Les derniers jours, le climat changea, ils étaient vraiment au sud du monde, le bateau longeait la terre de feu... l'océan était plus démonté que jamais.
Les pulls et les kway sortirent du placard.
L'arrêt à Punta Aréna fut l'occasion d'un vraie partie de pétanque dans l'herbe devant le bateau, une fois la cargaison débarquée.
Agustin proposa un petit tour en vélo qui montra à Tomine la pauvreté de ces villes du bout du monde réduites à être des escales pour touristes irrespectueux.
Regardant sa montre et constatant qu'ils avaient deux heures devant eux, Agustin reprit le guidon et se gara bientôt devant un baraquement avec un hélicoptère derrière.
- on a une heure, peux tu nous faire faire un tour?
- 200 dollars.
- 150 en liquide.
- c'est bon, on décolle de suite.
Ils posèrent le vélo et montèrent dans l'appareil. Les paysages étaient splendides. A l'atterrissage, ils avaient les yeux émerveillés.
- bon, on boit un coup? Proposa Agustin en désignant le bar juste en face.
- on a le temps, OK... c'était magique...
Ils sirotaient une bière et un coca quand deux hommes vinrent chercher les ennuis.
- on passe un bon moment les gars, soupira Tomine, allez voir ailleurs, s'il vous plaît...
- elle est bien blasée la touriste... ricana l'un deux.
L'arme de Tomine, sortie en un éclair, se retrouva sur sa poitrine.
- c'est ton garde du corps? Demanda t il à un Agustin hilare.
- ma femme. Répondit il en dégainant son pistolet.
- bien, on va les laisser finir leurs boissons, hein, ça vaut pas le coup de mourir aujourd'hui...
- parfait merci. Grinça Tomine en les suivant du bout de son revolver avant de le ranger en soupirant.
- tu apprends vite. La félicita son homme avant de se lever, allons y on va encore finir par être en retard.
- allez dernière nuit sur le bateau.
- on en prendra un autre après demain.
- ah bon?
- un promène touriste pour approcher le pole sud, sur l'île au pingouins. Là, je crois que personne ne viendra te chercher des noises.
Cette fois, c'était Ernesto qui avait préparé un repas chilien typique.
- alors, vous allez abandonner votre vélo de miel? Rigola le capitaine.
- ... de miel???
- vélo spécial lune de miel... développa t il en souriant.
- oh, ça m'embête! Il est si parfait!
- on pourrait vous le laisser, il peut vous dépanner... proposa Agustin.
- ouais, on peut le garder...
- on sait jamais, si vous voulez repartir en balade vous le retrouverez! Déclara Ernesto.
Après des chansons, des plaisanteries et des embrassades, Agustin entraîna sa belle vers leur cabine.
- prête pour de nouvelles aventures? Sourit il.
- oui..
- tu es triste...
- j'ai du mal... mais je me dis que la semaine prochaine on saura si mininous est un garçon ou une fille... avant de... savoir pour maman...
Il la sentait toute déprimée. Il décida de s'allonger et de la prendre doucement dans ses bras.
- il te faut un câlin... chuchota t il, laisses moi te prendre dans mes bras, ma chérie...
Ils se blottirent l'un contre l'autre avec milles baisers et caresses... il eut une petite pensée pour l'Etna, aujourd'hui, remplacé par un petit cœur tout chagrin et s'aperçut que cela le faisait fondre tout autant.
Au petit matin, il s'arracha à la douceur des bras de sa belle et commença à faire leurs bagages avant de sentir des bras lui entourer la taille.
- salut merveille...
- bonjour, mon homme, attends, je vais t'aider...
Le petit puma retrouva sa poche de sac à dos et ils partirent déjeuner.
Ils avaient salué tout le monde et se tenaient contre le bastingage en regardant la petite ville d'Ushuaïa approcher dans son paysage majestueux.
- nous revoilà en Argentine, commenta Agustin.
- et par là, c'est l'Antarctique?
- voilà. Demain, nous irons nous en approcher un peu... autant que possible sans moyen militaire... tu as froid?
- oui, mon pull et mon kway sont au max...
- on va avoir des tenues adaptées à l'hôtel.
- et on y va comment? Puisque que Dario reste là?
- en taxi, Madame. Je n'ai pas trop envie de barouder ici... il y a une sale ambiance... comme une zone de non droit...
Le bateau accosta et, après un dernier geste de la main, ils sautèrent dans le taxi qui les attendait. A l'hôtel aussi, ils étaient attendus et découvrirent leur suite avec des cris de stupeur.
- oh grand style!!
- pourtant, c'était pas si cher... bah, on s'en fout! on va y être bien... regarde ils ont reçu nos billets d'avion...et on a un taxi de programmé... super...
- ils disent qu'il y a une piscine... en bas... on pourrait aller y faire un plongeon.
- oui si tu veux... on passe à la boutique de l'hôtel, on se trouve des fringues habillées pour manger ce soir, et des tenues polaires et ensuite, on va s'y détendre en attendant le repas.
- c'est vendu!
Ils appliquèrent ce programme à la lettre, et se retrouvèrent dans une piscine luxueuse déserte. Tomine barbotait tandis que son mari enchaînait les longueurs.
Elle finit par venir se placer en travers de son chemin.
- tu as faim, petite mine?
- un gros manque d'affection... avoua t elle en se laissant enlacer et guider près du bord pour un câlin.
- aller, on ne bouge plus, tu vas finir par avoir froid... sortons de l'eau et allons manger et puis, si tu as la pêche, danser un peu. Allons te chercher une robe...
Tomine se laissa tenter.
- tu es belle, commenta t il en la découvrant dans une longue robe fourreau bleue. On ne peux plus le rater, mininous!
- ouais, le mode baleine se précise...
- pas pour l'instant, tu n'as pas pris un gramme ailleurs que le ventre... souffla t il, les mains sur ses hanches toujours aussi fines.
- et j'aimerai que ça dure! Tu es très élégant, ce costume gris te va bien... très sexy...
- on est un couple de beaux gosses, on n'y peut rien!
- exactement. En avant, mon top model!
Il lui tendit son bras où elle s'accrocha. Leur arrivée dans la salle de restaurant fit tourner quelques têtes mais ils s'en fichaient.
Ils papotaient quand l'orchestre commença à jouer.
- allons danser, s'enthousiasma Tomine, en attendant le dessert!
Finalement, les desserts attendirent pas mal de temps! Mais quand Tomine remarqua le bol de fruits rouges à leur table, elle s'échappa des bras de son homme pour y plonger sa cuillère.
- t'as pas honte, gourmande?
- non, et si tu veux tout savoir je vais en reprendre un! Serveur!
Agustin demanda un verre de champagne en la regardant engloutir les fraises, framboises et groseilles en mode pelleteuse.
Une hôtesse s'approcha.
- désolée de vous importuner, Mr et Mme Galiano, c'est juste pour confirmer votre participation à l'excursion polaire demain.
- à quelle heure est le départ?
- 10h et retour 18h...
- c'est bon pour nous.
- vous êtes passés chercher vos tenues et accessoires, je crois.
- oui
- alors, je vous souhaite une bonne fin de soirée et vous donne rendez vous demain à 10h dans le hall.
- merci.
Ils dansèrent encore un peu puis remontèrent dans leur suite. Cette nuit là, encore, l'Etna était calme, ils s'endormirent tranquillement.
En ouvrant un œil, Agustin croisa un regard tout malheureux.
Il permit à ses mains de partir à l'aventure sur le corps encore tout endormi de sa femme pendant qu'il l'embrassait de l'épaule jusqu'au cou, puis l'oreille. Elle répondait doucement à ses baisers et caresses et se laissait embrasser.
- t'as pas envie? Demanda t il en se redressant d'un coude, pas contre, lui, un peu d'action.
- je ne sais pas... avoua t elle, si... je crois...
- je ne veux pas que tu te forces... je veux dire... avec ce qui arrive à ta mère...
- je ne suis pas en feu mais j'aime beaucoup ce que tu me fais... je ne me force à rien... je me sens juste... un peu abattue... mais j'ai tellement besoin de... ta tendresse...
Cela fut très différent de leurs habitudes, tout tendre et sensuel. Il multipliait les gestes tendres, les mots d'amour, comme une façon de laisser son corps chercher à la consoler... mais le plaisir fut au rendez vous.
L'heure tournait, Agustin se trouvait devant un dilemme, sa belle était nichée dans ses bras et s'y trouvait bien, sans sembler vouloir plus jamais en bouger!
- Mina, souffla t il, il va falloir bouger...
- mmm... OK...
Avec un regard malicieux, elle se redressa un peu et se mit à déposer des baisers sur son torse pour finir dans son cou.
- ça va comme ça? Demanda t elle amusée de le faire frissonner.
- on va être en retard pour l'excursion, articula t il alors que ses mains suivaient de près sa bouche.
- non... non, je ne crois pas...
- vraiment? S'amusa t il, en reprenant vivement le contrôle de la manœuvre.
Ils avaient réveillé l'Etna et arrivèrent bons derniers dans le hall pour le départ. Bons derniers mais en mode fusionnel!
Cela leur sauva la journée finalement, les autres participants étaient snobs,blasés et vraiment peu sympathiques. Autant ne pas leur prêter attention!
Alors que tous emmitouflés dans des combinaisons polaires, ils attendaient pour embarquer, une femme très maquillée qui les dévisageaient depuis un moment tapa sur l'épaule de Tomine.
- je vous reconnais, vous êtes TomineMalket!
- moi aussi, sourit elle, vous êtes la reine d'Angleterre!
- ohhh!
- bonjour, je me présente Mina Galiano. Et voici mon mari Agustin. Nous sommes argentins.
- pff!!! Des autochtones!
- désolée.
Agustin la prit par la taille pour l'entraîner vers le brise glace et lui souffla 'petite maline' à l'oreille.
Ils se trouvèrent un coin libre à l'avant du bateau, sensible au vent d'aventure que ce paysage inspirait.
La journée fut passionnante, comme au bout du monde et se termina pour Tomine le nez dans un calepin pour essayer de mettre en mots et en rimes toutes ces émotions particulières.
La pauvre femme découvrit le soir sur internet que la dernière née du chanteur des What s'appelait maintenant Tomine Galiano et piqua une crise de nerf le lendemain en apprenant qu'ils étaient partis pour le petit aérodrome de la ville! Sa collection de selfies avec des célébrités se passerait de Tomine!
Agustin et Tomine étaient dans un petit Cessna au vol improbable tant le vent le ballottait de droite à gauche. Chacun le nez sur son hublot.
Agustin cherchait à se repérer dans le paysage, il reconnut bientôt l'estancia et guida le pilote pour qu'il atterrisse pas trop loin de la maison. Il n'arrêta même pas le moteur, ils sautèrent de l'appareil qui repartait déjà.
- voilà, fit Tomine, fin temporaire de nos aventures.
- oui.
- j'ai adoré, continua t elle, en le tirant contre elle par les poches de son pantalon.
- moi aussi.