Chapitre 93

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Tomine avait pris les rênes de la cuisine et Agustin se régalait d'avance des bonnes odeurs qui s'en dégageaient. Un grognement les informa qu'il n'était pas le seul.

- oh, le gourmand... s'amusa Agustin en découvrant un ours énorme sur leur terrasse la truffe en l'air.

Tomine arrêta la cuisson et vint voir. Mais, elle ne rit pas, les loups de Lillesand la terrifiaient mais l'animal sauvage qui se tenait devant eux juste derrière la vitre en faisait quatre au moins.

Découvrant sa panique, il attrapa un fusil qu'il chargea consciencieusement, puis prit la main de sa femme pour s'accroupir derrière la table de la salle à manger pour l'observer discrètement.

- ils ne sont pas agressifs... fit il pour la rassurer, juste gourmands... il va faire le tour et repartir comme il ne pourra pas entrer...

- et s'il casse la vitre.

- c'est un gros patapouf pas si malin, il n'y pensera pas... regarde... il cherche une entrée...

- la porte n'est pas fermée à clef...

- non mais c'est un loquet en fer, ils ne savent pas les ouvrir... n'aie pas peur... regarde comme il est beau...

- il a des couteaux au bout des pattes...

- oui, admit il, de sacrées lames... mais il n'est pas agressif... tu cuisines tellement bien que tu l'as attiré... tes poissons sentent si bons...

L'ours décida de chercher à entrer par l'arrière de la maison. Ils l'entendirent souffler et gratter à la porte d'entrée qui en avait vu d'autres.

- les chevaux... frémit Tomine.

- les ours ne mangent pas les chevaux, sourit il, il ne va même pas les regarder... hey, tout va bien...

- mais si on va se balader...

- il faudra faire attention parce qu'il va sûrement rester pas loin... mais, ils craignent les humains...

Elle luttait contre sa panique.

- je ne voudrais pas l'abattre, argumenta son homme, il est magnifique et a le droit de vivre... tant qu'il ne nous menace pas...

- tu as raison, bien sur... aller, je vais finir de préparer le repas.

Des couinements plaintifs et des reniflements malheureux sous la porte se répétèrent et finirent par faire rire la jeune femme.

- je me régale, commenta le jeune homme le nez dans son assiette. Pas de bol, nounours!

Le sol trembla quand le gros animal se laissa tomber, apparemment désespéré, sur la terrasse.

- le pauvre... et si on lui donnait les restes?

- on se mettrait en danger parce qu'il ne nous lâcherait plus...

- même si je les pose loin...

- il y aura une odeur humaine, il saura très bien d'où ça vient, non Tomine, il doit comprendre que sa bouffe, il doit la chasser... regarde le, il est tout gras, il sait très bien se nourrir...

- ouais tan pis pour toi, nounours!

- tu reveux des patates?

- OUI.

- qui de nous deux va prendre des kilos?

- on a de la marge tous les deux... décréta t il en détaillant les morceaux de pommes de terre que sa femme lui servait, comment tu fais pour qu'elles fondent dans la bouche comme ça?

- je les cuits dans de l'huile et du beurre...

- c'est parfait...

- je me sens bien ici, j'ai pas envie de partir demain...

- on reviendra... moi, je meure d'envie d'aller à ton rendez vous d'échographie...

- ça sera la première fois ensemble... moi aussi, j'ai hâte... tu vas voir c'est trop magique de le voir vivre sur l'écran...

Ils débarrassent et rangèrent.

- tu as envie de danser?

- danser??

- oui.danser.

- avec plaisir.

Il attrapa le vieux poste et le manipula un moment. Radio andine résonna bientôt dans la maison.

- on est au top de la technologie, commenta t il alors qu'un air de tango s'élevait.

Il lui tendit la main et l'attira contre lui.

Ils passèrent une bonne partie de la soirée à danser en riant comme des enfants joyeux sur des airs pas toujours à leur goût!!

Quand 'Take on me' survint, Agustin cria au harcèlement tandis que son amie se lançait dans une imitation... loufoque de son père qui le fit mourir de rire.

- je sens plus mes joues!! suffoquait il.

- oh, un passo doble... aller viens!!

- j'en peux plus!!

- s'il te plaît.

- aller soyons fous.

Il ne regretta pas sa folie car au fil de la musique, leur danse se fit plus... sensuelle, leurs vêtements finirent éparpillés dans le salon alors qu'il concluait le morceau en la posant sur la table pour lui faire l'amour sans plus de cérémonie. Enfin, à une interruption près, quand la radio se mit à jouer des chants religieux qu'il coupa vivement!!

Au petit matin, il se leva et repu de plaisir s'étira en riant de trouver leurs affaires partout dans la pièce.


'quel plaisir de danser avec toi, mina'


'quel plaisir d'être avec toi, pour tout...'


Il déambulait dans le chalet, pensant à leur départ tout à l'heure. Ses pas le guidèrent dans la chambre du bébé... Il réfléchit et, passant un pull, fila chercher du bois dans l'écurie.

Quand son absence dérangea Tomine dans son sommeil, elle se leva et le trouva concentré sur la terrasse, un couteau à la main, occupé à tailler du bois avec la radio qui jouait en sourdine.

- alors, ton pote l'ours t'as pas mangé?

- non, non, on a fait un pacte, il garde son appétit pour toi...

- tu fais quoi?

- un mobile pour mininous...

- oh...

il avait sculpté divers petits animaux dans du bois tendre.

- tu m'aideras pour équilibrer les branches?

- oui... ils sont vraiment jolis... oh, ce cheval, on dirait vraiment Dario...

- c'est le but...

- quel talent Mr Galiano...

- à ton service, Mme Galiano... j'ai adoré danser hier soir... pas que danser d'ailleurs...

- moi aussi... fit elle en se baissant devant lui pour l'embrasser.

- jolie vue, s'enthousiasma t il le nez au niveau de sa poitrine.

Il lâcha son couteau pour la rapprocher un peu plus de lui et l'embrasser entre les seins la mine gourmande. Ses lèvres remontèrent jusque sa gorge sans qu'elle puisse faire autre chose que gémir doucement de plaisir.

Un bruit de sabot le fit sursauter.


'allons bon...'


- rentre au chaud, ma belle Mina, j'ai trouvé des cookies en fouillant dans les placards.

AGUSTIN... M.A.P.L.V. tome 11Where stories live. Discover now