Je passe les doubles portes, ma valise à la main, mon sac sur le dos et, pour la première fois de ma vie, je pose un pied sur le sol américain. Voilà presque une heure que l'avion a atterri mais les procédures sont si longues que je n'ai pas pu récupérer mes bagages et quitter l'aéroport plus tôt.
Je m'arrête au milieu du chemin, le sourire aux lèvres et prends une grande inspiration. J'ai du mal à croire que je vais habiter ici pour une durée indéterminée. Je n'ai aucune idée de ce qui m'attend, mais je suis vraiment impatiente de le découvrir.
Je repousse ma longue tresse blonde dans mon dos et avance, aussi stressée qu'excitée, en direction des nombreux taxis qui attendent sur le bord de la route. Il ne me faut pas longtemps pour trouver un chauffeur qui accepte de m'emmener là où je dois me rendre, à environ deux heures d'ici. Une fois mes affaires installées dans le coffre, je monte à l'arrière et la voiture démarre. Je ne quitte pas la vue des yeux, trop heureuse de découvrir de nouveaux paysages. J'admire les rues de New York qui disparaissent au fil des minutes et bientôt, nous quittons la ville. Les minutes s'égrainent, le côté urbain s'efface afin de laisser place à un panorama beaucoup plus rural, aux arbres et aux fleurs.
Lorsque nous approchons de l'arrivée, je me laisse tomber contre le siège et soupire de bien-être. Me voilà enfin là où je rêve d'être depuis plusieurs mois. C'est ici que je vais résider et étudier, dans l'État de New York, dans une petite ville universitaire prénommée New Paltz. Elle se situe à environ une heure et demie de la célèbre métropole surnommée « The Big Apple ». Loin du brouhaha, des écrans géants et de l'effervescence de New York, ici, tout est plus calme, plus axé sur la nature et d'après mes recherches internet, les paysages sont absolument époustouflants. Mes années à l'Université de New Paltz s'annoncent incroyables et extrêmement enrichissantes.
Le chauffeur se gare sur le trottoir et coupe le moteur. Je suis arrivée à destination. Impatiente, je quitte à la hâte le véhicule, règle la course et m'empresse de récupérer mes affaires. Je sors mon téléphone et consulte mes messages. Je vérifie l'adresse que Lexie m'a envoyée et souris, ravie de constater que je suis au bon endroit. Le taxi reprend alors sa route et je l'observe s'éloigner, jusqu'à ce qu'il disparaisse totalement de ma vue.
J'ai l'impression d'être dans un rêve, pourtant, tout est bien réel. Je me tourne vers la maison dans laquelle je vais passer les prochains mois voire les prochaines années si tout se passe bien. La bâtisse me paraît être plus grande que sur les photos que j'avais vues. La façade blanche contraste avec les volets noirs et le jardin semble faire le tour de la maison. J'ai déjà hâte de la visiter.
Je monte les quelques marches qui mènent à la porte avant de frapper contre celle-ci. Je patiente, un peu nerveuse, jusqu'à ce qu'elle s'ouvre. À mon plus grand soulagement, ce n'est pas une inconnue qui m'accueille, mais bien Lexie, que j'ai rencontrée sur internet quelques mois avant mon déménagement. Je cherchais une colocation et, même s'il m'a fallu du temps, j'en ai finalement trouvé une. C'est avec cette jolie brune aux yeux caramel que j'ai pris contact durant les grandes vacances et je suis ravie que ce soit elle qui m'ait ouvert la porte.
- Harmonie ? demande-t-elle, un sourire immense scotché sur les lèvres.
- En personne, sourié-je, amusée par la manière dont elle prononce mon prénom.
- Je ne pensais pas que tu arriverais si tôt ! Entre ma belle.
Elle se recule un peu et me laisse passer. Elle ferme la porte dans mon dos et lorsque je me retourne, elle me prend dans ses bras pour me saluer. Cette familiarité me trouble, mais je m'y habituerai. Tant de choses doivent être différentes ici et je sais déjà qu'il me faudra du temps pour oublier les habitudes que j'avais en France et pour m'accoutumer à celles des États-Unis
- Tu as fait bon voyage ?
- C'était un peu long, mais il s'est bien passé.
- Tu pourras te reposer ce soir. Je n'en reviens pas que tu parles aussi bien anglais ! C'est fou.
Je ne peux m'empêcher de rire à sa remarque. Si elle savait le nombre d'heures que j'ai passé à m'entraîner et à étudier cette langue, elle serait beaucoup moins surprise ! Depuis que je suis toute petite, elle me fascine et depuis le temps que je la pratique, je crois pouvoir dire que je me débrouille plutôt bien. Je comprends les autres sans aucune difficulté et m'exprimer en anglais est un réel jeu d'enfant pour moi. Venir vivre aux USA va me permettre d'approfondir mes connaissances et de pouvoir échanger couramment dans cette langue que j'aime tant.
- Viens, je vais te faire visiter ! Donne-moi ton sac, je vais le porter.
Je n'ai pas le temps de protester qu'elle s'est déjà emparée de mon bagage. Je la laisse prendre les devants et m'entraîner dans la demeure. Je l'ai vu en photo et c'est un réel plaisir pour moi d'y mettre enfin les pieds et de pouvoir admirer les pièces. C'est une maison universitaire dans laquelle résident déjà trois filles. Je suis la quatrième à rejoindre la colocation.
- Nous partageons les salles communes comme la salle de bain, le salon ou encore la cuisine, mais nous avons chacune notre propre pièce pour dormir, ce qui est plutôt cool. Il y a donc quatre chambres, m'explique Lexie en montant les escaliers.
Je la suis en acquiesçant. Je ne connais pas les deux autres filles avec qui je vais cohabiter, mais je pense que tout devrait bien se passer. Lexie m'a assurée qu'elles étaient vraiment adorables et qu'il n'y aurait aucun problème.
Nous longeons un long couloir à l'étage et Lexie pousse la dernière porte, au fond à droite. Je pénètre dans la pièce et découvre ma chambre. Des murs marron et beiges, un lit simple contre le mur du fond recouvert de draps blancs et près de la fenêtre, un bureau parfaitement rangé, prêt à être utilisé. Il y a également une penderie, une table de nuit et un tapis rond sur le sol. Tous les meubles sont en bois, d'une jolie teinte marron clair.
Je laisse ma valise dans un coin et ma colocataire dépose mon sac sur le lit. Elle m'observe, toujours ce sourire rayonnant sur le visage, attendant très certainement ma réaction.
- C'est absolument parfait, soufflé-je.
- Je suis contente que ça te plaise. Tu pourras t'installer dès que tu en auras envie mais avant, je te propose de visiter le reste de la maison.
- Ça me va.
Nous quittons ma chambre et elle me montre rapidement où se trouve la sienne, ainsi que celle des deux autres filles qui vivent ici. Nous passons ensuite par la salle de bain, d'un blanc éclatant et parfaitement fonctionnelle, puis par les toilettes. Enfin, nous redescendons au rez-de-chaussée où je découvre le salon, spacieux, meublé d'une grande table, de chaises et d'un meuble télé surmonté d'une télévision à écran plat. Deux canapés noirs trônent au centre de la pièce. Ils ont l'air si moelleux et si confortables que j'ai déjà hâte de passer des soirées Netflix, affalée dedans. Je découvre ensuite la cuisine, équipée comme il faut et très spacieuse. Je vais pouvoir laisser parler mes talents culinaires et je m'en réjouis d'avance. Pour terminer, Lexie m'entraîne dans le jardin. Il y a une petite terrasse et quelques fleurs ont poussé par-ci par-là, mais il est clair qu'il est à l'abandon.
- Nous n'avons jamais vraiment eu le temps de nous en occuper et nous n'y passons pas énormément de temps alors il est resté comme nous l'avons trouvé en arrivant, m'informe-t-elle en haussant les épaules.
Je me contente de hocher la tête, ne sachant pas quoi lui répondre. Peut-être que je trouverai le temps de jardiner un peu. Si je reste ici un moment, pourquoi ne pas m'en occuper ? En France, mes parents ont fait de leur jardin un espace de vie agréable et aménagé et, même si le jardinage ne fait pas partie de mes passes temps favoris, cela me permet parfois de me détendre et de penser à autre chose.
- Où sont les deux autres filles ? demandé-je, curieuse.
- Maï Ly et Linh sont parties faire les courses. On ne pensait pas que tu arriverais aussi tôt. Heureusement que je ne les ai pas accompagnées !
- Maï Ly et Linh. C'est de quelle origine ?
- Pour résumer, elles sont jumelles et viennent tout droit du Vietnam, elles ont vingt ans et étudient toutes les deux la médecine.
- C'est génial ! Et toi, tu es née ici, c'est ça ?
- Eh oui ! Un pur produit d'Amérique ! J'ai grandi à New York et j'ai choisi de venir faire mes études ici. La grande ville, ça devenait vraiment lassant.
Durant de longues minutes, nous discutons et la facilité avec laquelle nous échangeons me met tout de suite à l'aise. J'ai l'impression de connaître Lexie depuis des années alors que ce n'est pas le cas. J'apprends au cours de notre conversation qu'elle étudie le droit afin de devenir juge. Ce métier a l'air de la passionner et j'espère sincèrement qu'elle pourra l'exercer. Puis c'est à moi de lui raconter un peu d'où je viens et ce que je fais ici.
Il m'a fallu de longs mois de préparation avant d'atterrir à New Paltz. Moi, je suis étudiante en psychologie et j'ai passé ma licence en France avant d'arriver en Amérique. Il m'a fallu beaucoup d'organisation et de travail avant d'y parvenir. Durant mes trois ans de fac, j'ai travaillé afin de financer mon changement de continent. Grâce aux bourses, à l'aide de ma faculté et à mes économies, j'ai réussi et je suis heureuse de pouvoir envisager de décrocher mon master aux États-Unis. Si tout se passe comme prévu, je m'installerai peut-être définitivement ici afin d'exercer mon métier.
Notre conversation est interrompue par le retour de Maï Ly et Linh. Lorsqu'elles débarquent dans le salon, je suis immédiatement troublée par leur ressemblance frappante. Elles ont toutes les deux de longs cheveux très noirs, lisses et brillants. Leurs yeux en amande sont absolument magnifiques et leurs teints de poupée me coupent le souffle. Elles sont sublimes et je ne sais pas comment je vais m'y prendre pour les différencier tant elles sont une copie conforme l'une de l'autre.
- Oh, tu dois être Harmonie ! s'exclame l'une d'elles.
Je souris, parce que comme Lexie un peu plus tôt, énoncer mon prénom ne semble pas être la chose la plus simple à faire. Le « h » ne se prononce pas, Lexie était pourtant convaincue du contraire.
- On est ravie de te rencontrer, affirme la seconde.
Je me lève et j'ai à nouveau droit à un chaleureux accueil. Elles se présentent toutes les deux et je cherche durant de longues secondes un indice me permettant de les différencier. Pour aujourd'hui, je vais juste retenir que Linh est habillée d'un short en jean bleu tandis que Maï Ly porte une jupe à fleurs. Même schéma que tout à l'heure, nous nous mettons à discuter joyeusement tout en rangeant les courses. Je croise quelques produits dont j'ignorais l'existence et je me réjouis déjà en pensant à toutes les nouvelles expériences culinaires que je vais faire au cours de mon séjour.
Un peu plus tard dans la journée, nous nous dispersons et chacune vaque à ses occupations. Je profite de ce moment pour rejoindre ma chambre et déballer mes affaires. En fait, je n'ai pas ramené grand-chose hormis de quoi m'habiller. Je sors mon ordinateur et le dépose sur le bureau puis je commence à ranger mes vêtements dans la penderie. J'ai pris un maximum de ce que j'avais chez moi, même si je compte bien faire du shopping le plus tôt possible. J'ai hâte de pouvoir me balader dans le coin, découvrir les environs et faire les boutiques. Mais je ne dois pas me précipiter. J'ai tout mon temps pour découvrir l'Amérique et je sais que je vais devoir faire très attention. Si je suis venue ici, c'est pour étudier et oublier tout ce qui s'est passé en France. Je me suis fixée des règles avant de partir, règles que je me suis répétée en boucle durant le vol, et je ne dois pas les oublier. Parmi elles, ne plus boire une seule goutte d'alcool et éviter un maximum les soirées figurent tout en haut de la liste. Je suis là pour m'amuser et profiter, certes, mais surtout pour réussir ma vie et passer outre les démons qui ont bien failli me faire rater ma troisième année de fac.
Une fois mes vêtements rangés, je plie mon sac, le mets dans ma valise et la range sous le lit. Je n'ai rien pris d'autre. Pas de photo, pas de souvenirs, aucun objet susceptible de me rappeler d'où je viens. Je veux prendre un nouveau départ et pour cela, je devais me séparer de tout ce qui pouvait me rattacher à la France.
Deux coups sont frappés contre ma porte avant qu'elle ne s'ouvre. Lexie entre et me sourit.
- Avec les filles, on a pensé que tu aimerais sortir. On va aller boire un verre dans un pub du coin, ça te tente ?
Épuisée par le décalage horaire et les deux longues de route, j'hésite. J'aurai tout le temps de me reposer demain. Maintenant que je suis là, je veux profiter de ma première journée à New Paltz.
- Avec plaisir.
- Cool, on t'attend en bas.
- J'arrive.
Je récupère mon téléphone et le glisse dans la poche arrière de mon short en jean. J'attrape le petit sac à main que j'ai amené, je vérifie que toutes mes affaires sont encore bien à l'intérieur puis je rejoins le salon. Les filles sont déjà prêtes à partir alors nous quittons directement la maison. C'est Lexie qui prend le volant et dans la voiture, tout le monde est de bonne humeur. Nous continuons à faire connaissance et Maï Ly prend le temps de me montrer tous les coins sympathiques devant lesquels nous passons. Mais le trajet ne dure que quelques minutes et bientôt, nous nous retrouvons toutes les quatre assises autour d'un verre, sans alcool pour moi, ce qui a surpris mes nouvelles colocataires.
L'endroit est absolument sublime. L'intérieur est fait de bois, d'un marron très foncé qui rend l'ambiance à la fois chaleureuse et intrigante. J'aime déjà beaucoup cet endroit et je suis contente de savoir qu'il se trouve tout près de là où nous habitons.
- Alors, pourquoi as-tu choisi l'Amérique ? me questionne Linh, curieuse.
- Bonne question. Ce continent m'attire depuis que je suis toute petite et le fait que je maîtrise l'anglais m'a aidée à faire mon choix.
- C'est comment, la France ? enchaîne Maï Ly. Est-ce que tout le monde porte un béret et achète du pain chaque jour ? Oh et c'est vrai que les françaises sont toujours très chics ?
Je ris devant toutes ses questions et tous ces clichés. Si seulement elle savait... Elle serait peut-être un peu déçue !
- Non, tout le monde ne porte pas de béret et n'achète pas du pain tous les matins, réfuté-je avec un sourire amusé. Tu sais, la plupart des clichés sont en lien avec la capitale. Paris a autant de défauts que de qualités, mais Paris, ce n'est pas une représentation parfaite de ce qu'est la France. Certaines françaises portent des joggings !
- Et les mecs ? intervient Lexie, intéressée. Ils sont aussi romantiques qu'on le dit ?
- Certain oui, d'autres non.
Et durant de longues minutes encore, nous discutons de mon pays natal. Je crois que les jumelles aimeraient beaucoup mettre les pieds en France. De toute façon, c'est bien connu, l'herbe est toujours plus verte ailleurs. Tout le monde a envie de quitter son pays pour un autre, sous prétexte qu'il sera mieux. Parfois, c'est vrai. D'autres fois, c'est la désillusion. Espérons que ce ne soit pas le cas pour moi.
Petit à petit, le pub se remplit d'étudiants et les filles me parlent de ceux qu'elles connaissent. Ce n'est que mon premier jour ici pourtant, je crois que je vais connaître chaque étudiant avant la fin de la semaine !
- Alors lui, c'est James Green, souffle Lexie.
Je me tourne vers le jeune homme en question. Ses cheveux sont noirs et ses yeux bleus océan.
- Il est Britannique et étudiant en droit, lui aussi. Je le trouve super canon et j'espère vraiment finir mon année avec lui.
- Je ne suis vraiment pas sûre que ce soit une bonne idée vu les mecs avec qui il traîne, soupire Linh.
- Je sais, mais il est vraiment trop beau.
- Il traîne avec qui ? demandé-je, un peu perdue.
- Le roux, à sa gauche, c'est Adrian. Ensuite, il y a Augustin, le blond en face et enfin Joe, celui avec ses cheveux châtains. Ils vivent dans la même fraternité et passent leur temps à s'amuser et à prendre du bon temps, si tu vois ce que je veux dire. Je me demande même s'ils comptent réellement obtenir un diplôme.
- Dommage, le gros lot du groupe n'est pas là ! se moque Lexie.
- Il y en a encore un ?
- Oui. Un grand brun, des yeux noirs. En bref, tu ne peux pas le rater. Si tu es branchée coup d'un soir, je te conseille de te tourner vers lui sinon, trace ta route. Je peux te dire que toutes les filles bavent dessus mais moi, je le trouve un peu flippant, confesse Maï Ly.
- Je vois. Merci pour les infos, je prends note !
L'unique information que je retiens de cette conversation, c'est que je dois tracer ma route. S'il est branché coup d'un soir, il n'est clairement pas fait pour moi. Alors je ne retiens aucun détail, aucun autre renseignement à son sujet parce que rien de tout cela ne me sera utile. De toute façon, je ne suis pas là pour trouver l'amour, ni pour faire quoi que ce soit d'autre. Décrocher mon diplôme en psychologie est l'unique raison pour laquelle je suis là.
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Hello ! 👋🏻
J'espère que vous allez bien !
Deuxième chapitre, deuxième rencontre. Vos premières impressions sur Harmonie ? Et que pensez-vous de ses colocataires ? 🤷🏻
Ce second chapitre est arrivé assez vite, j'espère continuer sur cette lancée ! Les débuts d'histoires sont, à mon sens, les plus simples à écrire. Je risque de mettre de plus en plus de temps par la suite, mais pour le moment, je pense pouvoir publier un chapitre par semaine (ou toutes les deux semaines, ça dépend !) mais, comme vous pouvez le voir, il n'y a pas de jour précis. Je publie dès qu'il est prêt ! 😁
J'ai déjà hâte de vous partager la suite !
On se retrouve samedi pour ceux qui suivent HD et à la semaine prochaine pour les autres 😘💙
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