Retour vers le passé : Croqué...

By Ansa2217

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Anna la princesse d'Arendelle, fait un mystérieux rêve et se réveille juste avant que ses parents ne partent... More

Chapitre 1 : Rétrospection :
Chapitre 2 : Réveillée :
Chapitre 3 : Discussions :
Chapitre 4 : Retrouvailles et Marivaudage :
Chapitre 5 : Le jeu de l'amour et du hasard :
Chapitre 6 : Huis-Clos :
Chapitre 7 : Le fils prodige :
Chapitre 8 : En quête des Northuldra (partie 1) :
Chapitre 9 : En quête des Northuldra (partie 2) :
Chapitre 10 : Révélations :
Chapitre 11 : La pièce secrète :
Chapitre 12 : Le retour du roi :
Chapitre 13 : Nos mains :
Chapitre 14 : Pour moi (presque) rien ne change :
Chapitre 15 : Les caprices d'Anna :
Chapitre 16 : Le bel âge :
Chapitre 17 : Les interdits :
Chapitre 18 : Coup de « grâce » :
Chapitre 20 : 28 avril 1841 :
Chapitre 21 : Le plan des Picéaerd :
Chapitre 22 : Donnez-moi la passion :
Chapitre 23 : La vie continue :
Chapitre 24 : Chez le roi Karl :
Chapitre dernier : Le passé reste au fond des cœurs :
Chapitre bonus 1 : Ta main :
Chapitre bonus 2 : La vengeance :

Chapitre 19 : Les malheureux :

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By Ansa2217

Hans me berçait en me caressant le dos. A bout de nerfs, je finis par m'endormir, le visage crispé par les larmes. Quand je rouvris les yeux, le soleil était déjà bien haut dans le ciel. Elsa nous avait rejoints à l'arrière et logeait dans les bras de Mamie qui était toujours dans la même position depuis que nous avions quitté Kraberg. Elle me soutenait du regard cherchant à obtenir mon attention. A jamais vexée par son comportement de lâche, je tournai la tête complètement distante et me l'enfouis plutôt dans le creux du cou de mon beau prince. Sa respiration était lente tandis qu'il dormait la bouche ouverte. Je la lui refermai gentiment et observai le devant du traineau. Mes proches se rendormirent sauf Kristoff qui continuait de faire claquer les rênes. Pas une cerne ne siégeait sous ses yeux noisette alors que le soleil naissant reluisait sur ses cheveux mordorés... J'aurais pu retomber amoureuse tout de suite mais je m'étais attachée à mon amant depuis et j'avais fini par faire la part des choses. Être seule avec Hans m'avait ouvert un autre monde de l'amour tout aussi passionnel et inattendu. Pressentant que je l'observais le montagnard finit par répliquer assez brutalement :

-Nous sommes bientôt arrivés...Si sa Majesté veut bien se tenir tranquille.

-Et alors ? Qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse ? Répliquai-je agacée, mon fiancé et moi, ne serons plus en paix à partir de maintenant...

Ma remarque le fit soupirer et il déclara encore d'une voix froide :

-Vous êtes décidément trop égoïste et immature pour que je vous raconte le nombre de fois où j'ai séché les larmes d'Elsa au cours de ces deux dernières semaines.

Un peu surprise, je ne répondis rien et jetai un coup d'œil à ma sœur. En cet instant, j'avais toujours énormément de rancœur envers elle et ma grand-mère. Elles m'arrachaient à des jours heureux où je m'étais enfin sentie utile en me mettant sur le même pied d'égalité que le reste de la population. Je savais que j'étais de très mauvaise foi et que notre fuite n'aurait pas tenu sur la durée mais j'aurais aimé que ce soit Hans et moi qui choisissions à quel moment nous allions revenir...

-Elle vous aime Anna... Même s'il y a eu cette dispute ma Déesse vous a pardonné l'erreur que vous avez commise, expliqua-t-il, j'ai cru qu'elle allait perdre le bébé quand elle a appris que vous étiez introuvable...Et pour le coup, c'est moi qui me serais fâché s'il leur était arrivé malheur.

Cela me fit drôle d'avoir oublié ce détail si bien que je parvins à articuler sans complètement y croire :

-Quand comptez-vous mettre mes parents au courant pour votre enfant ? Vous savez que ça va finir par se voir...

Ne s'attendant pas à cela, Kristoff blanchit immédiatement avant de maugréer à mon égard :

-Vous allez peut être vous en charger par esprit de vengeance... Il y a une chose que vous devez comprendre ce n'est pas un jeu. Quand votre tour viendra, aimeriez-vous que quelqu'un se charge de le dire pour vous ? Imaginez-vous un seul instant dans notre situation.

Posant sans m'en rendre compte mes doigts sur mon bas ventre, je songeais tout de suite que l'idée de porter un bébé ne me déplaisait pas, bien au contraire !

Après tout Hans et moi n'avions pas vraiment fait attention dans nos rapports depuis cette dernière partie du cycle... Il y a une chance sur deux Anna, pensai-je presque avec espoir tout en ne me faisant pas d'illusion. Tomber enceinte aussi vite et aussi facilement n'était bon que pour les romans de la Duchesse de Funningur ! Me perçant toujours du regard pour attendre une réaction de ma part, je lui rétorquai bientôt avec hargne :

-Croyez ce que vous voulez...Reconsidérez toute cette histoire en me faisant passer pour l'unique responsable...Je m'en fiche...Il n'empêche... C'est surtout vous qui avez votre part de responsabilité, il fallait penser à prendre vos précautions avant de faire tomber le barrage !

N'appréciant pas mes paroles, les yeux Kristoff me flamboyèrent. Pendant que nous nous confrontâmes tous les deux, j'essayais d'éteindre la peur réelle qui me poussait à être mauvaise envers eux. Je craignais le dénouement de cette histoire. Père était sanguin et n'aimait pas le montagnard. Je ne voulais pas qu'il leur fasse du mal. Semblant le comprendre aussi, les sourcils du jeune Bjorgman finirent par s'affaisser et il déclara bientôt d'une voix bourrue :

-Pardonnez-moi Anna, je suis allé trop loin... Nous sommes tous fatigués.

Je ne répondis rien mais approuvais du chef tout en observant l'horizon. Nous pouvions voir les premiers pavés d'Arendelle. Hans choisit ce moment-là pour se réveiller. Se relevant légèrement pour atteindre mon front, il me déposa un baiser et demanda :

-Sommes-nous arrivés ?

-Bientôt, murmurai-je.

-Tu as réussi à dormir un peu quand même ? Questionna-t-il encore avec tracas.

Je hochai la tête, toujours concentrée sur le paysage. Nous traversâmes le village dans le silence de l'aube. Plus nous nous approchions du château plus mes intestins se resserraient à l'idée d'avoir une nouvelle confrontation parentale. Mon prince me rapprocha de lui. Son teint était pâle aussi. Il allait sans doute se faire réprimander par ses vrais parents... Pourtant il me cacha son stress par un faible sourire. Nous nous serrâmes la main alors que le traîneau était presque arrivé devant les écuries.

Kristoff l'arrêta alors que je me sentis de plus en plus mal.

-Descendez ! Nous ordonna-t-il.

Veillant toujours sur ma sœur par le biais de son regard, il commença déjà à dételer les bêtes pour les mener vers l'étable. J'avais envie de le suivre mais Hans en décida autrement quand il me porta pour me déposer rapidement au sol avant d'enjamber à son tour le moyen de locomotion. Le montagnard revint à ce moment-là et réveilla Elsa et Mamie qui émergèrent quelques secondes avant de nous rejoindre au sol.

-Rentrez au château pendant que je vais ranger le traîneau, dit-il à nouveau.

Ma chère reine des neiges acquiesça. Sans nous prêter attention, elle et mon aïeule ouvrirent la marche. La fixant toujours avec un brin d'amertume, je sentais malgré tout que nous étions connectées. Oh oui...Je sentais nos auras décimées par la tension... Les minutes qui nous amenèrent jusque dans la cour du château semblèrent durer des heures. Chaque pas était un peu plus lourd si bien que j'avais l'impression de faire trembler la terre autour de nous.

A bout de souffles, nous nous redressâmes fièrement alors que Kay et Gerda venaient à notre rencontre dans le début du corridor.

-Seigneur ! Les voilà enfin ! S'exclamèrent-ils.

Ils accoururent, ne laissèrent rien transparaître, nous encadrèrent fermement par les épaules et nous amenèrent enfin dans le couloir de la mort. Nous arrivâmes dans la grande salle de bal où Papa et Maman assoupis sur les trônes, se tenaient dans les bras l'un de l'autre. Hans et moi retînmes notre respiration. Nos mains étaient moites. Nos cœurs battaient à cent à l'heure. Si seulement nous pouvions nous réveiller remplis d'amour dans notre petite maison de Kraberg!

Mais il n'en était rien. Kay se racla la gorge pour les réveiller. Ce fut l'ultimatum. Je manquai de faire une crise cardiaque au moment où ils ouvrirent les yeux tandis que le majordome annonça sobrement :

-Ses Altesses royales, les princesses Anna et Elsa d'Arendelle, le prince Hans d'Arendelle et Madame Anna Picéaerd !

J'eus soudain très mal au ventre mais à ma grande surprise, mes parents ne nous sautèrent pas dessus de suite.

-Souhaitez-vous que j'aille réveiller le roi Wilhelm et la reine Alix des îles du Sud, vos Majestés? Reprit alors l'intendant tandis qu'ils nous dévisageaient tous les deux d'une haine effrontée.

-Oui ! Et apportez-nous le petit déjeuner dans le même temps, je vous prie ! Ordonna Père d'une voix froide.

Elle allait arriver. La gifle. Je le savais. Je déglutis difficilement mais ne m'arquai pas sous le poids de la honte. Les regards que me lançaient mes parents étaient mille fois plus horribles.

-Merci de me les avoir ramenés Maman ! Finit par dire la nôtre.

Vexée qu'on me rappelle ce détail, ce fut à mon tour de lancer des éclairs à mon aïeule tandis que la rage me parcourut à nouveau l'échine à m'en glacer le sang.

-Je t'en prie mon Ange de l'Air, dit-elle d'une voix neutre.

Plus prompte que Papa, Maman se rua immédiatement vers nous. Elle enlaça brièvement Hans, puis me sépara de lui avant de me fixer longuement. Retenant mon souffle, je pus voir une succession d'émotions sur son visage : la peur, la joie, la tristesse, le soulagement. Ses yeux s'embuèrent. La suite se passa à la fois très vite et très doucement. Je vis la main se lever et s'abattre sur ma joue de manière cuisante. La seconde d'après j'étais bloquée dans ses bras protecteurs à telle point que j'étouffer sous son emprise. Son visage en pleurs était enfoui dans ma poitrine. Et pour la première fois depuis longtemps, je me sentis vraiment mal, envahie par la culpabilité face à sa détresse.

-Quand je pense que j'ai failli te perdre, ne cessait-elle de répéter en me mouillant mon corset.

Je lui frottai alors vigoureusement le dos, n'arrivant pas à lui dire que j'étais désolée. Le fait était là : Je ne regrettais rien.

-Vois le spectacle que tu nous infliges Anna ! Déclara Père avec froideur tout en ayant tout de même pris Hans sous son aile.

Le comportement de Maman changea radicalement. Furieuse, elle se retourna alors vers lui et lui cria :

-A cause de qui Agnarr ?! Rappelle-moi ! De toi ! Oui de toi et ta fichue peur que notre Furie Rousse préfère son côté Northuldra au poids de la couronne d'Arendelle ! Tu es tout aussi responsable qu'elle ! A la différence près qu'elle, elle a seize ans ! Alors maintenant tu te tais par pitié car tu en as assez fait !

Choqué par sa brimade, mon père n'osa toutefois rien ajouter. Tout ce que Maman venait de dire, me revint alors en mémoire. Mes yeux se durcirent à son égard et j'eus envie de repartir alors qu'elle se remit à pleurer dans mes bras. Soucieuse de ne pas laisser passer ça, je repris à mon tour sur un ton dur :

-Le spectacle que je vous inflige père...Est le même que celui dans lequel je me trouvais il y deux semaines quand vous avez décidé de détruire la pièce secrète, et à ma connaissance, vous n'avez pas daigné venir m'entourer avec affection, vous ! Vous étiez même plutôt fier de l'ordre donné à Halricsen !

Nous inspectant aussitôt Maman et moi, il finit par reprendre d'une voix gênée :

-C'est bien pour cela que cet acte est désormais révolu ! Nous avons tout nettoyé et reconstruit ce lieu.

Cela aurait dû m'apaiser mais je continuais de lui lancer des éclairs.

-Les manuels ne reviendront pas, eux ! Grondai-je plutôt.

-Si ma Furie Rousse ! Rétorqua Maman en se tournant bravement vers Mamie, nous en avons refait des exemplaires.

S'étant arrêtée de pleurer, elle me passa alors son châle Northuldra autour des épaules et répéta à Elsa et mon aïeule :

-Merci encore de me l'avoir ramenée.

Mamie Anna acquiesça alors que ma sœur resta impassible. Kristoff arriva à ce moment-là, des écuries. Déjà sur les nerfs, Papa s'exclama alors aigrement à son égard :

-La séance que nous allons effectuer ne vous concerne pas Monsieur Bjorgman vous pouvez vous retirer dans vos appartements !

-Puis-je également Père ? S'écria ma chère reine des neiges, j'ai accompli ce que vous vouliez après tout.

-Oui tu peux ! Mais Gerda reste avec vous ! Ce n'est pas le moment que nous tombions sous un autre scandale dûe à un fricotage !

Conciliants, ils acquiescèrent et partirent alors sans demander leurs restes. Kay choisit ce moment pour revenir avec les vrais parents d'Hans et le petit déjeuner qu'il alla déposer à une table mise spécialement pour l'occasion. Il n'y aurait sans doute pas de plaintes aujourd'hui compte tenu des circonstances. Mais cet intermède n'était qu'un prétexte pour pouvoir être plus à même de parler calmement. Ce qui n'était pas gagné étant donné l'atmosphère ionique qui était en train de régner dans la pièce.

Ainsi Wilhelm ne mit pas longtemps avant de déclarer méchamment à l'adresse de son ancien fils :

-Je vois que d'avoir été adopté ne t'as pas donné du plomb dans la tête jeune homme ! Tu t'es laissé faire par les beaux yeux d'une jeune fille et tu l'as suivi au lieu de lui dire que c'était un acte totalement insensé ! Tu n'es définitivement qu'un petit irresponsable !

-C'est précisément pour vous éviter ce genre de remarques de votre part, que j'ai préféré partir Monsieur, dit-il hargneusement.

Déjà bien énervé, le roi Westergaard monta encore d'un cran en entendant les propos de mon amant.

-Monsieur ?! Tu crois que tu es en position de jouer le change ?! J'étais et demeurais toujours celui qui t'as conçu ! Alors tu te dois de me donner du « Père » ! Sale Gringalet va !

Sans attendre, il attrapa alors Hans par les épaules et le força à le regarder dans les yeux tout en continuant de le fustiger d'une voix mauvaise :

-Tu n'auras jamais de prestige pour être un bon roi, un bel homme. Tu es faible... Faible comme une fille, vous vous êtes bien trouvés tous les deux, finalement !

Toujours d'un calme olympien, mon fiancé renchérit derechef :

-Votre méchanceté ne m'atteint plus Père, d'ailleurs je n'ai plus vraiment envie de vous appeler ainsi, vous n'êtes qu'un fourbe ! Qu'un couard ! Qu'un fripon ! Et si je suis cet être qui vous répugne tant comme vous le dîtes ! Eh bien bravo à vous ! Je suis votre portrait craché !

Nous n'eûmes pas le temps de réagir.

Le soufflet que lui envoya le roi le mit directement au sol.

-Wilhelm mon ami ! Je vous en prie, contenez-vous ! S'écria alors la reine Alix, outrée.

Se tournant vers elle, il renchérit aussitôt avec mépris :

-C'est bien vous ça ma chère ! Défendre toujours l'indéfendable !

Puis il se mit à rire. Un rire si désagréable qu'il faillit me faire vomir. Ne souhaitant pas laisser mon amant par terre, je m'apprêtais à m'accroupir pour lui prendre le bras mais Maman me retint à temps. La colère et l'humiliation se lurent de plus en plus dans les yeux d'Hans qui finit par se relever d'un coup en hurlant brutalement :

-ESPECE DE SALAUD !

N'ayant pas apprécié le geste, il se rua à son tour sur son père et le plaqua violemment au sol. Le roi surpris, ne réussit pas à avoir le dessus. Il tenta de se relever mais Hans avait plaqué son bras sous son cou, coupant toute respiration si bien que sa tête devint de plus en plus blanche.

-Mon fils arrête ! Réagit enfin Papa qui pourtant ne l'aida pas à se dérober.

Mais rien n'y fit. Dans l'immédiat mon beau prince ne souhaitait pas se raisonner. Il crachait enfin à la figure de l'homme qu'il l'avait élevé toute la haine et la peine qu'il avait pu ressentir au cours de sa courte existence dans les îles du Sud. Défaitiste par cette position de force, la reine Alix se signa. Maman et Mamie avaient reculé, me forçant à faire de même.

-Que...Dieu...Maudisse...Le...Jour...Où...Tu...Es...Venu...Au...Monde, hoqueta bientôt le roi Wilhelm dont le cou devenait de plus en plus bleu.

Apeurée par cette scène, j'eus l'impression de revoir en mon fiancé, l'homme qui m'avait tant fait du mal dans mon rêve. Ses agissements sous mes yeux me terrifièrent tellement que j'hésitais à rompre nos fiançailles et quitter la pièce tout de suite. Horrifiée par l'idée que je portais peut-être son enfant, je sortis enfin de ma léthargie et criai bientôt :

-Hans je t'en supplie arrête ! S'il te plaît ! Tu vaux mieux que ça !

Mes paroles portèrent soudain leur fruits. Il tourna aussitôt son regard en comprenant que c'était moi qui venais de parler et desserra enfin ses mains du goître de son Père qui reprit des couleurs. Il les regarda puis vit mon regard où il put lire la peur qu'il m'inculquait.

-Pardon Anna, murmura-t-il, excuse...Excuse-moi.

Il voulut m'approcher mais je reculai instinctivement en m'entourant les épaules pour me réfugier contre ma mère. Papa vint alors vers lui et le força à se rassoir tout en lui envoyant une tapette sur la tête.

-J'aimerais que nous ayons une conversation d'adultes et non que nous déclenchions une nouvelle guerre ! S'écria-t-il, bon Dieu ! C'est possible de comprendre ça ! Si vous ne pouvez pas vous voir en peinture, eh bien ne vous adressez plus la parole et c'est tout ! On ne vous demande rien de plus ! Compris !?

Nonchalant, les deux hommes hochèrent la tête en s'évitant royalement du regard. Pas en reste, je me tournai encore vers Mamie et répliquai à mon tour :

-Et moi j'aimerais savoir ce qu'elle fait ici ?! Quand je suis partie nous ne devions plus jamais nous croiser. Alors Père ?!

Indécis par ma confiance, je n'en démordais pas et continuer de l'affronter du regard. Ce que j'y lus me déconcerta à mon tour. Outre la colère et la hargne je pouvais également y voir de la détresse... Et du soulagement... Cela se pouvait-il que lui aussi soit content de me revoir ?!

Je n'eus pas le temps de plus m'interroger que Maman dit en me dévisageant toujours avec amour :

-Laisse Agnarr, je me charge des explications...Vois-tu ma Furie Rousse, quand nous nous sommes rendus compte que vous étiez partis Hans et toi, nous vous avons cherché partout dans les environs. Ton père a pensé que vous étiez allés vous réfugier dans la Forêt Northuldra. Nous avons donc ratissé toute cette partie-là du royaume également. Vous n'imaginez pas l'angoisse que vous nous avez procurée...En comprenant que vous êtes partis, j'ai été ramenée à une propre fuite que j'avais fait vingt ans en arrière...Avec le recul, je m'en suis tellement voulue d'avoir infligée ça à votre grand-mère... J'ai pu ressentir, le sentiment de culpabilité et de terreur avec laquelle elle avait dû vivre tous les jours avec l'idée qu'elle ne verrait plus jamais la chaire de sa chaire...C'est donc moi qui ai eu l'idée de l'appeler pour pouvoir vous retrouver puisque les recherches des gardes n'avaient abouti à rien. Au début elle n'a pas voulu. Elle savait que si elle faisait ça, elle perdrait ta confiance Anna. Mais finalement, elle a préféré écarter ce point car elle ne voulait pas que ce qu'elle avait enduré se reproduise avec moi.

-C'est donc toi qui lui as soufflé l'idée des voyages astraux ? Questionnai-je encore dans mes retranchements.

-Tout à fait ma chérie, sourit-elle, ton Père a accepté ce procédé avec scepticisme, mais il a finalement marché. Et vous voilà à la maison. Je suis si heureuse, si soulagée. Je t'aime ma Furie Rousse, tu ne sais pas à quel point tu es précieuse à mes yeux. Je t'ai vu naître, t'ai élevé, t'ai aidé à devenir une jolie et intelligente jeune fille. Je ne me serais jamais remise de ta perte. De votre perte, souligna-t-elle à nouveau à l'adresse d'Hans.

Pour souder ses paroles, elle m'embrassa fermement le front. J'observai Mamie qui souriait et pleurait en même temps sous cette scène un peu trop démonstrative. Une larme coula le long de ma joue alors que je buvais son explication. Comment avais-je pu être aussi sotte une fois de plus ? Père était le seul coupable et je lui avais donné raison en m'enfuyant. J'avais été égoïste envers le reste de ma famille...Souhaitant réparer mon erreur, je me tournai alors vers Grand-Mère qui se redressa et demanda en m'essuyant mes larmes :

-Et donc ma petite Piceaerd...Est-ce que tu es prête à reprendre tes leçons de chamanisme avec moi une fois par semaine ?

Observant durement Papa pour avoir son consentement, je l'entendis bientôt grogner :

-Uniquement pour des raisons économiques... Je... J'ai reçu des lettres des dignitaires étrangers qui étaient là à vos fiançailles et qui ont beaucoup été impressionnés par votre prestation. Tout le monde ne parle plus que de vos exploits dans tous les royaumes. Des dignitaires curieux souhaitent même venir y assister...

-...Donc tu ne m'empêcheras plus jamais de revoir Mamie ?! Le coupai-je, sûre de sûre, je peux continuer mes leçons avec elle pour toujours ?

-Ne m'oblige pas à le répéter ! Rugit-il.

Ne voulant pas le contrarier, je tombai finalement dans les bras de ma Grand-Mère tout en l'adulant. Elle qui était si sage et arrivait toujours à faire les bons choix. Si j'arrivais à atteindre son âge un jour, j'espérais devenir aussi philosophe qu'elle.

-Je te pardonne, murmurai-je.

-J'avais compris ma petite Piceaerd, rit-elle.

Reprenant progressivement possessions de notre bulle petite-fille/ grand-mère en complétant nos auras respectifs, nous ne fîmes pas attention tout de suite à mes futurs beaux-parents qui attendaient toujours au centre de la pièce avec un air consterné. Par précaution, Alix avait séparé son mari et son fils pour ne pas subir une autre altercation de sa part. Perdant patience à cause de leur mise à l'écart, la reine des îles du Sud reprit bientôt d'une voix pincée :

-Toutes ces retrouvailles sont très touchantes bien sûr, mais qu'en est-il de sa future place d'épouse ? Quand trouvera-t-elle le temps de faire son devoir de reine ?!

Je me raidis immédiatement en entendant son commentaire et fus sur le point de répliquer quand Hans souligna tout de suite pour moi :

-Anna est tout à fait capable de faire les deux en même temps, Madame.

-Ah oui ?! Au vu de ce qui s'est passé dernièrement, permettez-moi d'en douter ! Répliqua-t-elle d'une voix dure.

Je la fusillai du regard, prête à défendre cette injustice.

-Pourrais-je savoir ce qui vous fait croire cela votre Altesse ?! Etiez-vous avec nous durant notre séjour à Kraberg ?!

Outrée, elle bougonna immédiatement :

-Mais enfin...Bien sûr que non...J'estime cependant être en mesure de...

Me détachant rapidement de Mamie, je l'interrompis alors en parlant encore plus fort :

-...Alors de quoi vous plaignez-vous ?! Oui ! De quoi vous plaignez vous ? Hans et moi contrairement à vous avons vécu au milieu de nos sujets ! J'ai connu la vie qu'ils endurent tous les jours ! Oh bien sûr ! Beaucoup moins que mon futur mari ! C'est lui qui était en première ligne ! Vous savez ce qu'ils font dans cette mine tous ces pauvres hommes ?! Ils y pourrissent ! Ils se lèvent le matin avec une chance sur deux de ne pas rentrer chez eux le soir ! Ils courent leurs vies chaque jour pour subvenir aux besoins de leurs familles ! Malgré tout c'est une communauté unie ! Ils ont du temps libre une fois par semaine où ils peuvent se reposer quand vous, vous pouvez vous lever à pas d'heures avec votre vie de château ! Et vous ? Vous ! Vous vous interrogez sur vos passe-temps de souveraine ! Tous les repas préparés pour vous ! Vous ne vous êtes jamais occupés de vos enfants les nourrices s'en sont chargées ! En plus de cela ce n'est pas comme si votre royaume était le plus connu de tous comme c'est le cas pour la France ou l'Angleterre ! Vous ! Vous vous plaignez sans cesse, de votre fils, de votre travail de reine. Certes il est difficile mais quand vous n'avez pas de guerres à régler, il ne reste que les plaintes des pauvres ! Alors oui reine Alix ! Que cela vous plaise ou non ! Je serai tout à fait capable de concilier mon travail de chamane pour subvenir aux besoins de mes amis que d'être une bonne reine d'Arendelle pour mes sujets !

Estomaqué par ma tirade, Papa me dévisagea soudain sous un autre jour. Y reconnaissant de la gratitude, je crus voir un acquiescement de sa part même si cela l'agaçait. Choquée par mes propos, la mère d'Hans vira au rouge vif avant de répliquer scandalisée :

-Quelle audace ! Vous ne savez pas où est votre place jeune fille !

-Détrompez-vous ! Je sais parfaitement où elle est ! Lançai-je avec affront, d'ailleurs Père ! Le concessionnaire de la ville de Kraberg nous attend si je ne me trompe pas !

-Nous ? S'étonna-t-il décontenancé.

-Oui ! Elsa m'a dit que tu allais y passer si nous revenions, insistai-je, pour être tout à fait honnête je suis revenue uniquement pour ça...Pour être certaine que tu allais tenir ton engagement !

-Mais...Mais...C'est exact...En revanche...Nous...Nous devons parler des préparatifs de votre mariage, s'embrouilla-t-il.

Je le fusillai immédiatement du regard et rebombai ma poitrine avant de reprendre en fulminant :

-Et donc tu es encore prêt à ne pas tenir parole ?! Fulminai-je.

-Non, je n'ai pas dit ça ! S'indigna-t-il... Et puis d'abord ! Tu vas redescendre d'un ton avec moi, jeune fille !

Non offusquée par sa menace, je répétais alors d'une voix tenace :

-Bien, si les préparatifs du mariage peuvent attendre, allons-y !

Il ne répondit pas et continua de m'observer d'une manière choquée avant qu'un sourire sadique ne s'affiche enfin sur son visage et qu'il réplique :

-Alléluia ! Ma fille a enfin du plomb dans la tête ! Tout n'est pas perdu ! Puisque tu tiens tellement à t'occuper de cette ville où tu as séjourné...Je t'en laisse l'entière charge !

-Agnarr tu n'es pas sérieux... S'offusqua immédiatement Maman.

-Au contraire Iduna ! Au contraire ! Renchérit-il, il n'y a pas de meilleure façon d'apprendre que d'être jeté dans le grand bain ! Anna et moi allons recevoir personnellement Monsieur Ludwig dans l'autre salle du conseil et je lui laisse libre-choix de faire ce qu'elle pense juste pour ses sujets !

-Je ne comprends pas Papa...Je croyais que nous allions là-bas directement avec l'armée... Commençai-je en me rappelant des paroles du concessionnaire.

-M'enfin...Bien sûr que non ma Furie Rousse ! S'exclama-t-il, tu imagines bien que si j'avais dû me déplacer nous n'aurions pas pris la peine de vous faire revenir ! Non, non, je lui ai bien précisé que c'était à lui de se déplacer au château aujourd'hui pour dix heures...Il me semblait qu'Elsa devait t'en faire la commission.

Et cela avait été le cas mais ça m'était sorti de l'esprit...

Il regarda ensuite sa montre et ajouta :

-Et il est dix heures...

-Dans un quart d'heure...Murmurai-je en entendant l'horloge de la bibliothèque résonner avec force dans le château.

-Nous avons donc un peu de temps Agnarr...Dans ce cas, peut-être pourrions-nous rappeler aux deux personnes concernées les modalités du mariage qui se profile à la fin du mois ?! Grinça le roi Wilhelm en observant Hans avec hargne.

-Bien sûr, mon cher, bien sûr ! S'enquit Papa.

-Quant à moi, si vous le voulez bien je vais retrouver ma Marraine qui doit se trouver à l'Old Reindeer et nous nous retirerons chez nous après avoir convenablement saluer tout le monde ! S'enquit-elle.

-Bon courage pour la retrouver Maman, renchérit la mienne en lui lançant encore un regard bienveillant.

Elle lui sourit malicieusement et haussa les épaules avant de quitter la salle. Kay arriva alors pour débarrasser la table et la nettoyer alors que Père finit par sortir des papiers d'une pochette en carton.

-Bien ! A nous ! Dit-il, voici donc les décrets importants pour votre mariage.

Il déposa le premier et expliqua patiemment :

-Celui-là concerne les biens qui appartiennent au couple...Pour faire simple Hans hérite de tout ce que tu possèdes Anna si jamais tu décèdes avant lui. Mais ce choix est équivoque dans l'autre cas. Si vous décédez tous les deux, la succession va à l'héritier suivant dans la liste de la lignée c'est-à-dire Elsa, et uniquement Elsa pour son cas puisque pour l'instant elle n'est pas mariée avec ce Kristoff...

Amusée, je remarquais tout de suite, le coup de pieds que Maman lui décocha avant d'encaisser sa dernière remarque mal à l'aise. Vint ensuite le deuxième décret et il précisa encore :

-Celui-là concerne plus Hans, il stipule son irradiation des îles du Sud. Concrètement quand le jour du mariage arrivera, ton fiancé sera un homme d'Arendelle et son adoption sera officiellement prise en compte.

J'observai mon bel amant avec tendresse. Il afficha un sourire serein en entendant ces paroles et ajouta sans attendre au sujet de la dernière feuille :

-Ce décret-là est plus de l'ordre des traditions ! Il évoque la manière dont va se dérouler le mariage. Vous avez par exemple la conduite à suivre que les futurs mariés ne doivent pas se voir avant le jour J pour préserver la pureté de la mariée et l'arrivée devant l'Eglise ou encore qu'après la fête il doit y avoir des témoins pour vérifier la consommation. Enfin...Comme je savais que ça ferait plaisir à la princesse Anna et à la reine Iduna, j'adhère également à une bénédiction d'ordre inconnu pour l'instant de la part de la Grand-Mère de la mariée.

Je fus touchée par cette intention qui me surprit tout de même après tout ce qui s'était passé au cours des derniers mois. Il y eut un court silence avant qu'il ne conclue :

-Est-ce que j'ai été assez clair pour tout le monde ?

-Oui, répondirent nos voix à l'unisson.

-Parfait. Tous les papiers seront signés le jour du mariage, c'est-à-dire dans quinze jours !

Heureuse d'entendre que tout semblait revenir à l'ordre, je fus presque surprise quand la reine Alix gloussa méchamment avant de déclarer avec un sourire mielleux :

-Si je puis me permettre roi Agnarr...Moi j'avais quand même une question...Je ne doute pas des sentiments que votre fille a pour notre rejeton...Mais à la base cela devait être dans deux ans, pour qu'ils aient tous les deux un peu plus de maturité. L'escapade dans la ville minière confirme bien ce manque de décision sensée...Alors pourquoi passer de deux ans à un mois ? C'est inventif tout de même !

Mon beau prince et moi faillîmes nous étrangler et je me trouvai tout de suite bête d'être aussi étonnée par son interrogation. Evidemment que le reste du monde allait se dire la même chose. Volant à notre rescousse, Maman lui intima bientôt :

-Il me semble que c'est vous qui nous avez pressé pour vous débarrasser de votre fils, cela va bientôt être chose faite.

Loin d'être bête Madame Westergaard lui dénicha un rire éclatant avant de minauder avec insistance :

-Je comprends tout à fait reine Iduna...Néanmoins cette précipitation ne cacherait-elle pas autre chose ?

Hans et moi rougîmes en même temps tandis que je voyais mes parents essayer de rétablir la situation. Mais devant la lenteur de l'action, le roi Wilhelm comprit et il repartit à son tour dans un rire sarcastique avant de prendre Alix à partie :

-Ainsi ma chère femme ! Nous avons tout de même réussi au moins une chose avec cette erreur de la nature : Il sait manier sa lame avec finesse !

-Taisez-vous ! Vraiment ! Quelle manque de savoir vivre ! S'égosilla immédiatement Hans alors que je devins blanche.

Semblant avoir oublié leur querelle quelques minutes plus tôt, son père renchérit d'une voix vulgaire :

-Oh il n'y a pas de honte à avoir mon garçon ! Et tu verras sitôt que tu as goûté à cette chose-là tu ne pourras plus t'en passer ! Que ce soit avec ta femme ou avec d'autres d'ailleurs !

-Je ne suis pas comme vous, grinça mon beau prince entre ses dents.

-Je confirme ! Tu n'as pas assez de gnaque ! Déblatéra-t-il.

-Ou trop de respect et d'amour pour ma femme ! Clama-t-il en me prenant contre lui.

Eberluée par ses paroles, la reine Alix écarquilla de grands yeux avant de murmurer comme si elle n'osait y croire :

-Alors...Ce que ton Père dit est donc vrai...

-Il se pourrait que vous ne pouponniez plus tôt que prévu ma chère ! S'écria encore le vil roi.

J'explosai intérieurement avant de me redresser fièrement tout en disant :

-Jamais Monsieur, vous m'entendez ! Jamais de la vie les enfants que nous aurons ne vous rencontreront ! Ni vous ! Ni madame ! Vous ne souhaitez plus avoir Hans parmi vos fils, le décret de Père est très clair à ce sujet. Votre vœu va être exaucé...Donc nos futurs héritiers n'appartiendront pas à votre famille !

Choqués par ma phrase, ils ne pipèrent mot alors que mon fiancé et moi nous regardâmes avec amour. Un puissant silence s'installa ensuite dans la pièce et ce fut Père qui le brisa plusieurs secondes plus tard. Il se racla la gorge et m'indiqua aussitôt :

-Bien...Anna...Hans...Il est temps d'aller voir le concessionnaire.

-Oui ! M'exclamai-je.

Un peu gênée de laisser Maman toute seule avec ces immondes personnes, je ne pus faire autrement que quitter la pièce en compagnie de mon beau prince qui faisait office de témoin dans notre échange avec le maire de Kraberg. Ensemble nous nous rendîmes donc dans une des salles du conseil où des spécialistes de l'économie et du social nous y attendaient.

Il y avait également le général Olson. Kay nous annonça :

-Ses Majestés le roi Agnarr, la princesse Anna d'Arendelle et le prince Hans Westergaard d'Arendelle.

Monsieur Ludwig se tenait là non rassuré. Il fit une révérence et inspecta enfin Hans avec des yeux d'horreur avant de bégayer avec absurdité :

-V...Vo...Vous...Mais je ne comprends pas...

-Asseyez-vous donc mon brave, ma fille va se charger de tout vous expliquer ! Déclara Papa.

-Votre...Votre fille ? Répéta-t-il comme s'il était sur le point de perdre sa langue.

Ne souhaitant pas nous répéter, nous nous attablâmes et je lui décrivis toute l'histoire sous l'oreille attentive de Père et mon amant. Les émotions du concessionnaire passèrent de la gêne à la colère puis au soulagement. Il réalisa peu à peu que ma fuite d'adolescente juvénile allait devenir une chance pour lui. Quand mon récit fut terminé, il osa demander :

-Merci pour votre histoire. Mais du coup qu'en est-il pour nous maintenant ? Comme vous l'avez si bien dit, il y a eu cet accident de grisou qui a encore causé des dommages collatéraux énormes ! Nous sommes une population solidaire mais très pauvre ! Et on sait comment ça se termine dans ses cas-là ! Soit les gens vont dans d'autres villes, soit ils deviennent malfamés comme c'est le cas de celle d'Arnevik.

-J'entends bien mon brave...Déclara Papa.

Puis il se tourna vers moi et me fit un signe de tête en ajoutant :

-Néanmoins, Princesse Anna, c'est à vous de répondre !

Confiante, je respirai un grand coup et répondis avec un peu de trac :

-Eh bien...J'ai plusieurs points à proposer...Tout d'abord pour les dégâts des travaux nous allons débloquer 10 000 couronnes et subvenir à vos besoins. Je me charge également de vous donner 500 couronnes de ma caisse personnelle pour faire avancer la médecine et l'éducation là-bas...

Père tourna soudain de l'œil mais ne répliqua rien tandis que je continuais :

-...Concernant votre sécurité qui est primordiale, nous nous chargerons en accord avec votre banque de mettre en place une rente qui sera une assurance vie en cas de décès prématuré. Ainsi les familles ne manqueront plus d'argent. Enfin, si vous avez un quelconque problème qui soit de l'ordre du social, de l'économie ou encore de la politique, je me chargerai personnellement de répondre à vos attentes et de vous protéger.

-Vous allez devenir la marraine de notre ville ? Demanda Ludwig comme s'il n'avait pas compris la moitié des mots que je venais de dire.

-C'est précisément cela ! Notai-je toute heureuse, je vais devenir votre syndicat, votre avocat en quelque sorte, ça vient du grec ancien sùndikos, « avec just...

Je ne terminais pas ma phrase en entendant Père se racler la gorge pour montrer que le concessionnaire n'en avait rien à faire.

-Excusez-moi, repris-je... Est-ce que notre arrangement vous convient ?

Ludwig retrouva le sourire et hocha vigoureusement la tête en répondant humblement :

-C'est plus que toutes mes espérances Majesté.

J'observai une nouvelle fois Papa pour savoir si j'avais bien agi. Il sembla satisfait.

-Prince Hans préparez les décrets, je me charge d'aller chercher la somme soumise par la princesse Anna, déclara-t-il.

Mon bel amant s'exécuta d'un air concentré et digne. Il signa à la fin puis me passa la feuille. Je fis de même, dans une explosion de joie. Enfin, j'exerçais aussi des responsabilités au sein de mon propre château ! Enfin j'avais tenu tête à Père pour de la bonne cause ! Je me sentais tellement utile pour ces personnes. Je remerciai intérieurement Mamie pour nous avoir retrouvé par voyage astral. Je remerciai intérieurement Maman pour être allée la chercher. Enfin je remerciai intérieurement ma sœur de nous avoir ramener. Père finit par revenir et lui donna une grosse bourse d'argent. Rouge de confusion, le concessionnaire l'agrippa très ému avant de produire une bien piètre révérence.

-Merci encore pour tout, conclut-il.

-Je me déplacerai le mois prochain directement à Kraberg pour voir votre évolution ! M'écriai-je.

Il sourit satisfait et s'en alla, raccompagné par Niklas. Hans, Papa et moi restâmes un peu dans la pièce et ce dernier déclara d'une voix neutre :

-Pour une première leçon ce n'était pas si mal ma Furie Rousse.

-C'est vrai ? M'écriai-je car je pouvais enfin lire de la fierté dans ses yeux.

-Le roi te dit que non, car si tu laisses autant d'argent à tous tes sujets tu seras ruinée au bout de six mois. Mais le père te dit oui car finalement c'était ta première décision à prendre sans que j'intervienne, et je ne voulais pas te contredire pour tes choix si généreux...Après tout...Je les ai eus au même âge.

Il me tapota gentiment les cheveux et ce geste qui me réchauffa le cœur, eut tôt fait de me ramener dans mon enfance. Je me retins de lui courir dans les bras tandis qu'il conclut :

-Nous allons pouvoir aller de l'avant. A présent Hans viens avec moi, Anna va voir ta Mère maintenant, elle t'attend dans ta chambre pour vos affaires de femmes.

Je m'exécutai et arrivai bientôt dans ma chambre où Maman était déjà assise sur le lit.

-Tu demandais à me voir ? M'étonnai-je.

-Oui ma chérie, par rapport à notre petit calcul de menstruation de la dernière fois ! S'enquit-elle.

-Oh ça... Dis-je en rougissant.

-Voyons Anna, tu n'as pas de honte à avoir, je te fais confiance ! S'exclama-t-elle, je préfère juste te le demander en privé car je trouve que c'est plus approprié.

-Je comprends, murmurai-je.

-Alors est-ce que tu as saigné dernièrement ou est-ce que tu as du retard ? Demanda-t-elle d'une voix détachée.

Me sentant soudain sale et honteuse, je me mordis la lèvre et murmurai assez distinctement :

-Euh...Elles sont arrivées cette nuit...Avec le chamboulement du retour à la normale, elles ne pouvaient qu'être là.

Le sourire de Maman se détendit immédiatement alors que je ne regrettais pas ce demi-mensonge. Je n'avais rien en réalité. Nous n'avions jamais pris nos précautions. Néanmoins je n'étais pas inquiète. Si un petit nous devait grandir en moi...Je l'accepterai volontiers sans lui en faire part... A quinze jours du mariage, elle n'avait pas besoin de le savoir. Très douce, elle prit mon visage dans ses mains et chuchota :

-Je suis soulagée que tu ne deviennes pas Mère maintenant, cela clouera le bec aux épouvantables parents d'Hans. Il a bien de la chance de t'avoir...Et puis un problème à la fois... Il va déjà falloir doubler d'inventivité et de patience pour amener à bien la grossesse d'Elsa.

J'acquiesçai ses paroles, les yeux embués de savoir que rien n'était gagné pour ma sœur.

-Elle nous a ...Nous la soutiendrons quoiqu'il arrive, conclut-elle.

Nous hochâmes la tête d'un commun accord et allâmes rejoindre les autres.

Les quinze jours qui suivirent passèrent alors très vite malgré la cohabitation avec les parents d'Hans qui s'avoua un véritable calvaire. Entre les remarques misogynes et les piques sanglants à chaque repas je ne savais plus comment faire pour ne pas que mon beau prince les tuent pour de bon. Heureusement, notre quotidien reprit et je passai le plus clair de mon temps avec Mamie qui continua de m'apprendre le chamanisme y compris en Arendelle au sein même de...La pièce secrète de la bibliothèque réajustée.

Notre relation avec Elsa et Kristoff se radoucit mais nous ne retrouvâmes pas notre complicité d'antan. Je n'arrivai plus à me confier à ma sœur préférant le faire avec Mamie Anna.

-Tu dois l'excuser ma petite Piceaerd...Elle a malheureusement d'autres préoccupations avec sa grossesse qui est de plus en plus visible, me disait-elle souvent.

Puis elle me regardait également avec un drôle de sourire et se mordait la lèvre à chaque fois comme si elle se retenait de me dire quelque chose...

****

-Oh Kristoff ?! L'as-tu senti ?! Demandai-je immédiatement alors que je ressentais comme des petites vagues dans mon bas-ventre.

Gêné, mon amant resta prostré alors que je lui plaquai ma main pour qu'il rencontre le pieds ou la main de notre bébé. Ce dernier reconnut immédiatement la poigne de son père et une autre sensation rigolote m'envahit.

-Oh bah alors ?! Tu es déjà vigoureux et déterminé comme Maman ! Clama-t-il tout ému.

Mes joues se chauffèrent de bonheur et nos lèvres s'agrippèrent bientôt dans une harmonie sereine.

-Je t'aime tellement ma Déesse...Susurra-t-il soudain.

-Moi aussi je vous aime monsieur le montagnard, chuchotai-je en l'embrassant à nouveau.

Nous demeurâmes ainsi, heureux et enlacés dans le grand lit, prêts à ne faire qu'un avant de nous plonger dans de beaux rêves quand la scène tourna soudain au cauchemar. Je ne compris pas tout de suite que Papa était entré dans la chambre mais l'ordre du général Olson me glaça en une fraction de secondes :

-Lord Bjorgman vous êtes accusé de haute trahison envers la couronne d'Arendelle pour avoir voler la pureté de la princesse Elsa...Vous êtes condamné à l'exil dans le pays d'El Rédor et partirait après le mariage de la princesse Anna et du prince Hans à la première heure ! Vous êtes pour l'heure en état d'arrestation donc venez devant moi sans faire d'histoires !

-Quoi ?! M'offusquai-je en me levant rapidement du lit, non ! Pas ça !

-Reste en dehors de cela Elsa ! Tu t'es assez donnée en spectacle avec ce rustre ! S'exclama mon père en me décochant une gifle magistrale qui me fit l'effet d'une engelure sur la joue.

Puis il se tourna à nouveau vers Niklas et lui fis signe de m'arracher mon amant.

-Non...Non ! Père je t'en supplie ! Pleurai-je, que se passe-t-il ?! Pourquoi agis-tu ainsi ?!

Il repéra aussitôt mon ventre et grommela avec dégout :

-Alors ce que ta mère vient de dire est vrai ?! Tu attends un enfant de...De cet homme ?!

Prête à m'évanouir à cause de la tournure des évènements, j'étais bien trop accablée pour lui donner une explication. La même phrase tourna en boucle dans ma tête comme une alerte qui me menait vers le Nifflheilm. Ils m'enlèvent mon Kristoff ! Ils m'enlèvent mon Kristoff ! Non ! Ils n'ont pas le droit ! Je vous en supplie ! C'est un cauchemar ! Je vais me réveiller ! Oubliant les membres de cette salle, je me ruai sur mon amant et l'embrasser avec force alors que les fers étaient en train de lui être passé.

-Je te sauverai...Je te le promets...Chuchotai-je.

-N'y pense même pas ma fille ! Clama aussitôt Papa alors que je regrettais presque d'avoir mes gants pour ne pas le geler, quand lord Bjorgman sera loin de toi, nous nous chargerons de faire disparaître ce concours de circonstance !

Quoi ?! Il voulait tuer mon bébé ?! J'eus aussitôt des envies de meurtres mais ne pus faire de mouvement, transie par la terreur. Je ne tins pas longtemps. A peine furent-ils tous partis, qu'une bourrasque de givre se répandit dans la chambre. Déferlant ma colère et ma tristesse avec force, je laissais libre cours à ma magie, oubliant que cela pouvait me mettre en danger. Je me défoulais ainsi pendant un temps indéfini...Jusqu'à entendre une voix ferme de l'autre côté de ma porte :

-Ouvre-moi ma grande Piceaerd ! C'est Mamie Anna !

Mamie ? Mamie Anna était ici ? Ni une ni deux, je remis mes gants et appliquai son souhait avant de me retrouver dans ses bras. Ne faisais pas attention au bazar que je venais de créer, elle murmura avec tendresse :

-Allez...C'est fini...Viens...Allons voir ta sœur.

****

Le temps passa à une vitesse folle si bien que nous y arrivâmes enfin. A la veille du mariage dont j'avais entendu parler depuis près d'un an maintenant. Mon excitation était à son comble alors que j'étais prête à aller me coucher sans la présence d'Hans comme le voulait la tradition. Souhaitant m'allongeai délicatement dans le lit, je procédai par ordre et m'installai d'abord mi-assise pour palier une nouvelle nausée avant de déjà me caler sur le côté gauche en position fœtale. Je n'eus toutefois pas le loisir d'aller jusqu'au bout que la porte de la chambre s'ouvrit avec force, me révélant mon aïeule accompagnée d'Elsa en pleurs.

Alertée, je m'écriai immédiatement :

-Mamie Anna ?! Tu es ici !? Mais...Euh...Depuis quand ?! Enfin pardon...Que se passe-t-il ?!

-Agnarr est au courant pour le bébé, répondit notre grand-mère alors que ma sœur continuait de sangloter.

Abasourdie, je me risquai aussitôt à poser LA question :

-Comment cela se fait-il ? Et qu'a-t-il dit pour que tu te mettes dans un tel état ?

Incapable de répondre, les larmes se faisaient de plus en plus violentes dans ses yeux bleutés. Elle se détacha bientôt d'elle et me tomba dans les bras tandis que cette dernière répliqua pour elle :

-La faute de mon Ange de l'Air ! Cela lui a échappé au moment où ton Père et elle s'apprêtaient à dormir. Furieux, ce dernier a débarqué dans la chambre d'Elsa et l'a trouvé avec le montagnard. Il a fait emprisonner Kristoff et a frappé ta sœur. Quand je suis venue la récupérer, il envoyait une missive pour faire en sorte de déplacer son fiancé dans un pays voisin...Pour cela, il l'a nommé livreur officiel là-bas ce qui reste une manière déguisé de le bannir. Quant à Elsa, ce rustre veut qu'elle aille voir les faiseuses d'anges. La grossesse n'étant pas trop développée, l'embryon peut encore partir selon lui.

Je blanchis immédiatement et murmurai profondément choquée :

-Mais non...Il ne peut pas...Je...Je ne comprends pas que Maman le laisse dire et faire des choses pareilles...

Lisant une nouvelle fureur dans le regard de mon aïeule, je sursautai presque lorsqu'elle s'énerva avec sincérité :

-Je suis on ne peut plus d'accord avec toi ma petite Piceaerd ! Surtout quand on sait que les bébés sont un sujet sensible dans la famille !

Encore un pan de son passé qu'elle ne m'avait pas encore révélé visiblement. Puis je caressai vigoureusement le dos de ma chère reine des neiges et la pris ensuite par les épaules avant de murmurer avec conviction :

-Ne t'inquiète pas Elsa, je te promets qu'on ne fera pas de mal à toi et ton bébé... Hein Mamie qu'on va trouver une solution ?

-Bien évidemment ! On ne peut compter que sur nous-même ! Mon idiote d'Ange de l'Air a tenté de le raisonner mais c'est sans succès, grommela-t-elle.

-Mais ce n'est pas possible, paniquai-je. Maman ne peut pas être aussi affreuse. Et toi pourquoi es-tu aussi sereine si la situation est plus que catastrophique ?!

Oh oui ! Son calme m'agaçait et j'oubliais pendant un instant que je voulais suivre ses pas dans la sagesse. Après une éternité, elle finit par répondre :

-Parce que je sais que votre Mère ne veut que votre bonheur et que pour tout ce qui concerne les enfants elle ne voudra jamais aller jusqu'au bout d'un meurtre...Croyez-moi ! Aussi fou que cela puisse paraître ! J'ai vu des évènements pires que ceux-ci ! Donc je vais vous aider du mieux que je peux! Que dis-je ?! Ma fille et moi nous en chargerons ! Mais nous vous dirons tout cela qu'après ton mariage avec Hans ma petite Piceaerd.

-Non mais il n'y a plus de mariage ! Le bonheur de ma sœur est plus important que mes noces! M'exclamai-je durement.

Sereine, mon aïeule cala alors son bras sur mon épaule et renchérit :

-Je sais ma petite Piceaerd... Mais il n'en est pas ainsi de ton rang. Laisse passer demain, et aies confiance en ta mère et surtout en moi.

J'acquiesçai à contrecœur alors qu'Elsa m'enlaça bientôt le cou de ses doigts gelés.

-Oh Anna...Je regrette pour tout ce qui s'est passé ces dernières semaines, murmura-t-elle.

-Ce n'est rien, ne t'en fais pas...Je n'ai pas été clémente non plus avec toi, chuchotai-je à mon tour.

Prise d'une nouvelle nausée, je cherchais du réconfort auprès de Mamie et la regardai avidement avant de me mettre à rougir à cause d'une bouffée de chaleur.

-Je suis tellement heureuse que toi et Hans n'ayez pas à subir ça, lâcha soudain ma chère reine des neiges.

Démasquée par mon aïeule qui m'observa à nouveau en haussant un sourcil, je compris immédiatement qu'elle savait. Ne pouvant plus reculer, je respirai alors un grand coup et me raclai difficilement la gorge avant de chuchoter :

-Mais si Elsa... Nous allons devoir y faire face aussi...

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