Le téléphone les interrompit.
- Papa!! ça va depuis avant hier en Argentine?
- salut Tom Tom, oui super, c'est plus calme ici, bon, nous là, on est chez vous et pas vous...
- maman est avec toi?
- oui, elle va mieux.
- on est au glacier de la rue des italiens, on sort du cours d'accouchement, et il nous fallait un remontant!!
- je comprends, on peut vous rejoindre?
- oh oui bien sur, ça ne va pas fatiguer maman?
- non, ils ont de la glace à la pistache?
- oui.
- elle est déjà partie!! on arrive.
Tomine raccrocha pensivement.
- maman était seule pour Natacha et Benjamin... et pour moi, elle n'a pas eu de péridurale...
- respect... ta maman, Tomine, c'est une guerrière... et tu as sa force en toi, n'en doute jamais...
- n'en doute pas, toi...
- c'est de moi que je doute, Mina, pas de toi... je voudrais être capable de t'aider, de te soulager...
- ouais, fit la voix de Martin dans son dos, je connais ça... mais parfois, on peut rien faire d'autre que d'être présent... comme Tomine quand tu te battais, elle pouvait rien faire d'autre que d'écrire des lettres, ça devait lui sembler tellement peu de chose mais elle ne pouvait faire que ça, et elle le faisait...et pour toi, ça changeait tout, n'est ce pas?
- c'est vrai.
- et je t'assure que des baisers et des encouragements, ça fait toute la différence... ajouta Nikita en l'embrassant.
- alors? Les nouvelles sont bonnes?
- Anahéra va bien, j'ai le col ouvert, ça va pas tarder...
- j'adore ce prénom... on a le droit à une glace aussi? Sourit Nikita la mine gourmande.
- oui bien sur, répondit Agustin en faisant signe au serveur, alors, la santé?
- je sors de l'enfer... mais je suis en rémission... plus rien à déclarer... juste surveillance...
- ça a été terrible? Demanda Tomine d'une petite voix.
- oui, ma chérie, mais, je suis là devant toi pour t'en parler, je vais vivre et connaître Anahéra, alors cela valait le coup...
Martin avait un regard de noyé qui mit Agustin très mal à l'aise.
- un mois à Napoli, ça remettrait n'importe qui sur pied, continuait Nikita.
- c'est bien que vous ayez passé du temps avec Cha et Jo...
- oui mais je suis très inquiète... c'est mal en point entre eux deux... la mort de Clara a fait beaucoup de mal... et ils ne sont pas forts pour gérer la peine et la tristesse... la vie n'a pas aidé Giovanni pour cela...
- c'est vrai, on a tous des casseroles mais certains jours, elles pèsent plus lourd que d'autres...
Agustin pensa à ses propres 'casseroles' qui avaient failli le faire partir en courant du cours d'accouchement et pria pour qu'elles lui permettent d'accueillir sa fille sans s'enfuir comme un lâche...
- vous voulez passer à la maison pour voir la chambre d'Anahéra?
- avec plaisir...
- on a la voiture, on te véhicule si tu veux, Nikita, proposa Agustin.
- super.
- moi, je marche avec mon papa!!
- avec plaisir.
Agustin les regarda partir bras dessus bras dessous.
'j'aime pas'
Mais Nikita passa malicieusement ses bras autour de sa taille et il rit de sa mine amusée.
- j'adore ma belle mère!! fit il.
- je ne peux pas trouver un de mes gosses pour être mon préféré, affirma t elle, mais tu es clairement un de mes enfants!!
- merci.
- alors, je vais me permettre de te parler franchement. Il n'y aura rien d'insurmontable le jour de la naissance de ta fille, même sans péridurale, même s'il y a un problème... Anahéra résoudra tout en ouvrant les yeux... crois moi...
- merci.
La soirée, comme toujours sur la terrasse devant de belles pièces de bœufs qui grillaient fut très détendue. Agustin Martin et Tomine parlèrent de l'apparition surprise de Max dans leurs vies. Nikita qui sentait qu'Émilie se débattait dans quelque chose d'insoluble sans jamais avoir voulu en parler était soulagée... car il n'y avait rien d'insoluble vu depuis la fenêtre de Tomine!!
- bon, on vous lâche, les koalas...
- mais on revient à la première alerte bébé!! promis Nikita, Tomine blottie contre elle.
Une fois les parents partis, Tomine alluma son ordinateur.
- tu fais quoi?
- comme maman a dit, je m'occupe l'esprit, nous devons avoir des milliards de photos depuis qu'on est ensemble... je vais utiliser mon temps pour en faire un album organisé....
- OK, bonne idée...mais là, maintenant?
- pourquoi?
- parce que tu as un mari à cajoler...
Elle lui envoya un sourire à faire pâlir le soleil et ferma son PC pour prendre la main qu'il lui tendait.
- oh la la... haleta t elle en reprenant son souffle un peu plus tard, ça me tire un peu...
- oh merde.
- non, pas merde... mmm, j'ai adoré...
- elles sont douloureuses, tes contractions?
- un peu.
- alors, on va en profiter pour apprivoiser ce fameux serpent...
Cela leur permit de se détendre, Tomine, guidée par son mari, ne se sentait pas en panique. Les contractions cessèrent et ils s'endormirent en mode Koalas...
Ils convinrent d'arrêter les galipettes, leurs préférant des câlins, massages et caresses.
Ils retournèrent en consultation, tout allait bien, Anahéra devait à présent se décider à sortir de son nid douillet.
Agustin ne travaillait plus à la Scala, son patron avait bien compris ses raisons... le temps passa doucement.
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Comme tous les matins, il se leva doucement, embrassa Tomine et fila faire son footing, le sport était le meilleur remède qu'il aie trouvé pour canaliser son angoisse. Il mettait de la musique dans ses écouteurs et faisait trois fois le tour du parc de l'observatoire à toute vitesse.
La pluie, qui tombait ce jour là, ne le décourageait pas. Il se sentait vraiment mieux en rentrant après une bonne douche.
Toujours en courant, il monta l'escalier.
- tiens, Mina, tu es déjà debout?
- oui, debout et prête... tu as cinq minutes pour prendre ta douche...
- ...pour...quoi?
- contractions.
- et tu m'as pas appelé?
- ne te fâche pas... fit elle en posant sa main sur sa poitrine, je t'en prie de ne te fâche pas...
- non, bien sur... fit il en l'embrassant tendrement. Tu as mal?
- presque pas... si tu sautes sous la douche pour être tout beau pour rencontrer ta fille, je te prépare un pain au choco et un jus d'orange...
- OK, on est parti dans 10 minutes...
Ils se retrouvèrent dans l'escalier, elle éclata de rire quand il la souleva et descendit en courant. L'entendre rire accrochée à son cou lui fit du bien. Dans la petite smart, elle appela la clinique, les amis et la famille.
- voila... souffla t elle, plus tard, allongée et sous monitoring, on y est...
- oui.
- tu es trop loin.
- il y a ... Trente centimètres entre nous, s'amusa t il.
Elle tendit les bras vers lui et l'attira par de dessus elle en plaquant ses lèvres sur les siennes.
Luttant pour ne pas lui tomber dessus tout en répondant à ses baisers, il finit par s'écarter un peu.
- on n'a pas besoin de l'Etna, aujourd'hui...
- pourquoi tu dis ça?
- pour rien, volcan sur pattes!
La sage femme qui donnait les cours entra.
- salut mes parents chouchous!
- bonjour.
- bon, on va demander à Mme de lâcher son homme et on va se mettre au boulot...
- vous êtes rabats joie...
- oui Mme!! alors, vous avez de la chance l'anesthésiste est libre... et il est là... donc le papa sort et nous on s'occupe de ça... allez zou dehors, en plus il y a du monde qui vous attend...
Tomine réclama un dernier baiser et Agustin sortit. Il manqua un battement de cœur, son père!! Don Galiano se trouvait assis sur un fauteuil dans le couloir!! Il n'était pas seul, Max était avec lui.
- oh padre!! comment... que..
- j'ai mes sources, sourit Manuel en serrant son fils contre lui, alors, c'est en route...
- ils lui font la péridurale... pour l'instant, ça va...
- et tout va bien aller... ajouta Max, enfin j'en sais rien mais y a pas de raison, pas vrai.
- je suis content que tu sois là, toi!
- on ne fait que l'aller retour sur trois jours mais je voulais vraiment être là...
- et moi aussi, fit une voix féminine derrière eux.
- Carmina!!
- et oui!!
- on n'a pas pu amener Stella, ça aurait fait plaisir à Tomine mais elle à cours...
- tu vas être papa... s'extasia Carmina. Tu vas être le plus super papa du monde...
- bien sur, avec des potes comme nous!!
- Mr Galiano... on est paré.
- dites moi, demanda Carmina en français maladroit, je ne veux pas déranger mais vous croyez que je pourrais aller lui faire un bisou à la maman...
- on dira rien, venez tous les quatre.
- Agustin!! oh te voilà, regarde le bouton de survie, si j'ai trop mal, je presse... elle est pas belle la vie!!
- si, regarde qui est là...
- oh lala!! Manuel, Max et Carmina!! quel plaisir!!
- juste on t'embrasse, et on vous laisse tranquilles... on va poser nos affaires à l'hôtel et on revient quand tu appelles, fils...
- OK.
- ils ont traversé la planète pour être présents... murmura Tomine, quel bonheur...
- ouais... ça fait chaud au cœur...ton père les a appelé quand il a su que tu y étais presque...
Un cri mal contenu leur rappela pourquoi ils étaient là.
Les trois heures qui suivirent furent une torture pour le jeune argentin, les cris de sa femme lui fendaient le cœur. Il fit ce qu'il fallait mais peu à peu, il se sentait tomber dans un puis de désespoir.
Le silence tomba, puis un petit vagissement retentit et lui, il sombra, il recula en tremblant de tous ses membres, des larmes coulaient sur ses joues. La sage femme qui allait lui tendre son enfant, comprit et la posa doucement dans les bras de Tomine.
Le pédiatre arriva, reprit la petite qui se mit à hurler.
- 'Tin, je t'en prie, va avec elle... ne la laisse pas seule, je t'en prie...
Comme un automate, il emboîta le pas au docteur. Tomine n'avait besoin que de peu de soin... tout c'était très bien passé... Tomine fut ramenée dans sa chambre, sa fille dans les bras et son mari derrière, effondré.
- la famille va arriver... fit Tomine à la sage femme, dites leur que tout va bien mais que je ne veux voir personne pour l'instant.
- oui, oui bien sur.