Tomine resta songeuse un moment puis appela sa mère. Elles parlèrent de la décision du médecin, et de l'invitation pour l'été acceptée, pour la première fois, Tomine ne demandait pas d'autorisation.
Nikita donna des nouvelles de la famille, ils s'étaient tous réunis à Napoli, Cameron avait épaté la galerie en se décidant à nager tout seul... mais pas Willow, la petite avait une stratégie très proche de celle de Tomine au même age, elle était collée aux bras de son papa... en toutes circonstances... piscine incluse!!
Tomine sentait la mélancolie la submerger...
Nikita y fut sensible, elle changea de sujet et se mit à raconter les aventures des enfants Barrat... Tino ne sortait plus de sa chambre, Rafa avait emménagé chez Sacha et Lola avec des visites de Joane.
retour de la mélancolie...
Il y avait eu une dispute entre Lola et Sacha... une de plus, sourit Tomine, Lola avait commencé à parler de bébé... provoquant une panique mémorable de son ami... qui avait prit la fuite chez un pote en montagne pour finalement revenir et ne plus sembler si hostile à l'idée...
Trop de mélancolie... Tomine salua sa mère et raccrocha.
Elle pleurait en silence, le visage dans les mains. Agustin qui avait entendu la discussion se leva et la prit dans ses bras.
'tu as tenu une semaine sans eux...'
'je t'aime tellement, ne sois pas triste...'
'appelles les, petite mine...
Il la câlina un peu puis lui releva le menton.
- mes parents les avaient tous invités à venir ici... quand on revenait du Brésil... ils n'ont pas voulu en reparler parce qu'ils ont compris que ça avait fait des étincelles entre ton père et moi... mais ils ne voudraient pas passer pour des malpolis en ne tenant pas leur invitation...
- ...
- et moi, je ne demande pas que tu t'éloignes de ta famille... tu m'entends... je demande que ta famille me foute la paix à défaut de m'accepter...
Il resta silencieux un instant et se reprit
- je suis injuste... toute ta famille m'a accueilli gentiment... mon problème, c'est ton père mais ça va cesser d'en être un parce que je vais le claquer à chaque fois qu'il me cherchera...
- ...
- et puis, il a peut être compris qu'il fallait me foutre la paix... j'ai l'impression de ta mère est de mon coté... du tien, en tout cas...
Une série de baisers tout tendres plus tard, il revint sur le sujet.
- viens, Mina, on va manger et en parler avec mes vieux...
Tomine le suivit. Une fois de plus, Marta remarqua ses yeux rougis.
- Tomine a eu sa maman... commença Agustin à la fin du repas.
- oh...
- ma famille me manque... avoua la jeune femme le regard baissé sur son assiette, je suis malheureuse d'être fâchée avec mon père...
- tu souhaites retourner en Europe? Demanda Marta émue par son air malheureux.
- non... non, sauf si je vous dérange... non...
Marta la tranquillisa d'un sourire.
- vous aviez parlé de les inviter ici... fit Agustin.
- oui... mais on ne voulait pas te mettre mal à l'aise, Tomine...
- avec ce que mon père a fait, déclara t elle, il n' y a pas de raison que ta famille le reçoive ici, 'Tin!
- figure toi, ma chérie, qu'il y en a une de raison, une excellente raison, trancha Marta avec un gentil sourire, toi.
- tout à fait, et puis, ça m'embête de les avoir invité et de laisser ça en plan... avoua Manuel.
- pour être honnête, ça me ferait plaisir de les voir... soupira Tomine, mais j'espère que mon père saura être correct avec toi, 'Tin...
- si ce n'était pas le cas, il n'est pas impossible que je m'en mêle... grinça Manuel, et puis, cet idiot a des excuses à présenter à mon fils de toutes façons!.
- bien sur... sourit Tomine.
- j'aurais eu d'autres mots à proposer à la place d''idiot'... grogna Agustin.
Marta les regarda tous les trois et se leva en disant qu'elle appelait Nikita.
- bonjour, comment allez vous? Oui, nous aussi... oh ici, c'est l'hiver... oui... vous venez de parler à Tomine, oui, je le sais... elle a beaucoup pleuré... du coup, on a reparlé de notre invitation, qui tient toujours bien sur... oui, votre petite, ça lui ferait du bien... de vous voir tous et de parler à son père... oui... une petite dépression que ça lui fait, cette dispute... mais moi, je suis embêtée... mon fils ne se laissera plus rabaisser et son père ne le tolérera pas... il pourrait sortir son fusil... oh... je suis contente qu'on soit d'accord à ce sujet vous et moi...
Quand Nikita raccrocha, Martin près d'elle, qui avait entendu la conversation sur haut parleur, était blême et elle, furieuse, tellement d'accord avec Marta...
Sans un regard pour lui, Nikita appela toute la famille, organisant un voyage pour la semaine suivante... pour une petite semaine sur place...
- si tu veux, je viens, je parle à Tomine, je m'excuse et je repars... articula Martin.
- parce que te comporter normalement, c'est exclu? Explosa t elle.
- je... me sens affreusement mal... ça m'avait fait tellement de bien de parler aux journalistes... mais maintenant je m'en veux terriblement...
- et tu as failli faire mourir deux personnes innocentes...
- oui... et casser quelque chose entre toi et moi...
- et tu ne fais rien pour arranger les choses...
- je vois pas ce que je peux faire... avoua t il, j'ai l'impression d'être pire que le père de Sue à l'époque... et je ne vois pas quoi faire... Tomine dit qu'elle ne veut plus me voir...
- et Marta vient de dire que tu lui manques que cette dispute lui fait une dépression... tu crois qu'elle a besoin de ça, là?
- non...
Il se leva, tourna en rond, son téléphone à la main... et finalement, le manipula.
- allô?
- salut Tomine... si tu veux pas me parler, juste raccroches et excuses moi...
- tu me manques, papa...
Elle pleurait.
- je ne voudrais pas que tu sois malheureuse... je t'entends pleurer... est ce que... est ce que tu crois que tu pourrais te caler dans les bras de ton homme pour être moins malheureuse?
- j'ai pas attendu de permission pour chercher à la consoler... gronda la voix d'Agustin derrière elle, il s'était allongé sur leur lit et la serrait contre lui.
- merci... merci d'être là pour elle...
- pourquoi tu appelles?
- Marta a dit à ta mère que notre dispute te faisait du mal...
- sans rire, tu t'en doutais pas?
- vu comment je me suis comporté... j'espérais que tu m'en veuilles tellement que ça ne te blesserait plus...
- je suis une dinde... alors...
- non, tu es une merveille... et moi, je t'ai trahie... je m'en veux tellement, tu me manques... j'ai eu tellement peur que tu ne t'en sortes pas... je sais que c'est moi qui t'ai mise au fond du trou... qui vous y ai mis tous les deux... et pourtant, je comprends que là, Agustin, il supporte que je t'appelle, il cherche pas à empêcher ma venue la semaine prochaine... il est clairement plus intelligent que moi...
- et pourtant, la première fois qu'on va se serrer de trop près, tu vas recommencer à lui envoyer des vannes... à soupirer et mal lui parler...
- il a dit qu'il me casserait la figure à chaque fois...
- il est faible, papa... tu l'as conduit à s'ouvrir les veines, il a perdu tellement de sang que son organisme n'arrive pas à se remettre... il ne pourra pas te casser la gueule!! et puis, quoi? Tu vas le provoquer toute la vie??? t'as que ça comme respect pour l'homme que j'ai choisi, le faire chier jusqu'à ton dernier souffle??? c'est ça, la vie que tu veux pour moi???
Elle s'agitait, criait et s'était remise à pleurer.
- Mina, il faut que tu raccroches, tu es trop à plat pour une crise de nerf... il te fait du mal, là... raccroches, on va dormir et tu le rappelleras demain... intervint Agustin.
- Tomine... écoute moi... je t'en prie, écoute moi... calme toi, tu as raison, ce n'est pas la vie que tu dois avoir... écoute moi... je vais venir la semaine prochaine et tu verras que je peux... que je vous respecte, le couple que vous êtes... je t'en prie, crois moi... ne te rends pas malade à cause de moi, je t'aime Tomine, je t'aime de toutes mes forces... laisse moi une chance... laisse nous une chance... je vais réussir à être ton papa, le papa d'une jolie femme avec un homme dans sa vie... tu as le droit d'avoir un homme et un père autour de toi...
Elle s'était tu, Agustin la sentait trembler dans ses bras.
- Tomine?
- oui...
- pardonne moi...
- tout ce que tu as dit...
- oui.
- tu le penses? Je veux dire, si moi, je te crois, tu vas encore me démolir un peu plus?
- non... je veux que tu ailles mieux... je veux que tu puisses compter sur moi... je te l'avais promis il y a longtemps et j'ai pas tenu ma promesse... mais je vais... je vais la tenir maintenant...
- je ne te demande pas de bien agir... papa, je te demande de bien agir en étant en accord avec toi même... je ne veux pas que tu te forces à bien parler à Agustin, je te demande de vraiment l'apprécier... comme tu apprécies Jo... si tu m'aimes comme tu le dis, tu dois l'aimer... moi, son père, Manuel, il m'apprécie vraiment, je le vois dans ses yeux, Marta et lui, me disent que je suis parfaite pour son fils... Maman fait pareil avec 'Tin, elle lui parle avec sincérité... il est touché par sa gentillesse comme je le suis par ses parents... Lola n'est pas ma sœur mais quand Sacha l'a choisie... elle l'est devenue, instantanément... pareil pour Matt... pour Haylee, pour Jo... on devrait pas avoir à négocier l'entrée de la personne qu'on aime dans sa famille...
- c'est vrai...
- est ce que Miguel a négocié ta relation avec maman?
- non...
- alors, voilà ce que je veux... ce nous méritons tous... je ne veux même pas perdre mon temps à t'énumérer toutes les raisons qui font que tu devrais être heureux de mon choix... je n'ai pas à négocier avec toi...
- bien sur...
Agustin sentait son amie se détendre...
- papa, je suis si fatiguée...
- alors, je raccroche et tu vas te reposer...
- non... papa...
- elle est comment, votre chambre du bout du monde?
D'une voix somnolente, elle lui décrivait le mobilier, puis la vue par la fenêtre sur l'immensité de ce territoire, les montagnes en arrière plan... expliquant qu'à part des petits tours dans la cour devant l'hacienda, elle n'avait eu la force de sortir découvrir ce nouveau monde...
- vous êtes pour aller vous coucher là?
- oui...
- et si vous vous installiez pour dormir et que je chante ta berceuse... mais pour vous deux... enfin... si ça vous va...
- super... attends... attends papa...
Amusé, Agustin la vit se redresser, attraper sa potion pour la boire en avalant son cachet pour la tension... Il se leva précautionneusement et ferma les volets faisant rentrer de l'air glacial... il prit deux bûches et les colla dans leur cheminée... but sa potion et ses cachets... et revint se coucher... écartant la couette pour que sa belle vienne s'y blottir...
De l'autre bout de la ligne, Martin entendait des mouvements, des grincements... un bruit de bisou, un petit chuchotement 'tu oublies quelque chose, Mina' puis 'oh merde' et pour finir un soupir heureux de sa fille et encore un bruit de bisou.
- papa?
- oui...
- on est prêt...
La voix de Martin résonnait dans le haut parleur... cette chanson en norvégien fit même du bien au jeune homme... Il chantait d'une voix grave si apaisante... quand il se tut finalement, un silence s'éternisa...
- elle s'est endormie... fit Agustin, endormie en souriant... merci, ça lui a fait du bien...
Martin entendait à sa voix qu'il était cuit lui aussi.
- alors bonne nuit... merci de m'avoir permis de le faire...
- bonne nuit... répondit simplement le jeune homme en serrant un peu plus son amie dans ses bras et laissant sa tête se poser contre la sienne...
Martin attendit un peu et raccrocha. Sa femme lui souriait, le regard brillant de larmes...