Chapitre 144

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Ils passèrent la soirée quasi sans parler... Mais Agustin savait bien qu'il allait falloir des mots... et des mots difficiles à prononcer et à entendre.

Une fois Anahéra couchée, il prit Tomine par la main et la guida vers le canapé.

- il faut qu'on parle... il y a trop de choses entre nous...

Elle se ferma, baissa les yeux. Il lui releva doucement le visage.

- je t'aime, je t'aime... je dois t'expliquer un mot que j'ai utilisé à ton sujet qui t'a blessée...

Elle était aux bords des larmes, une fois de plus, sa respiration faiblissait, ses yeux balayaient la pièce comme pour chercher une issue.

- j'ai utilisé le mot 'Fort Nox'.

Là, elle se dégagea et se leva.

- oui, articula t elle en se tenant à la porte, et 'pute' aussi.

Il sursauta, oui lors de leur première dispute, c'est lui le premier qui avait prononcé ce mot qu'elle utilisait depuis.

- je n'aurais pas assez de toute ma vie pour m'excuser de t'avoir humiliée ainsi. Ce mot là, je meure à chaque fois que tu l'emploies...

- ah oui? Pourquoi remuer toujours le couteau dans la plaie, alors? cria t elle en perdant le peu de souffle qu'il lui restait, Pourquoi... tu parles de dépression où de repos... aujourd'hui je commençais à me sentir mieux... mais y a jamais de répit, tu me brises encore et encore...

- je voulais... m'expliquer...

- tu me trouves sèche aride et cadenassée, et tu répètes cela tout le temps!! pas la peine d'en remettre une couche!! j'ai bien saisi!! cria t elle encore, les lèvres à présent toutes bleues.

- non, Tomine, non tu ne me comprends pas!!Calme toi je t'en supplie!!

Mais elle n'écoutait plus, son organisme se rebellait, tous ses nerfs se vrillèrent, plus une molécule d'oxygène n'entrait dans ses poumons. Impuissant, il la voyait se tordre par terre avec des cris inhumains. Il appela l'hacienda, suppliant qu'on trouve un médecin.

Quand Manuel et le médecin alerté en urgence arrivèrent au chalet une heure plus tard, ils trouvèrent le jeune homme agenouillé à terre en larmes, la tête inerte de sa femme sur les genoux. Anahéra hurlait dans sa chambre.

Betty courut s'occuper d'elle pendant que le docteur s'évertuait à réanimer Tomine. Agustin, lui, était prostré à terre et n'avait pas bougé.

Quand Tomine revint à elle, elle sauta sur ses pieds comme un animal traqué et tomba lourdement, ses jambes ne la portaient plus. Manuel, constatant que son fils ne réagissait pas, s'approcha.

- du calme, mon enfant... tu es épuisée, laisse toi aller... le docteur t'a injecté un calmant avant de partir.

Leila passa dans le couloir, Anahéra en pleurs dans les bras.

- voilà, elle n'a pas l'air d'accord mais elle est prête, fit elle.

- parfait. Emporte la au village.

- ma fille... ne me prenez pas mon bébé...

- parce que tu es en état de t'en occuper peut être? Elle va en nourrice au village. Répliqua Leila, et toi tu te reposes, ensuite, on verra pour te la rendre.

- tu es trop faible, Tomine, ajouta Manuel, elle sera bien au village... il y a deux femmes qui allaitent, elles se relayeront pour la nourrir.

Un coup de feu dans le plafond, les fit sursauter et hurler le bébé. Tomine venait de se lever et de prendre l'arme de Manuel.

AGUSTIN... M.A.P.L.V. tome 11Where stories live. Discover now