais enceinte. Mais il voulait me mettre au défi et me faire payer mon incorrection de ce matin. Le bravant du regard, je bus donc une légère gorgée que je refusai d'avaler. Je profitai ensuite que l'entrée arrive pour pouvoir recracher le liquide dans ma serviette. Il régnait une cacophonie de bonne humeur si bien que les assiettes qui finirent par se vider.

Quand l'entrée fut finie, Père réclama à nouveau le silence pour introduire la deuxième tradition de la soirée. Hans et moi nous postâmes alors au centre de la pièce sous les yeux attentifs des invités et je donnais bientôt un grand coup de pieds sur un verre à vin avant que mon nouveau mari ne le fasse à son tour. Armé d'un balai et d'une pelle Kay ramassa ensuite les morceaux et Papa enchaina à l'adresse des invités :

-Les bouts de verre vont être comptés et les résultats seront donnés après le plat principal !

Bien qu'impatiente, mon attention fut bientôt attirée par le plat principal. Les mets étaient délicieux : La pintade braisée à point craquait sous nos dents et les gens furent conquis... Exceptée les parents d'Hans qui recommencèrent leurs remarques désobligeantes à propos de l'activité que nous venions de faire ce qui fit souffler assez fort Ylva qui faisait au mieux pour ne pas leur sauter dessus depuis tout à l'heure. Les épaules canalisée par Mamie Anna, elle était comme nous, obliger d'écouter les geignardises du couple des îles du Sud...

-Mon fils craint tellement de ne pas savoir garder sa femme qu'il s'en remet à du verre brisé ! C'est d'un pathétique, dit Wilhelm.

Souhaitant lui couper le sifflet tout de suite, j'expliquai patiemment :

-Cette tradition nous vient de nos plus anciens rois. Aren lui-même l'avait expérimenté avec sa femme Kirsten et à l'époque le verre valait très cher donc il était plus précieux ! C'est un symbole, plus il y a de morceaux mieux c'est.

Le roi me fit bientôt un signe désobligeant pour indiquer qu'il n'en avait que faire quand la reine Alix prit le relai en demandant à son tour :

-C'est bien de la dinde avec des pommes de terre et des haricots ?

-En effet, renchérit Hans qui ne voulait pas se confondre en justifications.

-D'un commun... Dans les îles du Sud les pauvres mangent ça tous les jours, minauda-t-elle d'une voix pincée.

-Eh bah retournez-y dans vos îles du Sud...Bougonna derechef Madame Nordlys.

Avant que Mamie lui glisse un coup de pieds sous la table. Mon mari et moi échangeâmes un regard et je lui intimai de ne pas intervenir pour ne pas enfler la situation. Ayant laissé un temps de latence, Maman reprit avec fermeté :

-Bien ! Pour une fois vous mangerez comme votre peuple ce n'est pas grave, Alix ! Vous allez voir c'est succulent !

Ma belle-mère la toisa du regard ce qui n'empêcha pas ma mère de lui rendre un sourire mielleux sous les yeux offusqués de mes aïeules. Nous terminâmes rapidement notre assiette pour passer à autre chose et ce fut Kay qui revint une demi-heure plus tard avec les résultats du verre brisé avant d'annoncer :

-Selon la tradition la princesse Anna et le prince Hans vont rester mariés cinquante ans !

La foule applaudit alors que nous nous prîmes la main avec amour. Cette certitude était peu fiable mais nous aimions croire en ce symbole de fidélité éternelle. Puis le majordome installa une chaise au centre de la pièce et Maman déclara alors :

-J'appelle à présent uniquement la princesse Anna pour la jarretière ! Je rappelle la consigne : La princesse soulève sa robe si les hommes donnent de l'argent et la baisse si les femmes s'en chargent. Le jeu se termine quand on voit la jarretière à sa cuisse ! Comme le veut la tradition, l'accessoire revient à celui qui a donné l'argent en dernier !

-Enfin une tradition amusante qui remet la femme à sa juste place ! S'exclama Wilhelm en se frottant les mains avec intérêt.

-Ah c'est certains que ces jambes seront plus agréables à regarder que les vôtres, le gros plein de soupe ! S'écria à son tour Ylva en s'armant de sa paire de jumelle.

-Non mais Marraine ! Tu n'as pas honte ?! Renchérit Mamie.

La doyenne Northuldra haussa tout de suite les épaules et je n'y fis plus attention. Préférant également ignorer la remarque de mon beau-père, je lui lançai plutôt la chaleur intense dans la poitrine. Puis je rejoins Maman qui me fit monter sur la chaise. Elle se posta à côté de moi et m'aida à maintenir mon équilibre pour que je ne tombe pas. L'ambiance fut bon enfant. Loin de trouver cela dégradant, je m'amusai à remonter et descendre ma jupe de tulle en essayant d'être la plus attentive possible aux moindres faits et gestes des joueurs. Le jeu dura, s'éternisa. Je finis par avoir mal aux bras à force de rester statique si bien qu'au bout de vingt minutes je m'avouai vaincu et montrai enfin ma jarretière.

-Et on peut applaudir monsieur Bjorgman notre grand gagnant ! S'écria Papa d'une voix fausse.

Je m'empourprai légèrement sous le regard amusé d'Ylva qui explosa de rire en clamant :

-Mes aïeux cette famille Piceaerd m'étonnera toujours !

Angoissée, je cherchai ensuite le regard de ma sœur. Soulagée, je constatais qu'elle ne m'en voulait pas. Mes doigts frôlèrent donc ceux du montagnard qui n'était plus miens. Allons ! Anna on se reprend ! Hans est l'homme que tu aimes ! Tu as un enfant de lui ! Me rappelai-je. Avec cette ultime conviction en tête, je rejoins à nouveau notre table alors qu'on apportait les parts du Kransekkake qui faisait office de pièce montée.

-Tu t'es très bien débrouillée ma chérie ! Me félicita Hans en m'embrassant à pleine bouche.

-J'ai trouvé aussi ! S'écria Wilhelm.

Surprise par le compliment, je tombais moins des nues lorsqu'il ajouta :

-Mais bon ! Pour ma part on ne voyait pas assez vos jambes, jeune fille !

-Je suis d'accord avec lui, nota madame Nordlys d'un ton boudeur en rangeant son carnet à dessins.

Resté sur le commentaire de son père, mon mari tourna bientôt de l'œil. Il le fusilla du regard et grinça aussitôt :

-Ce n'était pas le but de la tradition Monsieur, vous ne vouliez pas la voir nue non plus pendant que vous y êtes ?!

La provocation au second degré n'eut pas l'effet voulu puisqu'il répondit du tac au tac :

-Je suis désolé mon garçon, mais limite si ! Avec ce genre d'exercice ce qu'on cherche c'est la montée du désir en essayant de voir une partie du corps qui n'a pas lieu d'être exposée !

De plus en plus décontenancé par tant d'impudeur Hans reprit :

-Cessez ces propos de suite !

-Messieurs ce n'est pas le moment, s'interposa Papa voulant faire redescendre la tension.

-Mais enfin que me racontez-vous Agnarr ?! Ne me dîtes pas que vous prenez son parti ?! Nos femmes l'ont fait avant elle, et je peux vous dire que j'ai encore des compliments sur les jambes gracieuses de la mienne ! S'exclama-t-il en frôlant la cuisse de ma belle-mère sous l'indignation générale de la tablée.

-Là n'est pas la question Wilhelm, insista mon père.

-Quoi ? Vous êtes réellement gêné ?! Vous n'allez pas me dire que ce cher monsieur Bjorgman n'a pas fait exprès de récupérer ce vêtement ! Vous comme moi, savons à quoi il va bien pouvoir lui servir quand il aura des désirs plus pressants avec votre fille aînée ! S'enquit-il d'une voix graveleuse.

Elsa vira au rouge. Devenant également cramoisi, Kristoff voulut me la rendre pour mettre fin au débat mais ma chère reine des neiges refusa et lança même un discret jet de gel dans le cou du roi qui sursauta mais ne fit pas le rapprochement avant de dire :

-Ne t'abaisse pas à ce genre d'idioties !

Vexée à mon tour par son intervention malsaine, j'ordonnai avec autorité :

-Retirez tout de suite ce que vous venez de dire Monsieur !

Wilhelm vit que j'avais changé de ton et cela ne lui plut pas du tout puisqu'il s'insurgea bientôt en tapant du poing sur la table :

-Et comment donc ?! Ce n'est pas une petite impertinente de même pas vingt ans qui va me dicter la loi ! Non mais oh !

Ce fut la phrase de trop. J'avais usé de patience alors que je n'en avais pas! Perdant soudain mon sang froid, je lui balançais alors ma coupe de champagne à la figure et rétorquai d'une voix effrontée à l'adresse d'Alix qui me dévisagea choquée :

-Estimez-vous heureuse de ne pas subir la même chose Madame !

Puis je me tournai derechef vers mon beau-père et fulminai encore en repensant au moment de mon rêve où j'avais fracassé le nez d'Hans quand, à mes yeux il n'était pas l'homme merveilleux et bon que je venais d'épouser :

-Quant à vous Monsieur ! Estimez-vous heureux ! Cela aurait dû être mon poing !

A croire que j'étais destinée à frapper un sang bleu des Iles du Sud le jour de mon mariage ! Ils venaient de tout gâcher ces deux crétins ! J'avais envie de pleurer mais je ne voulais pas faire plus d'esclandre qu'il n'y avait déjà, d'autant plus que par miracle personne n'avait remarqué l'incident !

-Agnarr comment pouvez-vous cautionner un tel acte ?! Rugit aussitôt Wilhelm en bondissant de sa chaise.

-Oh...Ma fille a été très gentille avec vous durant votre séjour ! Je cautionne amplement ce qu'elle vient de réaliser et je vous demande dès à présent à votre femme et vous-même de quitter Arendelle sur le champ ! Vous ne vouliez plus entendre parler de votre rejeton ! C'est chose faite !

Abasourdie de voir qu'il préférait prendre ma défense, je jubilai presque lorsqu'Alix déclara :

-Vous plaisantez roi Agnarr ?!

-Oh que non ! S'écria-t-il d'une voix posée, vous avez usé de toutes vos limites ! Ça fait quinze jours que nous supportons vos remarques désobligeantes ! C'en est assez maintenant ! Et puisque vous êtes un peu sourds d'oreilles, Iduna et moi tenons personnellement à vous raccompagner pour que vous prépariez vos affaires personnelles et quitter notre royaume par le premier bateau !

-Vous risquez une guerre mon cher ! S'enflamma le roi des îles du Sud qui était de plus en plus pâle.

-Oh Wilhelm...Ne soyez pas ridicule ! Votre armée n'est pas assez puissante et vous le savez très bien, d'autant plus que nous pouvons négocier avec d'autres pays plus aisément que vous pour avoir plus de flotte ! Renchérit-il.

Alors que je n'avais pas compris tout ce qui s'était passé, mes parents entraînèrent bientôt ceux de mon mari sous nos yeux stupéfaits. Une fois remise de mes émotions, je me tournai vers Elsa et lui pris la main avant de murmurer :

-Pardon.

-Tu n'es pas responsable, dit-elle en me souriant tristement, va voir Mamie je crois qu'elle t'attend.

-C'est bien ma Belle, ça ! Toujours faire diversion pour focaliser l'attention sur elle quand il faut ! Nota Ylva.

J'approuvais et m'y rendis. Plutôt à l'aise face à la foule qui la dévisageait bizarrement, ma grand-mère prit une grande aspiration et s'exclama :

-Chers invités ! Voici à présent une coutume Northuldra pour la jeune mariée !

Me figeant à ses côtés, je fus tout de suite surprise de la voir s'enlever son alliance avant qu'elle ne la passe dans une chaîne en argent. Elle disposa ensuite le tout au-dessus de mon ventre et attendit quelques secondes. Sous les yeux enchantés de la foule, la chaine se mit à bouger. Elle commença à tourner, indiquant notre fille, alors que j'entendais les murmures dans les bouches des gens. Elle tourna longtemps puis finit par se balancer de gauche à droite.

Ces mouvements répétitifs se répétèrent moult fois pendant plusieurs secondes alors que je retenais mon souffle de peur de briser le charme. Amusée, Ylva poussait des sifflements racoleurs alors que Mamie était elle-même assez rouge.

-Eh bah dis-donc ! C'est qu'elle tire de son aïeule cette petite ! Pouffa bientôt la vieille femme.

Intriguée, j'observais alors ma grand-mère qui me sourit avant de déclarer à la foule :

-La princesse Anna et le prince Hans auront onze héritiers : cinq filles et six garçons. La couronne d'Arendelle est donc largement assurée !

Je partis immédiatement dans mes pensées avec un sentiment de bonheur procuré par cette confirmation. Une fille. Le bébé qui logeait au creux de mon bas ventre était bien une fille, je ne m'étais pas trompée quand je l'avais vu hier soir ! Je n'entendis pas la foule m'applaudir. Ce fut Hans qui brisa ma bulle en me faisant tourner dans les airs.

Encore étourdis d'amour, nous ouvrîmes ensuite le bal, nous appuyant sur les entraînements intensifs du professeur de danse. Mes parents revinrent à ce moment-là. Mamie et Ylva leur apprirent les résultats de son incantation. Mère fut ravie. Père trop terre à terre n'y croyait pas. Il me fit part de son opinion quand nous terminâmes notre valse en chuchotant :

-Avec ce que tu m'as dit ce matin cela devrait t'être égal.

Je répondis par un haussement d'épaules, ne souhaitant pas me disputer avec lui. Puis Maman enchaîna sur un ton gai :

-A ce propos il ne vous reste plus qu'à honorer la dernière tradition ma Furie Rousse ! Il n'y a que nous qui sommes au courant de la vérité, mais les autres dignitaires sous leurs faux airs vous observent. Cela pourrait se voir si vous ne vous éclipsez pas. Nous avons déjà brûlé le drap de la consommation dans la chapelle pour éloigner le malheur. Ne tardez pas trop à y aller, votre Père s'est débrouillé pour ne pas que, comme le veut la tradition, la consommation soit publique.

Pour une fois qu'il faisait preuve d'humanité...C'était trop aimable de sa part... La chaleur monta toutefois à nos joues. Pour bien l'agacer, nous nous permîmes encore deux danses où nous dûmes changer de partenaires comme cela se faisait beaucoup dans les bals de la cour. Ainsi je me retrouvai à valser trois minutes avec Père. Les trois minutes les plus longues de ma vie où je dus faire bonne figure.

-Naturelle Anna, je suis le meilleur des rois et tu es la meilleure des princesses, me murmura-t-il entre ses dents.

Très embarrassée, je ne demandais pas mon reste quand la valse se termina et me dépêchai de changer de partenaire. Je me retrouvai alors...Avec Kristoff. Je ne devais pas retomber dans mes travers... Et pourtant... Dans son costume noir il avait tout l'air d'un prince. Non Anna... NON ! Je cachai mon trouble alors qu'il suivait mes pas de manière maladroite. Cela me donna de l'assurance. Ses mains étaient douces et chaudes. Pourtant il ne me regardait pas. Ses yeux lançaient des éclairs de jalousie à Hans qui faisait bien tournoyer Elsa. Essayant de capter son attention, je lui dis enfin avec sincérité :

-Je souhaiterai vous présenter officiellement mes excuses pour le moment où je vous ai embrassé il y a quelques mois...AIE !

Le montagnard qui ne s'attendait pas à ma remarque, m'écrasa le pied violemment.

-Hum...Je... Je vous avais déjà pardonné depuis longtemps Anna, dit-il très vite.

Il n'attendit pas la fin de la danse pour récupérer sa belle alors que je sentis une boule au creux de ma gorge. Heureusement elle ne dura pas longtemps et mon beau mari vint me rejoindre avant de murmurer :

-Madame Westergaard c'est maintenant que je vous enlève !

Sa phrase me fit frissonner de plaisir tandis que mes sentiments retrouvèrent la raison. Je n'aimais plus Kristoff ! Je n'aimais que lui ! Il me prit dans ses bras et m'emmena jusque dans la chambre. Notre chambre à présent.

-Je suis désolée pour la façon dont mes vrais parents se sont comportés, dit-il en m'embrassant.

Il me déposa alors avec délicatesse sur le lit tandis que je murmurai. :

-Oublions-ça...Aimons-nous Hans...C'est tout ce que je veux...Mon mari...En moi...

Affectée dans le bon sens du terme par mes paroles, je sentis son membre s'éveiller avec véracité le long de ma jambe. Je le poussai aussitôt contre moi et il se perdit bientôt dans les flots du tulle. Trouvant la robe belle mais encombrante pour cet instant de complicité, il prit la fermeture éclair et fit glisser le vêtement virginal au sol, ce qui m'envoya mille frissons de désir. De mon côté, je m'amusai alors à enlever sa lavallière, son veston, sa chemise et son pantalon de cérémonie si bien que nous nous retrouvâmes tous les deux en sous-vêtements.

-Tu n'as pas froid ? Demanda-t-il.

-Non...Au contraire...J'ai chaud...Même très chaud...Minaudai-je.

Ravi, mon beau prince remonta alors le long de mes cuisses, les caressant avec sensualité. Il s'attarda ensuite sur mes hanches alors que nos bouches ne faisaient plus qu'une et les palpa aussitôt avec force pendant que j'aventurai mes mains vers sa virilité.

-Tu es douce...Si douce ma petite femme d'amour, chuchota-t-il en continuant à explorer mon corps.

Frissonnant sous son toucher, mes doigts n'en finissaient plus de se raccrocher à sa protubérance ce qui l'excita au plus haut point. Il s'arrêta soudain et chercha à remonter plus haut vers ma poitrine, me caressant mes seins avec tellement de sensualité qu'il les fit durcir sous l'effet du toucher. N'y tenant plus, je parvins à gémir bientôt :

-Enlève mon corset Hans...Déshabille-moi...Complètement...Oh je t'en prie...Fais-vite...

Mon mari s'exécuta et le sous-vêtement délacé retrouva bientôt le reste des affaires sur le tapis molletonné. Il s'appliqua alors à embrasser cette partie la plus stimulante de mon être quand après plusieurs minutes de baisers, il s'arrêta net et me regarda gêné. Paniquée à l'idée d'avoir fait une bourde, je demandais immédiatement :

-Quelque chose ne va pas ?! Oh ? Tu ne veux plus de moi ?!

Il rit aussitôt et répondit tout aussi vite :

-Enfin Anna ! Ne dis pas de sottises ! C'est juste que déjà...Je te trouve plus sublime que jamais...Et puis...Tes seins...Cela ne fait pas comme d'habitude...Ils sont...Plus lourds.

Je devins rouge brique. C'était le moment de lui avouer ! Prenant une grande inspiration, je clamai alors :

-Peut-être parce que d'ici quelques mois notre famille va...S'agrandir ! Il faut honorer les prédictions de Mamie Anna, après tout !

Mon beau prince cligna plusieurs fois des yeux avant de comprendre. Puis il réalisa :

-Tu es enceinte ?!

-J'essayai d'être plus subtile mais oui ! Déclarai-je avec vivacité.

Avant qu'Hans me prenne dans ses bras pour montrer à quel point cela le touchait.

-Si tu savais comme je t'aime ! Oh oui je t'aime Anna ! Je t'aime si fort ! Répéta-t-il à plusieurs reprises.

-Je le sais, lançai-je en l'enlaçant de nouveau, moi aussi...Je ne pensais pas que l'on pouvait éprouver des sentiments si forts pour quelqu'un.

Le coup de la nouvelle étant passée, nous reprîmes notre activité amoureuse. Mon beau prince me ramena contre lui et continua de me caresser avec sauvagerie avant que l'excitation n'augmente et qu'il m'embrasse le cou, la poitrine et le ventre...Oui...Autant de points qui me donnaient envie de ne faire qu'un avec lui.

-Oh mes aïeux...J'ai la meilleure des femmes, murmura-t-il.

Pris dans son engouement, sa tête descendit brusquement beaucoup plus bas, s'autorisant quelque chose qu'il n'avait jamais fait jusqu'à présent. Ainsi, il engouffra bientôt sa langue dans ma féminité, me rendant toute chose.

-Oh...Hans...Susurrai-je à la fois horriblement gênée et envahie par un désir d'intensité.

Les gémissements se renforcèrent alors que je plaquai ma main de plus en plus violemment sur sa tête tout en lançant des jappements qui m'étaient méconnaissables. J'avais honte et pourtant je finis par lui dire :

-Oh...Mon amour...Continue...C'est si bon, répétai-je, aime-moi, aime-moi fort !

Inlassable, mon mari s'exécuta encore un peu. Puis il surenchérit :

-Oh oui ma Anna...Oh oui ! Je veux aimer chaque partie de ton corps...Les lécher...Toutes sans exception...

Au comble de l'envie, il entra enfin. D'abord timides, nos mouvements balanciers prirent bientôt de l'ampleur tandis que nos regards se croisèrent plein d'amour en cet instant de désir. Je faisais l'amour avec mon mari officiel ! Enfin !

-Je ne te fais pas mal ? Demanda-t-il.

-Non...Au contraire...Tu...T'y...Prends...Très...Bien, gémis-je d'une voix hachée tellement j'étais aux anges.

Ravi de l'entendre, il reprit tout aussi essoufflé :

-Je veux que tout le château sache que je t'aime...Que tout Arendelle même !

-Alors vas-y continue ! Plus vite ! Plus fort ! Criai-je cette fois avec conviction.

Nous eûmes du mal à parler par la suite. Virulent, Hans s'occupa de ma poitrine pendant que je lui caressais ses fesses tout en sentant mon être de plus en plus dans ce partage d'amour. Je poussais des cris. Lui aussi. Plus je l'entendais, plus l'excitation montait...Si bien que nous n'avions plus aucun scrupule à en informer tout le château...

-Oh mon Dieu...Je t'aime Anna...Je t'aime...Toi...Ta chaire...Tes lèvres...Tes seins... S'exclama-t-il.

-Moi aussi Hans...Moi aussi...MOI...AUSSI ! Criai-je avant de me cabrer par le bien être passager qui se propulsa dans mes chakras.

Cherchant avidement mon souffle, je retins un dernier gémissement alors que mon mari se retira avant d'à son tour évacuer tout cet amour. Il resta sur moi quelques secondes alors je lui embrassai la joue et nous nous étreignîmes encore un peu avant de nous regarder amoureusement.

-Merci d'être ma femme Anna d'Arendelle, dit-il en me lançant un sourire enjôleur.

-Et toi mon mari Hans Westergaard d'Arendelle, conclus-je.

Nous nous endormîmes l'un contre l'autre savourant le présent comme instant de répit avant de nous attaquer dès le lendemain au plan de Maman et Mamie. Ne trouvant d'autres moyens de ne pas stresser que par le biais de nos corps imbriqués l'un dans l'autre...Nous nous refîmes l'amour à plusieurs reprises cette nuit-là...

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