Ils arrivèrent dans un joli village de pécheurs. Agustin prit doucement la main de sa femme et l'entraîna vers un petit restaurant sur une place devant l'océan.
- je meurs de faim, avoua Tomine.
- moi aussi.
La serveuse arriva, prit leur commande et revint avec une bière et un coca.
- à notre aventure!!
- à nous! sourit Agustin en frappant sa bouteille dans sa bouteille.
Quand la femme apporta les plats, Agustin lui demanda où on pouvait dormir ici et ils eurent ainsi une adresse... chez la cousine de leur serveuse.
Tomine constata qu'il n'avait rien réservé d'avance ni trop prévu, comme elle l'avait demandé.
La cousine était une femme charmante, ils eurent une jolie chambre avec une terrasse pour deux nuits.
- si je fais une petite sieste...
- tu m'invites?
Bon, lui n'avait pas sommeil mais sut la convaincre de différer un peu son sommeil.
- en France, on appelle ça une sieste crapuleuse... souffla t elle quand les battements de son cœur se furent un peu calmé.
- j'adore les siestes 'crapuleuses'! Rit il en s'étirant de bien être.
- oui moi aussi, mais à cause de toi, j'ai pas dormi!
- regarde toi, tu es toute détendue... maintenant, tu vas bien dormir...
Il avait raison!
Quand elle ouvrit un œil, elle était seule mais entendait bouger sur leur terrasse. Elle le trouva assis par terre, une épave de vélo devant lui et des outils éparpillés au sol.
- tu fais quoi? S'étonna t elle en venant se blottir contre lui.
- je te présente Dario, notre moyen de transport pour la suite du voyage. il traînait dans la cour, la dame nous le donne plutôt que d'aller le mettre à la décharge.
- tu as donné le nom de mon cheval à cette... ce... cette épave??
- ben ouais, il n'a pas de frein!
- sale gosse!
- tu viens surfer?
- oh chouette, oui!!
- ça me fera l'occasion de tester Dario.
- il n'est pas question que je courre à coté de toi!
- mais non, aller, hop maillot de bain, serviette.
Il ne prit que très peu de monnaie qu'il cala dans la poche étanche de son short de bain en mode touriste.
- on va sortir sans nos armes, expliqua t il, parce que c'est un endroit que je connais et qui est tranquille... mais normalement, on les prend partout...
- OK.
Il redressa le vélo avec effectivement la mine d'un 'sale gosse' malicieux.
- allez, en selle!
- quoi?
Il la fit asseoir sur le guidon devant lui.
- tu vas pédaler pour nous deux?
- tu pèses pas plus qu'une demi crevette, ça ira, sourit il en tenant fermement son guidon. En avant!
Démarrage sur les chapeaux de roue, trois zig zag et en avant comme annoncé!
La demi crevette riait aux éclat, devant lui, entre ses bras, il pédalait sans forcer... heureux comme un gamin amoureux.
Il repéra bien vite la boutique de surf du grand frère d'un de leurs gauchos, Anton. Leur entrée fut saluée par des cris de joie et des tapes dans le dos. Anton leur prêta deux surfs l'air de douter qu'une française puisse dompter leurs vagues. Il se trompait. La fin d'après midi fut sportive. Ils se débrouillaient bien tous les deux et s'amusèrent beaucoup.
- je suis cuite!! soupira Tomine en se laissant tomber dans le sable.
- tu surfes très bien.
- j'adore ça!
Anton s'approcha.
- félicitation, Mme Galiano...
- merci.
- je ferme dans une demi heure, voulez vous manger à la maison, ce soir?
- on veut pas déranger.
- ma femme l'a proposé, ça nous fera l'occasion d'avoir des nouvelles de l'estancia.
- avec plaisir, alors... on remonte vite se doucher et on revient pour la fermeture?
- ouais, vous pressez pas, j'ai deux nigauds là bas qui vont mettre une plombe à me rendre le matériel...
Personne n'avait volé Dario, ils reprirent le chemin inverse.
- ça monte... s'inquiéta Tomine, je vais descendre...
- si je rame, on marchera mais franchement pour l'instant, ça va...
- une demi crevette, sourit elle, t'as rien de plus chétif en stock? Ahhh!
Elle se cramponnait à ses bras car il venait de prendre de l'élan pour la petite montée qui les attendait jusqu'à leur hébergement.
Une douche plus tard, Tomine en profita pour laver rapidement leurs affaires de la journée et les étendre.
Agustin sourit en sortant de la douche.
- tu es une merveille...
- parce que j'ai lavé ton caleçon?
- parce que tu y a pensé tant qu'on a le temps... et ce n'est que la dernière d'une liste de trois kilomètres de raisons, tu es parfaite...
Bon, leur câlin s'éternisa menaçant de les détourner de leur invitation. Mais Agustin devenait un maître Jedi de contrôle de lui même en face de l'Etna!
Ils passèrent la soirée à papoter des derniers potins de l'hacienda des Galiano, de la guerre, de leur vie en Europe et rirent beaucoup.
Le lendemain, ils prirent le temps de déambuler aux alentours avant de revenir à la plage. Cette première étape plut beaucoup à Tomine.
Après une autre nuit, la fenêtre ouverte sur le ressac de l'océan, ils se préparèrent après une bonne grasse matinée, payèrent leur hôtesse et Agustin empoigna le vélo.
- on continue en vélo? s'étonna la jeune femme.
- on n'a qu'une petite dizaine de kilomètres, sourit il, le long de la cote... on ira plus vite en vélo qu'à pied... regarde, la dame m'a donné un petit coussin, pour pas que tu aies mal aux fesses...
- tu es un prince charmant...
- ah ah, ma monture est bien pourrie, alors!! allez en avant. Hop attends, je galère avec ton sac...
- je vais le mettre devant moi...
- parfait, on est parti!
- youpiiii!
La piste le long des plages était assez roulante, le paysage magnifique... Ils se régalaient.
Ils manquèrent de finir par terre quand Agustin voulut embrasser sa femme dans le cou, ce qui la chatouilla et les déséquilibra. Il parvint à leur éviter la chute mais dut stopper car ils riaient à perdre haleine.
- chauffard!
- d'accord, c'est compris, pas de bisous en roulant!!
- on ne roule plus...
- génial...
Un camion qui passait leur adressa un grand coup de klaxon mettant fin à leur baiser et presque à leur vie pour crise cardiaque.
- oh le con!! suffoqua Tomine en se laissant tomber par terre la main sur le cœur. Punaise, la trouille!
- c'est un jaloux...
- mininous a du faire trois tour dans ses chaussettes...
- viens te détendre à l'ombre...
Ils se posèrent sous un arbre et burent un coup.
- oh, tu as faim?
- toujours mon capitaine.
- regarde.
Étonnée, elle le regarda escalader l'arbre.
- oh, des litchis!!!
Ils étaient, à présent, tous les deux dans l'arbre, la mine gourmande avec un tas de pelures grossissait sous eux.
- on va choper la courante...
- et de toutes façons, on doit repartir... on est attendus...
- attendus?
Ils remontèrent sur le vélo et Tomine reposa sa question
- qui nous attend?
- un bateau.
- oh?
- un de mes camarades de guerre bosse sur un bateau de ravitaillement, son capitaine est d'accord pour nous emmener, moyennant un coup de main pour charger et décharger sa cargaison... j'ai dit que ça ne me dérangeait pas...
- il suit la cote?
- jusqu'à Ushuaïa... mais en premier, il dessert l'île de Pâques!
- oh la la...
- les européens font souvent des croisières pour leur lune de miel, non?
- c'est vrai... mais les hommes aussi sont en vacances...
- c'est rien tu sais... donc, on va faire ça... jusqu'à la date du rendez vous pour l'écho, tu te fatigueras pas et tu visiteras le sud... on fera le centre après, le doc a dit que tu serais plus en forme... ça sera pas dommage parce qu'il faudra crapahuter... ça ta va?
- arrêtes toi, je t'en prie.
- quoi?
- c'est génial!!! fit elle en lui sautant au cou.
- alors, en route!!
De loin, ils voyaient la prochaine ville et son port.
- bon, il faut que tu saches, ma belle que les matelots ne veulent pas de femmes à bord parce qu'elles sont sensées porter malheur...
- super... je vais voyager avec une barbe et une moustache? Ironisa t elle.
- non... andouille, elles portent toutes malheur sauf toi...
- vraiment?
- oui fais moi confiance, sourit il en appuyant le vélo contre la passerelle. Viens... attends, tu peux lâcher tes cheveux?