Retour vers le passé : Croqué...

By Ansa2217

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Anna la princesse d'Arendelle, fait un mystérieux rêve et se réveille juste avant que ses parents ne partent... More

Chapitre 1 : Rétrospection :
Chapitre 2 : Réveillée :
Chapitre 3 : Discussions :
Chapitre 5 : Le jeu de l'amour et du hasard :
Chapitre 6 : Huis-Clos :
Chapitre 7 : Le fils prodige :
Chapitre 8 : En quête des Northuldra (partie 1) :
Chapitre 9 : En quête des Northuldra (partie 2) :
Chapitre 10 : Révélations :
Chapitre 11 : La pièce secrète :
Chapitre 12 : Le retour du roi :
Chapitre 13 : Nos mains :
Chapitre 14 : Pour moi (presque) rien ne change :
Chapitre 15 : Les caprices d'Anna :
Chapitre 16 : Le bel âge :
Chapitre 17 : Les interdits :
Chapitre 18 : Coup de « grâce » :
Chapitre 19 : Les malheureux :
Chapitre 20 : 28 avril 1841 :
Chapitre 21 : Le plan des Picéaerd :
Chapitre 22 : Donnez-moi la passion :
Chapitre 23 : La vie continue :
Chapitre 24 : Chez le roi Karl :
Chapitre dernier : Le passé reste au fond des cœurs :
Chapitre bonus 1 : Ta main :
Chapitre bonus 2 : La vengeance :

Chapitre 4 : Retrouvailles et Marivaudage :

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By Ansa2217

Il paraît que la nuit porte conseil. Je me pinçai intérieurement le lendemain matin en me demandant si tout le déroulement de la veille n'avait pas été qu'un simple cauchemar. Hélas, j'étais toujours promise à Hans, je n'avais toujours pas de traces de Kristoff et Elsa était toujours coincée derrière la porte. Je procédais par élimination de mes priorités. Mon montagnard et le prince pouvaient attendre. Le plus important pour l'instant était de libérer ma sœur de ce silence qui nous condamnait depuis dix ans. Avec ou sans l'accord de mes parents, j'irai la sortir cette fois-ci. J'avais jusqu'à quinze heures pour trouver la clef sachant qu'après je serai coupée par mon heure de danse. Le palais était grand et je ne savais pas par où commencer.

-Votre altesse, arrêtez de gigoter et laissez-moi vous coiffer, dit Gerda de manière impatiente.

Je lui lançai des éclairs et continuai de bouger pour l'embêter. Après tout c'était sa faute si la situation avait empiré... Oh oui ! C'est elle qui s'était débrouillée pour qu'Elsa soit complètement enfermée à clef. Bon...Si je voulais être totalement objective c'était aussi un peu de celle de Papa et Maman. Mais je ne leur en voulais pas car... Je continuais d'être heureuse qu'ils soient encore en vie. Même si ça allait être compliqué de contrecarrer le futur que j'avais déjà vu pour qu'il rentre dans l'ordre à présent...

-Vous êtes insupportable Majesté ! S'exclama la servante en finissant par rendre les armes, me laissant avec toutes mes mèches folles.

Agacée, elle partit de la chambre. Parfait. Je décidais aussitôt de dresser une petite liste à la suite de mon journal de rêves pour ne pas oublier l'ordre de mes priorités... Il valait mieux, tête en l'air comme j'étais !

-Allez Anna...On se concentre... Un...Faire en sorte qu'Hans ne m'aime pas...Deux...Devenir amie avec Kristoff et que ça soit réciproque...Trois... Faire en sorte qu'Elsa prenne confiance en elle et que nous soyons à nouveau complices...Quatre...Demander des informations sur Ahtohallan à Maman, énumérai-je.

Ne voyant pas ce que je pouvais ajouter de plus dans l'immédiat, je laissai de la place au cas où il me viendrait d'autres informations au fur et à mesure. Ma priorité pour l'instant était le point trois. Je me finis donc rapidement mes tresses et rejoignis Maman dans son boudoir privée. Elle était en train de lire tranquillement au lieu d'aller aider Papa. Mais ça m'arrangeait.

-Anna quelque chose ne va pas ? Demanda-t-elle par prévention à cause de ce qui s'était passé ces derniers jours, remise de tes émotions ? Ajouta-t-elle alors que je tentai de ne pas bouillonner.

C'était une plaisanterie ?! Calculer mon avenir sans me demander ma permission alors qu'elle-même avait combattu contre cela pour être auprès de Papa, c'était ça qu'elle appelait « me remettre de mes émotions » ?! Sachant que ça ne servirait à rien de me mettre en colère tout de suite, je préférais rester calme et répondis plutôt :

-J'ai beaucoup réfléchi Mère et je pense avoir trouvé ce qui me fait peur dans le fait de m'engager.

Ma remarque la fit tressaillir et elle fut soudain plus attentive. Se libérant de son siège, elle s'approcha de moi et m'entoura de ses bras en disant :

-Confies-moi tes craintes ma Furie Rousse.

Une certaine pudeur m'envahit immédiatement et je ne savais pas si j'allais réussir à lui dire. Devenant subitement rouge, je bafouillai tant bien que mal :

-Euh...Voilà...Mère, j'ai bien compris ce qu'il en était de mon futur devoir royal même si...Euh... Le fait d'être touchée par un homme...Qui... Qui ne me plait pas forcément, n'est pas du tout ce que j'avais envisagé dans ma vie...

Ses joues se chauffèrent à son tour, et elle se racla la gorge pour essayer d'évacuer la gêne qui s'installa :

-Oh...Je vois...C'est pour cela que nous allons faire plusieurs rencontres avant que vous vous engagiez Hans et toi... Tu as quinze ans pour l'instant mais ton mariage ne se fera pas avant tes dix-sept/ dix-huit ans...Le but est de vous mettre à l'aise...Et que vous appreniez à vous connaître.

Je poussai un soupir de soulagement. J'aurais tout le temps d'éjecter le prince des îles du Sud d'ici là.

-Ouf... Dans ce cas...Mère en attendant, j'aimerais passer plus de temps avec Elsa...S'il te plaît, soufflai-je.

Son visage se referma aussitôt. Surprise qu'elle ne s'attende pas à ce que je lui demande, je me fichai de la contrarier. Après tout, la plus tenace de nous deux c'était moi.

-Anna...Commença-t-elle.

-Je ne veux pas entendre que c'est impossible Mère, soufflai-je. Il suffit d'ouvrir sa porte.

De plus en plus décontenancée, elle bredouilla alors :

-Elsa est dangereuse pour toi ma chérie...Voilà...Nous ne voulions pas te le dire pour ne pas t'inquiéter mais tu es assez grande à présent pour comprendre la situation...Donc...Quand tu étais petite, ta sœur t'a blessé accidentellement à la tête. Elle te l'a gelée entièrement... D'où ta mèche blanche, ajouta-t-elle en indiquant mes cheveux.

Agacée par cette énième hyperbole de la situation, je me mis d'accord avec moi-même pour dire que ce n'était pas une excuse acceptable. Mes parents avaient joué de cet instant de ma vie comme tant d'autres et je commençais à croire qu'ils m'avaient menti ainsi depuis ma naissance. Je la repris alors d'un air hautain :

-Bien...Voilà qui soulève enfin le mystère de son rejet...Dix ans de culpabilisation qui viennent de s'envoler en une seconde...Comme c'est merveilleux...Il n'empêche que ça arrive à tout le monde de faire des choses qu'ils regrettent. Je suis certaine qu'Elsa s'en veut depuis tout ce temps. Et je ne pense pas que l'enfermer fut la meilleure solution que vous ayez prise tous les deux avec Papa. Elle souffre autant elle que moi de l'absence l'une de l'autre.

-Attends Anna...Tu...Tu es vraiment en train de me dire que...Ta sœur a failli te tuer et tu lui pardonnes ? S'étonna Maman qui eut soudain une lueur d'espoir dans le regard.

Ah oui...Elle était bête à ce point-là ?! Moi qui avais toujours eu une grande considération pour elle, je la trouvais de plus en plus décevante...

-Que crois-tu Mère ? Que je n'aime plus Elsa. Je suis sa petite sœur, elle est comme un modèle pour moi ! M'écriai-je.

Blessée au plus haut point en m'apercevant qu'elle n'avait jamais réussi à nous cerner, je fus très déçue de son comportement. Je n'arrivais pas à croire qu'elle puisse penser que nous avoir séparé avait été la meilleure décision. A croire qu'elle n'avait pas de cœur. Mon visage devint bouillant et je me contins pour ne pas exploser. Maman blêmit bientôt en voyant ma tête et elle me prit le menton pour me forcer à la regarder dans les yeux avant de dire :

-Anna, s'il te plaît, écoute-moi au lieu de t'énerver, le lien du sang n'est pas forcément celui qui compte le plus. Moi par exemple...Je... Comme tu le sais j'étais fille unique et je ne compte pas le nombre de fois où j'ai préféré être seule sans mes parents car nous ne nous entendions pas très bien...En particulier avec ta Grand-mère qui souhaitait me dicter ma vie...J'ai toujours voulu me débrouiller seule. Aussi je pensai que pour toi aussi ça serait plus facile de grandir en solitaire plutôt que d'avoir le poids d'Elsa qui aurait pu être pénible pour toi à long terme...

Ce furent les mots de trop. Mon feu intérieur partit enfin et je clamai :

-Et bien tu t'es trompée !

Il était temps de faire ressortir ma colère. De faire comprendre mon ressenti à ma Mère.

-Tu n'imagines pas la culpabilité qui est toujours dans mon cœur depuis dix ans ! Tu ne sais pas ce que c'est que d'être rejetée du jour au lendemain par celle qui était pour toi un modèle ! Non ! Mère ! Tu ne sais rien de tout ça. S'il te plaît, répare les erreurs du passé et laisse-nous à nouveau être ensemble !

Je l'implorai du regard. Mes yeux s'humidifiaient une fois de plus. Je le sentais, elle était plus facile à convaincre que Papa car son était changea radicalement. A ma grande surprise, les larmes purent également se voir dans ses miroirs de l'âme.

-Oh si...Je ne sais que trop ce que c'est de ne pas être à la hauteur de quelqu'un...De vouloir être parfaite pour un modèle alors que celui-ci ne s'en rendait absolument pas compte... Mais bref...C'est du passé, restons concentrées sur le présent...Anna...Puisque c'est ce que tu désires le plus au monde...Je...Je vais en discuter très sérieusement avec ton Père, finit-elle par murmurer.

J'en fus satisfaite...Mais pas convaincue à 100%. Il fallait maintenant un élément de pression. Autant jouer la carte du chantage, comme eux. Prenant mon courage à deux mains, je déclarai alors haut et fort :

-Mère qu'on soit bien clairs. Vous avez besoin de moi pour assurer la descendance. Si vous n'acceptez pas que je revoie Elsa, je ne ferai pas de rencontres avec Hans.

Elle blanchit mais ne fut pas déstabilisée comme je l'aurais souhaité. A la place elle sortit sous le coup de l'impulsion :

-Mais qu'est-ce que tu crois Anna ? Que ça nous fait plaisir d'avoir eu deux filles ? Nous ne le savons qu'un garçon aurait tellement été plus simple pour assurer la descendance ! Et bien sûr un troisième enfant qui aurait tout réparer les erreurs de ces deux sœurs !

Je me glaçai d'horreur en entendant cela. Voici donc ce qu'Elsa et moi représentions pour nos parents : Des fardeaux. Mon cœur fut broyé et je rougis de colère. Je tentai de montrer que je n'avais pas été blessée mais c'était difficile. Incapable de cacher mes sentiments, je ne cachais plus ma douleur et me dirigeai déjà d'un pas pressant vers la porte. Calme-toi Anna, Calme-toi...Elle a été maladroite, me convainquis-je alors que les larmes pointaient déjà dans mes yeux. Je savais que les mots pouvaient dépasser nos pensées quelquefois. Mais je réagissais dans l'instant.

-Non Anna attends ! S'exclama Maman en me rattrapant bientôt par le bras.

-Laisse-moi ! Criai-je.

-Pardonne-moi.... Je... Je ne voulais pas dire ça... Viens je vais t'expliquer, dit-elle d'une voix catégorique.

-Oh je pense qu'il n'y a rien à ajouter de plus ! Merci Mère ! J'ai bien compris qu'Elsa et moi n'étions pas les meilleures filles du monde à tes yeux ! Crachai-je toujours vexée.

-Je comprends ma Furie Rousse, mais s'il te plaît... Ecoute-moi...C'est le mauvais souvenir qui a parlé plus que moi...

Bien que toujours furieuse contre elle, je me stoppai enfin et me tournai vers son être pour lui indiquer que j'étais toute ouïe. Elle attendit alors que je sois pleinement conciliante pour reprendre :

-Un troisième enfant a failli voir le jour peu de temps après qu'Elsa et toi fûtes séparées... Tu ne l'as jamais su parce que... J'ai perdu le bébé avant... Sans doute que le destin voulait que nous ayons que deux filles... Bien sûr que nous vous aimons Elsa et toi... Mais nous aurions aimé cet enfant autant que vous...

-Vous voudriez en avoir un troisième encore maintenant ? M'étonnai-je, ne voulant rien imaginer de plus.

-Nous l'espérons toujours, admit-elle en me souriant toujours avec contrariété.

Bien que touchée par sa révélation, mes traits se durcirent à nouveau à son égard. Elle essayait de se rattraper tant bien que mal sur ce qu'elle venait de nous sortir. Qui plus est, elle venait me parler du destin ! Moi qui en connaissais déjà tout du mien et qui n'arrivait pas à le faire se dérouler comme prévu. Ma position ne changea donc pas et je maintenais mon état de peste avant de continuer mon chantage :

-Puisque maintenant je sais ce que tu penses de nous Mère, je réitère ma proposition : Pas de retrouvailles avec Elsa, pas de descendance pour Arendelle... Si je n'ai pas la clef d'ici le cours de danse, je ne m'y rendrai pas ! Ton fils prodige s'en chargera s'il apparait un jour !

Déconfite, elle ne trouva cette fois rien à redire. Parfait. Je ne lui laissai pas le temps de riposter et repartis sans la clef mais avec une détermination encore plus grande que lorsque j'étais entrée dans le boudoir.

-J'y arriverai pour nous Elsa, je te le promets, chuchotai-je avant de me rendre dans la bibliothèque pour le reste de la matinée.

Le déjeuner fut tendu. Maman avait prévenu Papa de mon ultimatum et je savais que j'étais en meilleure position. Mon chantage ressemblait à celui d'une enfant de cinq ans. Pourtant je ne le regrettai pas. Mes parents ne pouvaient pas faire autrement. Le repas se déroula dans un silence insupportable. Je campai sur mes positions, les soutenant du regard avec violence.

-Gerda apportez-nous les desserts ! Dit soudain Papa d'une voix sèche.

La domestique sursauta mais se dépêcha d'empiler les assiettes les unes sur les autres. Elle revint bientôt avec un panier de fruits qu'elle déposa sur la table et partit sans demander son reste. Personne n'y toucha et mon père, s'exclama bientôt :

-Princesse Anna d'Arendelle ! Vous avez eu un comportement inacceptable ce matin à l'égard de la reine Iduna ! Vous serez priée de lui rédiger une lettre pour lui présenter vos excuses ! Est-ce clair ?!

Prise de sueurs froides, je parvins à murmurer :

-Oui...Roi Agnarr.

La posture royale fut alors remplacée par celle paternelle et il reprit encore avec agressivité :

-Que je ne t'entende plus jamais sortir des paroles de chantage comme tu l'as fais ! En tant que princesse, tu n'es pas qu'Anna notre Furie Rousse mais bien Anna d'Arendelle qui est née uniquement pour faire passer son peuple avant ses priorités personnelles ! Il me semblait pourtant que nous te l'avions inculqué depuis toutes ces années ! Tu as un devoir envers ton pays qui est bien plus important que ta petite personne que ça te plaise ou non ! Il va te falloir mûrir à présent !

Son ton sec bourdonna à mes oreilles et je ne trouvais cette fois par la force de répondre. Papa comprit que ses mots avaient fait effet, puisqu'il répliqua encore :

-Bien... Passons au cas de ton aînée. Nous avons bien compris que tu désires te lier à nouveau à elle. Nous ne t'en empêcherons pas puisque tu as réussi à être convaincante. Toutefois... Voyons ta proposition sous un autre angle : Si vous êtes à nouveau réunies nous pouvons partir voir ta cousine quand bon nous semble.

Mon cœur se stoppa. Il fallait me rendre à l'évidence... Mon père était beaucoup plus fort que moi à ce jeu-là. Je me mordis la lèvre, incapable de prendre une décision.

-Tu comprends ce que ça fait maintenant d'oppresser un souverain ? Demanda-t-il avec un sourire sadique.

Déroutée, je fis aussitôt abstraction de ce qu'il venait de me dire et m'emportais à nouveau :

-Et vous ?! Vous comprenez ce que c'est de me demander d'être uniquement un utérus sur pattes !

Le soufflet partit au visage alors que je sentis la chaleur se répandre sur ma peau.

-Surveille ton langage Anna ! S'énerva-t-il, surveille-le parce que ma patience a des limites !

Ma joue rougit instantanément sous l'impact. Maman intervint avant que ça ne dégénère.

-Ma Furie Rousse, tu comprendras quand tu seras plus grande, comme je te l'ai dit tout à l'heure, ce mariage ne sera pas pour tout de suite... Tu n'es pas la première ni la dernière à qui ça arrivera dans la lignée royale. Nous sommes au XIXème siècle et nous sommes des femmes. Tu vois ta Mamie Rita, elle a eu à supporter la même chose. J'ai fait de même. Tu le feras également.

-Alors pourvu que j'aie un fils, lui aura ainsi la liberté de ne pas être celui qui subit, maugréai-je tout en trouvant ma phrase idiote car quel que soit le sexe, l'enfant que je chérirai, naîtra de notre amour à Kristoff et moi.

-Si tu veux oui...Voilà, une pensée positive, déclara ma Mère.

Le sourire encore crispé aux lèvres, elle se tourna ensuite vers Papa et ajouta :

-A présent Agnarr faisons comme on a dit.

Mon Père hocha la tête, puis se radoucit avant de dire :

-Suis-moi Anna.

Un peu surprise, je laissai mon chocolat chaud et mes fruits pour lui emboîter le pas. Mon cœur battit fort la chamade alors que nous nous dirigeâmes enfin devant la porte d'Elsa.

-A toi l'honneur, décida mon Père en me tendant la clef.

Mes tempes cognèrent fort dans mon crâne en entendant le tour dans la serrure. Je poussai la porte et frissonnai immédiatement. Ma belle reine des neiges nous regarda entrer. Ses yeux avaient peur. Son corps criait de fuir.

-Père que se passe-t-il ? Attention je n'ai pas mes gants, prévint-elle.

-Rien de grave princesse Elsa. Ta sœur a été si convaincante que nous acceptons votre mère et moi que vous soyez à nouveau ensembles, expliqua-t-il.

Je l'observai, les yeux brouillés par les larmes alors qu'elle était encore au stade du « Pas d'état d'âme, pas de tourments, de sentiments ». Un lourd silence s'abattit face à son peu d'enthousiasme et Maman finit par se racler la gorge avant de conclure :

-Bien, on vous laisse rattraper le temps perdu. Nous avons du travail qui nous attend. Ma Furie Rousse, n'oublie pas ta leçon de danse à quinze heures.

J'acquiesçai rapidement et courus dans leurs bras pour les remercier de m'avoir permis de revoir mon aînée. Tous mes efforts n'avaient pas été faits pour rien. Mon cœur était prêt à exploser. J'avais enfin réussi cette étape de mon destin. L'avoir auprès de moi. Puis, je les relâchai et ils s'éclipsèrent enfin, nous laissant en tête à tête.

-Elsa je suis si contente de te revoir...Sans que Papa et Maman ne nous séparent ! M'exclamai-je.

Je résistai pour ne pas lui sauter dessus et lui faire un gros câlin mais je voyais qu'elle était réticente.

-Anna s'il te plaît je n'ai pas envie de discuter avec toi maintenant, dit-elle.

Je l'approchai doucement. Elle recula vers sa fenêtre triangulaire, se plaquant contre la vitre déjà givrée. Je pris ses gants sur la commode.

-Lâche-ça ! Cria-t-elle, apeurée.

-Je vais t'aider à les mettre. J'ai bien compris...Ce n'est pas le moment de t'embêter, murmurai-je.

-Oui. Parfaitement. Tu as raison, annonça-t-elle à la chaîne, tu...Tu peux disposer dans ce cas!

Je tombai des nues. Je savais que ça n'allait pas être facile mais l'entendre me repousser fut comme une douche froide. Je devais y aller avec douceur et ne pas faire de gaffe.

-Je croyais que tu serais heureuse aussi, chuchotai-je.

Elle soupira et hocha légèrement la tête avant de dire d'une voix à peine audible :

-Anna ce n'est pas si simple...Ce n'est pas toi le problème...Oui je veux t'embrasser aussi et rire avec toi...Le hic...C'est que...J'aurais préféré ne jamais avoir ces pouvoirs.

Un jet accidentel atterrit sur la moquette comme pour confirmer ses craintes.

-Tu vois, s'énerva-t-elle, je n'arrive pas à les maîtriser !

-Je peux t'apprendre si tu veux, dis-je, il suffit que tu me fasses confiance.

Elle m'observa et réfléchit activement tandis que je la soutins du regard. Je n'avais pas envie de repartir. Le jeu dura une minute...Puis deux. Finalement, voyant que je ne bougerai pas, elle se tripota les mains et se confia à moi :

-D'accord Anna...D'accord je veux bien que nous trouvions un terrain d'entente...Dans ce cas...Je souhaite trouver un moyen de me débarrasser de mes pouvoirs.

-QUOI ?! M'étranglai-je.

Bon...Pour le côté gaffeuse c'était raté. Le regard d'Elsa se durcit immédiatement de frustration alors qu'elle grommela :

-Tu dis que tu m'acceptes telle que je suis. Bien, je ne veux plus être avec ces pouvoirs qui m'ont détruit l'existence pendant dix ans !

-Mais Elsa... Ils font parties de toi ! Tu ne serais pas toi si tu ne les avais pas ! Essayai-je gentiment.

-Je savais que tu ne comprendrais pas ! Tu peux disposer ! Je ne veux pas te voir pour l'instant ! Renchérit-elle agacée.

Je respirai un grand coup et réfléchis en même temps. D'un côté si c'était le seul moyen de l'avoir auprès de moi ce n'était pas plus mal de la soutenir pour cette cause. D'un autre si je réussissais à accomplir ce qu'elle désirait, notre destin serait définitivement biaisé.

-D'accord, dis-je après un très long moment, d'accord je veux bien t'aider à faire disparaître tes pouvoirs.

Contre toute attente, ma sœur récupéra ses gants et s'élança vers moi pour m'enlacer.

-Oh merci Anna...Je...Je rêve de ce moment depuis si longtemps maintenant. Cependant pas un mot à Papa et Maman. Ils ne sont pas au courant...Mais je savais que toi tu me comprendrais...

-Bien entendu Elsa...Bien entendu...Promis je ne dirais rien, conclus-je tout en me sentant coupable.

La laissant me tapoter le dos de façon plus confiante, je me mordis la lèvre pour mon mensonge et me concentrai uniquement sur cet instant où j'étais enfin enveloppée dans ses bras. Jamais au grand jamais je ne lui arracherais son don qui faisait qu'elle était unique. Même si je savais que trouver une solution serait facile, notamment si je cherchais du côté de cette Forêt Enchantée, lieu d'enfance de Maman. Mais non, elle n'obtiendra pas mon aide pour enlever ce qui faisait d'elle l'essence de ce monde. Je cachais toutefois mon mensonge par un sourire qui marquait que je la soutenais assurément...

****

Je savais que ma cadette avait dit oui à ma condition uniquement pour que nous restions en contact. Je lui en voulais un peu de ne pas être honnête avec moi. Tu te débrouilleras seule, Elsa, maintenant que tu peux sortir, tu pourras effectuer des recherches dans la bibliothèque, me convainquis-je alors qu'Anna et moi relâchâmes notre étreinte.

-Alors...Euh...Que veux-tu faire ? Finis-je par demander un peu gênée.

J'avais des tas de choses à lui raconter mais il y en avait tellement que je ne savais pas par où commencer.

-Nous pourrions, nous rendre aux jardins ? Suggéra-t-elle toute fofolle en sautillant de partout.

La voir ainsi fit monter un élan de joie en moi et malgré la distance que je continuais de lui vouer par peur de lui faire du mal, je parvins à laisser échapper un léger rire de ma bouche. Anna avait beau avoir quinze ans à présent. Elle n'avait pas changé, étant toujours la même jeune fille optimiste et énergique.

-Alors ? Tu es d'accord Elsa ? Insista-t-elle voyant qu'elle n'avait obtenu aucune réponse.

Aller dans les jardins ? Dehors ?! Un frisson d'horreur me parcourut aussitôt l'échine et je tremblais de peur malgré moi.

-Je...Je préfèrerais que nous soyons dans un lieu plus clos dans un premier temps...S'il te plaît, soufflai-je lentement.

Perdant soudain son sourire rayonnant en voyant mon état, elle s'approcha délicatement de moi et me lança une mine encourageante en répliquant :

-Oui. Bien sûr Elsa... Tout ce qu'il faut pour te mettre à l'aise sera parfait, ne t'en fais pas...Viens...Allons dans ma chambre dans ce cas.

Je poussai un soupir de soulagement et la laisser me guider jusqu'à notre lieu d'enfance. Les souvenirs affluèrent dans mon esprit, dès l'instant où mes pas pénétrèrent dans la pièce spacieuse et rose.

Une atmosphère chaleureuse se ressentit immédiatement, ce qui détendit mon corps. Inlassable, Anna s'activa au centre du tapis et battit des mains avant de se tourner vers moi et s'exclamer d'une voix limpide :

-Alors ? Que souhaites-tu faire ? Nous pourrions dessiner ? Ou je pourrais te lire mes romans favoris ?! Oh fait en as-tu toi aussi ?! Non ! Attends ! Ne réponds pas ! Je suis certaine que tu préfèrerais, plutôt jouer à un jeu de société...Hum...Tu dois être forte aux échecs ! Mais je suis une bonne adversaire ! Il est vrai que je me suis beaucoup entraînée avec Papa et Maman et...

Je ne parvins pas à l'écouter plus. Non. Quelque chose venait d'attirer mon attention. Un dessin. Un simple dessin d'un bonhomme de neige. Faisant abstraction de sa voix qui me paraissait si lointaine, je m'avançais vers son bureau où je trouvais la feuille et la soulevais pour mieux la contempler tandis que mes yeux se baignaient peu à peu de larmes tellement froides qu'elles me brûlaient les joues.

Une main se posa bientôt sur mon épaule et je tressaillis violemment. Anna m'avait rejoint et me regardais à présent gravement.

-C'est...Olaf... Tu t'en souviens ? Finit-elle par murmurer.

Bien que mon nez était bouché, je me raclais bientôt la gorge et renchéris d'une voix rauque :

-Oui...Je me rappelle très bien, de lui...Combien de fois t'ai-je entendu me chanter que tu en désirais un ?!

-Sans doute beaucoup trop ! Pouffa-t-elle faisant à nouveau descendre la tension.

Son ton léger me rassura et je me décalai soudain d'elle avec une envie pressante de lui faire plaisir. Prenant mon courage à deux mains, je respirai bien fort et enlevai un gant...Puis l'autre sous ses yeux attentifs. Comprenant que l'instant était unique, elle demeura silencieuse pour une fois et m'observa avec émerveillement.

Tu peux le faire Elsa...Tu peux le faire...Au moins pour ta petite sœur...Me répétai-je intérieurement alors que j'élevais enfin mes bras pour mouliner mon mouvement. Mon résultat fut décevant et ce fut un bonhomme de neige atrophié qui nous fit bientôt face. Vexée, je remis rapidement mes gants pour éviter de créer un refroidissement dans la chambre. Anna n'avait pas bougé. Elle scruta ma création avec une légère grimace. Je savais ce qu'elle pensait. Je n'étais qu'une nulle... Las de son silence, je me sentis ridicule d'avoir essayé et lui grommelai tout de suite :

-Tu vois...Même ça, je suis incapable de l'accomplir pour toi petite sœur.

Sa réaction ne fut pas celle que j'attendais et je sursautai alors qu'elle déclara :

-Tu plaisantes ou quoi ?! Tu as pris l'initiative d'utiliser tes pouvoirs pour me satisfaire ! C'est absolument génial ! Certes, cet Olaf ressemble plus à un souillard de l'auberge saugrenue d'Arnevik mais c'est l'intention de départ que je retiens ! Avec un peu d'entrainement, tu verras que tu t'en sortiras. J'ai foi en toi, Elsa !

Sa remarque me réchauffa le cœur et je me sentis moins apeurée d'être ainsi valorisée. Lui faisant un petit signe de tête de remerciement, je récupérai tout de même mon tas de neige et rétorquai à mon tour :

-Soit...Nous reparlerons de ma malédiction plus tard...Je...J'ai vu que tu avais des exemplaires de la Duchesse de Funningur...Je...J'aime bien cette auteure aussi.

Les yeux d'Anna s'illuminèrent immédiatement et elle renchérit :

-Oh ?! C'est vrai ?! Mon livre préféré demeure Les souvenirs d'une grand-mère et toi ?!

-Je n'ai pas vraiment de préférences, ils ont chacun leur particularité mais si je devais en garder qu'un, je prendrais...Hum...Les mystères des belles pousses ! Dis-je.

Enfin...Enfin, nous abordions une conversation plus légère ! j'en fus ravie ! De ce fait, j'oubliai mon pouvoir le reste de l'après-midi pour me concentrer sur les multiples arguments qui faisaient que ma sœur vouait une grande admiration à la Duchesse de Funningur dont la réputation sulfureuse faisait la renommée de tous ces romans...

****

J'avais réussi à dérider Elsa. Plus rien ne comptait...Enfin non...Il me restait pleins d'éléments à rétablir mais ce n'était pas ce qui me préoccupait durant cette journée. Nous avions discuté pendant des heures de secrets intimes qu'il était impossible de confier pour toutes princesses qui se respectent. Mais avec ma grande sœur ce n'était pas pareil. Il n'y avait aucune pudeur. Je l'avais encouragé à s'ouvrir à moi, ce qu'elle avait fait à ma plus grande joie. Une fois qu'elle avait terminé de me raconter ces premiers émois de jeune fille, cela avait été à mon tour de lui dire ce qu'il en était de la découverte de mon corps. Je ne lui avais toutefois pas fait part de Kristoff... Ni de mon rêve prémonitoire. Lui avouer déjà que je connaissais son pouvoir avait été une grande étape pour aujourd'hui.

Tu lui diras plus tard Anna, me confortai-je des heures plus tard lorsque je me rendis au cours de danse ce jour-là.

Hélas l'occasion ne se présenta jamais et j'eus la conviction qu'il valait mieux éviter de lui dire. C'était mon secret et moi seule devait supporter ce poids sans qu'Elsa s'en angoisse.
Nous fûmes donc heureuses et réapprîmes à vivre ensemble pendant deux mois qui passèrent à une vitesse folle. Les jours se ressemblaient mais cela n'était pas déplaisant. J'avais ma grande sœur comme confidente, Papa pour le travail sévère, Maman pour doser mes excitations ou encore Olson et Halrcisen pour me rappeler à l'ordre si jamais je désobéissais...

Ce qui était le cas en ce moment même alors que j'avais consciemment oublier mon rendez-vous habituel à la salle de danse. Je m'y étais aussitôt rendue de façon moins pénible que la première fois qu'on m'avait présenté l'activité et avais effectué quelques valses auprès du professeur qui m'applaudit en s'écriant :

-Pas mal, Princesse Anna, les bases sont complètement maîtrisées ! Vous avez fait d'énormes progrès et ce n'était pas gagné pourtant.

-Merci, dis-je dans une révérence un peu rigoriste.

J'affichai tout de suite un sourire à mes parents qui avaient entendu le compliment et m'attendais à en recevoir également de leur part quand Maman s'exclama en trépignant d'impatience :

-Si elle est prête ! Nous allons pouvoir lui annoncer Agnarr !

Indécise face à sa remarque, je voulus les interroger mais le professeur de danse renchérit avant :

-Je vous laisse en famille dans ce cas Majestés.

Il fit une révérence bien plus réussie que la mienne et s'en alla.

-Que se passe-t-il ? Finis-je par demander alors que mon cœur battit à mille à l'heure.

Mes parents se décochèrent tout de suite un regard entendu et Papa dit simplement :

-Anna nous allons organiser un bal royal, ça va être l'occasion de faire ta première rencontre avec le Prince Hans.

Je savais que ce jour arriverait. Pourtant mon sang se glaça d'effroi entendant ses propos. La gorge soudain prise de sanglots qui menaçaient de s'échapper, je cherchais rapidement un moyen d'atténuer la peur qui était en train de s'emparer de mon être. Un visage apparut bientôt dans mon esprit et j'altérais ma respiration avant de demander d'une petite voix :

-Elsa est-elle invitée ?

Papa et Maman devinèrent qu'avoir ma sœur était un moyen de réconfort. Toutefois ils ne se moquèrent pas et répondirent ensemble :

-Si elle le désire, elle est la bienvenue bien entendu !

-En tant que future reine, je dirai même que ce serait un principe qu'elle y soit ! Ajouta mon père.

-Certes Agnarr...Mais n'oublie pas qu'il y aura beaucoup de monde à ce bal. Elsa ne sera peut-être pas à l'aise.

-Pour sa sœur elle le sera, trancha-t-il, n'oublie pas Iduna, tout Arendelle est invité car c'est aussi une façon de renouer avec nos sujets.

-Oh ? Alors nous allons définitivement rouvrir les portes du château ? Insistai-je, pas certaine d'avoir compris.

-Exact ma Furie Rousse, dit Maman.

Mon cœur se souleva aussitôt de joie. S'il y avait tous les habitants cela voudrait forcément dire que Kristoff y serait ! Il fallait que j'y crois. Essayant de faire redescendre mon rythme cardiaque qui s'emballa soudain d'amour pour le jeune homme, je questionnai à nouveau :

-Quel est le jour du bal ?

-Ce soir, répondit Père.

-Ce...CE SOIR ?! Répétai-je surprise, mais...Euh...Pourquoi...Si tôt ? Mais du coup il faut que...

Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase que le général Olson arriva et précisa :

-Pardonnez-moi d'interrompre votre conversation vos Altesses mais le livreur de glace est là avec ses pains fraîchement coupés. Il demande où les installer ?

Lançant un grand sourire à son fidèle ami qui resta martial, Papa lui confia bientôt :

-Je vais le recevoir, merci Niklas, pendant ce temps-là, Anna prépare-toi avec ta mère.

Mais je n'en avais pas envie. Le militaire avait prononcé les mots magiques « livreur de glace ». Bien que l'idée sordide que ce soit Kristoff fut maigre, je me raccrochai à cet espoir et m'exclamai avec conviction :

-Attendez Père, je...Je souhaite rencontrer ce sujet.

Interloqués par ma requête, les trois adultes se concertèrent du regard et je me sentis obligée d'expliquer :

-Voilà...Euh...Roi Agnarr...Vous...Vous m'avez dit d'un peu plus m'intéresser à nos habitants... Je...J'estime donc que ce livreur pourrait être un bon entraînement...Car cela n'a pas été très concluant avec l'affreux marin d'il y a quelques mois...

Je leur offris ma bouille la plus convaincante et nous restâmes quelques secondes dans le silence.

-Bon très bien, répliquèrent-ils.

Mon cœur battit à nouveau la chamade alors que mon bas-ventre s'éveilla. Il fallait que ça soit Kristoff....Oui...Il fallait que ce soit mon futur mari. Quelle ne fut pas ma joie quand je le découvris devant les portes du château.

J'essayai de cacher du mieux que je pouvais le sourire niais qui ne voulait pas disparaître de mon visage. Sven et lui attendaient avec une armée de cubes de glace empilés sur un traineau flambant, neuf. Croisant les yeux d'Olson, le montagnard s'avança bientôt vers nous et fit une maigre révérence avant de déclarer :

-Vos Majestés...Voici votre livraison.

Je tentai de contrôler mes joues alors qu'une moiteur singulière balayait de plus en plus mon anatomie la plus primaire jusqu'à me faire mal. Oh oui...Mon cœur ne pouvait battre que pour lui. Je me mordis la lèvre pour essayer d'attirer son attention. En vain. Kristoff trop professionnel ne me calculait pas. Allez Anna ! Trouve quelque chose ! Il faut qu'il reste ce soir, réfléchis-je.

Le souffle court, je demandai soudain d'une manière un peu trop spontanée :

-Monsieur Bjorgman vous joindrez-vous à moi... Enfin je veux dire à nous pour le bal qui se profile ?

Père et Mère me regardèrent ébahis par ma maladresse et ma familiarité. Mais ce n'était pas eux qui étaient les plus bizarres mais bien le général Olson dont le sang était monté aux joues. A ma grande surprise, le jeune livreur de glace le regarda très vite et tourna du nez en m'ayant enfin reconnu. Puis il souligna d'une voix neutre :

-Je ne pense pas être à ma place Princesse.

Il me regarda agacé. De quoi avait-il peur ?! Je n'allais quand même pas le manger.

-Oh ?! Vous êtes sûr ?! Non parce que vous savez que vous ne manquerez de rien...Il y aura même du foin et des carottes pour Sven à l'étable, insistai-je.

Le renne tira aussitôt sa langue pour indiquer son contentement alors que le montagnard était de plus en plus gêné.

-Vous...Vous connaissez ? Demanda aussitôt Niklas d'une voix suspicieuse.

Son regard inquisiteur était braqué vers le pauvre montagnard et je me sentis obligée d'intervenir pour le protéger :

-Oui tout à fait Général...Nous nous sommes vus une fois...Au...Au marché !

-Cela poserait-il un problème Olson qu'un roturier côtoie une dame de la cour ? Demanda à son tour Maman avec amusement.

Retrouvant soudain une douceur adéquate à chaque fois qu'il s'adressait à ma Mère, il reprit :

-Non ma Reine, je ne me permettrais pas de juger...S'il plaît à votre Altesse que Monsieur Bjorgman et la Princesse Anna se connaissent, c'est de votre bon droit.

Ravie, ses yeux allèrent ensuite vers ceux de mon futur mari et elle ajouta :

-Parfait. Dans ce cas, vous êtes le bienvenu au bal de ce soir Monsieur Bjorgman.

Ne pouvant plus reculer, il évita mon regard et eut un sourire timide avant de conclure:

-Dans ce cas je vais aller mettre une tenue...Plus présentable.

Oui ! Oui ! Oui ! C'était trop beau pour être vrai ! Et pourtant...J'eus beau me pincer, je n'étais pas en plein rêve. Tout mon corps était en ébullition tellement j'étais heureuse.

Alors que mon beau glacier s'éloigna enfin d'un pas incertain, raccompagné par Papa et Niklas, un plan germa dans mon esprit et je ne le gardais dans un coin de ma tête tandis que Maman me guida jusqu'à ma chambre. Sans me poser plus de question sur ma rencontre avec Kristoff, elle se chargea de me laver et me trouver une tenue acceptable. Elle finit par me prendre une robe verte pastel taillée dans un style empire à col bateau et rajouta bientôt un collier fin où était montée une émeraude. Mes cheveux terminèrent aussi en chignon tressé.

-Tu es sublime ma chérie, murmura-t-elle soudain nostalgique, mais il manque l'élément final.

Sous mes yeux étonnés elle me tendit alors un masque vénitien. Je le pris avec précaution alors qu'elle minauda, amusée :

-Nous avons oublié de te le dire tout à l'heure mais c'est un bal costumé.

Ce fut une aubaine que je ne pris pas à la légère. Le plan serait encore plus facile à mettre en place ! Tandis que j'y songeais, Maman m'aida à serrer le masque et intima encore :

-Tu es parfaite.

-Puis-je aller voir Elsa ? Demandai-je excitée.

-Très bien, soupira-t-elle, si jamais elle veut se joindre à nous, voici son masque. Le bal débute dans une demi-heure. Ne sois pas en retard. Hans ainsi que le roi Wilhelm et la reine Alix t'attendront déjà sur place. Tu respires un grand coup et ça va bien se passer. D'accord ?

-Promis, dis-je en hochant la tête.

Fière de moi, Maman m'embrassa le front et m'enlaça. Puis elle murmura :

-Tu lui ressembles tellement.

Bien qu'intriguée de savoir à qui, l'envie de retrouver ma sœur était plus forte et je courus la rejoindre. Elle était un peu moins morose mais ne sauta pas de joie lorsque je lui proposai de venir.

-Anna je ne suis pas douée pour ce genre de rencontres, intima-t-elle, campée sur ses positions.

-Oui c'est vrai, admis-je, mais là je vais avoir besoin de toi, c'est un cas d'extrême urgence !

Cela la fit sourire et elle enfila ses gants avant de dire :

-J'aime comment tout prend des proportions démesurés quand il s'agit de toi... Mais soit, je veux bien t'aider, si c'est dans la mesure de mes capacités... Je t'écoute.

Respirant un grand coup, je la questionnai alors :

-Tu te souviens du Jeu de l'Amour et du Hasard ?

-La pièce de théâtre de Marivaux qu'on avait dû étudier l'année dernière au grand damne de Père ? Oui je m'en rappelle, eh bien ? S'impatienta-t-elle.

-Je voudrais qu'on fasse pareil que Silvia et Lisette, que ça soit toi qui te charges d'Hans pour me dire s'il va me plaire, répondis-je surexcitée.

Elsa recula instantanément. Son regard se durcit et elle me gronda :

-Mais voyons Anna ! Enfin ! C'est tout bonnement ridicule ! Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de badiner avec l'amour...Tu sais j'ai lu une autre pièce de théâtre du même titre...Où c'était peu judicieux...

-S'il te plaît ne dis pas non tout de suite, l'implorai-je en lui prenant la main, Je sais que je dois me marier à lui et du coup que je vais devoir le supporter toute ma vie. Ce n'est pas obligé que ce soit toute la soirée si tu ne veux pas. Mais juste un petit moment pour que tu me dises ton ressenti...Si c'est un homme bien et que je peux lui faire confiance.

-Et qu'est-ce que ça changera ? Tu l'as bien dit, tu es promise à lui ? Tiqua-t-elle, agacée.

-S'il te plaît...C'est vraiment important pour moi Elsa. Ta bénédiction compte plus que tout, répondis-je.

Toujours confuse, elle se radoucit tout de même en entendant cela. Certes elle savait que le poids de la couronne n'était pas simple. Mais elle m'avait confié que j'étais bien plus courageuse qu'elle par le fait d'être unie à un homme que je ne connaissais pas à l'avance. J'intensifiai ma demande en lui faisant les yeux doux. Allez...Ne résiste pas, pensai-je très fort.

-Tu ne seras pas loin ? Insista-t-elle, angoissée.

-Non promis, assurai-je.

Elle hésita encore quelques instants et plia enfin. Heureuse, j'échangeai ma tenue avec la sienne. Seule la couleur était différente. J'étais à présent drapée de bleue pastel de la robe jusqu'au masque. Elsa portait bien le vert. J'avais reproduit sur elle mon chignon le plus à l'identique possible.

Toujours pas sereine, je lus le stress dans ses yeux mais elle ne recula pas et finit par murmurer:

-On y va ?

-Oui, murmurai-je.

Nous entrâmes en scène les mains liées. Unies.

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